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Full text of "Journal de conchyliologie"

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JOURNAL 


CONCHYLIOLOGIE. 


PARIS 


IMPRIMERIE DE L. TINTERLIN ET C° 


rue Neuve-des-Bons-Enfants, 3 


JOURNAL 


DE 


 CONCHYLIOLG 


PUBLIÉ 


GIE, 


Sous Ia direction de MM. FISCHER et BERNARD. 


TOME V. 


2° série. — Tome I. 


A PARIS, 
CHEZ M. BERNARDI, RUE BUFFAULT, 22. 


Juillet 1856. 


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INTRODUCTION. 


LA 


Lorsqu'un journat scientifique vient à paraître, il 
doit manifester ses tendances et marquer son but. La 
science qui nous Gccupe marche à peine d'un pied 
sûr dans la voie que nos prédécesseurs, nos contem- 
porains lui ont tracée, et déjà les matériaux enregis- 
trés sont si considérables, que l’étude de la Conchy- 
liologie, comprise sérieusement, n’est plus une dis- 
traction, mais bien un travail incessant. Partout des 
auteurs s'élèvent, partout on trouve des ouvrages 
consciencieux, des faits importants, des observations 
nouvelles. Dans cette occurrence, le rôle d’un journal 
doit être principalement de signaler les travaux qui 
s’accomplissent dans l’ancien comme dans le nouveau 
monde, afin de mettre les lecteurs au courant de ce 
qui se fait et se publie. Nous donnerons donc un 
rang important à la bibliographie ; mais nous n'ana- 
lyserons que rarement en détail les ouvrages signa- 
lés; cela nous entraînerait trop loin. Nous nous bor- 
nerons à constater les résultats obtenus et à repro- 
duire les conclusions. 


Les 

L'étude des espèces est poussée de nos jours à ses 
dernières limites, et l’on n’en doit pas être surpris. 
Le monde, en effet, est mieux connu, exploré avec 
plus de soin, et l'esprit d'analyse, appliqué rigoureu- 
sement aux formes peu étudiées, conduit à des décou- 
vertes. Tous les ans on signale des espèces inconnues 
en France, où tant de naturalistes fouillent et re- 
fouillent. Qu'est-ce donc, lorsqu'on explore avec le 
même soin des contrées éloignées, où la nature est 
plus riche et plus capricieuse dans les êtres qu’elle 
produit ? Que sera-ce, enfin, lorsque d'immenses éten- 
dues de terre seront visitées? Ces reflexions sont tris- 
tes pour l'avenir de la Conchyliologie, car dans vingt 
ans il sera peut-être impossible de reconnaître une 
espèce. Quoi qu’il en soit, nous proclamons ici que 
l'étude de l'espèce est la base de la Conchyliologie, 
car cette étude n’exige que la contemplation du têt, 
les caractères différentiels fournis par les animaux 
étant le plus souvent stériles. Mais une espèce ne 
doit être présentée qu'avec la plus grande circons- 
pection, et il est nécessaire de la rapprocher de celles 
qui l’avoisinent, tout en faisant remarquer ses diffé- 
rences. En un mot, la comparaison spécifique nous 
paraît indispensable. 

On s'entend peu maintenant sur la valeur du genre, 
et l’on arrive à en établir qui ne sont fondés sur au- 
cun caractère positif. Le seul qu’on invoque est la 
forme, ou plutôt le faciès, ce protée trompeur qui sé- 
duit l'œil du conchyliologiste. En arrangeant une 
collection, on réunit les groupes d’espèces qui se rap- 


— VII — 

prochentet on les décore d’un nom générique. Certes, 
cette méthode peut avoir du bon dans quelques cas, 
on peut tomber juste; mais aussi que d'erreurs, que 
de noms à ajouter à ceux qui encombrent la science. 
D’autres auteurs vont plus loin et fondent leurs gen- 
res sur l’affinité d'espèces des mêmes régions. Ils ar- 
rivent à un résultat intéressant, et montrent l’in- 
fluence d’un climat sur la production des êtres, de 
mème que les rapports remarquables de ces êtres 
entre eux ; mais leurs groupes géographiques ne sont 
pas encore des genres, 

Le genre, en effet, exige une étude plus approfon- 
die que lespèce. Celle-ci est produite, créée, distin- 
guée par la nature, nous n’avons qu’à la deviner ; 
celui-là, au contraire, est ie résultat de nos spécula- 
tions, l’expression de nos idées zoologiques. Les 
grands naturalistes ont toujours été sobres de genres ; 
leurs esprits plus élevés voyaient des affinités là où 
d’autres auraient vu des différences. C’est pour cette 
raison que les genres de Liriné, de Lamark, de Cu- 
vier, méritent véritablement ce nom. Il est vrai que 
la difficulté grandit pour la nomenclature; les coupes, 
qui étaient alors délimitées, ne le sont plus aujour- 
d’hui; sans cesse se manifestent des formes incertai- 
nes, énigmatiques, et l’on ne sait où classer ces hy- 
brides dont l'étude nous fait douter de tous les genres. 
Ce fait montre un des vices de la classification ; nous 
l’examinerons plus loin. 

Pour en revenir au genre, nous établirons que 
l'examen minutieux de la coquille est souvent insuff- 


—— VIE — 


sant et que celui de l'animal est nécessaire, Dans des 
coquilles très-voisines, habitent des mollusques d’une 
organisation différente ; l’anatomie nous le démontre 
tous les jours. Tàchons donc d'étudier les animaux, 
de comparer ceux du même genre, afin d'en fixer 
définitivement les limites, soit en faisant de nouvelles 
coupes, soit en en réunissant d'anciennes. 

Il est encore un procédé qui fixe mieux les idées 
sur le genre, c’est de joindre à sa caractéristique, la 
liste des espèces connues, et le faire même à propos 
d’une espèce nouvelle, On arrive par là à constituer 
l'édifice conchyliologique, en apportant des matériaux 
tout préparés, en présentant des monographies. De 
celte seule façon la science pourra avancer sûrement. 

Il serait superilu de faire ressortir l'utilité des in- 
vestigalions anatomiques, que personne, du reste, ne 
songe à contester. Les premiers progrès de la science 
se sont manifestés du jour même où l’on a figuré et 
considéré les formes extérieures des mollusques ; de- 
puis, on a pénétré plus en avant dans leur organisa - 
tion, et la variété qui règne dans la structure de ces 
animaux, est assez grande pour promettre encore des 
faits intéressants aux anatomistes. 

Cette absence d’uniformité rend la classification 
des mollusques difficile, et la place qu’ils doivent oc- 
cuper, incertaine. Nous les voyons construits sur plu- 
sieurs plans ou ordres qui n’offrent entre eux que des 
aflinités tirées de la disposition du système nerveux. 
Rien ne ressemble moins à un céphalopode qu’un gas- 
téropode ou un acéphalé. Aussi nous ne concevons 


RE A 
pas une classilication graduelle remontant de l'éponge 
à l’homme, mais une classification sériale. Les mol- 
lusques forment à nos yeux un grand embranche- 
ment, dont les premiers êtres sont au moins aussi 
bien organisés que les poissons et dont les derniers 
arrivent à la simplicité de structure des zoophytes. 
De même, dans les familles, il existe des séries de 
genres correspondant à des genres connus dans d’au- 
tres familles. En appliquant plus tard ces principes, 
on arrivera à établir une classification vraiment natu- 
relle. 

Mais, pour le moment, il faut songer encore aux 
systèmes , et tirer de la disposition d’un ou deux or- 
ganes les principes de nomenclature. Chez les acépha- 
lés, la forme du manteau, celle du pied, le nombre des 
muscles donnent de bons résultats. Chez les gastéro- 
podes, les branchies fournissent les bases principales. 
Il est un caractère pourtant qui, dédaigné ou peu 
connu autrefois, est apprécié avec beaucoup de fa- 
veur depuis quelque temps ; c’est la structure des or- 
ganes de préhension et de mastication. L'étude de la 
mâchoire et surtout celle de la langue fournissent des 
caractères qui concordent avec ceux tirés des autres 
parties. Il eût été étonnant, en effet, que chez les mol- 
lusques on ne pût se servir des éléments sur lesquels 
la classification des vertébrés et des articulés est ba- 
sée. Nous croyons également que les organes de la gé- 
nération serviront à tracer des coupes naturelles. 
Nous recommandons ces points de vue à l'attention 
des naturalistes. 


HS 

Pour peu qu’on ait l'esprit observateur, que de ri- 
chesses nous sont offertes. On n’a qu’à voir, qu’à se 
baisser. Celui qui habite près de la mer est mieux 
partagé que tout autre; il peut étudier les mœurs peu 
connues (les animaux marins, leur ponte, leur accou- 
plement, leur développement, leur alimentation. Ce- 
lui qui vit loin dans l’intérieur des terres, n’a-t-il 
pas aussi les mollusques terrestres et fluviatiles à exa- 
miner. Le moindre ouvrage a son utilité, etle catalo- 
gue des coquilles d’une localité, s’il est bien conçu, 
est aussi digne d'estime qu’une longue monographie. 

L'auteur peut examiner l'influence des milieux sur 
les animaux ; celle de l’altitude, delasituation géogra- 
phique ; celle enfin de la composition des terrains. 
Passant ensuite à la comparaison de sa faune locale à 
celle des conirées voisines ou d’un pays entier, il re- 
marquera les limites d'habitat des espèces ; l’éléva- 
tion que peuvent atteindre les mollusques dans les 
montagnes; les différences que ceux-ci présentent 
avec ceux des plaines. Il distinguera les espèces véri- 
tablement indigènes de celles que le commerce, la 
spéculation ou un caprice d’amateur ont pu intro- 
duire dans une autre localité; en un mot, il consti- 
tuera une géographie malacologique sur le modèle des 
séographies botaniques. 

Il est une science moderne dont les applications 
ont une immense portée, nous voulons parler de la 
paléontologie. La conchyliologie en est une des 
bases les plus indispensables, et, grâce à l'étude des 
mœurs des mollusques, de leur habitat pélagien, Nit- 


ASE 
toral, terrestre, lacusire, grâce encore à l’étude de la 
coquille, que de lumières jetées sur la connaissance des 
terrains ! Ici la délimitation des espèces et leur multi- 
plication ont une autre portée que dans la Conchylio- 
logie pure ; car plus on connaît d'espèces dans un ter- 
rain et mieux il est caractérisé : la paléontologie, que 
l’on peut appeler zoologie appliquée à la géologie, est 
donc le but vers lequel doivent tendre les observa- 
tions faites en Conchyliologie. Celle-ci en est l’intro- 
duction obligée. 

On voit que le cadre des études que nous voulons 
aborder et que nous proposons à nos lecteurs, a une 
étendue immense, qui ne fera que s’accroître plus 
tard. La science marche toujours, et malheur à ceux 
qui restent en arrière da progrès. Nous tâcherons de 
présenter ce Journal comme un organe des idées fé- 
condes en malacologie. Pour arriver à ce résultat, 
nous comptons sur la collaboration éclairée de nos 
compatriotes et des étrangers. L’Angleterre, FAlle- 
magne, l'Italie, les États-Unis ont des Recueils consa- 
crés presque exclusivement à la Conchyliologie. Pour- 
quoi resterions-nous en arrière quand nous comptons 
tant de zoologistes éminents ? Parlerai-je des Lamarck, 
des Cuvier, des Blainville, des Savigny, qui nous ont 
précédés, et de ceux que je ne nomme pas ici, soit 
parce qu’ils vivent au milieu de nous et nous guident 
de leurs conseils, soit parce qu’ils ont coopéré au 
Journal? Le passé du Journal de Conchyliologie mon- 
tre assez que nous ne manquons pas de savants et 
d’observateurs. Pourquoi enfin hésiterions-nous à 


— XI — 
faire revivre un ouvrage spécial el qui intéresse à la 
fois le naturaliste et le modeste collecteur ? 

Nous terminons donc cet avant-propos, en faisant 
encore appel aux naturalistes, afin de seconder une 
œuvre qui, par eux, acquerra une véritable valeur et 
une utilité incontestable, 

P. Fiscuer. 


JOURNAL 


DE 


CONCHYLIOLOGIE. 


Juillet 1956. 


Monographie des Daudebardia. 


Ç 1. 


Le genre Daudebardia à &é créé par J. D. W. Hart- 
mann (1), pour des mollusques décrits par Draparnaud, 
sous le nom générique d’Æelix. Gette coupe, considérée 
d’après la forme de la coquille, ne peut être rapprochée 
que des Vitrina; mais si l’on examine l'animal, on lui 
trouve des différences si tranchées avec celui des Vitrines 
et des Hélices, que lon approuve sans restriction le 
genre proposé par Hartmann. 

Les animaux figurés par plusieurs auteurs (2), ont été 
représentés avec le plus grand soin par Hartmann, dans 
son bel ouvrage sur les mollusques de la Suisse (3). En 


(1) System der erd-und süswass er gasteropoden Europa’s etc. Nurn- 
berg (1821). 


(2) Férussac, Hist. nat. gén. Moll. (1898). — C. Pfeiffer, Naturgesch, 
Deutsch., etc. (18928). 


(3) Erd-und süsswas. Schw. PI. 3 et 4 (1840). 


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dépit de ces dessins et des particularités rapportées sur les 
mœurs des Daudebardies (1), les nomenclateurs les ont 
toujours intercallées près des Vitrines et des Hélices ; et 
M. L. Pfeiffer (2), entre autres, continue cette erreur dans 
sa disposition des Hélicidées. 

Les seuls renseignements que nous connaissions sur 
l'anatomie de ces Mollusques, ont été donnés par M. A. 
Schmidt (3), qui a constaté l’analogie de la plaque lin- 
guale des Dautlebardia et des Glandina ; figuré le système 
reproducteur de deux espèces (4); et par M. Bourgui- 
gnat (5) qui décrit la disposition de la langue et du mus- 
cle rétracteur. 

Ce dernier naturaliste a publié sur le genre Daudebar- 
dia, une intéressante notice, où il assigne, pour la pre- 
mière fois, la véritable place du genre, en décrit une 
espèce nouvelle, et discute l’antériorité du vocable Dau- 


pu 


(4) C. Pfeiffer, loc. cit. — Roth. Spicil. Moll. orient. (1855). 
(2) Versuch einer anordung, etc. In zeitschr. p. 113 (1855). 


(3) «Die Zunge von Achatina Poiretii, stand so lange ohne Analogon da, 
« bis ich mich einiger in Weingest liegender, ex : der Helicophanta bre- 
« vipes. Dr. von Bonn errinerte und deren Zungen ausloste. Die Zunge 
« dieses Thiers war denn zu meiner grossten Ueberraschung ganz das kleine 
« Seitenstück zu jener; genau dieselben schagen Reïhen von Widerha- 
« ken, ja genau dieselben Gestalt der Widerhaken solche Zunge kann 
«nur ein Raubthier haben. Noch ist nur freilich nicht bekannt gewor- 
« den, dass die Helicophanten andere Schnecken fressen soller aber was 
« gilt’s, sie thun es, Man beobachte sie nur genau. » Malak. Mittheil. in 
Zeitschr. mal. p. 41 (1853). 

(4) « Bei den Daudebardien finden wir eine starke Blase, deren Kurzer 
« Stiel in die sehr aufgetriebene Vagina führt, eine gleichfalls starke 
« Ruthe ohne Flagellum an deren Ende, sich der musculus retractor hef- 
« tet, und in welche bei Daudebardia brevipes. Fér. (von Bonn) fig. 441 
« dicht neben dem musculus retractor, bei Daudebardia Langii. Pf. 
« fig. 119, etwas uber der Mitte das vas Seferens mündet. » Der Geschle- 
chsapparat der Stylommatophoren, ete., p. 50, fig. 111-149 (1855). 


(5) Amenités malac. p. 87 (1855). 


— 15 — 
debardia. Enfin, il nous à communiqué un exemplaire du 


D. Saulcyi, et c’est sur cette espèce que nous avons pu 
étudier sommairement l’anatomie du genre. 


L'animal est très-volumineux comparativement à sa ce- 
quille, dans laquelle il n’est jamais contenu. En extension, 
sa longueur égale quatre ou cinq fois celle de la coquille ; 
en rétraction, trois fois environ. Le disque ventral est 
très-étroit, acuminé en arrière, échancré en avant, ce 
lui donne la forme dite hastée. La surface du corps paraît 
lisse et a le même aspect que chez les Testacelles, mais 
elle en diffère par la présence de deux sillons dorsaux 
partant de la base des grands tentacules et aboutissant au 
bord antérieur de la coquille. Les sillons, si évidents chez 
les Parmacelles, manquent toujours chez les Testacelles. 
Deux sillons latéraux naissent au-dessous des précédents 
et se réunissent près de la coquille. 

La tête est dilatée; en avant se remarque le muffle, 
dont les lèvres très-épaisses, en bourrelet, se réunissent 
pour former une ouverture triangulaire à pointe dirigée 
en bas. Les grands tentacules sont courts, épais, cylin- 
driques, obtus en avant, très-écartés, et situés par consé- 
quent plus en dehors et en bas que dans les genres voi- 
sins. Les petits tentacules, encore plus écartés, sont ru- 
dimentaires. 

L’orifice générateur est placé en arrière du grand ten- 
tacule droit (À). 


(4) Nous le supposons du moins, car la contraction de l'animal était si 
forte, que nous n’avons pu apercevoir cet orifice. D’après C, Pfeiffer, ce- 
pendant, l’orifice paraît être situé, lors de l'extension de l'animal, vers le 
milieu du côté droit, plus près de la tête que de la coquille. 


LR Ne 
La coquille repose sur l'extrémité postérieure du pied, 
ainsi que chezles Testacelles, Une petite portion du pied en 
dépasse le sommet. Il existe un léger bourrelet charnu au- 
dessous du têt; on peut le comparer à un collier ou man- 
teau ; il s’élève et enchâsse légèrement le bord droit. En 
arrière s’ouvre obliquement la poche respiratoire, qui est 
assez volumineuse et se prolonge vis-à-vis la pointe du 
pied. L’anus, qui s’y accole, occupe donc une position 
médiane et postérieure. 


La coquille est haliotidiforme, très-aplatie, largement 
ouverte, jaune-verdâtre, plus opaque que celle des Vitri- 
nes, moins épaisse que celle des Testacelles. Elle offre de 
deux à trois tours de spire. Spire déprimée ; bord droit 
tranchant ; columelle laissant entre sa callosité et la spire 
un léger intervalle, comparable à un ombilic. 

La coquille adulte diffère des Vitrines par son aplatisse- 
ment considérable ; mais lorsqu'elle est jeune elle paraît 
globuleuse et l’ombilic y est très-marqué. Si l’on étudiait 
le développement des animaux de ce genre, on verrait, sans 
doute, les jeunes abrités par une coquille qui les recouvre 
presqu’en entier. 


$ 4. 


Système digestif. — Masse buccale séparée en trois 
portions bien distinctes et qu’on pourrait nommer : por- 
tion labiale, buccale et linguale, Nous avons déjà parlé de 
la première. La portion buccale, qui s’étend de la réunion 
des lèvres à la naissance de l’œsophage, est volumineuse, 


Le 
cylindrique, un peu aplatie. Son enveloppe la plus exté- 
rieure est fibreuse, striée transversalement. A l’intérieur 
elle est charnue et porte de fortes rides longitudinales. 
La portion linguale est plus aplatie, recourbée en ar- 
rière, divisée par un sillon médian dans lequel peut se 
loger l’œsophage. Une saillie succède à ce sillon et abou- 
tit au crochet qui termine postérieurement la poche ; cette 
portion est essentiellement charnue. Elle se compose en 
allant de dehors en dedans : 1° d’un muscle ovoïde, aplati, 
portant une nervure médiane, libre à sa partie antérieure, 
fixe en arrière ; c’est le muscle lingual ; 2° d’une plaque 
fibreuse qui le recouvre, le comprime latéralement, fait 
toucher ses bords externes. Cette plaque linguale s'étend 
sur toute la partie inférieure et le sommet du muscle. 
Elle est assujettie à la base de la poche linguale, par plu- 
sieurs tendons minces, aplatis et très-déliés. Ainsi que 
chez les Glandines et les Testacelles, la plaque linguale est 
garnie d’une innombrable quantité de spinules fortes, acé- 
rées, allongées, disposées en séries transversales et obli- 
ques, formant un angle médian inférieurement. Ces spi- 
nules sont visibles à l'œil nu, crient sous le scalpel, et 
hérissent en se redressant le sommet antérieur de la lan- 
gue; elles présentent une partie aiguë, allongée, lisse : 
sans crochets vers le sommet (ce qui les distingue de 
celles des Testacelles), et une partie inférieure renflée : 
la spinule est donc irrégulièrement bifide ; 3° d’une 
deuxième enveloppe fibreuse, mais inerme, recouvrant les 
spinules et percée d’une ouverture antérieure pour ne 
laisser passer qu’une partie de la langue; ce n’est que 
dans une violente contraction que celle-ci peut sortir 
presque en entier ; ° de l’enveloppe huccale commune. 
La poche buccale est munie de deux muscles rétrac- 


D 


+8 
teurs courts, aplatis, séparés et s’insérant vers le milieu 
des téguments, sur le côté gauche de l’animal. Les mus- 
cles antagonistes de ceux-ci, très-minces, se dirigent obli- 
quement des côtés de la masse buccale aux téguments de 
la tête et des lèvres. Ils s’insèrent par plusieurs points 
sur les côtés de la poche buccale; leur action doit être 
très-faible en raison de leur peu d’épaisseur. 

L'œsophage est fort court, rudimentaire. Au-dessous 
de son point de départ, aboutissent les canaux excré- 
teurs des glandes salivaires; celles-ci, très-développées, 
foliacées, s’accolent au-devant de l’estomac et se réunis- 
sent par leur côté interne. 

L’estomac est énorme, pyriforme, distendu par une 
quantité d'aliments de nature animale, gardant encore 
leur aspect normal et étant sans nul doute des débris de 
mollusques terrestres. Nous avons reconnu une portion 
de matrice et une poche copulatrice. La surface interne 
de lestomac présente de nombreuses papilles visibles à 
Pœil nu. 

Au-dessous de l’estomac, on trouve une valvule pylo- 
rique, et l'insertion des conduits hépatiques. Le volume 
de ceux-ci est remarquable. Ils divisent le foie en deux 
lobes principaux, subdivisés eux-mêmes en cinq ou six lo- 
bules. L’intestin est très-court, bosselé, rempli de matiè- 
res solides (grains de sable, terreau, etc). À sa partie 
postérieure il se rétrécit brusquement pour former le rec- 
tum dont lextrémité a été décrite. 

La structure de l'organe dépurateur ou glande précor- 
diale n’offre rien à noter. 

Circulation.— Le cœur (1), la poche pulmonaire, sont 


(1) Le cœur donne de trente à trente-six pulsations par minute chez le 
D. brevipes, d'après C, Pfeiffer. 


2 AMD 
semblables à ceux des Testacelles. L’aorte fournit deux 
troncs principaux ; l'un au foie gauche; l’autre, parallèle 
au disque ventral, donne sur son passage des artères au 
foie droit, aux organes de la génération, eic. ; arrivé au 
niveau des ganglions nerveux postérieurs, il se perd dans 
la poche buccale, les téguments de la tête, etc. 


Ç 5. 


Système nerveux. — Anneau principal très-oblique 
d'avant en arrière, et presque horizontal, Ganglions sus- 
œsophagiens fort écartés et réunis par une commissure 
qui cache lPorigine de l’œsophage et des conduits sali- 
vaires. Ces ganglions fournissent les nerfs des lèvres, de 
la bouche, des tentacules. Au-dessous de lPæsophage on 
trouve deux petits ganglions, parfaitement arrondis et dé- 
signés sous le nom de stomato-gastriques. De leur partie 
antérieure naissent les nerfs de l’œsophage et de la poche 
buccale ; de leur partie postérieure, quelquesfilets nerveux 
rampaat sur l’enveloppe de celle-ci. 

Les ganglions sous-æsophagiens, qu’on devrait plutôt 
nommer pédieux (car ils ne sont pas situés sous l’œso- 
phage comme les ganglions stomato-gastriques, mais bien 
sous la poche linguale ) se composent de plusieurs masses 
séparées théoriquement, mais réunies en réalité, avec où 
sans commnissures. Elles forment un anneau bosselé, ho- 
rizontal, à ouverture très-rétrécie. 

D’après les recherches d'anatomie comparée des moi- 
lusques, on peut localiser diverses fonctions dans chaque 
paire de ganglions. Ainsi, les ganglions antérieurs four- 
nissent des nerfs aux téguments de la tête et portent les 
poches auditives ; les moyens sont surtout destinés à in- 


-— 20 — 


nerver les organes de la génération et de la respiration ; le 
postérieur donne les nerfs du plan locomoteur. Mais, dans 
les genres Limax, Helix, Testacella, Daudebardia, les 
ganglions sont fondus, sans commissures, et il est à peu 
près impossible de les séparer, même par la pensée. On 
peut seulement considérer ane masse antérieure ou vis- 
cérale, et une masse postérieure ou locomotrice. 


Sens. — Rien departiculier à noter. Le grand et le petit 
tentacule n’ont pas un muscle rétracteur commun, mais 
chacun possède une languette mince, allant s’insérer au- 
dessous des muscles rétracteurs de la poche buccale. 


Reproduction. — Le système reproducteur offre une 
grande analogie avec celui des Testacelles. I occupe peu 
de place. L’organe en grappe, séparable en deux portions 
allongées, se trouve, comme à l’ordinaire, entre les lobes 
du foie. Le canal excréteur n’est pas toriueux; la ma- 
trice, la glande albuminipare sont peu dévelopées, pro- 
bablement parce que l’animal n’a pas été capturé dans la 
saison des amours. La poche copulatrice, presque sessile, 
s’insère au-dessus d’un renflement glandulaire de la portion 
libre de la matrice. La verge courte, filiforme, reçoit le 
caual déférent en faisant avec lui un angle marqué; celui- 
ci s’épaissit avant sa terminaison. Vagin peu développé. 


$ 6. 


Maœurs. — Les Daudebardies ont les mêmes mœurs 
que les Testacelles. Vers les premiersjours du printemps, 
elles sortent de terre et se cachent sous les feuilles pour- 
ries, les pierres. Elles y demeurent jusqu’à lété. Mais, à 
partir de cette saison, on ne les voit plus paraître. Elles 


Ne 
doivent alors se terrer. Un mucustrès-gluant les enduit sans 
cesse; quand on les excite, elles le sécrètent avec abon- 
dance et paraissent recouvertes d’une écume, plus élevée 
vers la cavité respiratoire. Placées au soleil, elles se des- 
sèchent et meurent promptement. Elles sont essentielle- 
ment carnivores, et se nourrissent surtout de petites Hé- 
hces, Vitrines et Clausilies, dont elles dévorent les viscères 
et le plan locomoteur. Dans lhiver, elles doivent faire 
leur proie des lombrics, à en juger d’après leur système 
digestif ci rapproché de celui des Testacelles. 


Ç 7. 


Telle est l’organisation des Daudebardia. D'après cette 
étude, ils’agit de déterminer les rapports et les différences 
de ce genre avec les genres voisins. 

Rappelons d’abord que ces Mollusques ont été placés 
près des Hélices par Draparnaud, Férussac, etc. ; des 
Vitrines, par L. Pfeiffer; des Testacelles enfin, par 
MM. Bourguignat et Schmidt. 

Les Daudebardies diffèrent donc : 

1° Des Hélices, par l'absence de mâchoires, lorgani- 
sation de la poche buccale, l’état rudimentaire de la co- 
quille, la position de l’orifice respiratoire, etc. 

20 Des Vitrines, par les mêmes caractères tirés du sys- 
tème digestif, l’absence de manteau et de son appendice 
spathuliforme, etc. 

Mais les Testacelles offrent avec les Daudebardies les 
plus grands rapports, d’après le volume relatif à l’animal, 
les systèmes digestif et reproducteur. Les différences prin- 
cipales sont : la présence des sillons dorsaux, absents 
chez les Testacelles, et la disposition des ganglions sus- 


CS; ES 
æsophagiens très-éloignés chez les Daudebardies, soudés 
chez les Testacelles. 

Cette différence paraît d’abord considérable, mais en 
réalité elle a peu de valeur ; car l’étude du système ner- 
veux des Gastéropodes nous apprend avec quelle facilité 
un ganglion s'éloigne de la masse principale si lorgane 
qu’il doit innerver se trouve à une trop grande distance. 
Ainsi, chez les Aplysies, le ganglion branchial, dont la 
place théorique serait sous la poche linguale avec les au- 
tres ganglions sous-æsophagiens, s’en éloigne et se trouve 
à l'extrémité de l’animal, près des branchies. De même 
chez les Daudebardies, où les tentacules sont très-laté- 
raux, les ganglions qui leur fournissent cinq paires de 
nerfs (1), suivent-ils, en s’écartant de la ligne médiane, 
les organes dans lesquels ils doivent se distribuer. 

Nous ne nous étendrons pas davantage sur les diffé - 
rences des genres Daudeburdia et T'estacella; elles sont 
suffisantes pour conserver les deux genres comme dis- 
tüincts. Les rapports et ressemblances établissent claire- 
ment de leur côté, que ces deux types doivent être rap- 
prochés le plus possible et classés dans une même famille, 
celles des Testacellidées. 

Il en est de même du genre Glandina, si voisin des 
Testacelles par son système nerveux, mais plus rapproché 
encore des Daudebardia par son système digestif. 


Les espèces de Daudebardix paraisseut propres à 
l’Europe centale et aux contrées voisines du bassin médi- 


(4) Nerfoptique, tentacu'aire supérieur, téguentaire du tentacule su- 
périeur, tentaculaire inférieur, tégumentaire du tentacule inférieur. 


terranéen. On les à signalées en Allemagne, Autriche, 
Prusse, Suisse, Italie et Syrie. En voici la liste. 


1° DAUDEBARDIA RUFA. 


HELIX RUFA. 


DAUDEBARDIA. 


Herix (Hélicophanta). 
HELICOPHANTA. 


DAUDEPBARDIA. 


— 


Drap. Hist. Fr. p. 118, pl. 8, fig. 
26-29 (1805). 

Férussac, Essai méth., p. 45 
(1807). 

Férussac. Hist. gén. pl. 10, fig. 2 
(1819). 

Hartmann, Syst. Europ., p. 54. 
No 122 (1821). 

Hartm. in Sturm., p. 54 (1824). 

Fér., Tab}. syst., p. 25 (1822). 

C. Pfeiff. naturg. Deutsch, p. 13, 
tab. IV, fig. 4-5 (1828). 

Rossm., Icon., p. 85, tab. IL fig. 
39 (1835). 

Hartm. Erd-und, Schw., p. 7, pl, 
fig. 1-7 (18/40). 

Desh. in Fer. Hist., p. 96. 

L. Pfeiff. Mon. Helc. t. 2. p. 190 
(1848). 

Albers. Die Helic., p. 51 (1850). 

L. Pfeiff., M. Helic. supp., p. 2. 
No 1 (1853). 

L. Pfeiff. in Martin et Chemn. ,p. À. 
pl, 4, fig. 1-5 (14854). 

L, Pfeiff. in Malak. BI. (1855). 

Bourg. am., p. 92 (1855). 


Animal minus sequenti, tentaculis longioribus. 
T'esta perforata, depressa, convetiuscula, transverse 


EN pos 


dilatata, striatulu, nitidissima, cornea vel rufa ; spira 
mediocris, sublateralis, anfrac. 3, sensim accrescentes ; 
ultimus (in adultis) elongatus, depressus, non angulatus ; 
apertura ampla, rotundato ovalis. (PF). 

Diam. maj. 5 4/2 mill. ; minor, 4; altit. A 1/2. 

Hab. Allemagne, Suisse, Italie, Sicile. 


90 DAUDEBARDIA BREVIPES. 


HELIX BREVIPES. 


DAUDEBARDIA. 


Heux (Helicophanta). 
HELICOPHANTA. 


DAUDEBARDIA. 


Drap. Hist. p. 119, pl. 8, fig. 30- 
33 (1805). 

Fér. Loc. cit. p. 45 (1807). 

Fér.Hist. pl. 10, fig. 4 (1819). 

Hartm. loc. cit. p. 54, N° 123 
(1821). 

Fér. Tabl. p. 25 (1822). 

C. Pfeiff. loc. cit., p. 12, tab. IV, 
fig. 1-3 (1828). 

Rossm. loc. cit., pag, 85, tab. II. 
fig. AO (1635). 

Hartm. loc. cit., p. 10, pl. 4, fig. 4 
(1840. 

Desh. in Fér., p. 96 10. 

EL. Pfeif. mon. t. 2, p. 490 (1848). 

Albers. Helic. p. 51, N° 2 (1850). 

L. Pfeiff. mon. suppl. p. 1, N° 2 
(1853). 

L. Pfeiff, loc. cit., p. 4, fig. 11-13 
(1854). 

L. Pfeiff., in mal. BI. (1855). 

Bourg. amen., p. 95 (1855). 


Animal subæquans ter longitudinem testæ. Dorsum. 


ET 0 
granulosum, griseo-nigrum, caput et solea alba. T'enta- 
cula fere nigra. 

Testa perforata, depressa, subauriformis, tenuis, 
lævigata, transversè dilatata, nitida, diaphana, fusca, 
vel fulva ; spira minutissima ferè punctiformis, lateralis ; 
anfractibus ferè 3; ultimus non angulatus, apertura 
amplissima ovalis. (P£.) 


Diam. maj. 5 mill. ; alt. vix 1. 
Hab. Prusse, Allemagne, Suisse, Sicile. 


8° DauDEBARDIA LANGII. 


HELICOPHANTA LaANG11. L. P£ Symb. II. p. 81 (1846). 
DAUDEBARDIA. L. P£. mon. Helic. 2, p. 491 (1848). 
— Albers. Hel. p. 51 (1850). 
— L. Pf. mon. supp. p. 1, N°3 (1853). 
— L. Pfeiff. loc. cit., p. 5, fig. 6-9 
(1854). 
-— L. P£ in mal BI. (1855). 
— Bourg. amen., p. 97 (1855). 
L A. Schmidt. Der Geschl. p. 50 
(1855). 

Animal maximum omnium generis. 

Testa obtectè perforata, depressissima, nitida, fulva, 
intus diffuso-callosa, spira minutissima, lateralis, anfr. 2, 
ultimus angulato-depressus ; apertura amplissima, ovali- 
oblonga, perist. amplicissimum, rectum, margine colu- 
mellari arcuato, superné in laminam tenuem, perfora- 
tionem obtegentem reflexo. (PE) 


Diam. maj. 9 1/2 mill, ; min. 4; alt. 1 1/5. 
Hab, Hongrie (Lang.) 


Æ ve 
h° DAUDEBARDIA ELATA. 


HELICOPHANTA ELATA. Mühlfeldt in Rossm. Icon, p. 84 
(1835). 

—— Hartm. Erd-und. Schw., p. 8 
(1840). 
Descript. habit. icon. deficiunt. 


5° DAUDEBARDIA LONGIPES. 


DauDEBaRDIA LonGipes.Mühlfeldt in Joh. zeleb. syst. 
oesterr. (1851). 
— L. Pfeiff, loc. cit., p. 5 (1854). 
7. Pfeif. in Zeistchr (1855). 
— Bourg. am., p. 99 (1855). 
Descript. et icon. déf. (1) 
Habit. Autriche. 


6° DAUDEBARDIA SAULCYI. 


TESTACELLA SauLCyI. Bourg. Test. nov. or., p. 10, N° À 
(1852). 
— Bourg. cat. rais. or., p. 5, pl. 1, 
fig. 8-9 (1853). 
DAUDEBARDIA SYkIACA. Roth. spicil. or., p. 21 (1855). 
DAUDEBARDIA SAULCYI. Bourg. amen., p. 98 (1855). 
— Pfeiff, in mal. BI. (1855). 
Animal corpore gracili, dorso et abdominis lateribus 


omnino nigrescentibus ; subtus albidulo ; corpore ru- 
9050 ; pede angusto. 


(1) D'après M. L. Pfeiffer, cette espèce parait être la même que le 
D, brevipes 


PAR 7; LS 
Long. anim. rep. 30 mill. ; contrac. 42. 


T'esta obtectè perforata, haliotidea, oblonga, anticé 
coarctata, succinea, diaphana, glabra, nitida; apice ob- 
uso, crasso, non plano, laterali, oblique posticeque in- 
flexo ; anfractibus 2 4/2, ultimo posticè rapidè descen- 
denti, amplissimo, marginibus ferè parallelis; perist. 
recto, breviter inflexo; margine columellari arcuato ct 
medio vix angulato; supernèé in.laminam crassam perfo- 
ralionem tegentem reflexo. 


Diam. maj. 5 ; 5 1/2 mill. ; min. 3; alt, À 4/2. 
Habit. Beyrouth (Sauley), Sayda (Gaillardot). 


7° DAUDEBARDIA SICULA. 


ViTRINA SiCULA. Benoit (in sched) 


Animal... 

T'esta perforata, oblonga, anticè rotundata, succinea, 
diaphana, nitida ; apice obtuso, laterali, ferè plano ; an- 
fractibus 3, ultimo amplissimo, marginibus non pa- 
rallelis ; perist. et margine columellari arcuatis ; colr:- 
mellà supernè in callum breviter reflexä, sed non umbi- # 
licum tegenti. 

Diam. maj, 4 1/2 mill. ; min. 2 8/4 3 ; aluit. À 4/4. 


Habit. Sicile (Benoît). 
8° D'AUDEBARDIA GAILLARDOTI. 
DAUDEBARDIA GAILLARDOTIT. Bourg. amen. jp. 97, pl. 6, 


fig. 14-19 (1855). 


Animal exiquum, obscurè aurantium vel cœruleum ac 


nigerrimis maculis undiquè adornatum ; pede angusto, 
albidulo. 

Testa perforata, diaphand, tenuissima, transversè di- 
latata, levis vel argutissimè, striatula, vix cornea, spira 
sublaterali; anfractibus 2 1]2 valdè accrescentibus ; ulti- 
mo elongato ; aperturà amplissima, elongato-ovali. 


Diam. maj. 2 mill. 


Habit. Sayda (Gaillardot). 


On voit par cette liste, que ce petit genre est répandu 
dans une foule de localités. On peut dire d’une manière 
générale, qu’il représente le genre Testacelle dans les 
contrées où celui-ci ne se montre pas. La frontière orien- 
tale de France limite ces deux zones importantes ; d’un 
côté, l’Angleterre, la France, l'Espagne, le Portugal, l’AI- 
gérie, les Canaries, sont habitées par les Testacelles ; de 
l’autre, la Prusse rhénane, la Suisse, toute l'Allemagne, 
PAutriche, l'Italie, la Sicile, la Syrie, renferment les Dau- 
debardies. Ainsi ces deux genres se partagent le grand 
bassin de la Méditerranée. 

Les espèces de Daudebardia forment deux groupes 
bien tranchés : 1° Coquilles à spire sublatérale (D. rufa, 
brevipes) ; 2° Coquilles à spire latérale ou plutôt termi- 
nale (D. Suulcyi, sicula. Le D. Saulcy, où l’ombilic est 
couvert, fait certainement le passage de ce genre aux 
Testacelles. 

P, Fischer. 


PEUR eV 
Explication de Ia Planche x. 


Fig. 1, Animal du D. Saulcyi ouvert. 
a, bouche — D, estomac — c, foie — d, intestin 
— €, rectum — jf, organe en grappe — g, son 
canal — , glande albuminipare — ?, aorte — 7, 
ganglions sus-æsophagiens — , orifice généra- 
teur — /, glande précordiale et cœur. 

Fig. 2. Système digestif. 
a, ouverture buccale — b, poche buccale — c, 
œsophage — d, conduits excréteurs des glandes 
salivaires — €, glandes salivaires — f, estomac — 
g; pylore — X, canaux biliaires — +, foie — 7, 
intestin — #, rectum — !, anus. 

Fig. 3. Masse buccale. 
a, portion labiale — b, portion buccale — c, ou- 
verture de l’œsophage — d, ouverture des conduits 
salivaires — e, masses latérales de la poche buc- 
cale — f, saillie médiane se continuant en arrière 
g, muscles rétracteurs — 2, muscles protracteurs. 

Fig. 4. Système nerveux. 
a, ganglions sus-æsophagiens — b, leur commis- 
sure — c, nerfs labiaux et tentaculaires — W, 
grand tentacule — e, petit tentacule — f, commis- 
sure des ganglions sus-æsophagiens et stomato- 
gastriques — g, ganglions stomato-gastriques — 
h, nerfs œsophagiens — 7, de la poche linguale — 
J; commissure des ganglions sus-æsophagiens et 
pédieux — #, portion supérieure des ganglions 
pédieux — /, portion inférieure — 3», nerfs du 
plan locomoteur — n, nerfs viscéraux — 0, inté- 
rieur de l'anneau formé par les ganglions pédieux. 


Je 

Fig. 5. Système reproducteur da D, Sauleyi 
a, organe en grappe — D, son canal excréteur — 
ce, glande albuminipare — d, canal déférent — e, 
oviducte — /, canal déférent dans sa portion libre 
— 4, poche copulatrice — k, matrice — à, verge 
— j, son muscle rétracteur — , ouverture com- 
mune. 

Fig. 6. Système reproducteur du D. brevipes. 

Fig, 7. Système reproducteur du D. Langii. 

Fig. 8. Spinule de la plaque linguale. 

Fig. 9. Coquille du D. Saulcyi. 


Observations sur quelques-unes des Coquilles dé- 
crites dans les quatre premiers volumes du Journal 
de Conchyliologie. 


{ 


Errare humanum est. 


Le meilleur moyen de se faire pærdonner ses erreurs, 
c’est sans contredit d’être le premier à les signaler : d’un 
autre côté, en se critiquant soi-même, on y met des for- 
mes, ce quiesttoujours d'un bon exemple, et la confession 
prouve, en outre, l’envie qu’on a de faire mieux... au- 
tant que possible. Nous employons ces derniers mots à 
titre de réserve pour notre propre compile, et comme un 
appel à l’induigence, s’il advenait encore que notre con- 
frère, M. Fischer, admît à son tour dans le recueil 
dont il prend la direction, la description de quelques 


EE: NE 


espèces nouvelles qui ne le seraient qu’à moitié ou 
même pas du tout, ainsi qu’il nous est arrivé de le faire, 
comme nous l’avouons à notre grande honte et confusion. 

Cependant, il faut bien dire aussi qu’on peut, dans une 
certaine mesure, expliquer ces sortes d’erreurs qu’on ne 
commet jamais volontairement, car l’auteur trouve bien- 
tôt sa punition dans le désagrément de se voir rejeté dans 
la synonymie, après s’être souvent donné bien de la peine 
pour s’assurer de son droit de paternité. On conviendra 
d’abord qu’il est très-difficile, sinon même impossible, de 
connaître tout ce qui à été publié en Conchyliologie sur 
tous les points du globe, non pas seulement dans les ou- 
vrages spéciaux, mais dans cette multitude de recueils plus 
ou moins scientifiques, qui, sous les noms de journal, re- 
vues, bulletin, magasin, annales, archives, procee- 
dings, etc., s’établissent partout où existe une imprime- 
rie. Combien d'auteurs aussi cherchent à donner de la 
publicité à leurs observations en les faisant paraître dans 
des méinoires détachés, sous le titre de notices, études, 
catalogues, index, symbolæ, novitates, miscellanées, ame- 
nilates, spicilegia, etc., fascicules qui, tout intéressants 
qu’ils sont, n’arrivent que rarement, et par hasard, aux 
mains de ceux à qui ils sont pourtant destinés, 

Nous ferons aussi remarquer que dans beaucoup de cas 
il s'écoule un laps de temps assez long entre la date à Ja- 
quelle une description à été imprimée, et le moment où 
l’ouvrage parvient dans la bibliothèque du conchyliologue. 
Nous pourrions encore faire valoir quelques autres con- 
sidérations propres à justifier nos méfaits scientifiques ; 
mais nous espérons que les observations qui précèdent 
suffiront pour nous faire pardonner, jusqu’à un certain 
point, ceux dont nous allons faire humblement l’aveu : 


De pen 


ParTULA Recluziana nobis. Journal 1850, p. 470, 
pl. 7, fig. 5. 


Cette espèce nous a été signalée par M. Gould, comme 
étant celle qu’il avait décrite en mars 1847, sous le nom 
de Partula Zebrina, dans les Proceedings de la Société 
d'Histoire naturelle de Boston, description qu’il a re- 
produite dans Expedition shells, en 1852. 

M. Pfeiffer, qui paraît n’avoir pas connu ces coquilles, 
les a fait figurer l’une et l’autre dans sa Monographie des 
hélicidées. 

Nous avions indiqué avec doute les îles Salomon 
comme étant la patrie de notre Partule. M. Gould leur 
donne comme habitat certain les îles Samoa. 


CoromreLzLa Haneti nobis. Journal 1850, 
pag. 57, pl. à, fig. 4. 


M. Hinds avait décrit cette coquille avant nous dans la 
Zoologie du Voyage du Sulphur (page 39), sous le nom 
de Columb. paronina, et il Pavait même fait figurer pl. x, 
fig. 19 et 20. La description laisse un peu à désirer; mais 
la figure est borne, et aurait suffi pour nous éclairer si 
nous avions possédé l’ouvrage au moment où nous avons 
décrit notre espèce. 


Narica Haneti Recluz. Journal 1850, 
p. 289, pl. 15, fig. 6 et 7. 


M. Reeve, dans sa Monographie des Natices, présente 
cette espèce comme étant la même que celle que M. Re- 


cluz aurait déjà décrite sous le nom de Nat. elenæ dans 
les Proceedings de la Société Zoologique de Londres, 
année 1843, p. 205. 

Nous ne saurions admettre l’erreur signalée au sujet de 
cette coquille, et nous avons peine à croire que M. Re- 
cluz ait décrit deux fois la même espèce à quelques années 
de distance. La figure de la Monographie de M. Reeve se 
rapproche beaucoup, il est vrai, dans sa forme générale 
et par sa coloration, de la W. haneti, mais les deux des- 
criptions diffèrent notablement : cette dernière est du 
double plus grande que lautre, enfin lune d’elles habite 
la côte ouest d'Amérique, tandis que la N. haneti a été 
trouvée à Bahia, sur la côte opposée. 


NaricA Cailliaudi Recluz, Journal 4850, 
p. 392, pl. 43, fig. 9. 


La Monographie de M. Reeve indique cette espèce 
comme n'étant qu'une variété de la Wat. pavimentum, 
décrite aussi par M. Recluz, en 1843, dans les Proceed. 
de la Société Zoologique de Londres. 

Ici nous avouerons que l'opinion de l’auteur anglais 
nous paraît fondée, car les descriptions et les figures ne 
présentent pas de différence notable. ù 


NarTica Euzona Recluz, Journal 1850, 
p. 381, pl. 14, fig. 5. 


NaricA Elegans Recluz, Journal 1850, 
p. 381, pl. 44, fig. A. 


M. Reeve, dans louvrage que nous venons de citer, 
prétend que ces deux espèces sont de simples variétés de 
5) 


PT re 
la Nat. picta de M. Recluz ; or, nous nous permettrons 
d’émettre quelques doutes à cet égard, car M. Recluz est 
un observateur trop attentif et a trop bien étudié le genre 
Natice, pour commettre une erreur aussi multiple que 
celle dont il s’agit. 

En effet, il décrivait en même temps, dans les Pro- 
ceedings de 1843, les deux Wat. picta et euzona qui lui 
avaient été confiées par M. Cuming, et il leur trouvait 
des caractères suffisants pour les séparer : puis, en 1850, 
il donnait à la fois, dans le Journal de Conchyliologie, une 
nouvelle description de l£uzona, et celle d’une espèce 
voisine qu’il désignait sous le nom de Wat. elegans. Dans 
ces deux circonstances notre savant collaborateur avait 
sous les yeux au moins deux objets de comparaison, et il 
connaît trop bien le genre en question pour avoir établi 
les trois espèces d’après un caractère emprunté simplement 
à la coloration. Nous croyons donc que lerreur est du 
côté de M. Reeve, et que M. Recluz ne sera pas embar- 
rassé pour le démontrer. 


Narica Senegalensis Recluz. Journal 1850, 
p. 382, pl. 14, fig. 5. 


La Monographie de M. Reeve présente cette espèce 
comme identique avec la Vatica fulminea de Lamarck, à 
laquelle l’auteur rapporte les VW. arachnoidea Lam., 
cruentata Lam., punctata SW., bifasciata Recl,, et 
bourguignati Recluz. | 

Nous avons entre les mains l’exemplaire d’après lequel 
M. Recluz a établi sa V. senegalensis, et en ce qui la con- 
cerne, nous croyons que M. Reeve est dans l'erreur. Nous 
avons aussi de fortes raisons de croire que cet auteur, 


LAS he 

n'ayant pas les types de Lamarck sous Îes veux, ni pro- 
bablement ceux de M. Recluz, a mis un peu de confusion 
dans la synonymie de la W. fulminea. En général, la Mo- 
nographie dont il s’agit aurait besoin d’être revue, com- 
mentée et considérablement augmentée : il suffit de jeter 
un coup d’œil sur la belle collection de Natices que 
M. Recluz a cédée à M. Delessert, pour regretter que 
M. Reeve ne soit pas venu la consulter avant de publier 
son travail, 

Il est vivement à désirer que M. Recluz veuille bien 
faire de cette Monographie l’objet d’un commentaire, qui 
serait fort bien placé dans le Journal de Conchyliologie, 
dont il a été un des plus laborieux fondateurs. 


Fusus Wallaysii, Nobis. Journal 1851, p. 74, 
plr1.fo 7, 


M. Reeve avait décrit cette espèce avant nous, dans 
sa Monographie du genre Buccin, et lui avait donné le 
nom de PB. rapulum : ainsi, le nom de Wallaysii devra 
venir en synonymie; mais nous pensons que l’auteur an- 
glais a eu tort de faire entrer cette coquille dans sa Mo- 
nographie des Buccins, dans laquelle il a placé, au sur- 
plus, des coquilles appartenant évidemment à d’autres 
genres. 

L'espèce dont il est question, nous semble voisine du 
Fusus mfat, ainsi que nous en avons fait Pobservation 
dans le Journal, et appartient à un groupe spécial qui de- 
manderait à être examiné de nouveau. 


RE 


NarTica Candidissima Recluz. Journal 1851, p. 87, 
pl. 2, fig. à. 


Le nom de cette coquille a été changé par M. Reeve 
dans sa monographie, et il l’a remplacé par celui de X. 
Jukesti, parce qu’il existait déjà dans la nomenclature une 
autre Natice nommée Candidissima, par M. Le Guillou 
( Hievue zoologique, année 1852, p. 103 ). 

Nous indiquons ce changement sans garantir sa recti- 
tude, car nous serions porté à croire que la coquille dé- 
crite par M. Le Guillou est la même que celle publiée dans 
le Journalpar M. Recluz, qui, lPayant peut-être trouvée 
dans sa collection sous ce nom, mais sans nom d’auteur, 
laura considérée comme inédite. C’est une conjecture 
que nous n'avons pas le loisir d’éclaircir en ce moment, 
et sur laquelle notre confrère M. Recluz, ne manquera 
certainement pas de nous éclairer. 


MELANIA Verruculum HMorellet. Journal 1851, p. 193, 
pl. 5, fig. 8 ; et 1852, p. 262. 


M. Gould avait décrit cette Mélanie sous le nom de 
M. scipio, d'abord dans les Proceedings de la Société 
d'Histoire naturelle de Boston (1847), puis dans le grand 
ouvrage intitulé : Expedition Shells, p. 184. 

M. Philippi la décrite de son côté, après M. Morellet, 
et l’a appelée : M. belone. 

La figure 3 de la planche 5 du Journal représentait un 
individu très-jeune, ainsi que M. Morellet l'a signalé de- 
puis : la coquille acquiert même de très-grandes dimen- 
sions, puisque d'après M. Gould elle atteint presque la 
longueur de trois pouces (8 centimètres). 


ne Faq 


NaricA Pailiuin Reciuz. Journal 4850, p. 397; et 1851, 
p.202, pl..6fi8.,9. 


M. Reeve pense que M. Recluz avait déjà décrit cette 
espèce, en 1843, dans les Proceedings de la Société z00- 
logique de Londres, sous le nom de WNatica cumingianu. 
Nous n’oserions confirmer ou contredire cette assertion. 


CGyccosromA Apiæ Recluz. 1851, p. 215, pl. 6, fig. 10-14. 


Ce Gyclostome nous a été signalé par M Gould, 
comme étant celui qu’ii avait fait connaître, en 18/47, 
dans les Proceedings de la Société d'Histoire naturelle de 
Boston, sous le nom de C. plicatum, en sorte que ce 
dernier nom semblerait avoir la priorité ; mais M. Pfciffer 
a cru devoir conserver je nom imposé par M. Recluz, 
parce qu’une espèce fossile avait déjà recu, en 18/5, ce- 
lui de plicatum. 


TricHoTROPis Orbignyanum, Nobis. 1851, 
p«261 pl 7;f2.:2. 


Nous avons été induit en erreur relativement à cette 
coquille, que l’on nous assurait avoir été revêtue d’un épi- 
derme qu’on avait fait disparaître en la nettoyant. La pré- 
sence de cet épiderme et l’analogie de sa structure avec 
la forme des T'richotropis, nous avaient porté à la placer 
dans ce dernier genre ; mais nous avons reconnu depuis, 
d’après lexamen d’un autre exemplaire, que nous nous 
étions complétement trompé. 

Cette coquille appartient au genre Purpura, et nous 
paraît constituer une espèce nouvelle, intermédiaire en- 
tre le P. galeu Chem. et la P. squamulosa de Reeve. Elle 


devrait alors prendre dans la nomenclature le nom de Pwr- 
pura Orbignyana. 


Triton Loroisi, Vobis. Journal 1852, p. 53, pl. 2, fig. 8. 


On a contesté l'exactitude de notre espèce, qui aurait 
été publiée avant notre description; et nous ne serions 
nullement surpris qu’il en fût ainsi, comme nous en ex- 
primions la crainte en la décrivant en 1852, car cette co- 
quille paraît assez commune dans les mers des Antilles, 
parages avec lesquels l’Europe a de continuelles relations 
depuis longtemps : cependant nous avons inutilement 
cherché, jusqu’à présent, quel pouvait être réellement le 
nom de ce Z'riton ; nous trouvons bien, à la vérité, dans 
la Monographie de Reeve, pl. 11, fig. 38, une coquille 
qui à beaucoup de rapport avec la nôtre ; mais l’auteur 
lui donne le nom de Gibbosus, qui est tout différent de 
notre espèce, ainsi qu’on le voit par la bonne figure qu’il 
en donne, pl. 14. 

Nous attendrons donc, pour admettre une rectification 
définitive, que la lumière soit faite sur ce point. 


MELONGENA Belknapi, Vobis. Pag. 65, pl. 2, fig. 5. 


M. Gould nous à écrit en ces termes au sujet de cette 
coquille : 

« Elle est certainement une variété du l'usus corona de 
« Lam. Les exemplaires que vous avez reçus faisaient 
«partie d’une collection appartenant à M. Belknap, et 
« dans laquelle j'ai vu de nombreuses variétés, depuis 
« celles qui étaient entièrement dépourvues d’épines jus- 
« qu’à celles qui en avaient plusieurs rangs : j’en ai choisi 


AO 

« alors une série contenant ces diverses variétés, dont 
« la vue vous prouverait la transition entre ces deux es- 
« pèces : elles furent trouvées, en grande abondance, dans 
«le voisinage de Key-West (Floride), ainsi que sur Îles 
«points intermédiaires entre cette localité et l’embou - 
« chure du Mississipi. » 

Nous remercirons de nouveau ici M. Gould pour son obli- 
geante communication, Cependant nous ferons observer, 
sans contester néanmoins l’exactitude de ses observations 
fondées sur l'examen d’un grand nombre d'exemplaires, 
que nous ne nous étions pas uniquement appuyé, pour 
séparer la coquille en question du Fusus corona, sur la 
présence ou sur l’absence des tubercuies épineux, mais 
bien sur d’autres caractères qui semblaient indiquer que 
l'espèce se rapprochait autant de la Pyrula melongena 
que du F°. corona, sans cependant pouvoir être confon- 
due avec l’une au avec l’autre. M. Gould, dont l'autorité 
est grande en pareille matière, réunit notre espèce au F. 
corona , et nous ne contesterons pas le fait; mais il nous 
rendrait service de comparer avec la Pyrula melongena. 
La riche série qu’il possède, et cela dans le but de vérifier 
si réellement les trois espèces n’en font qu’une, car notre 
coquille nous paraît encore plus rapprochée de la P. me- 
longena que du F. corona tel que nous le connaissions. 


MELONGENA Bispinosa Philipp, Journal 1852, 
p. 157, pl. 8, fig. à. 


Nous avions reproduit et figuré cette espèce dans le 
Journal, en raison de la beauté de l’exemplaire que nous 
avait communiqué feu M. Largilliert, et parce que les fi- 
gures données par MM. Reeve et Philippi ne nous avaient 
pas paru complètes et satisfaisantes. 


— 0 — 


FA deux auteurs avaient cru devoir ranger cette co- 
quille dans le G. pyrula de Lamarck ; mais nous avons 
recu encore de M. Gould une observation qu’il est impor- 
tant de faire connaître, 

« Cette coquille, dit-il, est une des formes du Purpura 
« {loridana de Conrad (Journ. acad. nat. sc. vx, pl. 7, 
« fig. 21) figurée aussi par M. Reeve, dans sa Monographie 
“ des Pourpres, pl. 9,t. 4h; c’est une espèce très-va- 
« riable. » 

Il y à dans le nombre, assez petit à la vérité, des exem- 
plaires que nous avons vas des deux coquilles en ques- 
tion, des différences si tranchées, qu’il nous faut toute la 
confiance que nous avons dans la sagacité de M. Gould 
pour admettre qu’elles ne font qu’une seule et même es- 
pèce; mais cet exemple prouve de nouveau combien la 
forme de Penveloppe testacée des Mollusques est variable, 
et avec quelle défiance on doit procéder à l'établissement 
des espèces, 


MARGINELLA Vautieri Bernardi. Journal 1853, 
p. 68, pl. 2, fig. 13-14. 


D’après M. Gould, cette Marginelle serait la A. m- 
bricata, décrite en 1844 par M. Hinds, dans les Procee- 
dings de la Société zoologique de Londres, et figurée de- 
puis dans le Thesaurus de Sowerby, fig. 211-212. 
M. Hinds lui donne Acapulco pour patrie; M. Gould dit 
qu’elle habite Santa-Barbara en Califoruie. 

Les deux coquilles, à en juger par les descriptions et 
par les figures, semblent effectivement appartenir à la 
même espèce. 


Narica Taslei Recluz. Journal 1853, 
pe R3:pl..2.: fie 22 Er. 


M. fieeve mentionne cette espèce comme étant celle que 
M. Recluz avait décrite en 1843, sous le nom de Ÿ. bro- 
deripiana dans les Proceedings de la Société zoologique 
de Londres. Cette dernière, figurée par M. Reeve sous le 
n° 66, est bien plus grande, et sa coloration diffère un 
peu. Néanmoins, nous n’oserons affirmer que ce sont 
deux espèces différentes. 


Burimus Fairmaireanus, ÂVobis. Journal 4553, 
p. 156, pl. 5, fig. 8. 


M. Cuming nous a assuré positivement que cette espèce 
avait été décrite précédemment sous un autre nom, qu’il n’a 
cependant pu nous indiquer. M. Pfeiffer, qui cite notre 
coquille dans le Zeitschrift, n’a fait aucune observation, 
et nous avons inutilement cherché à la découvrir dans les 
ouvrages antérieurs à 4853. C’est donc sous toute ré- 
serve que nous mentionnons le dire de notre ami, M. Cu- 
ming, dont on connaît cependant la justesse de coup 
d'œil. 


Mécania Theminkiana, Vobis. Journal 1855, 
p2060, ph if TE 


Un nouvel examen de cette coquille nous fait penser 
aujourd’hui que ce n’est qu’une simple variété de la Hel. 
helena de Philippi, avec laquelle nous avions dit, dans 
notre article. qu’elle avait de grands rapports. 


— 19 — 


Puos Billeheusti, Vobis. Journal 1853, 
p. 243, pl. 8, fig. 5. 


Cette espèce n'appartient pas au genre Phos, mais bien 
aux Buccins ou plutôt aux Nasses. Nous nous étions laissé 
tromper par la forme extérieure, et nous n’avions pas 
examiné assez attentivement ses caractères principaux. 

Si quelqu'un nous disait que notre espèce est le Buc. 
marmoratum décrit par M. Reeve (Monog. n° 95}, nous 
n’oserions, en vérité affirmer le contraire. 


Merania Glans V. D. Busch. Journal 1853, 
p. 290, pi, 5, 49. 10: 


Cette Mélanie est placée aujourd’hui par quelques con- 
chyliologues dans le G. paludomus. 


Triton Cantrainei, Vobis. Journal 1853, 
p. 246, pl. 8. fig. 10. 


Nous indiquons dans un autre article, que ce Triton 
paraissait devoir être classé dans le genre Murex. 


Hézix Baudoni, Vobis. Journal 1853, 
p. 364, pl. 14, fig. 4-5. 


M. Shuttleworth regarde cette espèce comme ne diffé- 
rant pas de l/Z. concolor de Pfeiffer ; nous avions, en la 
décrivant, exprimé nous-même quelques doutes à cet 
égard, Nous croyons néamoins qu’il faudrait, pour pou- 


RASE 
voir prononcer avec certitude, avoir sous les veux un 


grand nombre d’exemplaires de ces deux Hélices et de 
leurs variétés. 


Nous terminerons ici notre petite revue des coquilles 
décrites dans les quatre premiers volumes du Journal de 
Conchyliologie, en répétant que s’il s’y est glissé quelques 
erreurs pendant que nous en avions la direction, on doit 
nous les pardonner en considération de l’empressement 
que nous mettons aujourd’hui à les signaler et à les rec- 
üfier. 


S. PETIT. 


Histoire du G. Natice (/Vatica Adanson), 
par C.-A Recluz. 


S'il est un genre qui mérite d'attirer l’attention des 
conchyliologues, c’est bien celui des Natices. De même 
que les Nérites, au sort desquelles elles ont été longtemps 
associées, les Natices offrent de l'intérêt, non moins par 
la variété de leur forme et la beauté de leur robe, que 
par les incidents dont leur histoire a été l’objet. Cette his- 
toire, trois circonstances particulieres nous paraissent la 
renfermer tout entière, savoir : l’établissement du genre, 
la découverte de l'animal de ces coquillages, et institution 
des groupes sous-génériques. 


Oh ds 
I. — ÉTABLISSEMENT DU GENRE NATICE. 


Le désir de connaître les animaux cités par les auteurs 
grecs et latins, porta les naturalistes de la Renaissance 
des lettrés, à étudier leurs écrits avec autant d’ardeur 
qu’ils étudiaient la nature elle-même. Plusieurs attachè- 
rept une grande importance à retrouver les noms dont ces 
auteurs s'étaient servis, pour les donner aux animaux 
qu’ils commencaient à connaître, et c’est ainsi au’ils nous 
les ont transmis comme termes génériques. 

Toutefois, depuis lors, l'expérience a démontré que 
l'application qu’ils en firent ne fut pas toujours heu- 
reuse ; tel est, selon nous, l’usage qu'ils ont fait du nom 
de Nérite. 

En eflet, Aristote, dans le 4° livre de son Zfrstoire des 
Animaux, parle d’un animal qu’il appelle Vérite, dans 
des termes qui s'accordent si peu avec ce que nous sa- 
vons aujourd’hui des Mollusques auxquels on a imposé 
depuis ce même nom, qu’il n’est pas possible d’établir la 
moindre analogie entre eux. C’est d'autant plus facile à 
comprendre, que le philosophe de Stagyre s’est plus 
occupé des mœurs de ces animaux que du moyen propre 
à nous les faire reconnaître. 

Cette difficulté n’a pas arrêté les naturalistes de la Re- 
naissance. [gnorant les habitudes des coquillages qu'ils 
décrivaient, ils s’attachèrent, pour retrouver et appliquer 
ce nom de Nérite, à quelques caractères qu'Aristote nous 
atransmis de la coquille de ces Mollusques (1). 


(1) Nous transcrivons ici, pour l'intelligence du lecteur, tout ce qu’Aris- 
tote a dit de la Nérite. « La coquille de la Nérite est ample, ronde; elle 
avoisine par sa forme celle des Buccins. La Nérite est fortement attachée 


LA 7 

Ces caractères se réduisent à la phrase suivante : « La 
coquille de la Nérite est lisse, ample, ronde, et avoisine, 
par sa forme, celle des Buccins. » Or, le coquillage dont 
les Romains nous ont transmis le nom de Buccin, et dont 
ils usaient pour appeler, dit-on, leurs troupes au combat, 
est notre Triton nodifère, dont la forme ne ressemble 
guère à celle de nos Nérites. 

Malgré la concision et l'insuffisance de cette descrip- 
üon, les conchyliologues de la Renaissance y découvrirent 


à Sa coquille par le milieu. Les Nérites adhèrent aux rocüers et inclinent 
sur elles leur coquille, qui fait alors l'office de couvercle; car la coquille 
unique des Turbinés (Spirivalves), rend à ces animaux le même service que 
les bivalves reçoivent des deux parties qui constitue la leur. Les Nérites 
se meuvent comme les Patelles et les Murex,et tous les autres coquillages 
analogues. Dans le temps de calme, ces animaux se détachent pour aller 
prendre leur nourriture ; mais lorsque le vent souffle, le petit cancre 
(cancer) se tient tranquille auprès des Rochers » 

Aristote ne paraît pas avoir connu l'animal du genre que nous ap- 
pelons maintenant Nérite. Les caractères qu'il accorde à la coquille de 
sa Nérite se rapportent beaucoup mieux au test de nos Natices qu’à celui 
d’autres genres. Toutefois, les mœurs qu'il attribue aux animaux de ses 
Nérites diffèrent suffisamment de celles que nous connaissons des nôtres. 
L'animal de nos Natices est essentiellement sabulicole, car il vitet frais 
dans le sable; il ne s'attache donc pas aux rochers, et dès lors n’a pas be- 
soin de s'en détæéher pour s'alimenter. Get animal , d’après ce que nous 
connaissons de ses mœurs, ne se dével ppe au dehors qu'avec une grande 
lenteur et rentre avec non moins de difficulté dans sa coquille, qui ferme 
avec un opercule. Il ne se meut donc point comme celui des Patelles et 
Murex. Nos Natices et nos Nérites sont des Mollusques à coquilie oper- 
culée, et cependant Aristote ne dit mot de cette partie si remarquable 
dans les Natices maculée et millepoints, communes sur les côtes de Ia 
Grèce et de l'Italie, où il aurait pu les observer, et quisont, il est vrai, des 
coquilles lisses, rondes et assez volumineuses, ainsi qu’il caractérise les 
siennes. Enfin, l’animal de nos Natices et Nérites, n’a aucune ressemblance 
avec un crustacé (cancer). L'ilustre phil:sophe grec aurait-il voulu dé- 
signer par ce nom de Nérite, ces Pagures si communs sur le littoral de la 
Méditerranée et que l’on voit s'emparer et trainer sur la grève des co- 
quilles des Natices, de Buceins et autres. Que cette explication soitla vraie, 
ou non, le passage d’Aristote nous paraît très-suscep‘ible de controverse 
parce qu’il ne nous parait pas certain qu’il n’ait pas été altéré par ses co- 
pistes. 


se À EG 
tant de rapports avec les caractères de quelques coquilles 
de la Méditerranée, qu'ils ne firent aucune difficulté de 
regarder ces dernières comme représentant les Nérites 
d’Aristote, et leur conservèrent ce nom. Ges coquilles ap- 
partenaient, pour la plupart, au genre Natice. Ces auteurs, 
poursuivant ensuite la comparaison qu’ils avaient établie, 
et remarquant que l'ouverture de celles-ci avait une 
configuration demi-ronde, ils réunirent sous le même ti- 
tre toutes les coquilles qui présentaient ce caractère. De 
là vient qu’ils ont décrit et fait figurer dans leurs ou- 
vrages, sous le nom de Nérite, plusieurs de nos Natices, 
une seule Nérite, deux Littorines, et même le Zuccinum 
nerileum 

Des auteurs qui leur succédèrent dans l’étude des co- 
quillages, tous ne leur accordèrent pas la même confiance. 
Bonanni, l’un d’eux, réserva ce nom de Nérite aux Mol- 
lusques qui depuis ont conservé le même titre, et appela 
Cochlæ marine, les coquilles de nos Natices. Il nous en 
fait connaître le motif en ces termes : « Cochlea limacis 
communiler appellata à forma qua terrestribus limaci- 
bus omnimode assimilantur. » Rec. Ment. et Oculi, 
p. 141, n° 224. 

Lister et Gualtieri adoptèrent ces mêmes termes pour 
désigner les mêmes coquillages ; seulement ils rendirent la 
périphrase relative aux Natices plus expressive en l’éten- 
dant ainsi : Cochleæ marinæ umbilicatæ. 

Ils abandonnèrent donc la manière de procéder des 
premiers ; mais il nous semble qu’ils eurent tort de con- 
server le nom de Verite à des coquilles qui ne concor- 
daient plus avec les caractères de celles d’Aristote. Le 
contraire eût été moins blämable. 

iumphius s’inscrivit contre l’opinion de ces derniers 


se OR 
et revint à celle des premiers naturalistes, en confondani 
les Veritæ et les Cochleæ marine de Lister et Gualtieri, 
sous le seul titre nouveau de Cocurex VALVATÆ. En re- 
jetant ce progrès naissant dans l’étude des Mollusques, 
Rumphius était d'autant moins excusable qw’il avait ob- 
servé les animaux des unes et des autres et avait pu juger 
les différences caractéristiques qui les distinguaient. Mais 
la science ne faisait que de naître et le progrès a eu beau- 
coup de peine à s'établir. D’ailleurs Rumphius fait con- 
naître le motif de lassociation qu’il a opérée dans la 
phrase suivante : « Je les nomme, dit-il, Va/vatæ sive se- 
milunares, parce qu’elles ont la forme d’un limacon à 
bouche demi-ronde et l’opercule celle d’une demi-lune. » 
Kamerer rariet. Amb. Chap. x1, p. 75. 
Adanson, d’un esprit essentiellement observateur et qui 
usait largement de l'analyse, adopta la réforme proclamée 
principalement par Gualtieri. Il conserva le nom de Né- 
rite à celles qu’on avait ainsi désignées, et se servit du mot 
Natice, autrefois employé et depuis relégué dans l’oubli, 
pour lappliquer aux Cochleæ marinæ umbilicatæ de ses 
prédécesseurs. Effectivement, ce nom de Natice avait 
été donné autrefois aux Nérites d’Aristote par les pre- 
miers commentateurs de son ffistoire des Animaux, parce 
qu'ils avaient cru lire ce nom en place de l’autre dans les 
manuscrits qu’ils consultèrent. Aldrovande, De T'estaceis, 
libri 3, nous en a donné lexplication dans un passage de 
ce livre, ainsi concu « NERITAS apud ARISTOTELEM, T'heo- 
dorus GAzA NATIcES convertit, ex Festo fortassis, quem 
citante GALEPINO sèc legitur : Narica est (Joseph. ScaLr- 
GER legit NARITA) genus piscis minuti.) » 
Linné, au contraire, suivit l’opinion de Rumphius à 
l'exemple de d’Argenville, et y persista dans toutes les édi- 


eue se 
tions de son Systema naturæ. Mais il rejeta le mot Vat- 
vata et le remplaca par celui de Verita. 11 sépara les es- 
pèces en deux grandes sections, représentant les genres 
d’Adanson (1). Quoique cette classification fût en arrière 
des progrès déjà acquis à la science, elle prévaiut pendant 
longtemps, à cause de la vogue extraordinaire de ses ou- 
vrages et du soin particulier que mirent ses élèves à pro- 
pager ses doctrines, en publiant les éditions nouvelles de 
ses œuvres. Gmelin et Dillwyn, en éditant la partie zoo- 
logique de son Systema naluræ, contribuèrent plus que 
tous les autres à faire prévaloir le sentiment de Linné à 
exclusion de celui d’Adanson. 

Cependant, quelques auteurs contemporains du natu- 
raliste suédois, se rangèrent à l’opinion du naturaliste 
français, tels que Scopoli, Favart d’Herbigny et Favanne, 
tandis que Gmelin, Chemnitz, Dillwyn et autres restaient 
fidèlement attachés à la classification des Nérites de Lin- 
né. Enfin, Lamarck vint apporter à la Conchyliologie 
cet esprit et cette sagacité qui lui donnèrent une grande 
prépondérance sur ces contemporains, et, avec son ap- 
pui, l'opinion d’Adanson triompha de celle de Linné. 

C'est ainsi que ce nom de Nérite, donné d’abord à nos 
Natices, a été définitivement remplacé par cette dernière 
dénomination, et que ce genre a été enfin débarrassé des 
espèces qui lui étaient étrangères. 

Si l'étude seule des caractères des coquilles, a pu pro- 
duire ce résultat, nous allons voir Gue la découverte du 
véritable animal des Natices est venu le sanctionner. 

(1) Linné a imité en cela Rumphius. Celui-ci appelait Race ce que 
Linné entendait par Genre et désignait par le mot Sortes, qu'il sépara 
en deux séries, l’une lisse, l’autre striée, que le naturaliste suédois quali- 
fiait d'espèces et qu'il distingua en deux sections, en se servant de la pré- 


sence de l’ombilic pour les unes, et des dents de l’ouverture pour les 
autres. 


; — 19 — 
Il. — DE L'ANIMAL DES NATICES. 


Adanson n’eut pas occasion d’observer l'habitant d’au- 
cune espèce de Natice; mais ayant découvert un autre 
animal dont la coquille présentait des caractères analo- 
gues à ceux du têt de ces Mollusques, il le considéra 
comme appartenant au même genre et le fit représenter 
en tête de ses Natices. Cette coquille, qui était celle du 
Fossar, par sa forme presque globuleuse, sa columelle 
ombiliquée, son ouverture demi-ronde, son opercule de 
même figure, testacé et semi-spiré, ressemblait tant à une 
Natice, qu’on ne saurait blâmer Adanson de s’être trompé 
en cette circonstance, alors qu’il manquait d’autres moyens 
d'investigation pour contrôler opinion qu’il s'était formée. 

Cet accord de caractère et l’ignorance dans laquelle on 
est resté longtemps avant de connaître le véritabie Nati- 
cier, donnèrent une si grande confiance à l’opinion ma- 
nifestée par Adanson, que tous les naturalistes classifica- 
teurs n’hésitèrent point à la partager. On conçoit dès lors 
sans peine qu’ils se soient attachés à scruter avec soin les 
organes du Fossar et à rechercher les affinités qu'ils pou- 
vaient avoir avec ceux des autres Mollusques. Ils finirent 
par lui en trouver de si intimes avec l’animal des Nérites, 
qu’ils proposèrent des rapprochements plus ou moins 
grands entre ces deux genres. Lamarck en usa pour éta- 
blir sa famille des Néritacés, et ils déterminèrent pareille- 
ment Cuvier et de Blainville à accepter (1). 


(1) Une singularité non moins remarquable, c'est que le genre Sigaret 
a été caractérisé, dans l’origine, avec l'animal d’une Coriocelle, Blainv.,ou 
Lamellaire, Montagu, par Cuvier, Lamarck, de Blainville, etc., et l’ani- 
mal du vrai Sigaret a servi à constituer le genre Cryptostome, par M. de 
Blainville, 


li 


PE 7e 


Cependant, il existait dans les archives de la science 
un document antérieur sur le véritable animal des Na- 
tices, qui, s’il eût été recherché, aurait pu faire naître 
dans lesprit des méthodistes certains doutes sur les rap- 
ports qu’on avait admis sur la foi d’Adanson. Ce docu- 
ment, fruit des observations pratiques de Rumphius, se 
trouve consigné dans son Traité des curiosités d’am- 
boine, à la suite de la description de sa Valvata Albula, 
bien avant que les Natices fussent séparées des Nérites. 

« L'animal (de cette espèce), dit Rumphius, resserré 
dans sa coquille, se développe en forme de corde, et 
rampe en étendant tant de chair au dehors, qu’il semble 
presque impossible qu’il puisse être contenu dans son en- 
veloppe; cependant cette masse charnue rentre entière- 
ment dans la coquille, et l’ouverture finit par se clore de 
l’opercule à la facon d’une boîte. » 

Quand on rapproche cette description de celle qu’A- 
danson a tracée de son Fossar, et qu’on en compare les 
caractères, on n’a pas de peine à se convaincre que ce 
dernier ne présente pas une masse de chair aussi consi- 
dérable. 

Tous les auteurs qui ont vu et décrit des animaux de 
Natices, corroborent l’observation de Rumphius, tant ce 
naturaliste a mis d’exactitude à nous transmettre ce qu’il 
avait si bien vu. MM. Quoy et Gaymard, entre autres, en 
parlent presque dans les mêmes termes. Néanmoins, ce 
renseignement est passé inaperçu jusqu’à présent, aucun 
auteur ne s'étant donné la peine de le consulter ; et cette 
négligence a donné à lerreur, pendant quelque temps, 
un certain cachet de vérité. 

Ces rapprochements entre les deux genres Natice et 
Nérite paraissaient si bien fondés, qu’il a fallu que de nou- 


Les Hg 
velles observations vinssent enfin faire reconnaître la faute 
dans laquelle on était tombé, pour se former alors une 
opinion plus exacte de l’animal des Natices. Elles se sont 
produites depuis peu, d'abord incomplètes, ensuite tout 
à fait satisfaisantes. 

Le premier qui éveiila Pattention des conchyliologues, 
ce fut M. Eudes Deslongchamps, en 1825, dans les Mé- 
moires de lu Société linnéenne du Calvados, où il publia 
des Notes sur quelques animaux observés à l’état vivant 
sur les côtes de Colleville. Une d’elles renferme quelques 
renseignements sur l’animal de la Vatice glaucine des 
auteurs anglais, ou Vatice monilifère de Lamarck, que 
nous allons reproduire. 

« J’ai recueilli, dit ce savant, plusieurs exemplaires de 
ceMollusque, je l’ai trouvé rampant sur de petites pierres 
recouvertes par de petites mares d’eau. Son manteau, 
irès-ample, recouvre et cache la coquille en totalité, 
comme lanimal des porcelaines; mais le côté droit du 
manteau m’a paru envelopper seul la coquille et la recou- 
vrir comme une sorte de capuchon. La tête et le col sont 
très-gros , et lorsque l’animal est tout à fait développé, il 
ressemble, au premier aspect, à l’animal de la Bullæa 
aperta, Lamarck. Une fois sorti de l’eau, il est resté 
constamment rétracté, et son ouverture hermétiquemeut 
fermée par lopercule. » ; 

Bien que l’auteur se soit mépris sur certains organes 
de ce Mollusque, en prenant les divisions supérieures du 
pied pour le manteau, le col et la tête de lPanimal, le fait 
qu’il signala aux naturalistes aurait dû ébranler beaucoup 
la confiance qu’on avait eue dans Adanson. Il n’en fut 
cependant rien encore de quelque temps. 

Férussac vint à son tour faire part de ses observations 


ce ES jan 

sur ia même espèce, qu’il avait reçue avec l’animal con- 
servé dans la liqueur. Il reconnut, dit-il, à la forme des 
Tentacules et à quelques autres caractères, qu’il diffé- 
rait du Fossar ; et, sur de simples indications, il proposa 
de détruire la famille des Néritacés de Lamarck. Mais 
quoique dans ses T'ableaux systématiques 1 ait classé 
les Natices dans sa famiile des Sabots ( Turbinides), et 
les Nérites dars celle des Toupies (Trochoides), les rap- 
ports qu’il établit entre ces deux familles, où les deux 
genres Natice et Nérite se trouvent Gécrits l’un à la suite 
de l’autre, prouvent qu’il n’était pas assez édifié sur les 
différences qu'il croyait avoir apercues. Aussi ses obser- 
vations n’apportèrent aucun changement dans la convic- 
tion des auteurs systématiques. 

Risso aussi, peu de temps après Férussac, décrivit un 
autre animal des Natices, celui de la Vat. olla, M. de 
Serres. Mais sa description est si fautive et laisse tant à dé- 
sirer, que nous croyons inutile de la rapporter. Toutefois, 
présumant qu’il était assez caractérisé pour faire type, il 
le proposa pour former un genre nouveau qu'il nomma 
Névérite. 

Jusqu’alors on ne connaissait qu’'inparfaitement ce 
Mollusque, lorsque M. Gray vint annoncer dans ses Spi- 
cilegia zoologica un fait qui frappa la curiosité des amis 
fervents de la science. Il avait reconnu un des premiers 
qu’il n'existait aucune différence organique entre ce Mol- 
lusque et celui des Sigarets, dont M. de Blainville avait 
publié auparavant un excellent Mémoire anatomique, sous 
le titre générique de Cryptostoma. M. Gray, fortement 
convaincu, conclut à la réunion des deux genres comme 
même famille. Bientôt on reconnut la vérité des rapports 
signalés par M. Gray. C’est à MM. Quoy et Gaymard 


2e 

qu’on en doit la confirmation. Ces savants ont publié 
dans la partie zoologique de leur Voyage de l’Astrolabe: 
des travaux intéressants sur les animaux des deux genres, 
que nous croyons utile de rapporter ici. 

« Les Natices sont des animaux à qui leur pied donne 
un aspect tout particulier. C’est une longue lamelle ovale, 
assez ordinairement carrée en avant, ovalaire en arrière, 
doublée dans les deux sens. En avant, où elle est plus 
large, c’est un écusson épais, un peu auriculé, qui re- 
monte sur la partie antérieure de la coquille qu'elle re- 
couvre, en même temps qu’eile cache la tête de l’animal, 
dont il ne paraît ordinairement que les tentacules. Üne 
raiuure de chaque côté indique les deux parties du pied. 

« L’écusson postérieur, moins considérable, supporte 
l’opercule, qu’il déborde, pour recouvrir le bord gauche 
à l’extrémité de la coquille. Il est des individus où il 
a la même grandeur que le pied, dont il se distingue par 
une rainure circulaire. 

« Ainsi, dans leur développement, les Natices repré- 
sentent une masse de chair sur le sommet de laquelle on 
aperçoit une partie de la coquille. L’opercule, quoique 
fort grand, n'est pas apparent; il se trouve caché par lex- 
trémité du têt, qui contient la masse des viscères. Un 
muscle fort petit lie tout ce développement de chair à 
une columelle assez exiguë par elle-même. Le reste de l’a- 
nimal, qui est peu spiré, n’offre rien de remarquable. 

« La tête est large, les tentacules fort distants, aplatis, 
longs et pointus. Nous n’y avons pas vu d’yeux. La cause 
finale est applicable ici : à quoi serviraient-ils, étant tou- 
jours cachés par l’écusson antérieur qui vient à la ren- 
contre du bord du manteau, lequel est sans siphon? La 
cavité respiratoire est peu grande; elle porte à gauche 


SR 
deux branches inégales, comme à l’ordinaire. La plus 
grande a de larges lamelles triangulaires, libres dans une 
partie de leur étendue. Le cœur est ovoïde, à une seule 
oreillette et un seul ventricule. Le rectum et l'intestin 
sont placés au côté droit de la cavité. Dans le mâle, lor- 
gane excitateur est très-gros, triangulaire, cannelé sur son 
bord droit, et placé fort près du tentacule droit. L’ouver- 
ture de la bouche est profondément cachée en arrière du 
chaperon qui forme la tête. Une petite trompe fort courte, 
deux plaques cornées surmontées d’un très-petit ruban 
hingual à crochets, forment un petit bouton ovalaire der- 
rière lequel viennent s’ouvrir les deux conduits des deux 
petites glandes salivaires. Toutes ces parties ont un mus- 
cle rétracteur. L'œsophage est long, grêle, précédant un 
estomae globuleux, occupant à lui seul tout l’espace ab- 
dominal ; lintestin, qui est délié, passe sur le foie et se 
termine par le rectum sans circonvolutions. 

« Le joie et le testicule sont groupés ensemble. Le ca- 
nal déférent de ce dernier est très-peu long. Dans la fe- 
melle, l'ovaire touche à l'utérus, qui est très-volumineux. 
Tous ces organes sont tassés en raison du peu de déve- 
loppement de cette partie de l’animal, qui est à peu près 
le tiers ou le quart de son volume total. 

« On a de la peine à croire, en voyant le peu de capacité 
de la coquille et toute l’extension que prennent les par- 
tics de la locomotion, qu’elles puissent toutes rentrer et 
complétement disparaître. La chose a cependant lieu, 
lentement, il est vrai, et l’opercule vient alors clore com- 
plétement l’ouverture. Mais comme ce mécanisme paraît 
coûter à l'animal, nous avons remarqué qu’il se dévelop- 
pait rarement deux fois. 

« L’opercule est ovalaire, paucispiré, représentant un 


arc de cercle sous-tendu. Il est membraneux ou calcaire. 
Cette différence n’en amène aucune de constante dans la 
forme de la coquille; ainsi elle est de peu d’intérêt pour 
les divisions qu’on pourrait chercher à établir. L’oper- 
cule calcaire nous a presque toujours paru appartenir 
aux coquilles dont la fente ombilicale est à droite (au-des- 
sus) (1) d’une colonne calleuse (funicule); car celles qui 
ont une fente (trou) à gauche (au-dessous) de cette cal- 
losité ont le plus souvent un opercule corné (2). Nous 
ne connaissons encore qu’une exception à cela, c’est 
pour une Natice sans nom qui est au Muséum de Paris, 
à laquelle est l’opercule. » 

Depuis le voyage de ces naturalistes, d’autres ont soi- 
gneusement scruté l’animal de ces coquilles, notamment 
MM. Guilding, Bouchard-Chantereau, Philippi, Sou- 
leyet, etc. Les études auxquelles ils se sont livrés ont 
fait connaître quelques faits nouveaux, qui viennent com- 
pléter les détails fournis par MM. Quoy et Gaymard et 
donner à quelques-uns plus de précision. 

Selon ces savants observateurs, « la partie antérieure 
du pied de lanimal des Natices se trouve séparée de la 
postérieure par un sillon oblique, qui se répète également 
en dessous ou sur la sole. Les lobes supérieurs forment, 
à leur rencontre au côté gauche de l'animal, une sorte de 
siphon court et plissé intérieurement, à peu près sem- 
blable au faux-siphon branchial des Mytilus, servant à 
l'introduction de l’eau nécessaire aux branchies. La tête 
de ce Mollusque, généralement très-aplatie, est cachée de 


(1) A l’exception des Natices de la section des Nevérites, qui ont cet 
opercule corné. (C. Rz.) 


() Il faut en excepter les Natica fulminea, cruentata, vitellus, solida. 
sagra, etc. dont l’opercule est calcaire. (C. Rz.) 


SR Ne 

façon qu'on ne peut bien la voir que lorsqu'on a séparé 
la partie qui la recouvre au moyen d’un instrument tran- 
chant. Ses tentacules sont frontaux, toujours très-écartés 
l’un de l’autre, mais reliés par une sorte de voile en ban- 
_delette étroite, qui n’est que le prolongement latéral de 
leur base. La bouche est infère et située à l’extrémité 
d’une trompe grêle et cylindrique. L’extrémité du pénis 
est en forme de pointe cylindrique, qui s’introduit seule 
dans l’organe de la génération des femelles. L’anus est 
situé du même côté que l’organe excitateur, mais plus en 
arrière, etterminé par un tube fort court. D’après sa con- 
formatign, cet animal ne peut sortir de sa coquille et 
ramper, sans avoir la tête entièrement recouverte par l’ex- 
trémité du lobe antérieur du pied, qui, sans cela, ne pour- 
rait se développer. Aussi la nature, toujours prévoyante, 
l’a-[-elle muni d’une trompe longue de dix à douze mil- 
limètres, plus ou moins selon les espèces, qui, lorsqu'elle 
est déployée, dépasse le bord supérieur et postérieur de 
ce lobe. » 

Risso, et un peu plus tard MM. de Joannis et Costa de 
Naples, ont cru reconnaître des yeux à larimal de la 
Natica olla; mais M. Philippi, qui a étudié celui de la 
même espèce et fourni une description plus exacte , n’en 
a aperçu aucune trace. M. de Joannis, d’ailleurs, a pris 
l’écusson antérieur du pied pour la tête de ce Mollusque, 
et deux taches situées sur la partie latérale et postérieure 
de ce lobe pour les yeux, ce qui a déterminé son erreur. 
Du reste, tous les auteurs s'accordent à dire que les Na- 
tices sont habitées par des animaux tout à fait aveugles 
comme les Sigarets. 

M. de Joannis a décrit avec détail le procédé qu’emploie 
ce Mollusque pour rentrer dans sa coquille, après s’être 


LED 

développé au dehors. «Le pied, très-développé, ressemble 
un peu à de la gélatine et semble gonflé d’eau. Lorsqu'on 
saisit cet animal, les tentacules rentrent; le lobe recou- 
vrant la coquille, la laisse bientôt à nu en se contractant 
sur lui-même ; le pied, dans ce premier moment, ainsi que 
la tête (le lobe antérieur), restent inertes ; mais bientôt, le 
muscle de la columelle agissant, il force toute cette masse 
charnue à rentrer en dedans, en la plissant comme un 
mouchoir saisi par son centre et qu’on voudrait faire 
‘passer par un trou. L’opercule paraît alors et intercepte 
complétement le contact extérieur. Dans cette opération, 
il s’égoutte beaucoup d’eau qui était renfermée dans Ja 
cavité branchiale. Il est impossible de saisir aucun mou- 
vement de reptation ; la partie antérieure de la tête (du 
- lobe supérieur du pied) se meut, dans la progression de 
cet animal, à droite et à gauche, comme organe de tact. 
(Magasin de zoologie de M. Guérin, classe 5, Mollusques, 
pl. 37.) 

Les auteurs cités précédemment n’ont rien dit sur le 
genre de nourriture que prennent les animaux des Na- 
tices ; cette omission se trouve réparée par M. Gould, dans 
son Report on the invertebrate of Massachussetts (1841), 
p. 231. art. VNatica heros, Say. 

«La Watica heros a cela de commun avec les animaux 
d’autres espèces de Natices, qu’elle est très-vorace et 
qu’elle passe la plus grande partie du temps à se repaître 
de poissons morts et d’autres animaux rejetés par la ma- 
rée. On trouve beaucoup d’autres coquillages gisant sur 
le rivage, percés d’un trou rond, dont la perforation est 
due, selon M. Gould, à plusieurs espèces de Natices. 
Celles-ci ont donc le pouvoir, dit-il, de perforer les coquil- 
lages, et l’on suppose généralement que c’est au moyen 


d’un acide qui en dissout la substance, L’animal des Na- 
tices en retire ainsi les sucs dont il se nourrit, et qui, sans 
cela, se trouveraient en sûreté dans leur enveloppe cal- 
caire. L’ampleur de leur pied est telle, qu’il peut envelop- 
per complétement les corps qu’elles veulent dévorer. » 

Les Natices sont sabulicoles; mais bien qu’on puisse 
supposer qu’elles s’abritent dans le sable, on n'avait pas à 
ce sujet de document résultant d'observations positives. 
C’est encore au même auteur que nous en devons la re- 
marque. 

« L'animal des Natices, en se mouvant, se creuse un 
terrier (un abri) dans le sable, et on reconnait la place que 
ces Mollusques occupent, à un petit trou qu’ils laissent à 
la surface du sable, » et qui sert probablement à puiser 
l’eau nécessaire à la respiration. 

Si, comme le dit M. Gould, les Natices sont les enne- 
mis d’autres Mollusques, et qu’ils s’approprient leur chair 
en la perforant, ils deviennent à leur tour la proie d’autres 
Mollusques qui les perforent également. Nous en avonsles 
preuves, dans notre cabinet, sur de jeunes Vatica moni- 
lifera, stercus muscarum, etc., et même sur d'autres es- 
pèces à l’état fossile. Les Morues, sur les côtes de l'Amé- 
rique du Nord ; les Mouettes, dans l'Océanie, sont les 
principaux ennemis connus des Natices. 

Avant 1835, on ne savait rien sur l’accouplement et la 
ponte des Natices ; les documents précieux que la science 
possède maintenant sont dus aux laborieuses recherches 
d’un savant fort estimable. M. Bouchard Chantereau nous 
les a fait connaître dans son Catalogue des Mollusques 
marins du Boulonnais, page 50, ainsi qu’il suit : 

« Les Natices s’accouplent de la même façon que les 
Turbos, Fuseaux, Rochers, Pourpres et Buccins. Le mâle 


22 

rampe sur le côté droit de la coquille de la femelle , et, 
parvenu sur le bord, passe son penis dans l’ouverture de 
cette coquille, et l’introduit dans l’oviducte de la femelle. 
L’accouplement dure plusieurs heures. Le produit de cet 
acte chez les Natices est une bande coriace, jaunâtre, 
longue de cinq à six pouces, large de dix-huit à vingtlignes 
environ (pour la Vatica monilifera), Elle contient un 
grand nombre de cellules arrondies, de deux millimètres 
de diamètre, placées les unes à côté des autres, mais sans 
ordre. Enfin, ces bandes ont absolument l’aspect de gà- 
teaux d’abeilles. Chaque cellule est fermée des deux côtés 
par une couche de matière glutineuse, que les petites Na- 
tices déchirent, soit d’un côté, soit de l’autre, quand elles 
éclosent. Chaque cellule contient de douze à quinze fœtus. 
qui en sortent les uns après les autres et à un intervalle 
de deux à trois jours, après au moins deux mois de vie 
fœtale. La ponte a lieu ordinairement en mars et avril, et 
les fœtus éclosent en mai et juin. » 

D’après M. Gould, le produit de l’accouplement des 
Natices, qu’il appelle un id, abonde vers le milieu de 
l'été sur toutes les plages sablonneuses de l'Amérique du 
Nord, où se rendent, pour frayer, plusieurs espèces de 
Natices. «Ces nids se composent, dit cet auteur, d’une ma- 
üière formée de sable et de mucus artistement agglutinés 
ensemble, en forme de bande ayant l’épaisseur d’une peau 
d'orange, libre en haut et en bas. Lorsqu'on examine une 
portion de cette lame entre l'œil et la lumière, on la voit 
occupée par de petites cellules disposées en quinconce, 
dont chacune contient un œuf gélatineux, ayant un nu- 
cleus jaune qui est l’embryon d’une natice. » D’après 
Véchantillon envoyé par M. Gould à M. Petit, d’un de ces 
nids de la Vatica heros, il ressemblait à une bande de 


FR 
carton brut, gris blanchâtre, contournée en spirale lâche, 
dont l’ensemble imitait la forme de la base d'un cône, 
haut de trois à quatre centimètres et large de neuf à dix 
centimètres, à bords libres en haut et en bas. 

Avant que l’on connût positivement le produit de la 
ponte des femelles de Natices, on s'était formé une idée 
toute particulière de ce corps, en le prenant pour l’axe 
calcaire d’un polypier; mais des observations faites avec 
soin en ont démontré lerreur. « Ges nids sont si singu- 
liers, dit M. Gould, qu’il n’est pas étonnant qu’on n’en ait 
pas d’abord connu l’origine. En effet, quelques natura- 
listes, tels que Ellis /Zoophytes and also his corallines, 
pl. 25, fig. e), Lamouroux {Polyp. flexibles, p. 3, n° 220), 
Blainville (Manuel d’Actinologie, p. 418), les ont regardés 
comme une espèce de FLusTrE, en leur donnant le nom 
de Flustre arenacée. Pallas (ET. zooph., p. 37, n° 5) et Ray 
(Synops., p. 30) en ont fait une espèce d’'Escrare ; Gmelin 
Syst. nat., h,p. 654) et Shaw (Wat. Miscell., t. 272), un 
ALcyonium; enfin, Lamarck {Ann. S. Vert., 2, p. 250), 
une DISCOPORÉE. 

« Toutefois, M. Boys suspecta un des premiers la na- 
ture véritable de ces corps, dans un mémoire avec figures, - 
publié dans les Transact. de la soc. linnéenne de Londres, 
vol. 5, p. 280, pl. 40. Mais M. Hog en dévoila entièrement 
l’origine dans le quatorzième volume du même ouvrage, 
en faisant éclore les œufs de la prétendue lustre arena- 
cée qu’on trouve sur les côtes d’Angieterre, et en recon- 
naissant dans le produit de léclosion de jeunes Nérites 
glaucines (Wat. monilifera). » M. Fléming présume (Brit. 
animals, p. 319) que les Wat. pellucida et alba d’Adams, 
ne sont que les embryons de cette même espèce, 

Beaucoup de Mollusques sont très-savoureux et servent 


à l'alimentation, dans plusieurs ports de mer. Les Nu- 
tèces ne sont pas toutes comestibles, car si les animaux de 
quelques-unes de nos côtes (Wat. monilifera, ampullu- 
ria, millepunclata et maculata) se vendent sur les mar- 
chés de nos ports et se servent sur les tables, il paraît 
que d’autres en sont rejetés. C’est à Rumphius que nous 
en devons l’observation; elle est consignée à la suite de 
la description de sa Valvata gothica (Nat. melanostoma, 
Lamarck) : «Toutes ces valvées ont une masse de chair 
souple qui devient une nourriture peu recherchée à Am- 
boine, parce qu’elle est d’une digestion lahorieuse. La 
chair de celle-ci est indigeste ». 

Les Naïces habitent généralement les régions pro- 
fondes de la mer, sur les fonds sablonneux, et quelques 
espèces seulement s’abritent sous les pierres ou dans les 
anfractuosités des coraux. De toutes les parties de la terre, 
les côtes orientales de l’Asie, de la Malaisie et de l’Amé- 
rique, paraissent être les plus riches en Natices, quant 
aux observations présentes, que celles de PEurope et de 
l'Afrique réunies. Cependant toutes les mers fournissent 
des Natices; mais elles sont plus répandues dans les pays 
chauds qu'ailleurs. MM. Quoy et Gaymard croient, d’a- 
près l’inspection des débris des plages, que la partie cen- 
trale de la Nouvelle-Hollande en aurait autant que 
plusieurs contrées rapprochées de Péquateur, 

Les Natices n’ont de rapports bien établis qu’avec les 
Sigarets, et ces rapports sont tels que M. Quoy et Gay- 
mard, et ensuite M. Deshavyes, proposent de confondre 
les deux genres en un seul; toutefois, aucun d’eux n’a 
osé mettre cette fusion en pratique. M. Gray, contraire- 
ment à ces savants, propose à son tour de séparer les Si- 
garets en deux genres, l’un pour les espèces dont le Si- 


LE EP e 
garetus papillus est le type, c'est-à-dire pour les espèces 
ovales ou oblongues dans le sens de l’axe de la coquille, 
et l’autre pour toutes les espèces conoïdales ou aurifor- 
mes. « Leurs animaux se ressemblent tellement lorsqu'ils 
sont développés, qu’il faut y regarder de très près pour 
les reconnaître. Les Cryptostomes (|Sigarets) offrent 
cette différence que leur coquille ne peut les contenir, ce 
qui est le contraire dans les Natices, qui ont de plus un 
opercule plus grand et plus complet. Toutefois, quand le 
manteau et le large pied membraneux de ces dernières 
sont dehors, il faut beaucoup de temps et de travail pour 
qu’ils puissent rentrer complétement. (Voy. Astr. zool. 2, 
observ. générales, p. 50.) Il n’y a d’autres différences en- 
tre ces Mollusques et les Natices, que de ne pouvoir être 
contenus dans leur coquille et d’avoir une opercule ru- 
dimentaire, C’est du reste la même organisation. Ils sont 
dioïques, manquent d’yeux et ont deux branchies iné- 
gales. La plus petite présente un aspect particulier dans 
ses folioles, qui sont bombées et plissées en travers; celles 
de la grande sont plates, en partie libres, et fort peu con- 
sistantes. L’opereule est oblong, itrès-mince et paucispiré. 
(lbid., 2€ part. de ce volume, p. 221). Enfin, disent-ils, 
noas pensons avec M. Gray, qu’il n’y a pas de ca- 
ractères suffisants pour séparer les Cryptostomes des 
Natices, mais assez seulement pour en faire une division. 
Relativement aux coquilles, on passe insensiblement (!) 
des unes aux autres par les Wat. melanostoma et mela- 
nostomoides. » 

Nous n’avons pas une foi aussi robuste que ces savants 
dans la fusion qu’ils proposent et dans les passages qu’ils 
indiquent, d'autant plus qu’ils prennent leur Watica cos- 
tulata pour une espèce de Vatice, tandis qu’elle appar- 


= bi. 

tient au genre Sigaret et avoisine les Sig. papillus, Lin- 
neanus, Grateloupü, etc., et qu’ils lui trouvent moins 
d’affinité avec les Sigarets que celles qu’ils indiquent, car 
ils ne Ïa citent point pour cet objet. 

Quelle que soit d’ailleurs, la grande analogie qui existe 
dans l’organisation de ces deux Mollusques, qu’on peut la 
considérer comme un même type, nous pensons, néan- 
moins, qu’il existe entre eux quelques diflérences assez 
tranchées pour constituer deux genres d’une même fa- 
mille. Ces caractères différentiels, nous les trouvons 
dans : 


1° Le volume énorme de lanimal des Sigarets, qui 
s’oppose à ce qu'il soit contenu dans sa coquille, et en- 
veloppe tellement celles-ci, qu’elles manquent générale- 
ment des couleurs qui ornent les Natices, ce qui les fait 
passer pour des coquilles intérieures; 


* 
€ 


2° La figure conique, ou à peu près pointue, que prend 
toujours la partie antérieure du pied des Sigarets dans 
son développement, tandis que cette même partie du pied, 
dans l’animal des Natices est tronquée et subauriculée ; 


3° L'état rudimentaire de l’opercule des Sigarets, qui 
le rend impropre à la fermeture de l'ouverture de leur co- 
quille, et sa forme bien différente de celle de l’opercule 
des Natices ; 


ke La tendance générale des coquilles de Sigarets à dé- 
velopper horizontalement leurs tours, à peu près comme 
dans celles de Stomates et d’Haliotides , ce qui se montre 
moins dans les Natices, dont la forme la plus générale 
approche de la globuleuse ; 


5 L’empreinte généralement bien marquée des stries 


ER re 


spirales dans les coquilles de Sigarets, stries qui sont or- 
dinairement à peine sensibles sur la coquille des Natices, 
à l'exception de la Wat. fibrosa, Souleyet; mais l’excep- 
tion ne fait pas la règle, elle la confirme. 

En outre de ces différences caractéristiques, on re- 
marque encore : 


1° Le prolongement jusque dans l'ouverture des co- 
quilles de Sigarets, des extrémités en massue de limpres- 
sion musculaire qu’on n’aperçoit jamais dans celle des 
Natices; 


2° Que la lèvre du bord interne de ces coquilles, n’est 
jamais épaissie par un dépôt testacé, mais qu’elle reste 
constamment très-mince ; 


Et 3° que leur ombilic manque constamment du funi- 
cule qu’on voit souvent dans celui des Natices, alors 
même que cet ombilic se montre grand et profond, 


comme dans les Sigaretus papillus, Linneanus et sem- 
blables. 


Tous ces caractères opposés nous ont conduit autre- 
fois (Monographie du grand Sigaret, publiée dans les 
Illustrations conchyliologiques de M. Chenu en 1840.) 
à maintenir séparément les deux genres, et depuis lors 
notre conviction n’a pas changé. 


RECLUZ. 


— 65 — 


Du Genre Krynickia. 


SGA à 


L'étude des Moilusques d'Orient est faite aujourd’hui 
avec beaucoup de soin, d’après des exemplaires nom- 
breux recueillis par les naturalistes transportés sur le 
théâtre de la dernière guerre. Nous croyons que dans ces 
circonstances, il est utile d'appeler l'attention de nos lec- 
teurs sur une forme de Limaciens propre au Caucase et à 
la Crimée ; nous voulions parler du genre Arynickia, qui 
ne se trouve signalé ni dans les divers travaux publiés 
récemment sur les Limaciens, ni dans le Genera de 
MM. H. et À. Adams, ni enfin dans les utiles ouvrages 
de MM. Hermanssen et Agassiz. 


$ 2. 


Historique. — En décembre 1817, Blainville décrivit 
(Journal de Physique, p. hh4, pl. 1, fig. 5) sous le nom 
de Limax megaspidus, un Mollusque conservé dans Pal- 
cool, et dont l’habitat lui était inconnu. Voici les carac- 
tères qu’il lui assigna. 

« Corps médiocrement allongé, obtus en avant, pointu 
«en arrière, assez rugueux, si ce n’est sur le bouclier 
qui est entièrement lisse. Gette partie, qui occupe à peu 
« près le tiers antérieur du corps, est de forme ronde, 
« non adhérente, même à son bord postérieur; elle est 
« libre dans ses deux tiers antérieurs et forme une large 
« avance qui dépasse beaucoup la tête, lorsque celle-ci, 


cilest vrai, est rentrée, en sorte que lPéchancrure pul- 


2 


+ 


> 


9 


Ds UD 
« monaire est extrêmement reculée à son bord posté- 
« rieur. » 

Férussac reproduisit la description et la figure de 
Blainville, dans son ffistoire générale des Mollusques, 
page 76. 

Quelques années après, le naturaliste Krynicki décou- 
vrit dans le Caucase, des Limaces dont le bouclier offrait 
la singulière disposition qui se rencontre chez lespèce de 
Blainville. Il les classa sous le nom générique (demeuré 
inédit) de Megaspis. 

Le docteur Kaleniczenko, son ami, étudia de nouveati 
une des espèces du Caucase, et acquit la certitude qu’elle 
constituait un genre nouveau, qu’il nomma ÆXrynickia, 
dans le Bulletin de la Société impériale des naturatstes 
de Moscou (n° 1, p. 30, 1839). 

Reprenant plus tard l'examen des Limaces du Caucase 
et de la Crimée, le même auteur arriva, en 1851 (Bulle- 
lin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, 
page 215), à grouper six espèces dans ce genre, dont il 
changea toutefois la désinence en Xrynickillus. Nous n’a- 
doptons pas ce nom, comme contraire aux règles de la 
nomenclature, 

Il reconnut l’identité du Limax megaspidus avec une 
espèce de la Crimée, et donna lanatomie du Krymchil- 
lus melanocephalus. 


$ 3. 


Caractères génériques. — Animal allongé, limaciforme 
nu, rugueux; queue carénée, manteau lisse, scutiforme, 
recouvrant en arrière la cavité pulmonaire. La partie an- 
térieure du manteau est libre et détachée du corps jusqu’à 


TE 

l'orifice respiratoire situé très en arrière et sur le côté 
droit du manteau. L’orifice sexuel à la base du grand ten- 
tacule droit. L’anus au bord antérieur de lorifice respi- 
ratoire. 

Coquille interne, plane, lamelleuse, sans apparence de 
spire, elliptique, avec une fovéole marginale. 

Anatomie. — Bouche garnie de papilles. Mâchoire lu- 
mulée, pourvue d’un bec, ainsi que chez les Limaces. 
Glandes salivaires non lobées et pourvues en dessous d’un 
appendice semblable à celui du Peltella ( Parmac. ) Tau- 
naisit (Férussac.) OEsophage très-court. Estomac sim- 
ple, conique, allongé, volumineux, ayant une longueur 
égale aux deux tiers de celle du corps. Intestins courts, 
présentant peu de circonvolutions. Masse pulmonaire glo- 
buleuse, située au-dessus du réseau des vaisseaux san- 
guins distribués dans les membranes qui la séparent du 
cœur. Poche copulatrice courte. Les autres parties du 
système générateur sont très-développées en automne où 
elles remptissent la presque totalité de la cavité abdomi- 
nale. La matrice, sinueuse, occupe le côté gauche au- 
dessous de l’estomac. 


$ 4. 


Les caractères les plus importants du genre sont 
donc : la position très-postérieure de la cavité pulmonaire 
et la disposition du manteau. Sa partie antérieure n’est 
pas élastique et ne peut se retourner au gré de l’animal. 
Sa partie postérieure est attachée par ses bords à la subs- 
tance molle du corps. Dans la marche, le bouclier recou- 
vre la tête de Panimal, comme un capuchon. 

Ces dispositions organiques sont-elles suffisantes pour 


motiver la création d’un genre? Nous ne le croyons pas, 
et nous ne partageons pas l’opinion de M. Kaleniczenko, 
qui rapproche les Xrynickia des Peltella et Parmacella. 
Nous n’affirmons rien cependant, nous préférons atten- 
dre et donner plus tard une anatomie et une monographie 
complète de ce genre intéressant. 

Dans tous les cas, les Krynickies sont tout à fait voi- 
sines des Limaces. 


Ç 5. 


Liste des espèces. 
4° KRYNICKIA MELANOCEPHALA. 


Keynickia Melanocephala. Kalenicz. Bull. soc. imp, nat. 
Mosc. N° 1, p. 30 (1839). 
MEGaspis — Krynicki in sched. | 
KRYNICKILLUS  — Kalenicz. Bull. cité. tab, 5, 
fig. 2. a-b. (1851). 
Hab. Caucase. 


30 KRYNICKIA MINUTA. 


MeEcaspis Minuta. Krynicki in sched. 
KRYNICKILLUS — Kalenic, loc. cit. tab. 5, fig. à 
(1851). 


Habit. Gaucase. 
3° KRYNICKIA MEGASPIDA. 
Limax Megaspidus. Blainv. Journ. phys. p. 444, 


pl. 41, fig. 5 (1817). 
_ Féruss. Hist. gén. p. 76. 


“NE OL 


KRYNICKILLUS Cristatus. Kaleniez. loc. cit. pl, 5, fig. 4, 
a-b. (1851). 
Habit. Crimée Méridionale. 


h° KRYNICKIA MACGULATA. 
KRYNICKILLUS maculatus. Kalenicz. loc. cit., pl. 6, 
fig. 2 (1851). 


Habit. la Crimée méridionale. 
50 KRYNICKIA EICHWALDII. 


KRYNICKILLUS Eichwaldii.  Kalenicz. tab. vi, fig. 1. a-b. 


Habit. la Crimée. 


6° KRYNICKIA DYMCZEVICZIL. 


KRYNICKILLUS Dymezeviezii. Kalenicez. tab. vi, fig. 3, a-b. 
(1851). 
Habit. la Crimée. 
Nous pourrions joindre à eés espèces quelques autres 
provenant de la Crimée et de l’Asie-Mineure, inédites ou 


publiées déjà sous le nom de Limax, mais nous atten- 
drons d’autres renseignements. 


P. FIscHER. 


ne 


Note sur l'émigration des Mollusques. 


M. Redfield, publiant en 1853, dans les Annales du 
Lycée dhistoire naturelle de New-York, plusieurs espèces 
nouvelles de la famille des Hélicidées, faisait remarquer que 
lune d'elles, son Helix circumfirmata, habitait l’île de 
Bermude, sous les pierres, près Saint-Georges, avec quel- 
ques autres Mollusques, notamment le Bulimus ven- 
[TOSUS. 

« Cette rencontre du B. ventrosus aux Bermudes, dit 
«M. Redfield, n’a pas encore été signalée, et présente un 
« fait intéressant sous le rapport de la distribution géo- 
« graphique des Mollusques terrestres : on sait maintenant 
« d’une manière authentique que ce Bulime vit dans les 
“ contrées suivantes : la France méridionale, Draparnaud, 
« Larnarck, etc., l'Italie, Lamarck, la Grèce, Deshayes , 
« Portugal, Morellet, Algérie, Terver, Madère, Lowe, 
«îles Canaries et Acores, d'Orbigny, Webb, Bermude, 
« Swift, Bland, Prime, Adams. Cette insular distribution 
« est très-remarquable, et il est difficile de s’expliquer 
«cette exception à une loi générale bien connue, si ce n’est 
« qu’elle aété transportée d’un point à un autre par le fait 
« des relations existant entre ces divers pays. La coloni- 
« sation de Madère et des Canaries par les Portugais, ex- 
« plique l'introduction accidentelle dans ces îles des pe- 
«titles coquilles terrestres d'Europe, et nous en trouvons 
« d’autres exemples dans leur faune : cela a pu arriver 
« aussi aux Acores qui sont voisines; mais pour les Ber- 
« mudes, cette hypothèse est bien moins admissible, puis- 
» que la colonisation, et le commerce de ces îles appar- 
« tiennent presque exclusivement à l’Angleterre où l’es- 
« pèce dont il s’agit n’existe pas. » 


DA LT PUR 

Depuis, au mois de septembre 1854, M. Redfield nous 
signalait un autre fait du même genre, en nous faisant 
connaître que le Pupa bicolor Hutton, qui habite l’Inde 
depuis l'Himalaya jusqu’à Ceylan, et aussi à l’île Maurice, 
avait été trouvé vivant à l’île Saint-Thomas (Antilles), sans 
qu’on pt voir la moindre différence entre ces individus. 
M. Redfield, en citant cette nouvelle exception à la loi gé- 
nérale, se demandait si elle devait trouver son explication 
dans les relations de l’homme. 

Nous ne mettons point en doute qu’à cette cause seule- 
ment est due la présence sur des points éloignés, d’ani- 
maux à qui il eût été impossible de franchir eux-mêmes la 
distance, et faisons remarquer que c’est toujours sur de 
petites îles, non loin des bords de la mer ou près d’un 
port, qu’on voit s'établir ces sortes de petites colonies, 
composées ordinairement de Mollusques vivant en famille 
nombreuse, très-vivaces, munis d’épiphragme, et pou- 
vant être transportés facilement, et sans danger de mort, 
à de grandes distances, avec des marchandises, des bois, 
des graines, etc. Nous n’avons pas encore entendu dire 
qu’on ait découvert rien de semblable hors de ces cir- 
constances, et qu’on ait jamais trouvé, par exemple, une 
colonie de Mollusques de PHymalaya implantés dans une 
partie centrale de l'Amérique, tandis que l’on connaît bon 
nombre d'exemples de la nature de ceux que M. Redfield 
nous a signalés. 

Si quelque chose même nous étonne à cet égard, c’est 
qu’on n’ait pas encore découvert un plus grand nombre de 
faits analogues. 11 est probable que beaucoup d’espèces 
se sont déjà établies, par l’intermédiaire du mouvement 
commercial , loin de leur véritable patrie, toutes les fois 
qu’elles ont trouvé, là où on les transportait. un climat, 


= M) 

une température, un sol et une végétation en harmo- 
nie avec leur organisation. On peut aussi prédire, sans 
craindre de se tromper, que beaucoup d’autres Mollus- 
ques iront, par la même voie, peupler les îles et les abords 
des côtes où touchent les navires. La multiplicité toujours 
croissante des relations entre les divers peuples, les 
échanges incessants des produits du sol et de l’industrie, 
amèneront ce résultat au détrimentde quelques potagerset 
d’horticulteurs surpris de l’arrivée de ces nouveaux hôtes. 
En revanche, ces émigrations pourront devenir par la 
suite un sujet de satisfaction pour le conchyliologue avide 
de découvrir des variétés, voire même des espèces nou- 
velles, dans ces Mollusques involontairement dépaysés. 


S. PETIT. 


à 


De l'influence des îles sur les espèces. 


La distribution géographique des Mollusques est sou- 
mise à certaines lois importantes, qui dépendent sans doute 
de l’altitude. de la longitude, de la constitution géologique 
du terrain et d’autres circonstances. Mais une des plus cu- 
rieuses particularités qu’elle nous offre, c’est l’étude des 
espèces insulaires, considérées intrinsèquement et dans 
leurs rapports avec les îles et les continents voisins. L’in- 
térêt de cette étude augmente de jour en jour; elle ne peut 
cependant donner de résultats vraiment sérieux qu’après 
des investigations prolongées, faites par divers natura- 
listes et qui permettent de constituer une faune définitive 


"19 
—- ‘ H] ——— 


est ainsi que l’île de Guba nous est véritablement con- 
nue, par les travaux de MM. d’Orbigny, Pfeiffer, Morellet, 
. Poey; l’île de la Jamaïque, par ceux de C.-B. Adams; 
Porto-Rico, par M. Shuttlewort, etc. Nous ne multi- 
plierons pas les exemples, car nous pourrions citer en- 
core les Canaries, Madère, les Baléares, la Corse, la Sicile, 
Archipel, Ceylan, les Philippines, étudiés avec zèle par 
tant de naturalistes. 

Aujourd’hui, la plus grande partie des espèces sont con- 
nues et décrites ; il reste peu à trouver dans certaines lo- 
calités, et tout dans d’autres. Mais le rôle du zoologiste 
ne doit pas s’arrêter exclusivement à la connaissance plus 
ou moins précise des faits. Que lui importent, dans une 
faune bien établie, quelques espèces de plus ou de moins? 
Quelle utilité retirera-t-il de leur connaissance, s’il s’ar- 
rête au travail fatigant de la nomenclature. Au contraire, 
s’il examine ia question de plus haut, s’il recherche les 
lois d’après lesquelles les Mollusques sont distribués dans 
les îles ; dans chaque espèce nouvelle il trouvera une 
confirmation éclatante des principes qu’il a posés. En un 
mot, le travail du naturaliste commence au point même 
où celui du nomenclateur se termine. 

Nous avons cherché à saisir quelques-uns de ces prin- 
cipes, et nous les exposons en peu de lignes, sans les con- 
sidérer pourtant comme des règles sans exception. 


A+ 


T'oute ile un peu considérable possède des espèces ter— 
restres qui lui sont propres. 

Ceci est hors de doute, à moins que l’île ne soit très- 
rapprochée du continent, et que des rapports commer- 


is ee 


ciaux incessants n’aient mélangé les deux faunes. On l’ob- 
serve dans l’ancien continent, et surtout l’Europe ; mais, 
sous d’autres latitudes, cette vérité devient de plus en 
plus évidente. 

Pour expliquer ce fait, on peut admettre une création 
spéciale à l'île, après sa formation géologique, création 
appropriée au climat de l’île et rapprochant ses produits 
de ceux des terres voisines. Si plusieurs îles se trouvent 
dans la même situation géographique et possèdent une 
faune presque uniforme, on pourra toujours, cependant, 
constater dans chaque île un ou plusieurs types spéciaux. 

Les îles unies anciennement au continent, et séparées 
par la mer à des époques contemporaines, gardent natu- 
rellement la même faune qu’elles possédaient auparavant, 
mais tendent à modifier les espèces et à leur donner un 
facies reconnaissable aux yeux du conchyliologiste exercé, 
Les variétés normales sur le continent deviennent anor- 
males dans lîle, et la nature tend à constituer un type. 
Est-ce le type primitif? Nous ne le croyons pas ; c’est une 
modification inhérente à l’influence insulaire. 


>. 


La population conchyliologique d'une île est propor- 
hionnellement supérieure à celle du continent. 

Ou bien, sur deux espaces de terrain ayant la même 
formation géologique, le plus riche sera celui qui appar- 
tient à l’île. Sans cette explication, le principe deviendrait 
faux. Il est clair, en eflet, qu’un terrain calcaire du con- 
tinent aura une faune plus considérable qu’un terrain 
granitique insulaire, dépourvu de végétation. 

On n’a qu’à jeter les yeux sur la faune de Madère, des 


EE de 
Canaries, de la Sicile, et à la comparer à celle des conti- 
nents où les Mollusques sont dans les meilleures conditions 
de développement, pour s'assurer de ce principe. Pour- 
tant, nous ne citons pas ici les îles les plus renommées ; 
nous ne parlons pas des Philippines, où les Hélices et les 
Bulimes sont inépuisables, et qui fournissent depuis 
trente ans des espèces nouvelles aux'nomenclateurs ; nous 
passons sous silence Otahiti, Opara, etc., où les Partules, 
les Achatinelles, sont presque innombrables. Quelle pro- 
fusion de découvertes, enfin, lorsque Madagascar, Bornéo, 
Java, Sumatra, nous seront connus ! 


3°. 


Dans une même ile, on trouve quelques types de forme 
et une foule de modifications de ce type. 

Nous avons fait voir la tendance des variétés de la 
même espèce continentale à s’effacer pour constituer dans 
l’île un typeunique ; il en est de mêine pour les espèces in- 
digènes de l’île; elles se modifient toutes, et la faune 
semble devoir se réduire à quatre ou cinq types. Les exem- 
ples ne manquent pas. A la Nouvelle-Céladonie, tous les 
Bulimes dérivent d'une même forme et constituent les 
espèces : l'ibratus, Caledonicus, Scarabus, etc. 

À la Jamaïque, on constate chez les Hélices plusieurs 
types. Les plus saillants sont : 


H. Lamarki, et autour delui H. Patina, Ingens, etc. 

H. epistylium et ses nombreuses dérivations : {1. tor- 
refacta, Foremaniana, Cookiana, epistylioides, etc. 

H. sinuata et H, picturata, valida, anomala, etc. 

À Cuba : 

H. picta, puis H. versicolor, gilous, etc. 


— 15 = 

H. Sageman et Marginelloides, Marginatoides, etc. 
À la Martinique. 

H. Lychnuchus, Josephinæ, Badia, etc. 

On pourrait citer une foule de groupes aussi naturels 
dans toutes les îles connues ; mais nous croyons ces exem- 
ples concluants. 

Cette inépuisable fécondité de la nature à modifier les 
formes typiques, peut donner lieu à des considérations 
importantes sur la stabilité des espèces insulaires. L’exis- 
tence d’espèces, si voisines peut être, estexpliquée de deux 
manières : 1° en considérant une forme (perdue vraisem- 
blablement } comme ayant produit successivement toutes 
les formes qui s’en rapprochent. Les variétés, en effet, ne 
pouvant s'étendre beaucoup et se mélanger, ont dû, à la 
longue, donner lieu à des espèces qui ne feront que s’ac- 
croître plus tard ; 2° ou, en considérant ces diverses for- 
mes comme des espèces créées primitivement el se con- 
vertissant en un type coinmun. En partant de cette hypo- 
thèse, il est évident que dans un laps de temps assez éloi- 
gné, le nombre des espèces, aulieu de s’accroître, se rédui- 
rait à quatre ou cinq, et les espèces voisines distinguées 
aujourd’hui, ne présenteraient plus aucun caractère spé- 
cifique tranché. 

Dans tous les cas, on pourrait admettre la transforma- 
tion de l’espèce, qui aurait lieu par spécification de la 
variété d’une part, et changement inverse de l’autre. 

L’extinction d’espèces voisines entre elles et leur ré- 
duction à un type unique, s’expliquerait par une suite 
de métis féconds. Chez les espèces voisines, où les 
seules différences appréciables existent dans la coquille, 
les animaux s’accouplent facilement et produisent indéfi- 
niment. Personne n’ignore que les métis d'A. nemorulis 


ee 
et Aorlensis se perpétuent; qu’il existe aussi des métis 
d’H. lactea et Dupotetiana, et de plusieurs autres Mollus- 


ques. 
A°. 


Dans les îles voisines, on trouve peu d'espèces com- 
munes. 

On n’a qu’à comparer la faune des Antilles, par exem- 
ple, pour remarquer ce fait. Les espèces communes sont 
plus abondantes dans les îles qui ont des rapports conti- 
nuels; car les espèces apportées de l’une à Pautre, se 
trouvant dans les mêmes conditions d’existence, s’y mul- 


tiplient également. 
s CR 


L’Area des espèces communes à plusieurs îles est beau- 
coup plus borné que l Area des espèces continentales. 

Que d’espèces continentales se retrouvent dans desbas- 
sins et des continents différents. Les H. aspersa, nemora- 
lis, lactea, etc., occupent des espaces de terrains consi- 
dérables, et vont de l’Europe à l’Asie, à l’Afrique et même 
à l'Amérique. 


6°, 


Dans la plupart des iles, on trouve des espèces d’ori- 
gine étrangère. 

Ge sont des espèces continentales apportées par les re- 
lations commerciales. Elles se multiplient rapidement 
dans les îles, à cause du peu d’étendue de celles-ci, et leur 
nombre, quoique très-restreint, est suffisant pour les 
peubpler. 


ri de 

elles sont les considérations générales que nous offre 
l’étude des faunes insulaires. Des investigations plus sui- 
vies permettront, sans aucun doute, de constater de nou- 
veaux rapports. Aussi, cette petite note n’est-elle qu’une 
invitation adressée aux naturalistes qui s’occupent plus 
spécialement que nous de géographie conchyliologique, 
afin de chercher encore et de pénétrer les lois mysté- 
rieuses qui régissent la vie des Mollusques. 


P. Fischer. 


Description d'espèces nouvelles, par M. G.-P. 
DESHAYES. 


Murex Tectum Sinense, Vobis. (PI. 3, fig. 1-2.) 


M. T'esta fusiformis, inflata, echinata, lutescente; 
anfractibus 8-9, ultimo reliquum testæ superante ; su- 
tura profunda sub spinulis jacente. Testa extüs costata, 
sed obsoletè nisti in ullimo anfractu; transversè sulcata ; 
costis elegantissimèé imbricatis; minimis in parte supe- 
riori anfractüs; erectis et spiniferis propè suturam. 
Spinæ majores præsertim in ultimo anfractu ubi cingu- 
lum denticulatum facrunt sitæ ; denticulis triangularibus 
obliquè costellatis, apice acuto. Suprà cingulum ulti- 
mum, 7-8 costæ, minime, æquales ; subtüs 7 majores 
inter quas 6 minores, repertuntur. Sinu obliquo; aper- 
tura semi-lunataz; columella recta, breviter callosa, mar - 
gine dextro inciso ; intus 8-10 plhcato. 


"hd 2 
Long. 38  mill. 
Larg. 32  — 
Haut. de Pouv. 23 — 


« Coquille fusiforme, renflée, hérissée, d’un jaune 
« rouille uniforme, sommet très-aigu ; 8-9 tours de spire, 
« le dernier dépassant la moitié de la longueur totale: 
« suture profonde, mais cachée par les nodules. Extérieu- 
« rement la coquille est couverte de côtes noduleuses lon- 
« gitudinales, obsolètes dans les premiers tours, marquées 
« dans le dernier ; de plus elle présente des sillons et des 
« côtes transverses. La partie supérieure destours de spire 
« offre des petits sillons, qui se changent en épines près 
« de la suture. Les grandes épines, très-développées sur 
« le dernier tour, lui forment une ceinture, ou crête den- 
« telée, composée de spinules triangulaires, obliquement 
« costulées, à sommet aigu. Le dernier tour est divisé par 
« Ja crête en deux portions : la supérieure, portant sept à 
«huit côtes égales, étroites; l’inférieure, sept très-mar- 
« quées, et entre lesquelles on en voit six plus petites ; 
« sinus oblique, un peu relevé, columelle droite, à peine 
«calleuse; bord droit incisé, portant huit ou dix plis à 
« l’intérieur. » 

Habite les côtes de l'Algérie, (Ma collection. ) 


Murex Laceratum, Wobis. (PI. 3, fig. 3-4.) 


M. Testa fusiformis, inflata, alba, anfractibus 7-8. 
ultimo reliquum testæ superante, sutura profundu. 
apice acuto. Testa extus obsoleté costata ; costis longi- 
tudinalibus nodosis ; et transversim profundè sulcata ; 
cingulo dilatato ad basim, supernè lacerato et intùs re- 
flexo, ornata. Hoc cingulum anfractus in duas partes 


— 80 — 
dividit; supernam striis transversalibus minimis nume- 
rosis, æqualisbusque præditam ; et infernam 8 majori- 
bus minores includentes ; sinu brevi, columella recta, 
margine dextro semi-circulari, intus sulcato, umbilico 
aperto, oblique. 


Long. 34  mill 
Larg. 25 — 
Haut. de la bouch. 18 —— 


« Coquille fusiforme, renflée, blanche, offrant sept ou 
«huit tours de spire; le dernier dépassant les autres 
« réunis ; suture profonde, sommet aigu. A l’extérieur, la 
« coquille offre, comme la précédente, des côtes longi- 
« tudinales, noduleuses, obsolètes ; de plus, des sillons 
«transverses profonds et des côtes ayant la même direc- 
«tion. Une de celles-ci, plus dilatée, très-élargie à sa 
« base, est lacérée à ses extrémités; les épines triangu- 
« laires, striées et aplaties qu’elle présente, sont tournées 
« en dedans et circonscrivent entre leur base et la suture 
« une rampe ou escalier allant jusqu’au sommet. Cette 
« ceinture divise les tours de spire en deux parties ; l’une 
« supérieure, couverte de nombreuses stries égales en 
« hauteur; l’autre inférieure, où l’on rencontre des stries 
« de deux dimensions; sinus court, columelle droite, 
« bord droit demi-circulaire, intérieurement sillonné, 
« ombilic large, oblique. » 


Habite les côtes d'Algérie. (Ma collection. ) 


Cette espèce diffère de la précédente par la largeur des 
digitations qui composent la crête saillante qu’on y 
remarque ; leur direction infléchie, leur développement 
dans les derniers tours de spire, l’étroitesse de la co- 
quille; le peu de hauteur comparative de la bouche, etc. 


= 84 = 

Du reste, ces deux espèces remarquables ne se rappro- 
chent que d’une coquille de Macassar : le Trophon fim- 
briatus de Hinds; elles sont sur la limite des genres 
Murex, Pyrula, Fusus, et offrent de grands rapports 
avec les Pyrula mawve (Gray), Eugeniæ (Bernardi), Fu- 
siformis ( Ghenu) , etc. Si le genre que l’on a proposé 
pour ces formes est adopté, elles y rentreront indubi- 
tablement. 


TeLLiNA Speciosa, Vobis. (PI. 5, fig. 5.) 


T. Testa transversa, obtusè trigona, intùs et extüs 
alba ; umbonibus subinflatis, nitidis ; latére antico brevi, 
arcuato ; postico obtusé cuneiformi, breviterque flexuoso. 
T'esta extùs concentricè sulcata; sulcis remotis;: costis 
lateraliter prominentioribus ; inter quas striæ minimæ 
transversæ, radiantesque rectè decussantes et ad latera 
obliquæ, reperiuntur. Lunula oblonga, lanceolata, brevi- 
ter Striata. 


Long. 22 mill. 
Larg. 2h — 
« Coquille transverse, trigone, blanche, à crochets un 
« peu enflés, brillants. Bord antérieur court, arqué; pos- 
« térieur obtusément cunéiforme et flexueux. Le têt est 
4 Sillonné profondément à l’extérieur ; les sillons concen- 
« triques sont assez éloignés, et les côtes qu’ils forment 
« Sont saillantes surtout latéralement. Entre celles-ci, la 
« coquille est finement treillissée par des stries concen- 
« triques très-fines, et des stries longitudinales qui les 
« coupent à angle droit et deviennent plus obliques sur 
«les côtés, » 
Habite la mer Rouge. (Ma collection. } 
6 


= Mo 2 
La T'ellina speciosa appartient au groupe des J'ellina 
Carnaria, etc. ; elle se distingue de ses congénères par sa 
couleur blanche et la présence de ses forts sillons qui 
lui donnent l’apparence, en petit, de la 7. Remies. 
D. 


Description de Coquilles nouvelles, 
par M. BeRNARDI. 


Tapes Caledonica, Vobas. (PI. 3. fig. 7.) 


T. Testa transversa, trigona aut cuneiformis, intùs 
roseo-violacea, extùs nitida, pallidè fulva, umbonibus vio- 
laceis; radis tribus interruptis et maculis fulvis angu- 
latisque litterata ; anticè subrotunda ; posticè acuminata 
rostrataque, paulatim sinuata; confertissimè sulcata ; 
costis planis, lateraliter eminentioribus. Lunula lanceo- 
lata, foveola ligamenti coarctata. 

Lars. A9,:mill. 
Long. 30 — 

« Coquille transverse, trigone ou plutôt cunéiforme, 
« rosée à l’intérieur, violette sous les crochets, blanche 
«sur les bords. Extérieurement luisante, d’un jaune 
« fauve pâle, devenant plus foncé sur les côtés. Crochets 
«courts, violacés, un peu latéraux. De leur sommet 
« partent en divergeant trois rayons brunâtres, inter- 
« rompus. De plus, la coquille est chargée d’une multi- 
«tude de petits dessins formant des angles à ouverture 


RENE 
« dirigée en bas. Bord antérieur, presque arrondi, bord 
« postérieur acuminé, rostré, un peu sinueux inférieu- 
«rement. La surface extérieure est chargée de nom- 
« breuses côtes transverses, régulières, aplaties, plus 
« marquées sur les côtés. Lunule lancéolée, unifor- 
«mément fauve, très-luisante. Fovéole ligamenteuse 
« étroite. » 

Cette charmante espèce, qui se distingue par sa forme 
de toutes ses congénères, provient de la Nouvelle-Calé- 
donie, (Collection du Journal. ) 


MEerania Kochü, Vobis. (PI. 5, fig. 6.) 


M. Testa crassa, conico-clongata, brunea, regulari- 
ter transversimque sulcata, longitudinaliter argutissi- 
mèque striata; anfractibus plus minusve 8, globosis, 
suturû impressû ; ultimo 1/2 longitudinis subæquantr, 
medio inflato ; margine dextro semi-circulari, tenui; 
columella arcuatä, supernè breviter callosa, infernè 
truncatä, albä. 

Long. 30-33 mil. 
Larg, 15-16  — 
Haut. de la bouche 15 _— 


« Goquille épaisse, conique, allongée, d’un brun-mar- 
« ron ; très-régulièrement sillonnée en travers. Les sillons 
« s’effacent un peu sur la moitié du dernier tour; ils se 
«creusent davantage près de la suture. Stries longitudi- 
« nales très-fines. Sommet corrodé, le plus souvent 
« tronqué. Tours de spire au nombre de huit environ; 
« arrondis. Suture étroite, assez profonde, en s’éloignant 
« du sommet de la spire. Dernier tour égalant la moitié 
« environ de la coquille, ventru. Bord droit, décrivant un 


— fl, — 
« demi-cercle, légèrement sinueux, mince, tranchant. 
« Columelle arquée, pourvue d’une callosité peu épaisse, 
« blanche à sa jonction avec le bord droit; tronquée en 
« bas et formant un court canal. L'intérieur de la co- 

« quille est d’un blanc bleuâtre. » 
Nous avons recu cette espèce du Brésil. Elle fait partie 
de la collection du Journal. Nous la dédions à M. de 
Koch, conseiller intime du prince de Brunswick et ama- 


teur zélé de Conchyliologie. 
B. 


ee Re ed 


Description de Coquilles nouvelles, 
par M. P. Fiscrer. 


Lara Petitiana, Vobis. (PI. 3, fig. 10.) 


L. Tesia ovata, nigrescenti, irregulariter et concen- 
tricé striata, medio dilatata, apice obtuso, rotundato ; 
anfractibus 2; spira minutissimä, punctiformi, colu- 
mellam attingenti, ferè medià ; apertura perampla; la- 
mella septiformi transversè dilatata; margine dextro 
reclo, columellari semi-circulari. 

Long. 7 4/2 mill. 
Larg. 5 1922 — 
Haut. 2 1/2-3 — 

« Coquille ovale, ancyloïde, noirâtre, striée irréguliè- 
« rementet concentriquement, dilatée à sa partie moyenne; 
« sommet obtus, arrondi; tours de spire au nombre de 2: 


Shah 
« Spire très-courte, ponctiforme, confondue avec la co- 
« lumelle sans qu’il existe entre elles d’espace apprécia- 
‘ ble. La spire, quoique inclinée à droite, est presque 
« médiane. Ouverture très-ample, lamelle septiforme 
«transverse et dilatée dans cette direction; sa partie 
« libre (mucro) peu développée, étroite; bord droit, 
« vertical; bord gauche, semi-circulaire. » 

Le genre Latia est borné à une seule espèce dont la 
nôtre diffère surtout par la position plus médiane de sa 
spire (latérale et détachée chez le ZL. neritoides) ; la con- 
vexité de sou bord columellaire et la direction verticale 
de son bord droit (le contraire existe dans l’autre espèce); 
la minceur de la lamelle septiforme, etc. 

Cette intéressante espèce provient des eaux douces de 
la Nouvelle-Zélande, d’où elle a été rapportée avec de 
petites Paludines. (Collection Petit de la Saussaye } 

Nous la dédions à notre collaborateur éclairé, M. Petit 


de la Saussaye. 


VorurHaArPA Deshayesiana, Wob. (PI. 3, fig. 8-9.) 


CARACTÈRE DU GENRE VOLUTHARPA. 


Animal... 

Testa non crassa, supernè epidermata, infernè levis. 
paucispira, sutura impressa, columella vix callosa, non 
umbilicata, posticè truncata, sinu mediocri, margine 
collumellarr dextro, simplici. 

Operculum...… 

« Animal. .… 

« Goquille légère épidermée en dessus, lisse en dessous, 
« offrant peu de tours de spire; suture marquée; colu- 
« melle pourvue d’une callosité à peine appréciable ; pas 


ce pres 
« de perforation ombilicale; sinus médiocre; bord droit 
« dilaté, tranchant. … 

« Opercule... » 


CARACTÈRES DE L'ESPÈCE. 


Testa rufo-fusca, ovata, ventricosa, irregulariter et 
longitudinaliter striata (striis incrementi); apice ob- 
uso; epidermide rufa ; anfractibus h, ultimo amplissimo, 
suturà profunda, margine columellari arcuato; callo 
rufo ; margine dextro semi-circulari. 

« Coquille d’un brun-marron, ventrue, irrégulière- 
«ment et longitudinalement striée par les stries d’accrois- 
« sement; épiderme roussâtre, quatre tours de spire, le 
« dernier très-grand, formant la longueur de presque 
« toute la coquille ; suture profonde ; sommet obtus ; bord 
« columellaire arqué, pourvu d’une mince eallosité de la 
« même couleur que la coquille, bord droit semi-circu- 
« laire. » 

Long. 22 mill 

Larg. 15 — 

Haut de la bouch, 18  — 
Hab. (Collection du Journal.) 


Cette coquille ne peut être classée dans aucun des 
genres connus, et présente cependant des caractères qui 
la rapprochent d’une foule de formes décrites, On ne peut 
mieux la comparer qu’à une Volute de la section des Melo, 
mais privée de plis columellaires; et nous croyons que 
son animal doit se rapprocher du Yet d’Adanson, et 
manquer d’opercule. 

Elle est aussi voisine des Harpa, Purpura, Buccinum, 
Pseudoliva, Elburna et Priamus. 

Dans cette incertitude, nous avons cru devoir en faire 


aie te tata lHeN nn — été. 


En 
le type provisoire d’une coupe générique, nous réservant 
plus tard la faculté de la remettre dans son véritable 
genre si nous parvenons à le découvrir. 

Nous dédions cette espèce au savant M. Deshayes, qui 
a bien voulu nous offrir son précieux concours pour la 
rédaction du Journal. 

FiscHER. 


Description de Coquilles nouvelles, par M. $S. Perir 
PE LA SAUSSAYE. 


Murex Cailleti, Vobis. (PI. 2, fig. 1-2.) 


M. T'esta abbreviato fusiformis, posticè longè cuudata, 
albescens, transversim obsoletè lirata, liris remotis : 
trifariam varicosa, varicibus spinis brevibus, raris, ar- 
matis, ad basim fimbriato-laminatis; anfractibus 8, in- 
ter varices nodoso-bituberculatis ; tuberculis rubiginosis: 
apertura rotundo-ovata ; labro intùs subdentato : cauda 
elongata, gracili, versus dorsum ascendente. 

Long. : 6 centimètres. 


« Goquille subclaviforme , d’un blanc sale, très-légère- 
« ment teinte de rouille, présentant trois varices, et for- 
« mée d'environ huit tours de spire, subanguleux, munis 
«de petites côtes transverses distantes, assez régulières 
« et croisées, surtout au dernier tour, par des côtes longi- 
«tudinales plus petites ; les varices, assez épaisses, obli- 


LR 
« ques, sont armées sur chaque tour d’une épine courte; 
« à la base du dernier tour ces varices sont garnies d’une 
« lame mince frangée, caractère qui semble propre à cette 
« coquille et à quelques espèces voisines : on remarque 
«dans les intervalles qui séparent les varices, deux tu- 
«bercules noduleux d’une couleur de rouille plus ou 
« moins foncée ; ces mêmes taches se retrouvent sur les 
«varices et semblent faire partie de séries régulières; 
«elles donnent à la coquille un aspect particulier et qui 
« semble suffisant pour distinguer à la première vue cette 
« espèce des espèces voisines ; ouverture subovale, avec 
«son bord droit garni de petites dents; la queue, ou pour 
« mieux dire le canal par lequel se termine le dernier tour, 
«est mince, allongé, et remonte un peu vers le dos. » 

Cette espèce, voisine par sa forme générale des Murex 
elegans, motacilla, trilineatus, nodatus et similis, vient 
des côtes de la Guadeloupe, où elle a été découverte par 
M. Caillet, à qui nous nous faisons un plaisir de la dé- 
dier. Nous sommes porté à croire que cette forme appar- 
tient essentiellement aux mers des Antilles et au golfe du 
Mexique ; et peut-être qu’en multipliant les recherches, 
on pourra bien finir par trouver certaines variétés qui 
rendront difficile la séparation des espèces, Déja même 
on n’est pas bien fixé sur la caractéristique de quel- 
ques-unes de celles que nous avons citées ci-dessus. Ce 
serait maintenant à M. Caillet qu’il appartiendrait de faire 
une étude plus approfondie de ce groupe réellement in- 
téressant. 


FascioLariA Fischeriana, Vobis. (PI. 2, fig. 3-4.) 


F. T'esta fusiformi, solidiuscula, pallidè fuscescente, 
zonis albicantibus plus minüsve obscuris cingulata ; 


ms] Te 


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PARC TT à UP 


Rte ee 

spiræ suturis profundis; anfractibus 9, longitudinaliter 

costatis, costis subrotundis, transversim obtusè liratis, 

et distinctè striatis;s columella subarcuata, ad basim 

obsoletè plicata ; apertura albida; aperturæ fauce intüs 

striis prominentibus ac remotis regulariter radiata. 
Longueur : 60 mill. et plus. 


« Goquille fusiforme, d’un brun ferrugineux, entourée 
« de bandes blanchâtres plus ou moins obscures ; les tours 
« de la spire profonds : on compte environ neuf tours pré- 
« sentant des côtes longitudinales, assez régulières. lé- 
«gèrement arrondies, plus tranchées sur les tours supé- 
« rieurs, s’évanouissant à la partie inférieure du dernier 
«tour. La coquille est, en outre, munie transversalement 
«de sillons et de stries plus fines ; columelle médiocre- 
« ment arquée, ayant à sa base un ou deux plis peu dis- 
« tincts, du moins dans notre exemplaire ; la bouche est 
« blanche, présentant à l’intérieur une série de petites 
« côtes irrégulièrement espacées. » 

L’exemplaire d’après lequel nous avons fait notre des- 
cription, n’a que six centimètres de longueur; il est solide 
et lourd relativement à sa taille : toutefois, nous devons 
dire que nous avons vu un autre individu de cette espèce 
plus jeune, plus mince et moitié plus grand, ce qui ne 
nous permet pas de nous prononcer sur la dimension or- 
dinaire de l’espèce; nous*avons aussi remarqué que la 
couleur de la coquille jeune était d’un brun plus foncé et 
plus égal. 

Nous dédions cette espèce à M. Fischer, qui s’est chargé 
de la direction scientifique du Journal de Conchyliologie. 
et dont les eflorts ne peuvent manquer d’être encouragés 
et soutenus par toutes les personnes portant quelque in- 
térêt aux études conchyliologiques. 


= 0. = 


La Fascrolaria Fischeriana a &té pêchée à la drague, 
sur les côtes d’une des îles du cap Vert. 


Murex Haneti, Vobis. (PI. 2, fig. 7, 8.) 


M. T'esta ovato-oblonga, crassa, perforata, fuscescente- 


albida, zonulis fuscis numerosis transversè cingulata, 
longitudinaliter crassicostata, transversim valdé lirata, 
interstitiès rugoso vel squamulato-striatis ; anfractibus 
6-7 rotundatis ; aperturæ fauce alba, ad marginem intüs 
valdè denticulata, labro crasso; canali brevi, obliquo , 
subclauso. 

Long. : 37 mill. 


« Coquille ovale-oblongue, épaisse, solide et lourde, 
«ombiliquée, d’un blanc teinté de brun, ceinte transver- 


« Salement de petites côtes élevées, nombreuses, et dont 


« l’arête ressort en brun foncé sur le reste de la coquille; 
«elle présente des côtes longitudinales, fortes, irrégu- 
« lières, traversées par les côtes plus petites dont nous 
« venons de parler; entre ces dernières on aperçoit, cou- 
« rant dans le même sens, des stries plus fines, rugueuses 
«et en certains endroits squammeuses. Le nombre des 
«tours est de six ou sept; l’intérieur de l’ouverture est 
«fortement denté près de la marge; le labre est épais 
«avec le bord aigu ; le canal, presque fermé, est court et 
« un peu oblique. » 

Cette espèce appartient au groupe des Murex, chez 
lesquels les varices sont remplacées par des côtes plus ou 
moins régulières, tels que les : M. buxeus, Brod.; squa- 
mulosus, Phil; vibex, Brod.; polygonatus, Lam., etc., 
coquilles qui, par quelques caractères, semblent se rap- 


NO 


procher des Fuseaux, de certains Buccins ou de quel- 
ques Pourpres. 

Nous dédions ce Murex à notre ami le conimandant 
Hanet Cléry, qui nous a dit l'avoir trouvé sur la côte du 
Brésil, près de Rio-Janeiro. 


Buccinum floridanum, nobis. (PI. 2, fig. 5-6.) 


B. T'esta elongato-fusiformi, subperforata, solida, al- 
bicante sub epidermide virescente : spira pyramidata, 
suturis distinctis; anfractibus 7-8 subrotundis, longitu- 
dinaliter plus mainüs ve costatis (costis ultimi anfractus 
sæpé obsoletis) transversè funiculis subacutis cingulatis; 
interstitits crebrè striatis : apertura oblonga, alba : co- 
lumella labroque sulcatis : canali subelongato, ferè recto 


Longueur, 30 mill. 


« Coquille allongée fusiforme, assez épaisse et lourde, 
« présentant à la base une trace d’ombilic, lorsque 
« l’exemplaire est adulte. Elle est généralement blanche, 
« sous un épiderme verdâtre, assez opaque : spire élevée, 
« avec suture distincte : le développement de la coquille 
«offre sept à huit tours, présentant dans le sens de la 
« longueur, des côtes arrondies, prononcées sur les tours 
« supérieurs, et parfois obsolites au dernier tour : elle 
«est, en outre, entourée de petites côtes transversales 
«élevées, subaiguës, régulièrement espacées, et entre 
«lesquelles règnent, dans le même sens, des stries as- 
« sez fines. Ouverture oblongue, blanche. Le bord co- 
« lumellaire est garni de sillons rugueux qui, au premier 
«aspect, pourraient être pris pour des plis analogues à 
« ceux de quelques Turbinelles, mais qui ne sont que le. 
«prolongement des côtes transversales. La partie inté- 


Der fe 
« rieure du bord droit est assez fortement sillonnée : le 
« Canal, plus allongé qu’il ne l’est ordinairement dans 
« les espèces de ce groupe, est presque droit. » 

Le Buc. floridanum nous semble appartenir à ce 
groupe des anciens Buccins de Lamarck, que quelques 
auteurs anglais ont élevé à la dignité de genre, que M. Gray 
a nommé G. PoLciA, et dans lequel se trouveraient placés 
les Buc. nodosum, L.; biliratum, Reeve; coromande- 
lianum, Lam. ; rubiginosum, Reeve, etc. 

La coquille dont il s’agit a été trouvée sur les côtes de 
la Floride, par le commandant F, Cosmao, qui a bien 
voulu nous la donner. 


Po 


Description de Coquilles fossiles nouvelles, 
par le docteur BAupox. 


PranorBis Hebertianus, WNob. (PI. 4, fig. 2.) 


P. Testà discoideä, inferius ferè planulatä, superius 
paulo convexû et umbilicatä ; extus obscure subcarinatà, 
sed intus carinalä propè suturam, nitidä, subtiliter et 
requlariter strialà ; anfractibus 3 1/2, vel h; aperturà 
ovatà. 

Alt, 2 4/2 mill. — lat. 3 mill. , vel 4. 


êt discoïde, presque aplati en dessous, un peu con- 
vexe supérieurement et ombiliqué assez profondément, 
caréné très-obscurément en dehors, mais plus sensible- 


2 


—— J — 


ment en dedans à la séparation de chaque tour de spire ; 
brillant; stries orbiculaires, fines, élégantes, écartées les 
unes des autres, régulières; 3 1/2 à A tours; ouverture 
subovale, faiblement déprimée vers le bord externe. — 
Je dédie ce Planorbe à M. Hébert, sous-directeur de 
l'Ecole Normale. 


20 PI. Lenticularis, ob. (PI. 4, fig. 2.) 


P. Testä compressa, lenticulari, superius et inferius 
convexiusculà, umbilico angustlissimo et profundo, infce- 
rius perforatä, ad peripheriam acutè carinatä, nitidà, 
ldæviqatà ; anfractibus h 1/2 præcedentem paulo superan - 
tibus ; aperturà angulatä. 

Alt. 4/2 mill. vix —lat. 3 mill., vel 3 1/2. 


Têt comprimé, lenticulaire, à peine convexe en dessus 
eten dessous, saillant, lisse; ombilic étroit et profond 
situé à la face inférieure; carène tranchante au pourtour; 
h 1/2 tours de spire faiblement élevés les uns au-dessus 
des autres supérieurement; anguleux, carénés en dedans 
à la face inférieure ; ouverture anguleuse. 


PranorBis Gingulatus, Vobis. (PI. 4, fig. 3.) 


P. Testa discoideä, compressä, inferius ferè planä, 
superius paululum convexiore et apertè umbilicata, ad 
peripheriam  cingulo planulato et prominente propè 
marginem cinclä; intus carinatà, nilidà, tenuiter 
striatà; anfractibus 5 vel 6; aperturä ferè ovatä prœter 
in fine cingulr. 

Alt, 1/2 mill. —lat. 3 vel, 3 4/2 mill. 


Têt discoïde, comprimé, presque plat en dessous, un 


RE ES 


peu plus convexe et largement évasé en dessus; les deux 
faces sont séparées par une ceinture plate, saillant en 
arête vers les bords; cinq à six tours de spire séparés par 
une suture profonde et taillés à angle droit en dedans; 
surfaces brillantes, finement striées ; ouverture subovale, 
excepté à la terminaison de la ceinture où elle est bi-an- 
guleuse. 

Ces trois Planorbes, qui sont fort rares, se rencontrent 
à Mouy (Oise), à la côte Saint-Laurent. Ils sont empâtés 
par un calcaire lacustre, mou, où se trouvent aussi des 
Paludines de petite taille. Gette couche est supérieure au 
banc qui renferme la Cyrena depressa Desh., et quoique 
ce dernier dépôt soit demi-lacustre et demi-marin, on y 
voit encore ces Planorbes. J’ai déjà remarqué dans plu- 
sieurs gisements de calcaire grossier, des filons de calcaire 
lacustre peu étendus; mais les eaux douces devaient être 
souvent mêlées à celles de la mer. Ge qui le prouve, c'est 
le mélange presque constant d’espèces fluviatiles avec des 
marines. 


SCALARIA Marginostoma, Vobis. (PI. 4, fig. 5.) 


S. Testa elongato turrilä, costatä ; costis acutis; an- 
fractibus 9 ; apertura parvä, rotundatä, margine lato, 
crasso, anticè planulato, posticè prominente circumdatà. 
Circum oram filum tenue apparet. Sulco lato poné mar- 
ginem. 

Longueur 13 mill. 


Têt allongé turriculé, côtelé; côtes saillantes, tran- 
chantes à leur bord, aiguës, en pointe à leur terminaison ; 
neuf tours de spire, séparés par une suture très-pro- 
fonde, au-dessous de laquelle apparaissent les pointes ter-- 


Sr CARE 
minales des côtes. Les trois ou quatre premiers tours 
sont côtelés délicatement. Ces saillies s’effacent chez le 
cinquième, et les autres offrent des côtes bien proémi- 
nentes. On voit une varice sur le septième tour. 

Le dernier présente à sa base une large gouttière plate 
de laquelle se détache louverture. Cette portion de la 
coquille est fort remarquable. Elle est environnée d’une 
marge très-large, épaisse, formant bourrelet en arrière, 
plate en avant; l’ouverture, petite, ronde, un peu ovale, 
semble creusée dans la marge qui l’entoure et est bordée 
à son pourtour par un filet mince bien dessiné et saillant. 

Gette Scalaire, extrêmement rare, se trouve dans la 
couche moyenne du dépôt calcaire de Mouchy--Ghâtel. 


Triroris Bitubulatus, Vobis. (PI. 4, fig. 6.)'(1) 

T. Testä maximéè elongatä, fere cylindraceä, acu- 
minatà ; 25 vel 26 anfractibus suturû vix excavatä sepa- 
rats, transversim tripartitis, longitudinaliter valdè pli- 
catis, tuberculatis ; ultimo anfractu propè basim mini- 
mis, tuberculis ornato; basi lœvigatä, concavä ; tubo 
dextro lato, fissurato in medio ; sinistro elongato, cylin- 
draceo. ; 

Long. 18 vel 20 mill. 


Têt très-allongé, conico-cylindrique, devenant aigu au 
sommet presque brusquement; vingt-cinq à vingt-six 
tours de spire à suture très-superficielle, peu marquée ; 
chaque tour présente transversalement trois rangées de 
tubercules plissés, très-obliquement, en long et bien sail- 


(1) Fig. 6 a, coquille entière grossie — 6 à, la base vue de face —6 c. 
forme des tubercules de la sphère. 


l 


LOGE 

lants ; au dernier tour de spire et au voisinage de sa base, 
existe une couronne de petits tubercules. La base lisse, 
concave, forme gouttière. 

Ce Trifore présente deux ouvertures situées à l’extré- 
mité de deux tubes. 

Le tube droit s’élève obliquement de la base; il est 
largement ouvert, un peu irrégulier, fendu dans toute sa 
longueur. À sa partie moyenne, les bords de cette fente 
se rapprochent; puis, une fois arrivés au centre de la 
base, ils s’écartent, s’amoindrissent en se relevant de sorte 
que cette disposition simule un ombilic. 

Le tube gauche naît sur le milieu du dernier tour de 
spire, du côté opposé au précédent. Sa direction est éga- 
lement oblique. Il est conoïde, sans fissure, et se termine 
par une ouverture ronde. 

Je n’ai encore vu cette curieuse coquille que dans les 
sables de Monchy-Châtel. M. Deshayes m’a dit en possé- 
der un exemplaire. C’est l’un de nos rares fossiles. 


BAUDON. 


Descripiion de Coquilles fossiles des terrains 
tertiaires du midi de la Russie, par M. C. MAYER. 


Les fossiles du midi de la Russie, dont je compte don- 
ner la description dans ce recueil, font partie de l’an- 
cienne collection de Dubois de Montpéreux; collection 
qui a passé au Musée de Zurich par legs du célèbre voya- 


— 97 — 

geur. Je les yaitrouvés et, pour la plupart, décrits et figu- 
rés dès 1851. alors que je fus chargé par M. Escher de la 
Linth de dresser le catalogue des espèces tertiaires com- 
prises dans la nouvelle acquisition. J’aurais done pu les 
publier depuis longtemps; mais sachant que la Lethæa 
Rossica de M. Eichwald devait bientôt paraître, Je ne 
voulus pas empiéter sur le terrain que le savant russe s’é- 
tait réservé dès 1830, par la publication de son Watur- 
historische Skizze, avant de savoir ce qu’il m’en laisse- 
rait au juste. Je me repens aujourd’hui d'autant moins 
de ma manière d'agir, qu’elle me procure l'honneur de 
signer mon nom sur une des premières pages de ce Jour- 
nal, qui, je l'espère, sera bientôt entre les mains de tous 
les conchyliologues, et qui assurera ainsi à mes premiers 
travaux une publicité qu’ils n’auraient pas trouvée d’eux- 
mêmes. 

Je saisis avec empressement cette occasion tardive pour 
remercier MM. Deshayes et Escher de la Linth, de lassis- 
tance bienveillante dontils ont secondé mes études, et de la 
libéralité avec laquelle ils mettent au service de tout dis- 
ciple de la science leurs connaissances, et les ouvrages et 
collections dont ils disposent. Pour ma part, je n’aurais 
jamais pu me tenir au courant de la littérature conchylio- 
logique et revendiquer le titre d'auteur, si je m'avais 
trouvé auprès de ces savants cette facilité de létude que 
me refusaient les établissements publics, à l’exception, 
peut-être, de la bibliothèque du Jardin-des-Plantes. 


À 


4. Hecrix Jasonis Dubois. PI. 4, fig. 8. 


H. Testa conico-depressa, globosa, imperforata ; an- 
7 


= DB 
fractibus 5-6 convexis, ullimo permagno, turgido ; aper- 
tura magna, subrotunda, paulullum obligua. 
Longit. 20 mill., lat, 20. 


L’Helix ceratina Shuttle, vivant en Corse, est la seule 
espèce que j'aie trouvée dans la collection de M. le pro- 
fesseur Mousson, qui soit véritablement voisine de celle-ci. 
Le fossile se distingue par ses tours moins nombreux et 
leur accroissement plus rapide. Il est de forme globu- 
leuse, élevée, sensiblement conique ; son dernier tour est 
très-grand et très-enflé, et se termine par une ouverture 
très-large, arrondie et peu oblique ; il n’est point ombili- 
qué. Dubois trouva deux exemplaires de cette espèce dans 
les couches tertiaires d’origine volcanique du bord de la 
baie de Sébastopol. J’ignore quel est au juste l’âge de ces 
couches. 


2. PacupinA Duboisi Mayer. 


P. T'esta ovato-elongata, subumbilicata, solidula; an- 
fractibus 6 latis, convexineculis, contiguis ; apertura 
ovato-rotundata, paullulum obliqua. 


Longit. 13 mill., lat. 8. 


N'ayant vu qu’un exemplaire de cette coquille, et cet in- 
dividu étant fort bien conservé et rempli d’un sable rou- 
geâtre micacé, je ne sais trop s’il provient, comme Dubois 
indique, de la mine de fer de Taman et non plutôt des 
alluvions de cette presqu'île. L'espèce n’existe pas dans 
les ouvrages d’Eichwald ; je la cite donc, à tout hasard, 
comme tertiaire, avec d'autant moins de crainte que les- 
pèce vivante qui lui ressemble le plus est le P. decisa Say. 
de l'Amérique du Nord. Voisine aussi du P. cyclostoma 


EP LE PP 


: 
l 


T'ES 


Rouss. de la mine de fer d’Ampélaki, près de Kertch, 
l’espèce nouvelle s’en distingue par ses tours beaucoup 
moins globuleux, son ouverture moins arrondie et son 
ombilic imperceptible. C’est une forme allongée, conique, 
à tours de spire larges, contigus, légèrement convexes, 
dont le dernier forme à peu près la moitié de la longueur 
de la coquille ; elle est à peine ombiliquée, et son ouver- 
ture médiocre est ovale-arrondie et très-peu oblique. 


3. PALUDINA Verneuili Mayer. 


P. Testa ovato-conica, imperforata, eleganter trans- 
versim sulcata; sulcis inæqualibus; anfractibus rotun- 
datis, subscalatis, sutura profunda separatis; ultimo 
permagno ; apertura magna, ovato-rotundata, obliqua. 


Longit. 11 mill., lat. 8. 


Espèce très-distincte et à laquelle je n’ai pu trouver 
d’analogue parmi lés espèces sillonnées. La Paludine de 
Verneuil est de taille assez petite, de forme peu élégante, 
raccourcie, ovale-conique; ses tours de spire croissent 
rapidement; ils sont arrondis, bien séparés par une su- 
ture profonde et couverts de sillons transverses inégaux 
et irrégulièrement rapprochés ; le dernier tour est très— 
grand ; il forme presque les deux tiers de la coquille; il 
ne porte point d'ombilic; l’ouverture est ovale-arrondie 
et sensiblement oblique. 

Le gisement de cette coquille au milieu d’espèces tout 
aquatiques, sa forme générale, et surtout celle de son ou- 
verture, me permettent d'affirmer que c’est bien une Pa- 
ludine et non un Gyclostome. 

L’unique exemplaire que j’en connaisse provient de 


AQU ES 

l'argile ferrugineuse de Taman, dont la position géolo- 
gique n’est pas encore établie d’une manière irréfutable, 
et dont je compte parler prochainement dans le Bulletin 
de la Société géologique. 


h. PLeurotToMA Duboisi Mayer. PI. 4, fig. 7. 


P. T'esta conoidea, in medio ventricosa, utrinque at 


tenuata ; spira ultimo anfractu breviore, conica; an- 
fractibus medio marginatis, transversim sulcatis ; ulti- 
mo magno, conico, transversim regulariter et impressè 
sulcato, ad suturam concavo, sublævi; apertura elonqat«, 
angusta; labro dilato; fissura rotundata. 


Longit. 48 mill., lat. 8. 


Cette espèce est très-voisine du P/. filosa , et je crois 
qu’elle n’en est qu’une variété. Je l’y aurais réunie, si, en 
étudiant le groupe entier des espèces coniforimes, je n'a- 
vais remarqué entre d’autres formes, regardées comme 
espèces distinctes, des analogies tout aussi grandes que 
celles qui existent entre ces deux-ci. Je me plie donc 
à la règle, en attendant que de nouvelles études viennent 
résoudre la question qu’elle tranche si souvent. Le Pleu- 
rotoma Duboisi diffère du P{, filosa par sa taille, tou- 
jours moindre, par sa spire relativement beaucoup plus 
courte, composée d’un nombre de tours plus petit et par 
son dernier tour relativement beaucoup plus grand, large- 
ment canaliculé et lisse près de la suture. Du reste, le 
caractère principal du P. filosa : ses sillons transverses 
réguliers, se retrouvent sur mon espèce. 

Ce Pleurotome ne paraît pas être rare dans les couches 
calcaréo-trappéennes d’Akhaltsikhe, près de Tiflis. Dubois 
en a trouvé six exemplaires identiques, dont le plus grand 


tot CRÉÉ tant: de on 


— 101 — 


dépasse d’un tiers la taille de l'individu tiguré. Quant à 
l’âge de ces couches nummulitiques d’Akhaltsikhe, je 
pense qu’elles appartiennent, comme celle du Vicentin, 
des Diablerets, de Faudon, etc., à la zone méditerra- 
néenne de l’étage des sables de Fontainebleau, mon étage 
Maguntien. 


5. PLEuRoTOoMARIA Duboisi Mayer. 


P. T'esta maxima, conica, paullulum obliqua, trochi- 
formi; anfractibus contiquis, subplams, medio subcon- 
cavis, lœvibus; ultimo anfractu ad peripheriam obtusè 
angulato, subtüs profundé concavo ; apertura parva, sub- 
quadrangulari ; labro late fissurato. 


Longit. 120 mill., lat. 436. 


M. de Verneuil a bien raison de dire {dans son Mé- 
more géologique sur la Crimée) que le Trochus gigan- 
teus de Dubois avait beaucoup d’analogies avec certains 
Pleurotomaires : c’en est un, en effet, comme le prouvent 
la forme de son ouverture et l’indice non douteux de la 
fissure du bord droit, C’est, sans doute, la plus grande 
espèce du genre connue jusqu’à ce jour : elle dépasse de 
plusieurs centimètres les P/ gigantea, Lahayesti et autres 
espèces de la craie. Le P/. concava des environs de Paris 
est celui qui, en miniature, représente le mieux sa forme; 
mais il est orné de sillons nombreux, forts et granuleux, 
tandis que l’espèce nouvelle paraît avoir été lisse ; car des 
sillons bien prononcés auraient, aussi bien que la fissure, 
laissé des traces sur le moule; et notre fossile a conservé 
sur le dernier tour, un petit morceau de têt, transformé en 
kalkspath, qui ne présente que des stries d’accroissement. 
Quoi qu’il en soit, que la coquille ait été entièrement lisse 


— 4 
ou qu’elle le soit devenu avec l’âge, sur les derniers tours, 
sa taille gigantesque, sa forme élevée et la cavité profonde 
et large de sa surface inférieure, suffisent pour la distin- 
guer. L'on pourrait peut-être encore citer comme carac- 
tères spécifiques, l'ouverture carrée, relativement très- 
petite, et les stries d’accroissement de la surface inférieure, 
qui sont sinueuses presque à la manière des côtes de 
l'Ammonites flezuosus. 

Quoique Dubois n’ait rapporté qu’un exemplaire de ce 
beau fossile, il ne paraît pas être bien rare dans le cal- 
caire blanc nummulitique de la Crimée, puisque M. Rous- 
seau Île cite de son côté, à Simpheropol et à Kara-sou- 
Bazar, Comme lon trouve dans le calcaire, à côté de 
quelques espèces de sables de Soissons, beaucoup d’autres 
du calcaire grossier, je crois qu’il appartient plutôt à ce 
dernier niveau qu’à l’autre; car il serait contre toutes les 
lois de la nature, que des espèces ayant vécu dans le 
bassin méditerranéen à une certaine époque, aient passé 
plus tard dans la mer du Nord; il est tout naturel, au 
contraire, que des espèces de la mer du Nord (Suesso- 
nienne) soient descendues dans le bassin méditerranéen 
( de l’époque parisienne) pour y retrouver la température 
à laquelle elles étaient habituées et que ne leur offrait plus 
la mer du Nord parisienne. | 


6. TurRITELLA Trochiformis Mayer. 


T. Testa nana, turrito-conica, solida ; anfractibus pla- 
nis, imbricatis, basi subcarinatis, sutura profunda sepa- 
ratis, transversim inæqualiter striatis ; apertura magna, 
ovato-subquadrangulari; labro oblique truncato, paul- 
tulum concavo. 

Longit. 46 mill. lat. 40 


es 


Je trouve dans mon ancien manuscrit, à la suite de la 
diagnose, cette phrase : « Déjà j'avais inscrit cette espèce 
dans le Catalogue provisoire des fossiles tertiaires de la 
collection Dubois, sous le nom de 7rochus turritella, 
lorsqu’en la vidant et l’étudiant de plus près pour la dé- 
crire;, je reconnus en elle une. vraie Turritelle, bien sin- 
gulière, sans doute, mais parfaitement caractérisée. » Je 
crois donc pouvoir donner cette coquille comme une Tur- 
ritelle, sans nouvel examen de la pièce même, et je vais 
tâcher de montrer, par la description et le dessin que j'en 
possède, que je ne m'abuse pas sur la valeur des carac- 
tères génériques qu’elle présente. Comme elle n'ést na- 
créeni à l’extérieur, ni à l’intérieur, ce n’est décidément 
pas un Trochus. D'un autre côté, ses tours emboîtés, sa 
carène très-forte et son ouverture quadrangulaire ne vont 
ni aux Phasianelles, ni encore moins aux Littorines; je 
ne pourrais donc en faire autre chose qu'une Turriteile, 
courte, naine, et dont le bord libre est peu arqué et si- 
nueux. Notre fossile est une espèce naïiñe, du groupe de 
la Turritella strangulata; sa forme est celle d’un cône 
pointu ; son têt est solide, assez épais ; ses tours de spire, 
au nombre de six ou sept, sont aplatis ou légèrement 
concaves, hauts, emboîtés les uns dans les autres, cou- 
verts de légers rayons transverses, de largeur inégale et li- 
mités vers le bas par une carène assez forte; le dernier 
tour est presque aussi haut que la spire; sa surface infé- 
rieure est très-faiblement convexe, limitée par une grosse 
carène arrondie et occupée par quelques légers sillons ; 
son ouverture est grande, oblique, sensiblement carrée et 
un peu plus haute que large ; le bord libre, non flexueux, 
est à peine concave. 


M. Eichwald décrit dans sa Lethæ. sous ie nom de 


— A0 — 

Phasianella Stumpfi, une coquille qui a beaucoup d’'ana- 
logie avec la mienne. Cependant elle est plus petite et 
plus turriculée (sa forme seule prouve que c’est une 
Turritelle et non pas une Phasianelle ). La carène est dis- 
tante du bord inférieur ; enfin, les tours sont compléte- 
ment lisses. Du reste, la figure que donne Eichwald est 
très-mauvaise, la coquille est brisée et semble être rou- 
lée; la description n’en apprend pas plus que le dessin : 
de sorte que l’on devra, je pense, considérer l’espèce 
comme non avenue. 

Dubois a trouvé de cet intéressant fossile, trois exem- 
plaires identiques à Gori, près de Tifflis, riche localité du 
même âge que le falun de Volhynie. 


7. ScaLARIA Deshayesi Mayer. PI 4, fig. 9. 


S. T'esta ovato-elongata, brevispira, crassa, subumbi- 
licata, multilamellosa ; lamellis numerosissimis, inæqua- 
libus, crassis et tenuibus, biangulatis; anfractibus con 
vexis, sutura profunda subdisjunctis; apertura magna, 
rotunda. 

Longit circi, 24 mill., lat. 43. 


Magnifique espèce de Scalaire, très-distincte de tout ce 
que j'ai vu en ce genre. Elle tient du S. crispa par ses 
tours disjoints et par la forme de ses côtes et du S. mul- 
tilamella, par le grand nombre et lirrégularité de ces der- 
nières. Quoique le seul exemplaire que j’en connaisse 
n’ait que les deux derniers tours, leur taille relative très- 
différente, monire que la coquille est une espèce à spire 
courte : elle a dû être de forme ovale-allongée, conique- 
pointue; son têt est épais et solide; ses tours sont très- 
ventrus, séparés par une suture profonde, couverts de 

, 


nn de 


ic am ts ml es ut 0 ruée ds 


4 
4 
2 
M4 


— 105 — 
grosses lames serrées, inégales, anguleuses; le dernier 
tour est très-grand ; il a dû former à lui seul le tiers au 
moins de la coquille; il porte un ombilic étroit et profond ; 
l’ouverture est nécessairement large et ronde. 
Cette belle Scalaire fossile provient du terrain num- 
mulitique calcaréo-trappéen d’Akhaltsikhe en Imérétie. 


8. CarptuM Multistriatum Rousseau, 1842, Demidoff, 
Voyage, etc., 2, p. 812, pl. 7, fig. 2. 


G. Testa subquinquangulart, transversa, subæquila- 
tera, tenui, posticè subcarinata, multicostata; costs cir- 
citer A0, radiantibus, angustis, approximatis ; umboni- 
bus tumidis ; cardine in medio subbidentato, altero uni- 
dentato ; dentibus lateralibus subnullis. 


Longit. 27 mill. , latit. 35. 


Je cite ici cette espèce, plutôt pour compléter la des- 
cription, que pour en signaler une variété ; car les difflé- 
rences qui existent entre mes deux échantillons et celui de 
M. Rousseau sont si minimes, qu’il n’est pas besoin de 
les formuler en sousdiagnose. 

Cette espèce se reconnaît facilement à son têt mince, 
à sa forme carrée, transverse, presque équilatérale, à ses 
côtes très-nombreuses, serrées, étroites et convexes, tra- 
versées, surtout près du bord palléal, par des stries d’ac- 
croissement imbriquées ; enfin, à sa lame cardinale presque 
droite, supportant une charnière à peu près complète, 
quoique peu développée ; c’est-à-dire, deux petites dents 
cardinales et une dent latérale postérieure sensible, sur la 
valve gauche, et une dent cardinale assez forte et les in- 
dices de deux dents latérales sur la valve droite. 


— 106 — 


Dubois a rapporté cette espèce de la mine de fer d’Am- 
pélaki près de Kertch. 

9, GarDIUM Squamulosum Deshayes, 1838, Mém, de la 
Soc. géol., p. 48, pl. 2, fig. 14, 15.—Rouss., loc. cit,, 
p. 808, pl. 6, fig. 5: — B. paucicostatum, Desh., loc. 
cit., p. 92, pl. 2, fig. 14, 15.—Rouss., loc. cit., p. 809, 
pl. 6, fig. 6. 


C. Testa subrotundata, globulosa, solida, inæquila- 
lera, paucicostata; costis circiter 12, distantibus, ma- 
gnis, curvis, eminentibus, in medio acutis, squamulosis ; 
intérsticüs planulatis. | 

Longit. 55 mili., latit. 62. 


Si déjà M. Rousseau a pu, à l’aide de ses échantillons, 
prévoir l'identité des C. squamulosum et paucicostatum, 
j'ai pu me convaincre que les deux formes extrêmes ap- 
partenaient à la même espèce. Dès lors j’ai dû les réunir. 

Le C. squamulosum, d’après moi, a pour caractères fon- 
damentaux : une forme sensiblement arrondie, toujours 
globuleuse, un test non pas très-épais, mais particulière- 
ment solide, des crochets forts, des côtes larges, peu 
nombreuses, généralement élevées, plus ou moins aiguës 
et squamuleuses à leur sommet, enfin des interstices 
plats et couverts de stries d’accroissement généralement 
fines et régulières, quelquefois cà et là plus prononcées. 

Les variations que j'ai observées peuvent se grouper 
en cinq types, à peu près également voisins, et dont deux, 
quelquefois trois, ont un caractère saillant, commun, qui 
relie des particularités aussi importantes et arrête ainsi 
celui qui veut tenter d’élever chaque type au rang d’es- 
pèce, 


— 107 — 
Var. « : CG. Paucicostatum Desh., loc. cit. 


Cette variété est de taille presque moitié moindre que 
les autres ; elle est ovale-arrondie, haute, un peu oblique, 
sensiblement inéquilatérale ; ses côtes sont larges, apla- 
ties, peu convexes pour leur largeur ; distinctement caré- 
pées et tant soit peu squamuleuses sur les crochets ; la 
lame cardinale est forte et soutient une dent médiane et 
une lame ligamentaire très-prononcées ; il n’y a point de 
denis latérales. 


Var. 8 : C. Paucicostatum Rouss., loc. cit. 

Ici les dimensions sont déjà doubles, la forme est plus 
transverse, plus inéquilatérale, plus globuleuse ; mais la 
nature des côtes est la même, quoiqu’elles soient relati- 
vement un peu plus élevées et déjà sensiblement anguleu- 
ses sur tout leur parcours ; la charnière, en revanche, est 
toute différente : la lame cardinale est très-épaisse, 11 n’y 
a point de dents médianes, mais deux fortes dents laté- 
rales. 


Var. 7 : G. Squamulosum Desh., loc. cit. 

Cette forme est arrondie, ovalaire, inéquilatérale et un 
peu oblique; les côtes ressemblent à celles des variétés 
précédentes suivantes : elles ne sont pas encore nettement 
séparées des interstices, mais sont déjà hautes et s’amin- 
cissent rapidement vers leur sommet ; celui-ci est, comme 
d'ordinaire, caréné et squamuleux ; les stries d’accroisse- 
ment sont plus fortes et plus irrégulières que dans les 
variétés « etp et surtout que dans les suivantes; la char- 
nière est parfaitement semblable à celle de la variété pré- 
cédente et à celle de la variété 9. 


Var. d : CG. Squamulesum Rouss., loc, cit. 


Cette variété atteint la taille indiquée dans la diagnose 


— 108 — 

de l’espèce. Elle est ovale-arrondie, très-inéquilatérale, 
transverse ; ses côtes sont, pour ainsi dire, composées de 
deux pièces : d’une base large, peu saillante, séparée des 
interstices proprement dits par une strie longitudinale plus 
ou moins forte, et d’une arrête saillante et mince qui se 
confond avec sa base et porte à son sommet des aspérités 
imbriquées plus ou moins rapprochées. 


Var. : : CG. Escheri Mayer, Gatal. manuse. de la collec. 
Dubois. 

Cette variété, qui me parut jadis bien distincte du C. 
Squamulosum de M. Deshayes, est, au contraire, extérieu- 
rement très-voisine du type de M. Rousseau. Son têt est 
un peu moins épais que d’ordinaire, mais toujours parti- 
culièrement solide ; la coquille est de forme circulaire et 
presque équilatérale ; ses côtes sont exactement celles de 
la variété précédente; les stries longitudinales qui les sé- 
parent des intervalles sont peut-être un peu plus fortes et 
prennent çà et là l'apparence de côtes secondaires ; toute 
la surface extérieure de la coquille est ornée de stries 
d’accroissement régulières, très-fines et onduleuses : ce 
sont elles qui, en passant sur les carènes, y forment des 
aspérités imbriquées ; la charnière diffère absolument de 
celle des trois formes précédentes et est la copie exacte 
de celle de la variété «. 

Cette espèce très-intéressante, paraît être abondamment 
répandue dans l'argile ferrugineuse de Taman et d’Ampé- 
laki, près de Kertch. Seule, la variété :, n’est connue 
qu’en un exemplaire. 


10, Dreissena Deciniens, Mayer PI. 4, fig. 6. 


D. Testa ovato-rotundata, inflata, lata, rugosa, su- 


AQU 
bæquivalvi; umbonibus acutiusculis, recurvis ; latere an- 
lico subrecto, postico dilatato, arcuato ; cardinis fossula 
parva, profunda. 

Longit. 30 mill., latit. 22. 

Quoique je sois intimement persuadé que le fossile que 
je décris n’est qu’une variété du D. inœquivalvis de 
M. Deshayes, je n’ose pas le donner sous ce nom, de 
crainte d’encourir le blâme des Gonchyliologues, en réu- 
nissant deux formes sans avoir la preuve matérielle et 
palpable de leur identité. La forme nouvelle est tant soit 
peu inéquivalve, beaucoup moins que le type Deshaye- 
sien ; elle est plus élégante, plus arrondie, plus enflée et 
comparativement un peu plus large; ses crochets sont 
plus petits, recourbés, le bord antérieur est droit, à peine 
concave; le côté postérieur est très-élargi et fortement 
arqué ; la fossette cardinale, enfin, est petite et profonde. 
Ce sont là des différences assez sensibles sans doute, et ce 
qui leur donne encore plus de valeur, c’est qu’elles sont 
les mêmes sur deux individus de taille un peu différente ; 
mais les caractères fondamentaux du D. inæquivalvis : 
l'inégalité des valves, leur forme élargie, leur manque de 
carène sensible, existe aussi chez la forme nouvelle; de 
sorte qu’en présence des nombreuses variations aux- 
quelles sont sujettes maintes autres espèces de Dreissena ; 
il est plus que probable que ces deux-ci n’en font qu’une. 

L’espèce se trouve à Taman. 


11. Macrra Podolica, Eichw., 1830, Naturh. Skizze, etc., 
p. 207. — Paléont. de la Russie, p. 75, pl. 6, fig. 9. — 
M. Deltoides, Lamk. sec. Dubois; non Lamk., non 
Bast. 


M. Testa transversa, ovalo-trigona, tumida, tenui, 


— 110 — 
fragili, latere utroque subcarinata, postico trregulariter 
striato-sulcata; cardine crasso, sinu palliarr obtusis- 


simo. 
Longit. 23 mill., lat. 31. 


La description et la figure que donne Eichwald de cette 
espèce, ne me semblant pas satisfaisantes, je conserve ici 
celles que j'en fis en 1851. 

Cette espèce est très-distincte et n’a aucun rapport ni 
avec le M. ponderosa ni avec le M. deltoides. Elle est de 
forme assez variable : tantôt ovale-trigone, haute et pres- 
que équilatérale ; tantôt déprimée, transverse, subéquila- 
térale, tantôt oblique et très-inéquilatérale. Elle est assez 
enflée, mince et fragile, couverte de stries d’accroissement 
irrégulières qui deviennent lamelleuses sur le côté posté- 
rieur; celui-ci est déprimé, large, limité par une carène 
obtuse ; le côté antérieur est un peu concave et anguleux, 
et souvent faiblement caréné ; les crochets, plus ou moins 
proéminents, sont nettement dessinés par deux carènes ; 
la charnière de la valve droite est très-forte, mais non 
pas massive; les impressions musculaires sont assez 
grandes et le sinus palléal très-obtus, quelquefois presque 
nul ; les traces de la coloration primitive de la coquille 
consistent en des zones violettes sur un fond jaunâtre. 

Le M. podolica est, par son abondance en Volhynie et 
Podolie, aux environs de Vienne et dans la Moldavie 
sub-alpine, une des espèces les plus caractéristiques de 
mon étage helvétien. Je ne la connais que de ce niveau. 
L'identité des exemplaires de la Suisse, de la Volhynie 
et de Vienne est certaine : la forme particulière de la co- 
quille, les carènes, les stries lamelleuses du côté posté- 
rieur et jusqu'aux diverses variétés ; tout se reconnaît sur 
nos moules. 


MMS nt bat 0 sé if) us 


— AA — 


49, MacTrA Ponderosa, Eichw, 1830, Naturh. Skizze. 
p. 207. — Paléont. de ia Russie, p. 75, pl. 6, fig. 40. 
— D'Orbigny. De Vern., Murchis. et de Keyserl., 
Voyage dans la Russie, 2, p. 499, pl. 43, fig. A0-A1. 
— Voyage de Hommaire de Hell dans la Russie mérid., 
3, pl 484, pl. 4,fig, 22-24. — M. Vitaliana d’Or- 
bigny, idem, idem, p. A79; pl. 4, fig. 19-214. 


M. Testa trigona, crassissima, ponderosa, concentricè 
irregulariter striata, postice depressa, carinata, angulata; 
umbonibus tumidis; cardine crassissimo ; sinu palliari 
oblusissimo. 

Longit. 43 mill., Latit. 56. 


Gette Mactre est remarquable au double point de vue 
de l’épaisseur de son têt et de la grande variabilité de sa 
forme. Ses trois caractères principaux la distinguent émi- 
nemment de toutes ses congénères et relient en même 
temps toutes les formes diverses sous lesquelles elle se 
présente et qu’au premier abord l’on est tenté de pren- 
dre pour des espèces distinctes. La variété que M. Eich- 
wald donne comme type est, sinon la plus commune, du 
moins l'intermédiaire, à laquelle se rattachent facilement, 
d’un côté, les individus raccourcis, les jeunes, de l’autre 
les formes transverses, les adultes. 

Variété « : Le plus petit des seize exemplaires du 
M. ponderosa que j'ai entre les mains, ressemble singu- 
lièrement à une Corbule, et je le crusen effet de ce genre, 
avant d’avoir dégagé sa charnière. Il est trigone-arrondi, 
aussi long que large, équilatéral et médiocrement gonflé ; 
ses crochets sont très-forts, élevés et recourbés en bec; 
le côté postérieur est déprimé et forme un angle droit 


— 112 — 


avec le dos de la coquille, dont il est séparé par une ca- 
rène obtuse ; il est couvert de stries d’accroissement la- 
melleuses et concaves, ce qui prouve que la coquille était 
légèrement bâillante de ce côté; la charnière, enfin, est 
excessivement massive pour une si petite coquille. Get 
individu provient de Solonaja, sur le Dnieper. 


Var. g : Un autre individu de la même contrée, de Bé- 
reslaw, n’est guère remarquable que par sa forme (sans 
doute accidentelle) oblique et son côté postérieur très- 
enflé. 


Var. y : Gette variété, à laquelle paraissent appartenir 
de nombreux individus, est ovale-arrondie, presque aussi 
large que longue, à peu près équilatérale et très-enflée ; 
son côté antérieur a une certaine tendance à devenir an- 
guleux et à prendre une carène; son côté postérieur est 
arqué, très-large et limité par une carène aiguë ; ses cro- 
chets sont obtus, tournés en avant et peu proéminents, 
quoique toujours très-forts. Dubois a trouvé deux exem- 
plaires de cette variété à Constantinowka, deux autres au 
Nord de Simphéropol, et cinq à Gori près de Tifilis. 


Var. 9 : N'ayant pas eu entre les mains d'échantillons 
semblables à celui d’'Eichwald, je suis dispensé d’en don- 
ner la description. Je dirai seulement que cette variété 
intermédiaire se distingue des précédentes par sa taille 
déjà remarquable et par sa forme sensiblement transverse. 
L'auteur russe la cite, ou plutôt cite l’espèce en général 
d’une foule de localités du midi de la Russie. 


Var. « : De la forme précédente à celle qu'affectent les 
individus adultes, il n’y a qu’une distance minime. Ceux- 
ci atteignent jusqu’à A3 millim. de long et 59 de large. Ils 
sont ovalaires, transverses et inéquilatéraux, leur côté 


— 113 — 
antérieur est arrondi et le côté postérieur est allongé, dé- 
primé, obtusément caréné et pointu. Le Musée de Zurich 
en possède deux que Dubois a trouvés à Béreslaw. 


Var. 6: Comme variété extrême enfin, vient se placer 
ici la forme que d’Orbigny a décrite dans l’ouvrage de 
MM. de Verneuil, Murchison et de Keyserling. Cette 
forme est comparativement moins large et, par consé- 
quent, encore plus transverse que la précédente. Elle est, 
en outre, remarquable par la dépression de son côté pos- 
térieur, par la carène tranchante qui le limite et par le 
léger bâillement des valves de ce côté. 

Cette intéressante espèce est, jusqu’à présent, particu- 
lière au midi de la Russie. . 

Je compte donner plus tard la description d’une 
vingtaine d'espèces nouvelles des mêmes lieux que les 
précédentes. 


CG. M. 


2 he oo 


Nous avonsrecu une coquille extrêmement intéressante 
au point de vue de la géologie et de la zoologie : nous 
voulons parler d'un Pleurotomaire vivant. Nous en don- 
nerons la description et la figure dans le prochain numéro. 


B.et F. 


D 


— 11h — 


BIBLIOGERA PHIE. 


Observations sur les animaux de quelques genres 
de Mollusques acephalés, par M. G.-P. DESHAYESs. 
(1853),.6 p. et 1 pl. 


Cet intéressant Mémoire a été publié dans les Procee- 
dings de la Société Zoologique de Londres, et n’a été tiré 
à part que récemment. L'auteur examine les animaux 
jusqu’alors inconnus des genres Chamostrea, Glauconome, 
Circe, Clementia, Capsa ; il les décrit exactement et dis- 
cute la place qu’ils doivent occuper dans la science. Le 
genre Chamostrea est encore placé par les naturalistes 
anglais dans le voisinage des Ostéodesmes, à cause de la 
présence d’un osselet à la charnière. M. Deshayes combat 
cette opinion fausse et systématique, et rapproche la Ca- 
mostrea des Games. 

Les Glauconomes ne sont voisins ni des Solen, ni des 
Venus, nides Cyrena. Ils offrent quelques caractères com- 


muns avec les Lutraires et doivent constituer une famille, 


à part. - 

L'animal du Clementia, examiné par lPauteur, lui pa- 
raît distinet des autres types de la famille des Vénus, dans 
laquelle, du reste, il garde sa place 

Les Circé, autre genre démembré des Cythérées, n’en 
diffèrent nullement par les caractères anatomiques, et 
doivent rester dans le genre à titre de division. 

Enfin, Panimal du Capsa deflorata est semblable à 
celui des Psammobies. | 

On voit que ce Mémoire est extrêmement important au 


ne dent De nu cu de de à 


— 115 — 


point de vue de la lumière qu’il jette sur plusieurs genres 
dont la place était incertaine, P. FiscHer. 


Quelques observations sur la famille des Rudistes 
de Lamarck, par G.-P. DEsHAYyeEs. (Bull. soc. géol. 
Fr. 1855) in-8°, 16 p. 


M. Deshayes rappelle les opinions de la plupart des au- 
teurs sur la place que doivent occuper les Rudistes et sur 
leur organisation hypothétique. 11 combat les idées de 
M. D’Orbigny, qui classe les Rudistes dans le voisinage 
des Brachiopodes. Pour l’auteur, comme pour M. Bayle, 
les Rudistes sont des Lamellibranches voisins des Cames 
et des Ethéries. L. LAFOx. 


Mémoires sur les Coquilles fossiles des terrains 
d'eau douce du sud-ouest de la France, par J.-B. 
NouLer. Paris, 1854. 


M. Noulet est connu depuis longtemps dans la science 
par ses travaux importants sur les coquilles terrestres et 
fluviatiles, vivantes et fossiles du bassin sous-pyrénéen. 
Son Mémoire est divisé en trois parties : 1° sur les co- 
quilles fossiles du calcaire lacustre inférieur au terrain à 
numimulites de département de l’Aude ; 2° sur les coquilles 
fossiles du terrain èocène supérieur du bassin sous-pyré- 
néen ; 3° sur les coquilles fossiles du terrain d’eau douce 
miocène du bassin sous-pyrénéen. ; 

Dans chaque partie de son Mémoire, après avoir consa- 


— 116 — 

cré quelques pages à l’étude géologique du terrain, l’au- 
teur décrit les espèces qu’il y a rencontrées. La plupart 
sont nouvelles et réparties dans presque tous les genres 
terrestres connus (vivant en France). Les espèces déjà 
décrites sont examinées de nouveau, et cette étude amène 
le plus souvent des réductions. “0 

Ce livre, très-bien fait, n’est cependant que le pro- 
drome d’un ouvrage plus considérabke accompagné de 
planches, et que tous les paléontologistes verront paraître 


avec reconnaissance. À L, LAFON. 
t: à 


Notizie intorno al genere Melania, par Virra, 
Milan, 1855. re 


| 


; $ L * * RL 
Résumé assez concis de quelques opinions émises par 
. ‘ : . £ 
des naturalistes sur le genre Melania. Discussion et des- 
cription de deux espèces; liste de cinquante espèces. 


Remarques critiques sur le genre Bulimus, par 
MA. MoquiN-Tanpon (1855). 


L'histoire du nom Bulimus est des plus singulières; et 
l'auteur, après lavoir rapportée, constate que Scopoli 
n’a pas créé le genre Bulimus ; que ce genre appartient à 
Adanson qui l’a fondé sous le nom de Bulinus; d’où plus 
tard Bulimus, par erreur typographique; Physa et Bu- 
linus désignent le même genre. PUYF: 


— 117 — 


Histoire naturelle des Mollusques terrestres et 
fluviatiles de France, par M. Moquin-Tanpon, 
1855-56, 2 volumes et atlas de 54 pl. 


Ce bel ouvrage, annoncé depuis si longtemps, vient 
d’être terminé. L’auteur l’a divisé en deux parties : la pre- 
mière contient des études anatomiques et physiologiques 
sur les animaux ; la deuxième présente les caractères des 
genres, espèces et variétés propres à la France. 

Dans la. deuxième partie, M. Moquin-Tandon réduit 
beaucoup le nombre d’espèces admises par d’autres na- 
turalistes. Il fait observer que l’histoire naturelle perd en 
netteté ce qu’elle gagne en étendue, et pose plusieurs 
principes oubliés souvent par les malacologistes. Il remonte 
à l’antériorité, si toutefois cette modification n’entraîne 
pas le bouleversement de la nomenclature; nomme les 
variétés, rejette les noms qui ne furent pas suivis dans le 
principe d’une diagnose, sectionne les genres en groupes 
nommés, etc. Considérant la coquille comme une partie 
accessoire, il s'applique à décrire, non-seulement les ca- 
ractères extérieurs des espèces, mais encore à mention- 
ner les faits principaux qui découlent de leur étude ana- 
tomique. £ 

M. Leidv a annexé à l’ouvrage de Binney sur les uni- 
valves terrestres des États-Unis, une suite de monogra- 
phies anatomiques des genres constatés dans cette im- 
mense contrée ; M. Moquin-Tandon a fait pour la France 
un travail plus complet; car, dans chaque genre, il a 
figuré et décrit les caractères organiques de plusieurs es- 
pèces. C’est là une voie de progrès ouverte aux natura- 
listes, et qui, dans la suite, amènera des découvertes in- 


= AS == 
téressantes et des idées plus jusies sur l’organisation des 
Mollusques. 

La première partie résume toutes nos connaissances 
sur l’anatomie comparée des Mollusques indigènes. On y 
trouve des chapitres étendus sur les différents systèmes, 
et sur leur physiologie. La constitution et les fonctions 
des organes génitaux y sont examinés avec un grand soin 
et d'autant plus d'opportunité, que la plupart des savants 
français et étrangers montrent encore à ce sujet, des 
divergences d'opinions regrettables. 

Enfin des notions sur la coquille, l'utilité des Mollus- 
ques, leur conservation, leur mode de dissection, leur 
classification, et une bibliographie conchyliologique de 
plus de douze cents noms complétent l'ouvrage. 

Les dessins d’anatomie sonttrès-clairs et très-nets. Il est 
malheureux seulement que l’étendue de l'ouvrage ait em- 
pêché l’auteur de donner les figures de pièces d’ensemble, 
qui font comprendre les rapports généraux des organes; 
quoique cependant, pour l’étude, les dessins de chaque 
appareil ou d’une de ses parties isolées soient plus profi- 
tables. P. FIscHER. 


Catalogue des Mollusques vivants aux environs 
d'Alençon, par M. de Laesvirce. Paris, 1856. 


Cette région géographique est assez restreinte, et ce- 
pendant l’auteur y a constaté soixante-une espèces de 
Mollusques. Parmi ceux-ci on en remarque plusieurs qui 
offrent de l’intérêt , car ils ont été retrouvés bien loin de 
leur zone habituelle. Ainsi, le PI. Spirorbis, espèce méri- 


— 119 — 
dionale ; Limnea glutinosa, espèce rare; Cyclostoma sulca- 
tum, qu’on ne signale que dans la Provence ; Physa acuta 
méridionale ; Anodonta Rayii orientale ; enfin les Ü. pic- 
torum et Requienii, qui vivent rarement aussi rapprochés. 
L'espèce désignée sous le nom d’A. acicula a été, depuis, 
décrite sous le nom de Zzxesvillei par M. Bourguignat. 


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F j 


Description des Coquilles univalves, terrestres et 
d’eau douce, envoyées d'Algérie à la Société lir- 
néenne de Bordeaux, par M. Gassies, Bordeaux, 
1856. 


Le capitaine Mayran a envoyé à Bordeaux une très- 
belle collection de coquilles recueillies dans les dernières 
expéditions d'Algérie. Le Catalogue qu’en a fait M. Gassies 
donne un grand nombre de localités nouvelles et de va- 
riétés non signalées. Parmi ces dernières, nous trouvons 
une variété aspera,unicolor, grandis, del’ U. Dupotetiana, 
qui relie cette espèce à l’U. Lactea, et montre que ces 
deux espèces sont extrêmement voisines sinon identiques; 
* deux jolies variétés de VU. Lucasi; Desh., une variété à 
zones du Melanopsis Marociana, etc. 

M. Gassies inscrit dans son Catalogue la Z. Trenca- 
leonis de l’Aïn-Kadra, semblable aux types de l’Agenais 
et de Bordeaux. 

Les espèces nouvelles sont : 

H, Mayrani, des hauteurs de Sfissef, près Sidi-bel- 
Abess, belle coquille voisine des A. bætica, cariosula ; 
Melanopsis Hammanensis de lOued-el-Hamman, du 


D 
— 120 — 
groupe des Ael. rostata, costellata ; et Melanopsis scalaris 
de lVAïn-Fekan, et de VOued-M'Llouya, frontière du 
Maroc. | 
En résumé, dix-neuf espèces, dont onze terrestres et 
huit d’eau douce. Ge travail intéressant est accompagné 
d’une planche représentant les espèces nouvelles et 
quelques variétés P. FIscHER. 


Description d’Ancyles nouveaux de la Collection de 
M. Cuming, précédée d’une courte Notice sur le 
genre Ancylus, et d’un Catalogue complet des es- 
pèces qui le composent, par M. J.-R. BouRGUIGNAT, 
In. Zoolog. Proceeding. of London. ( N° ccczumi, 
p. 76 à 93, pl. xxv.), 1855. 


Ce travail (18 pages avec une planche lithograph.) a 


été envoyé par M. Bourguignat au mois de mai 1855, et 
n’a paru (quoique 5€ trouvant sous la date de 1553) en 
réalité, qu’au mois de décembre 1855 ; c’est pour ce mo- 
tif que nous le mentionnons ici. 

C’est dans ce travail, que M. Bourguignat a décrit et 
fait figurer les Ancylus Cumingianus ; Drouctianus ; Ba- 
conti et Saulcyanus, qu’il n’avait fait qu’annoncer nomi- 
nativement, comme l’on doit se le rappeler, dans son 
Catalogue des Ancyles publié dans l’ancien Journal de 
Conchyliologie. (N° 2, 1853, pag. 168-199.) 

A. DE LIESVILLE. 


Imprimerie de L, Tinreruin et C*, rue Neuve-des-Bons-Enfants, 3. 


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JOURNAL 


CONCHYLIOLOGIE, 


Novembre 1856. 


Sur le Spermatophore du Bulimus acutus. 


M. Moquin-Tandon a appelé fréquemment l'attention 
des naturalistes sur le corps produit dans l’accouplement 
de certains gastéropodes, et désigné par Lister sous le nom 
de Capreolus. I à décrit et figuré ies spermatophores de 
l’Arion rufus et de VAT. aspersa. 

Dans une localité où le Bulimus acutus est très-com- 
mun, j'ai pu rencontrer souvent des individus accouplés, 
et, en les séparant avec lenteur, dégager complétement les 
spermatophores. Leur présence est constante durant Pac- 
couplement ; mais, quelques jours après, le spermatophore 
introduit dans la poche copulatrice est brisé, et ne forme 
plus qu’un amas irrégulier de fragments transparents, en- 
tourés d’un liquide blanchâtre. Lors de l’accouplement, il 
exécute son voyage, du flagellum dun individu à la po- 
che copulatrice de l’autre, car à la fin de cet acte les deux 
mollusques peuvent se séparer ; ce qu’ils n’auraient pu 
faire si les spermatophores étaient encore engagés. 

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Le capreolus du Bulimus acutus est un filament cris- 
tallin, transparent, très-allongé, mince, cassant à l’une 
de ses extrémités, flexible à l’autre, mais pendant quelques 
minutes seulement. Sa longueur est de 7 à 10 millimètres , 
environ les 2/3 de celle de la coquille. À la loupe on re- 
marque plusieurs lignes ou stries longitudinales, et sur un 
côté une suite de denticulations triangulaires très-acérées, 
quelquefois bifides, au nombre de cent environ. Le dia- 
mètre est à peu près partout égal, cependant la partie in- 
troduite la première dans l’organe femelle, est plus volu- 
mineuse que celle qui suit; le spermatophore se termine 
par une pointe assez aiguë. { PI. 7, fig. 6). 

D’après cette courte description ie capreolus du Buf. 
acutus aurait plus de rapports avec celui de Ar. rufus 
qu'avec celui des Hélices, et cependant le Bulimus acu- 
tus est une Hélice véritable. 

L'existence des denticulations de ce corps, démontre son 
but, qui consiste à assujettir étroitement les organes pen- 
dant l’excrétion du sperme. Ceux-ci sont en partie dilacé- 
rés par l’extraction du spermatophore; et l’on constate 
alers que plusieurs des dents ont disparu, surtout aux 
extrémités. Il est introduit par le gros bout, etse plie en 
spirale dans la poche copulatrice. On ne peut bien cons- 
tater ce dernier fait que chez certains mollusques, où le 
spermatophore est très-résistant et se conserve longtemps 
intact. : 

Le genre Parmacelle présente ces conditions ; M. Van 
Bénéden mentionna le premier lexistence des sperma- 
tophores dans le Parmacella Valencienni; nous avons 
depuis décrit et figuré ceux du Parm. Deshayesh qui ne 
sont pas moins remarquables. 

Il est malheureux que les auteurs ne les signalent pas 


plus fréquemment, car presque tous les limaciens et héli- 

céens doivent en être pourvus ; et ils peuvent fournir pro- 

bablement des caractères spécifiques, comme les dards. 
P. Fiscner. 


Récréations malacologiques. 
I. OBSERVATIONS SUR DEUX À NODONTES. 


Le 10 novembre de l’année passée, on m'a apporté une 
cinquantaine d’Anodontes, appartenant aux Anodonta 
cyqnea Linn. (Var. Cellensis) et À. ponderosa G Pfeitr. 
(Va. Dupuy ou subponderosa), et provenant du canal 
de l’ancienne abbaye de Notre-Dame-des-Prés près de 
Troyes. Voici les observations que j'ai faites sur ces deux 
espèces : 


1° Anodonta cygnea. (Anodonte des cygnes). 


Les coquilles sont grandes, allongées, ventrues, légè- 
rement sinuées. L'animal est pourvu de muscles très-ro- 
bustes, dont le jeu se fait encore sentir après l’immersion 
dans l’eau bouillante. Il est d’un jaune rougeûtre ou 
orangé, dans son ensemble, Dans l’épaisseur du manteau, 
particulièrement vers la région dorsale, on rencontre as- 
sez fréquemment de petites perles, mesurant depuis 
0®,0005 jusqu’à 0",002 de diamètre. On en voit même 
dans l’épaisseur des branchies supérieures, et alors elles 
sont indiquées par une tache jaunâtre (4). 


(2) Les perles sont le résultat d’un accident arrivé à la coquille, dans le 
travail de l'accroissement. Ce sont des gouttelettes de nacre détachées du 


— 1924 — 


L’Acaride parasite ( Atax ypsilophora, Buntz.) est 
très-fréquent et d’une assez belle taille. Quand les Ano- 
dontes sont extraites de l’eau bouillante, il vit encore et 
marche ; ce qui prouve que l’Anodonte, par une force 
de contraction remarquable, clôt assez hermétiquement 
sa coquille pour ne pas laisser pénétrer l’eau bouillante 
sur ses branchies. 

Ces dernières sont d’un brun très-päle ou café au lait. 
Les supérieures sont très-gonflées et remplies de petites 
coquilles embryonnaires, qui occupent toutes les loges 
des feuillets de ces branchies. Le nombre de ces coquilles 
microscopiques est prodigieux, incalculable: et il faut 
supposer que la plus grande partie de ces bestioles périt 
avant d'arriver à l’état adulte, autrement les rivières en 
seraient encombrées (1). Dans cet état, et à l’époque où 
je parle (novembre), ces coquilles ne sont encore que des 
embryons mesurant à peine 0", 0001. Les unes sont ou- 
vertes, les autres fermées. Elles ressemblent assez, pour 
la forme, à une petite mitre peu élevée. Toutes remuent 
et battent des valves à chaque instant. C’est un curieux 
spectacle, et je ne m'étonne plus que Leeuwenhoek en 


têt et arrêtées dans l'enveloppe charnue de l’animal. On sait que Linné 
avait trouvé le moyen de faire produire artificiellement des perles à l’'Unio 
margaritifer, en perforant mécaniquement et régulièrement la coquille. 

(4) C. Pfeiffer estime qu’une Anodonte renferme 400,000 embryons. Ca- 
rus avance qu’un gros individu en contient aisément quatre fois autant, 
c’est-à-dire 1 million 600,000. On peut, sans exagération, porter à 4 mil- 
lion le nombre des embryons qui se trouvent dans les hranchies des Ano- 
dontes que j'ai sous les veux. Ce sont ces embryons que Rathke et Ja- 
cobson ont pris pour des parasites, qu’ils ont appelés Glochidium parasi- 
ticum. M. de Blainville, dans un Mémoire du plus haut intérêt, a combattu 
cette erreur, que n'avaient commis ni Leeuwenhoek, ni Poli, et que Cu- 
vier, Bojanus, Tréviranus et C. Pfeiffer n'avaient pas adopté. Depuis: 
Carus, de Quatrefages, Van Beneden, ont fait des observations conformes 
à celles des antagonistes de Jacobson. 


— 125 — 


ait été si enchanté (4). La loupe dont je me sers, quoique 
bonne, ne me permet pas de distinguer l’animal ; mais je 
vois très-distinctement les petites valves se rapprocher et 
s’écarter à chaque instant. Vus en masse, ces embryons 
ont une teinte roussâtre, ou brun-clair un peu rougeûtre. 
Prises isolément, ces coquilles sont d’un roussâire très- 
pâle : leurs contours sont plus colorés et bien marqués. 
Il est à remarquer que lAnodonte sur laquelle j’expéri- 
mente a été tuée, ou à peu près, par l'immersion dans 
l’eau bouillante ; et les embryons vivent encore !.... Les 
branchies internes sont plates et entièrement vides. 

Les branchies se composent chacune de deux feuillets 
d’un tissu lâche et élastique, appliquées l’un contre lau- 
tre : à l’intérieur, de petites cloisons les unissent à inter- 
valles assez rapprochés et forment ainsi des loges dans 
lesquelles sont entassées les coquilles embryonnaires. Au 
fur et à mesure que les coquilles grossissent, le tissu cède 
à la pression et s’élargit autant qu’il est besoin, jusqu’au 
moment où les jeunes Anodontes, assez grandes et assez 
fortes pour vivre sans abri et de leur propre vie, quittent 
ce réceptacle, cette espèce de matrice, pour l’eau ét la 
vase. C’est à ce moment sans doute, alors qu’elles sont 
encore si délicates, qu’il en périt un grand nombre, les 
unes emportées par un courant trop rapide et broyées 
par les chocs, les autres {et c’est la majeure partie), dévo- 
rées par des animaux plus robustes auxquelles elles ser- 
vent de pâture. 

La longueur de lAtax ypsilophora est de 0®,001 à 
0®,001 et demi, y compris les mandibuies ; son diamètre, 
de 0%,004 à peu près. Sa forme est légèrement ovoiïde. 


(1) Conft. Anton, Leeuwenhoek, Epist. ad Soc. reg. Angl. Ex belg. in 
lat. Linq. transl, Lugd. Bat., 1719, Tom. III, Cont. 9, p.26. Epist. 95. 


— 126 — 
Sa couleur d’un vert très-pâle. Son enveloppe étant trans- 
parente laisse apercevoir la masse intérieure &es organes 
et des viscères, laquelle est noirâtre, à lexception de la 
partie médiane et longitudinale, qui est jaune. Cette par- 
tie se bifurque souvent en croix à l’extrémité antérieure, 
et ressemble alors un peu à un y. De là, le nom donné par 
Buntz à cet acaride. Get animal possède huit pattes assez 
longues, velues, à l’aide desquelles il s'accroche aux 
branchies et à la face interne du manteau. Il court très- 
prestement. Sur le devant du thorax, on aperçoit très- 
distinctement deux petits points noirs : ce sont ses yeux. 
Sa tête est armée de mandibules, petites, uniformes, et 
de palpes assez longues, composées de cinq articles, dont 
le dernier est terminé par un onglet et des prolongements 
épineux. En dessous, la couleur noirâtre est moins intense, 
et l’on distingue aisément ses œufs, ou &e petits paquets 
d’œufs. J'ai pu compter quinze ou seize de ces masses sur 
le même individu. Son anus se termine par une petite 
pointe, formée sans doute par des villosités. Je ne sais 
rien de particulier sur ses mœurs, si ce n’est qu’il se dé- 
plaît dans l’eau, s’il n’a pas un morceau de branchie ou 
manteau pour se poser. Tant qu’il n’a pas trouvé ces 
corps à sa portée, il s’agite constamment. S'il les ren- 


contre, il s’y accroche et reste immobile. On dirait alors 


qu’il pompe ou qu'il suce quelque chose. 

Voici la synonymie de ce singulier parasite, dont Van 
Beneden a étudié le développement avec un soin particu- 
lier (4). 

Acarus ypsilophorus, Buntz, 1785. 

Trombidium notatum, Rathke, 1797. 


4) Conf. Mém. de l’Acad, roy. de Belg. Tom. XXIV, 1848. 


LL Grenbtes 


— 197 — 
Limnochares anodontæ, G. Pfeiffer, 1825. 
Hydrachna concharum, Baër, 1827. 
Il appartient à la grande famille des Hydrachnes de 
Muller, et au genre Atax de Dugès. 


2 Ancdonta ponderosa. ( Anadonte pondéreuse, ) 


Les coquilles sont grandes, belles, ventrues, épaisses, 
noires ou noirâtres. L'animal présente, avec celui de VA. 
cygnea, cette différence sensible, qu’il est d’une couleur 
plus pâle et plus terne. Gette couleur est difficile à défi- 
nir. C’est un gris jaunâtre très-pâle, à peïne orangé sur 
les bords antérieurs du manteau et sur le lobe du pied. 
La bordure anale et les papilles sont d’un beau noir. 
{Chez V4. Cygnea, la couleur orangée domine; la bor- 
dure anale et les papilles sont grisâtres, ou d’un gris 
brunâtre). Les branchies ont une teinte chocolat clair 
assez nette : en quoi elles diffèrent de celles de PA. cy- 
gnea, toujours plus claires. Les tentacules ont cette 
même coloration chocolat clair des branchies ( chez l'A. 
cignea, elles sont plus iongues et beaucoup plus pâles) ; 
en outre, les stries de la face interne sont moins fines et 
moins serrées que chez cette dernière espèce. Dans la dis- 
section, notre Anodonte a une odeur sui generis, plus 
forte que celle de sa congénère. 

Je trouve des perles enchatonnées dans le manteau, 
mais très-petites et peu abondantes. Leur diamètre varie 
de 0",0002 ou 0",0003 à 0®,001. Ces dernières sont rares. 

Le parasite est très-abondant, plus abondant que chez 
VA. cygnea. 1 encombre littéralement l'intervalle exis- 
tant entre les branchies. C’est peut-être une espèce diffé- 
rente de celle dont nous venons de parler. Il est moins 
ovoïde, plus court et plus petit que le précédent. La 


mn ARR 

masse viscérale, par sa disposition, le fait paraître comme 
un peu subtétragonal. Sa longueur invariable est de 
0%, 0008 environ, ou de 0", O01 au plus. Sa largeur 
égale presque sa longueur. La raie jaune, sur le dos, est 
plus large, et il y a toujours une tache noire sur le de- 
vant. 

A propos des branchies, mêmes observations que pour 
l’espèce précédente. Les externes seules sont gonflées, 
tuméfiées et pleines de coquilles embryonnaires. Les in- 
ternes sont plates et entièrement vides. Les embryons, 
vus en masse, ont la même apparence que ceux de PA. 
cygnea, c’est-à-dire une couleur brune rougeûtre, ou 
terre de Sienne brûlée. Vus isolément, leur forme est 
aussi la même, celle d’une petite mitre d’évêque, quand 
les deux valves sont rapprochées. Ces petits êtres, si 
transparents que je ne les vois pas (je n’apercois que leurs 
coquilles), se meuvent à chaque instant, contractent 
brusquement leurs valves et les écartent. Fermées, elles 
mesurent environ 0", 0002 ; et ouvertes, dans leur grand 
diamètre, 0", 0004 à 0", 0005. 

Résumé. Ainsi, au mois de novembre, les Anodontes 
sont encore en pleine activité. Elles n’hivernent et ne 
s’enfoncent dans la vase que plus tard, quand il gèle. Elles 
ont, à cette époque, les branchies externes pleines de co- 
quilles embryonnaires, qui passent l’hiver dans cet état, se 
développent petit à petit, et quittent l’Anodonte mère au 
printemps, au moment de la reprise d’activité. Un petit 
nombre seulement de ces coquilles réussit et arrive à l’é- 
tat adulte, sans cela les rivières en seraient encombrées. 
Le reste est dévoré par d’autres animaux aquatiques. Le 
nombre dés coquilles embryonnaires contenues dans les 
branchies d'une seule Anodonte est incalculable; on ne 


— 129 — 
peut les compter que par centaines de mille, peut-être 
même par millions. Les branchies internes sont entière- 
ment vides et ne présentent pas un seul embryon. L’ani- 
mal, dans les diverses espèces d’Anodontes, présente des 
différences sensibles dans la coloration de ses parties. 
Enfin, l’Acaride qui vit en parasite sur ces Naïades, diffère 
peut-être bien aussi, suivant les espèces. 
Henri DROUET. 


Liste Monographique des espèces du genre Taret. 
INTRODUCTION. 


Les Tarets ont été désignés depuis des siècles à l’atten- 
tion des naturalistes, par les ravages qu'ils ont faits et dont 
on souffre encore. L'histoire seule des ouvrages publiés 
sur leurs coquilles ou leurs animaux, et des hypothèses 
avancées sur leur mode d’action, présenterait un intérêt 
puissant. Les principaux auteurs qui ont écrit sur ce sujet 
au dix-huitième siècle : Vallisneri (1), Godefred Sellius (2), 
Rousset (3), Massuet (4), Deslandes (5), Adanson (6), 


(1) Observazioni intorno alle Brume delle navi. In opere fisico-mediche 
T. Il, p: 53-57. 

(2) Historia naturalis Teredinis seu Xylophagl marini. 2 pl. (1733). 

(3) Observations sur les Vers de mer qui percent les vaisseaux. 2 pl. 
( 1733 ). 4 

(4) Recherches sur un Ver, etc. (1733). — Voyez encore: Jeb Baster. 
Dissertation on the Worms wich destroy the Piles on the coast of Holland. 
In Philos. Trans. vol. LXI, p. 276-288 ( 1739). 

(5) Sur les Vers qui rongent les bois de vaisseaux. In Recueil, etc. T. I, 
D. 214. 

(6) Hist. coq. Sénégal (757). — Hist, de l'Académie (1759), 


— 130 — 
dont l’ouvrage est si remarquable, et qui constate le pre- 
mier les affinités zoologiques des Tarets et des Pholades ; 
Splengler (1) enfin, qui, ne considérant que l'étude des 
coquilles, décrit et figure quatre espèces tranchées. 

Au dix-neuvième siècle, des travaux plus nombreux et 
mieux dirigés, ont augmenté le nombre des observations. 
Everard Home (2) donna une bonne anatomie et fit con- 
naître la coquille et les palettes d’une remarquable es- 
pèce ; Turton (3) décrivit de nouvelles formes ; Gray (4), 
en 1827 et en 1851, donna deux Monographies ; Blain- 
ville (5), en 1828, décrivit l'animal du Ter. norvagicus 
et les coquilles de plusieurs espèces intéressantes. Dans 
ces derniers temps, on doit citer le beau travail de 
M. Deshayes sur le Taret de l’Algérie (6), les observations 
de MM. Laurent et Eydoux (7), la Monographie de M. de 
Quairefages (8), la révision des espèces anglaises par 
MM. Forbes et Hanley (9), etc. 

Une Monographie conchyliologique de ce genre, pré- 
sente de grandes difficultés à cause de l'absence de carac- 
tères distinctifs applicables systématiquement à toutes les 
espèces. Des animaux à valves semblables ont des palettes 
très-différentes ; d’autres, à palettes identiques, diffèrent 
par leurs coquilles. Aussi est-il à peu près impossible de 


(1) Mém. soc. hist nat. Copenhague, p. 99 (1799). 

(2) Lecture anat. tab. 81, fig. 4-5, (1814). — Voyez encore : B. Wilcox, sur 
les dommages causés par les Tarets sur les navires en bois de Teck. 
Edimb. Journal sc., 1898. 

(3) Dict. conchyl, (1819). — Conchyl. insul. Brit. (1822). 

(4) Magaz. and ann. of philos. p. 409. — Ann. et Mag. London, p. 386. 

(5) Dict. sc. T. LIT. 

(6) Expl. scient. Alger. Moll. (1846). 

(7) Recher. sur les mœurs des Tarets. Journal conchyl. (1850). 

(8) Ann. sc. nat. Paris. (1849). 

(9) Brit. Moll. (1848). 


— 1351 — 
déterminer un échantillon incomplet. Le tube seul ne 
fournit que très-rarement des caractères, il varie danssa 
forme, sa direction d’après les moindres accidents du 
corps perforé. [Il est tantôt -ouvert, tantôt fermé ; l’extré- 
mité qui recoit les syphons est plus ou moins cloisonnée, 
arrondie ou divisée en deux petits tubes. 

Quant aux classifications établies pour grouper les dif- 
férentes formes de Tarets, plusieurs sont inadmissibles. 
M. Gray considère cinq sections : 4° Tubes cloisonnés. 
2° Tubes non cloisonnés. 3° Xylotrya. 4° Cuphus. 5° Gue- 
tera. La première contient les Ter. norvagicus et denti- 
culata; la deuxième, les Ter. batavus, nana, malleolus ; 
la troisième, les espèces à palettes articulées, la qua- 
trième, le genre Septaria de Lamarck ; la cinquième, trois 
Fistulanes de Lamarck, sur lesquelles une est le tube d’un 
Taret quelconque; lautre est un vrai Taret, et la troi- 
sième est un Gastrochêne. 

D’autres auteurs : MM. Morch, Adams, ont adopté cette 
classification, reposant sur des données fausses. Les seuls 
sroupes que l’on puisse former naturellement sont, d’un 
côté, les Tarets à palettes simples; de l’autre, les Tarets 
à palettes articulées, Ces divisions sont tout à fait artifi- 
cielles ; les animaux ont la même organisation, ainsi que 
les palettes, quoique ce dernier fait semble au premier 
abord paradoxal. Les palettes simples sont composées, 
comme les palettes articulées, de cônes Cr'eux, mais im-— 
briqués les uns dans les autres, au lieu d’être portés sur 
un long pédicule. 

Il est utile de fixer les noms des différentes parties des 
coquilles, du tube et des palettes. L’extrémité antérieure 
du tube est ia plus large; l'angle antérieure de la co- 
quille est cet angle presque mathématique du bord anté- 


… tite 2e 
rieur; l'oreillette antérieure est la portion située au des- 
sus du côté horizontal de l’angle; elle est chargée de 
sillons horizontaux; la zone interne antérieure s'étend 
entre l’oreillette antérieure et une zone longitudinale qui 
partage la coquille en deux parties analogues; elle porte 
des stries obliques de haut en bas et de dehors en 
dedans; la zone interne médiane est étroite, ses stries 
sont horizontales ; la zone interne postérieure a les stries 
ascendantes ; l’oretllette postérieure est un prolongement 
du bord postérieur ; le pédicule est la partie étroite de la 
palette ; nous réservons le dernier mot pour la partie 
élargie. 

Nous terminerons cette courte introduction en remer-— 
ciant M. Deshayes de ses obligeantes communications, 
sans lesquelles nous n’aurions pu compléter notre travail. 


Liste Monographique. 


A. Espèces à palettes simples. 


1° TEREDO GIGANTEA. 


Solen arenarius. Rumphius. 
Serpula polythalamia. Lamarck. 
— _ gigantea. Schroter. 
Septaria arenaria. Lamarck. 
Teredo gigantea. Home. 
Cuphus arenarius. Gray. 


Cette magnifique espèce de Taret, dont nous avons vu 
un exemplaire complet dans la coilection de M. Coudert, 
de Bordeaux, vit dans le sable, comme l’épaisseur de son 
tube le fait présumer. L’animal forme une calotte calcaire 
à l'extrémité antérieure de son tube, et cloisonne succes- 


— 133 — 
sivement l’autre extrémité, qu’on trouve parfois divisée en 
deux tuyaux. La coquille n’est connue que par une mau- 
vaise figure d’E. Home ; elle présente l’apophyse styloïde 
commune à tous les Tarets. Les palettes peuvent atteindre 
la taille de 4 à 5 centimètres ; leur pédicule est très-long, 
terminé par une partie élargie, tronquée, presque bicorne, 
taillée en biseau de dehors en dedans, avec une ou deux 
saillies verticales médianes. 
Hab. Amboine, Sumatra, etc. 


20 TEREDO TRUNCATA. 
Teredo truncatus. Quatrefages. 


Coquille fragile, presque sphérique, fortement échan- 
crée et anguleuse à son bord antérieur ; Pangle antérieur 
est de 90° environ, son sommet se trouve placé assez en 
arrière, et ses bords paraissent plus rectilignes que dans 
la plupart des autres espèces. Stries de l’oreillette anté- 
rieure assez irrégulières, si cenest vers les bords; palet- 
tes pédiculées, tricuspides, chliquement taillées en biseau 
de dehors en dedans. 

Hab. Amboine (Quoy et Gaimard). 


9° TEREDO ELONGATA. 

T'eredo elongatus. Quatrefages. 
Goquille assez solide, allongée, à angle antérieur très- 
ouvert (95°-100°) ; oreillette antérieure courte; posté- 


rieure étroite, allongée, non relevée ; sommet tronqué, 
avec une légère crête horizontale dépassant la callosité 


— 134 — 
de la charnière et située au-dessus ; apophyse styloïde 
mince; palettes obliquement tronquées, bicuspides ; tube 
fragile. 
Hab. les mers de l’Inde ( Gaudichaud , Eydoux et Sou- 
leyet). 
h° TEREDO NAVALIS. 


Teredo navalis. Linné. 
—  Batavus.  Spengler. 
—  Valgaris.  Lamarck (1801). 


Coquille un peu plus large que haute , oreillette anté- 
rieure portant quarante stries environ ; postérieure abais- 
sée. Apophvse styloïde large, dépassant le bord inférieur 
de oreillette antérieure; angle antérieur obtus (105). 
Pédicule très-mince, arrondi ; palette offrant à sa face 
externe deux tubérosités d’où partent des prolongements 
terminés en pointe aiguë et qui rendent la palette bicorne. 


Hab. Hollande, Angleterre, France, etc. 


Observation. D’après les dernières recherches, cette 
espèce est bien celle que Linné a connue, car il cite en sy- 
nonymie Sellius qui a figuré un vrai Teredo navalis. Mais 
les auteurs ont donné plus tard le nom de Ter. navalis à 
une foule d’espèces différentes ; telle que les T'er. norva- 
gica, denticulata, Stutchburyt, bipennata, etc. 


5° TEREDO SENEGALENSIS. 


Taret du Sénégal. Adanson. 
T'eredo Senegalensis. Blainville. 
—  Petitu. Récluz. 


Coquille presque aussi haute que large, mince, blan- 


— 135 — 
che, délicate ; angle antérieur droit ; oreillette antérieure 
portant vingt-cinq à trente stries ; oreillette postérieure 
relevée ; apophyse styloïde mince, étroite; pédicule de 
la palette mince, un peu aplati; deux tubérosités sur la 
face externe de la palette, d’où partent des prolongements 
qui la rendent bicorne. 


Hab, Sénégal (Adanson, Charbonnier), Grand-Bassam 
(Webb, Récluz), dans les racines de manglier et de pal- 
mier. 


Observation. Nous avons décrit et figuré (Mél. conchyl. 
p. 19, pl. IV, fig. 2-6) cette intéressante espèce, recueillie 
dans les lieux où Adanson la signale. Elle se rapproche du 
Ter. navalis par ses palettes bicornes, mais les cornes 
sont plus longues, plus larges, moins aiguës ; les tuber- 
cules d’où elles partent sont plus rapprochés des pédicules 
que dans le navalis; enfin la coquille est complétement 
différente. 

Le nom de l'er. senegalensis a été consacré par M. Lau- 
rent, pour désigner le Ter. norvagica, qui, du reste, se 
rencontre sur les côtes d'Afrique. 


6° TEREDO DENTICULATA. 


T'eredo navalis. Moller. 
Pholas teredo. Fabricius. 
Teredo denticulata. Gray. 


Coquille subsphérique, mince, très-ouverte antérieu- 
rement et postérieurement , inégalement divisée en deux 
portions par une zonule submédiane ; bord antérieur 
étroit, formant un angle droit profond, oreillette anté- 


— 136 — 
rieure aiguë, postérieure lisse, plus large, réfléchie. Pa- 
lettes ovales-allongées, minces; pédicule grèle, court. 
aigu. ” 
Hab. Groënland. 


Observation. Cette espèce, nommée par M. Gray, n’a 
Jamais été décrite; nous empruntons les principaux ca- 
ractères de se diagnose, aux notes de M. Deshayes. 


7° TEREDO NANA. 


T'eredo nanu. Turton. 
—  megolara. Forbes et Hanley. 
—  dilatata. Stimpson. 
—  navalis. Cuvier, reg. an. (fide Hanley). 


Coquille latéralement dilatée, oreillette antérieure 
courte, portant une trentaine de stries ; postérieure très- 
large, relevée au-dessus de la charnière et rejoignant 
celle-ci après avoir fait une échancrure profonde. Callo- 
sité de la charnière très-prononcée, oblique ; apophyse 
styloïde longue, mince, fragile. Palettes comme celles du 
Ter. norvagica. 

Hab. Côtes d’Angieterre ; de la Nouvelle-Angleterre ; la 
Rochelle (D’Orbigny). 


Observ. D’après des individus authentiques du Ter. 
dilatata, nous avons pu constater son identité avec le 
Ter. nana. 

Le nom de nana, donné par Turton à un exemplaire 
très-petit ou très-jeune de cette espèce, ne lui convient 
nullement ; c’est ce qui a déterminé MM. Forbes et Han- 
ley à le changer. Mais les lois de l’antériorité s’y opposent. 


UT ee 


8° TEREDO MALLEOLUS. 


Teredo malleolus. Turton. 
— — Forbes et Hanley. 


Valves semblables à celles du T'er. bipennata, mais de 
moindre dimension. Palettes calcaires, aplaties, dilatées 
latéralement, en forme de maillet. Pédicule court, fili- 
forme, se prolongeant sur la palette, dont elle divise l’ex- 
trémité libre en deux parties. 

Hab ? MM. Forbes et Hanley croient cette espèce 
exotique. 


9 TEREDO DIVARICATA. (PI. 7, fig. 7-9.) 


T'eredo divaricata. Deshayes. Mss. 


Coquille globuleuse, arrondie, épaisse; angle antérieur 
droit; oreillette antérieure très-large, portant une quan- 
tité considérable de stries horizontales qui se recourbent 
en haut, vers le bord antérieur; bord antérieur épaissi, 
comme tronqué ; zone interne antérieure extrêmement 
large, ce qui rend la coquille tronquée à son sommet ; 
zone interne postérieure presque nulle, ainsi que l’oreillette 
postérieure. Callosités de la charnière très-larges ‘et très- 
épaisses, surmontées d’une crète horizontale formant tron- 
cature, Apophyse styloïde large et recourbée d’arrière en 
avant. Pédicules très-courts ; palettes tronquées, sembla- 
bles à celles du T'er, norvagica. | 


Longueur de ja coquille 9-40 millim. 
Largeur — ) 


Hab. Sicile. (Golleet. Deshayes, Museum.) 
10 


48! 


Obserr. Gette remarquable espèce se distingue par la 
coquille de toutes ses congénères, dont elle est en quelque 
sorte la plus massive. 


10° TEREDO NORVAGICA. 


T'eredo norvagicus. Spengler. 

—  navalis. Turton. 

—  nigra. Blainville. 

—  Bruguierii. Delle Chiaje. 

—  Deshayesi. Quatrefages. 

—  fatalis. — 

—  senegalensis. Laurent. 
Septaria mediterranea. Mathéron. 


Coquille aussi haute que large, assez épaisse, blan- 
che, sous un épiderme brunâtre, angle antérieur obtus 
(95-1000), chargé de soixante stries environ; oreillette 
postérieure légèrement relevée. Apophyse styloïde mince 
et étroite, arrivant au niveau de l’angle antérieur. Pédi- 
cule des palettes cylindrique, un peu moins long que Ja 
palette, se prolongeant sur sa face externe. Palette large 
supérieurement, arrondie, tronquée, échancrée légère- 
ment ou tricuspide. 


Hab. Toutes les mers d'Europe, côtes N. et O. d’Afri- 
que, E. d’Amérique. 


Observ. Cette espèce, parfaitement reconnaissable, n’a 
été désignée sous son véritable nom, que par très-peu de 
naturalistes. Elle atteint de grandes dimensions. Sa co- 
quille se rapproche seulement de celle du T'er. senegalen- 
sis, mais en diffère par le nombre des stries de l'oreillette 


ABS 2 
antérieure, Elle peut vivre dans le sable, comme le T'eredo 
gigantea. | 


11° TEREDO CLAVA. 


Vermiculus cucurbita. Meuschen. 
T'eredo clava. Gmelin. 

—  nucivorus. Spengler. 
Fistulana gregata. Lamarck. 
Guctera clava. Gray. 

UÜperotis cucurbita. Morch. 


Coquille épaisse, allongée, très-étroite, recouverte d’un 
épiderme brunâtre. Oreillette antérieure portant un petit 
nombre de stries espacées ; postérieure presque nulle, re- 
levée. Apophyse styloïde dirigée obliquement d’avant en 
arrière, terminée par un renflement arrondi et dilaté laté- 
ralement. Angle antérieur très-ouvert (10°). Pédicule 
moins long que la palette, cylindrique, se prolongeant à 
sa face interne. Palette intérieurement lisse ; extérieure- 
ment tuberculeuse, chargée, près de son extrémité libre, 
de stries partant de l’axe longitudinal, dirigées oblique- 
ment de bas en haut, de dedans en dehors. 


Hab. Tranquebar, Pondichérvy, ete. 


Observ. Le tube de cette curieuse espèce est brunâtre, 
contourné sur lui-même. L'animal perfore des noix de 
cocos. La coquille est presque rudimentaire. 


19° TEREDO PEDICELLATA. 


Teredo pedicellatus. Quatrefages. 


Coquille subsphérique à peu près aussi longue que large : 


— 1h00 — 


angle antérieur presque droit (90°), tombant fort en ar- 

rière, Stries très-fines et très-nombreuses. Palmules étroi- 

tes, allongées, portées à l’extrémité d’une sorte de manche 

d'apparence cartilagineuse. Le pédicule est toujours blanc, 

tandis que les palettes sont colorées en brun foncé. Taille 

inférieure de moitié environ à celle du Ter. norvagica. 
Hab. La baie des Passages (Guipuscoa). 


P. Fiscuer. 


(La suite au prochain numéro.) 


rectification de quelques synonymies dans le 


genre Pisidium. (PFEIFFER.) 


Ç 1. 

Il y a un peu plus d’une année que je publiai mon petit 
travail sur les Pisidies vivantes du sud-ouest de la France; 
depuis lors, plusieurs auteurs ont fait paraître des Mé- 
moires, des Catalogues et des Ouvrages dans lesquels la 
synonymie des espèces a été inventée ou changée. 

L'accueil fait à mon petit opuscule m’a encouragé à 
continuer mes études sur ce groupe si difficile des bi- 
valves d’eau douce; et, comme Je le- faisais pressentir 
à la fin de mon introduction, je réunis tous les maté- 
riaux d’une œuvre plus complète, qui comprendra la mo- 
nographie entière des genres Cyclas et Pisidium. Je ne 
me dissimule nullement tous les obstacles que j'aurai à 
surmonter pour faire une œuvre pareille, qui demande 


De OUR PAR | 


PR 


* — All — 
beaucoup de tranquillité d'esprit et de temps ; néanmoins, 
étudiant depuis longtemps ces petits mollusques, j’espère, 
avec laide de mes amis et de mes correspondants, arriver, 
sinon à un travail parfait, du moins à une monographie 
assez exacte au point de vue zoologique et géographique. 

En attendant, je profite de la nouvelle organisation du 
Journal de Conchyliologie, pour rectifier quelques syno- 
nymies et lieux d’habitat pour les espèces du genre Pisi- 
dium. A la fin de la caractéristique du genre, page 580 
de son Histoire naturelle des M ollusques terrestres et flu- 
viatiles de France, M. Moquin-Tandon, parlant de M. de 
Cessac et de moi, nous adresse le reproche d’appartenir 
à la jeune école facile et d’avoir créé trop d’espèces; car, 
- dit-il, « dans les deux récentes publications de ces deux 
« conchyliologistes distingués, 11 s’y trouve sept nouvelles 
« Pisidies, pour le département de 1a Creuse et le bassin 
« aquitanique du sud-ouest. » M. Moquin-Tandon se 
trompe et nous lui montrerons, précisément à cause de 
la facilité dont il nous gratitie, que non-seulement il n’y 
a point sept espèces nouvelles, mais que celles trouvées 
par MM. Dupuy, Normand, de Cessac et moi, quoique 
ayant recu des appellations différentes, n’en sont pas 
moins les mêmes, se rapportant exactement aux types 
déjà décrits. Puisqu’elles ont paru nouvelles à la plupart 
de nos amis, c’est qu’elles sont nettement distinctes des 
autres espèces, et cette distinction, facile pour tous, au 
lieu de les détruire, tend au contraire à les confirmer. 

Il me paraît logique, en effet, de compter beaucoup 
plus sur des observateurs éloignés, qui, des divers points 
d’une contrée comme la France, envoient des espèces 
qu’ils séparent nettement par des caractères tirés du têt, 
des stries, des sommets, des charnières, et enfin des mœurs 


— 142 — 
des animaux, que croire à l’infaillibilité de ceux qui, em- 
brassant un vaste champ d’études différentes, sont obligés 
de s’en rapporter à des communications souvent dépour- 
vues de certitude et qui peuvent induire en erreur lesprit 
le plus sérieux. 

Je ne crois pas que la science ait plus à gagner que 
telle coquille, du genre Hélix, par exemple, soit appelée 
X'atartii par M. Farines, ou bien Var. Canigonensis, par 
M. Moquin. Ces changements, si fréquents depuis quelques 
années, ne sont bons, tout au plus, qu’à surcharger la 
synonymie et à rebuter les pius courageux qu’effraiera 
l'immense érudition de nos modernes réformateurs. L’es- 
sentiel, pour moi, c'est que les caractères zoologiques 
viennent appuyer ceux de la Conchyliologie, pour diffé- 
rencier les individus d’un même groupe. 

Comme le fait remarquer M. Charles des Moulins (1), 
il y a un facies moral dont il faut tenir compte, et qui 
certainement, n’échappe pas aux véritables observa- 
teurs ; car, losqu’une espèce, ou variété, si l’on veut, est 
bien: constante, tous ceux qui l’ont vue une fois se la 
rappelleront parfaitement, et lorsqu'ils la retrouveront 
longtemps après, ils n’hésiteront nullement à la rapporter 
à son type. 

Je crois donc, avant toutes choses, qu’il y a un milieu 
à prendre entre la réunion et la division trop absolues : 
se garder de ces deux écueils est le parti le plus sage, et 
je ferai tout mon possible pour rester dans cette voie qui 
ne me paraît pas aussi facile qu’on pourrait le supposer ; je 
baserai mes opinions sur des observations fréquemment 
répétées, laissant de côté toutes ces prétentions à créer 


(1) Rapport à l’Ac. des sc. de Bordeaux, juillet 1855. 


RE Re ee 


fe 


des écoles, mots impérieux qui semblent vouloir priver 
du libre arbitre ceux qui s’oceupent d’une science qui 
demande, avant tout, l’indépendance et la vérité. 


Ç 2 


PISIDIE DES RIVIÈRES. — Pisidium amnicum. 


Pisid. amnicum, Jenyns ; Monog. on the Cyclas and 
Pisid. in trans. of. the Cambridge phil. soc. vol. IV, p. 14, 
p. 809, n° 6. Tab. XIX, fig. 2. 


Var. B.-nitida, Gassies, Moll. de lAgenais, p. 205. 


Is. Pas. intermedium, Gass. Description des Pisidies 
du sud-ouest de la France, p. 12, n° 2,.pl. 4, fig. A. 


Pis. amnicum var. intermedium, Moq.-Tan. Hist. 
des Moll. terr. et fluv. de France, p. 583, 


M. Moquin-Tandon rapporte ma P. intermédiaire à la 
P. des rivières. Nous lPavons distraite de ce type dont 
elle est nettement tranchée, et nous l’avons élevée au 
rang d'espèce à cause de ses mœurs différentes, de sa cou- 
leur pâle, luisante, ses stries très-fines qui sont, au con- 
traire, très-élevées en sillons chez le type de Jenyns, ses 
umbones moins proéminents et sa charnière manquant 
presque de dent cardinale. 

La Pisidie intermédiaire, au lieu de vivre dans les cours 
d’eau un peu grands, habite les réservoirs des fontaines 
tranquilles, établie dans la vase et les herbes qui garnis- 
sent les berges non bâties. 

Je partage l’opinion de M. Charles des Moulins, qui 
pencherait pour sa réunion à la Pisidie Casertane, dont 
elle diffère néanmoins par une foule de caractères. Mais, 


— All — 


nous le répétons, s’il y a lieu de détruire la Pis, intermé- 
diaire, c’est au bénéfice de la Gasertane que cette destruc- 
tion devra avoir lieu. 

La hauteur est de 8 mill. et la largeur de 10 mill., à 
peu près 1 millimètre de moins que la Pis. des Rivières. 


Voici maintenant la description de M. Moquin-Tandon : 


&. Intermedium. Coquille érès-petite, à rides moins 
fortes, assez régulières. — Passage entre les var. nitidum 
et Gratelupeanum. 


Eh bien, la Pisidie des Rivières, var. nitida, est la même 
que la Pisidie intermédiaire, comme il est facile de le 
constater en lisant mon Mémoire sur jies Pisidies du sud- 
ouest de la France, pag. 11-12. 


». Gratelupeanum, Moq. Coquille £rés-petite, à rides 
plus serrées et plus régulières. (Pis. Grateloupianum, Nor- 
mand, Coup d'œil sur les Cyclades du départ. du Nord.) 

Je dois à l’obligeance de mon ami M. Normand, des 
échantillons-types de son espèce; j'avoue ne rien trouver 
qui puisse justifier son adjonction au type de Jenyns, et 
ce serait bien plutôt à la Pisidie Casertane qu’elle devrait 
être réunie, si les caractères du têt, sa taille constamment 
plus petite, ne suffisaient point pour la distinguer spécifi- 
quement. Les jeunes Pisidies des Rivières sont très-apla- 
ties, avec le bord antérieur très-rostré, tandis que la Pis. 
de Grateloup est à peine oblique et fortement obtuse 
au bord postérieur. 

Les stries sont à peine visibles chez les jeunes de la 
première espèce, quoiqu'ils aient déjà une plus grande 
taille ; tandis que chez la deuxième, elles sont régulières 
et très-sensibles même à l'œil nu. 


= ps 

Ce qui nous prouve que la mémoire de M. Moquin lui 
fait défaut, ce sont les proportions qu’il donne aux deux 
espèces : intermedium et Gratelupeanum.  Goquilles : 
très-petiles. 

L’intermedium a : 8 mill. de haut. sur 0 de larg. (L). 

Le Grateloupianum : 3[h mill. de haut. sur 3 1/2 à À de 
largeur. 


Pisrpie CASERTANE. — Pisidium Casertanum. 


Cardium Casertanum, Poli Test. sic. 2, 1, p. 65. Pased. 
Casertanum, Bourg. 


Var. Gassiesianum, Moq., loc. cit., p. 585. 


« Goquille beaucoup plus petite, plus allongée, morns 
« arrondie en avant, plus enflée vers le haut (Pis. Gassie- 
sianum, Dup. loc. cit., janvier 1849, n°232. —P. Limo- 
sum, Gass. Moll. Agen., mars 1849, p. 206, pl. 11, 
« fig. 10, 11.) » 

M. Moquin reproduit encore ici l'erreur d’impression 
de l’ouvrage de mon ami M. l'abbé Dupuy, et que j'ai re- 
levée dans ma 2° note additionnelle à la faune de la Gi- 
ronde. La Pisidie bourbeuse est une variété de la Caser- 
tane, à laquelle je l’ai réunie dans mon Mémoire sur les 
espèces du sud-ouest. Son habitat à Agen est Ghantilly- 
sous-Pécau, rive gauche de la Garonne. — La Pisidie de 
Gassies habite les eaux courantes et froides de Ratier, sur 
la rive gauche de la Garonne, au milieu des feuilles de 
chêne mortes et de la vase peu épaisse. Elle est assez com- 
mune dans la Jalle de Blanquefort, et dans l’Estey de 
Bègles, près Bordeaux. 


Æ 


"= 
Z 


(A) C'est-à-dire un millimètre en moins que lamnicum. 


Me Le 
Les synonymes de M. l'abbé Dupuy, comme les habi- 
tats, ont été intervertis, probablement par défaut de cor- 
rection dans les épreuves, car le savant naturaliste d’Auch 
a recueilli avec moi la Pisidie de Gassies à Ratier en 1849. 


Pisip. GASSIESIANUM, Dupuy. 


Jde ne puis comprendre pourquoi cette espèce, parfaite- 
ment obtuse à tous ses angles, arrondie comme un grain 
de miilet, a pu être réunie à la Pisid, Casertane, cons- 
tamment rostrée et oblique. 

Les personnes les moins familières avec les Pisidies, dis- 
unguent cette espèce, qui m’a été envoyée de divers points 
de la France, parfaitement séparée des autres. 

En outre, des conchyliologistes très-exercés, mais qui 
n'avaient point eu d’échantillons-types, l’ont élevée au 
rang d’espèce sous les appellations suivantes : 


Pis. tetragonum, Normand, loc. cit. 


Pis. Baudonianum, de Cessac, descript. de deux nouv. 
Pisidies du départ. de la Creuse, in Bull. Soc. des sciences 
nat. de la Creuse, t. IT, ann. 4855. 


J'ai reçu de ces messieurs les échantillons authentiques, 
et aucun doute ne m'est resté sur la similitude des indi- 
vidus avec ceux de nos contrées. Aucun de ces auteurs, 
non plus que M. Dupuy et moi, n’ont songé à la placer 
dans le groupe de la Pis. Casertane, dont elle diffère par 
les caractères les plus saillants. 

M. Drouët pense que ce pourrait être la Pisid. Luisante 
(Pis. nitidum Jenyns). J’ai aujourd’hui des exemplaires- 
types de l’espèce anglaise, et ne puis voir dans ceux dé- 
crits par MM. Dupuy, Normand et de Cessac, les moindres 
points de ressemblance, si ce n’est la couleur et le luisant 


— 117 — 


du têt. D’ailleurs, la forme de la Pisidie luisante est beau- 
coup plus haute, plus orbiculaire et à bords libres tran- 
chants, tandis que la Pisidie de Gassies à ses bords libres, 
presque rentrants et mousses. 


PisibiE DE Bonnaroux, Pisidium Bonafouxianum, 
Paul de Cessac. In. Bull. des Sciences nat. de la Creuse 


(1855). 


Je venais de publier mon Mémoire sur le sud-ouest de 
la France, lorsque M. de Cessac m’envoya sa notice sur 
la « Description des deux Pisidies nouvelles du départe- 
ment de la Creuse (Pis. Baudonianum et P. Bonafouxtia- 
num), et indication d’une troisième (P. Rotonae)e aussi 
du même département. » 

Je devais à l’obiigeance de l’auteur la plupart des Pisi- 
dies de la Creuse, et j'avais cité cet habitat dans la Pisidie 
de Jaudouin, page 18. 

En effet, les échantillons de M. de Cessac sont complé- 
tement identiques à ceux de la Garonne, et doivent par 
conséquent, par droit d’antériorité, échanger leur nom de 
P. Bonafouxianum contre celui de P. J'audouinianum. 

Je ne connais pas le P. Rotundum, mais je suis porté 
à penser qu’il AOPALTERE au même groupe que le P. Jau- 
douinianum. | 

De tous ces synonymes, il résulte ceci : que les Pisidies 
décrites par M. de Cessac et moi se réduisent à quatre 
nouvelles, qui pourront rentrer, par suite d’un travail plus 
complet, dans des types plus rigoureux. 


Le but de cette note est de prémunir nos amis contre 
certaines insinuations, et leur prouver que les reproches 
qui nous sont adressés par M. Moquin-Tandon ne sont 
pas exacts, tandis qu’au contraire sa synonymie montre la 


— 448 — 
hâte excessive avec laquelle cette partie de son ouvrage a 
été traitée. 
Juin 1856. 
GASSIES. 


Note sur le Vitrina Maravignæ. 


Dans notre Monographie des Daudebardies, nous 
avons signalé en Sicile la présence de trois espèces : les 
D. rufa, brevipes et sicula. Nous ne savons pas si ce 
nombre sera augmenté par des recherches ultérieures ; 
toutefois, nous ferons remarquer qu’une Daudebardie a 
été décrite depuis longtemps sous l'appellation de Vitrine. 
Voici les caractères qui lui sont assignés. 


DAUDEBARDIA MARAVIGNEÆ, 


Vitrina Maravignæ. Pirajno. moll. madon. p. 414, etc. 
— —— Philippi, Enumer. moll. Sicil., t. 2. 
p. 216 (1844). 
— = L. Pfeiffer, Mon. helic. et supp. 
(1848-1853), 


« T'esta depressa, convexiuscula, ovali, corne: virente, 
«tenuti, nitida, subpellucida, umbilicata, longitudinali- 
cter striata ; anfractibus 2 4/2; ultimo maximo, pro- 
«tracto;apertura amplissima, valdè obliqua, subovata. » 

Hab. 7n montibus Nebrodibus. | 

D’après cette diagnose, on ne peut méconnaître Île 


— 149 — 
genre auquel appartient la coquille de M. Pirajno; la 
présence d’un ombilic doit la faire ranger, sans aucun 
doute, dans le genre Daudebardie, Le D. brevipes s’en 
rapproche par sa description. Est-ce le même ? Nous at- 
tendrons là-dessus lavis des naturalistes de Sicile ; nous 


avons voulu seulement signaler une erreur partagée par 
MM. Philippi et Pfeiffer. 


P. Fiscner. 


Deuxième Supplément au Gatalogue des 
. Coquilles trouvées à la Guadeloupe. 


Il serait superflu de revenir ici sur ce que nous avons 
dit dans les premiers volumes du Journal de Conchylio- 
logie, relativement aux avantages qu’offrent, pour l’étude 
des mollusques en général, les recherches et les travaux 
qui ont pour objet de faire connaître les espèces propres 
à une localité déterminée. Nous renverrons à cet égard le 
lecteur à nos précédents articles, et notamment à la No- 
tice que nous avons publiée en 1851, sur les coquilles 
trouvées à la Guadeloupe. 

Nous avons donné successivement dans ce Journal, 
(vol. #, p. 422, et vol. 4, p. 413 ) deux listes contenant 
lénumération de près de 320 espèces rencontrées soit 
sur les côtes, soit dans l’intérieur de cette île, par M. le 
commandant Beau, qui avait apporté le plus grand soin à 
s'assurer que ces mollusques appartenaient bien à cette 
localité. 


Su 


— 150 — 

Depuis, M. Schramm s’est joint à lui, et a découvert 
plusieurs espèces qui avaient échappé aux premières ex- 
plorations; enfin, un nouveau collecteur, M. Caillet. 
aussi zélé et non moins habile, nous en à indiqué plu- 
sieurs autres ; et, d’après ce qu'il nous écrit, il est per- 
mis de penser que la faune malacologique de la colonie 
est bien autrewent riche qu’on l’a cru jusqu’à présent. 

En attendant que nous puissions faire connaître le ré- 
sultat de nouvelles investigations que M. Caillet poursuit 
en ce moment, nous avons cru qu’il serait utile de don- 
ner aujourd'hui une troisième liste de Mollusques dont la 
présence à la Guadeloupe aété constatée authentiquement 
dans le cours des deux dernières années. Si lon admet, 
avec nous, que ces explorations, toutes locales, offrent 
un véritable intérêt scientifique, on reconnaîtra aussi qu’il 
est Juste d’en reporter l'honneur à ceux qui s’y livrent 
avec un zèle d'autant plus méritoire que le climat des An- 
tilles rend l’accomplissement de cette iâche extrêmement 
pénible. Nous consignons donc ici l'expression des re- 
merciments dus à MM. Beau, Schramm et Caillet pour 
leürs obligeantes communications. 


CorBuLa Lavelleana D'Orbigny. 
Tezzixa pellucida Philippi. 
Lucia aurantia | Deshayes. 
CYTBEREZ Kingii Gray 
Govipra….? 

Venus eximia Philippi. 


crenulata jun ? 
CYPRICARDIA gracilis Shuttleworth. 
ARCA Adamsi Shuttleworth. 


ARCA 


CHaAMA 


LiTHODOMTS 
AVICULA 
Lucixa 
OSTRÆ4 


CHITON 


— 


PHAKELTOPIEURA 


DENTALIUM 


PATELLA 


EMARGINULA 


FISSURELLA 


SIPHONARIA 
CREPIDULA 


Hippoxyx 


— 1351 — 


Indica 
Brasiliana 
Venosa 
Sarda 


cinnamomeus 


longisquamosa 


Caribæa . 
rubella 


squamulosus 
marmoratus 


purpurascens 


Schrammi 
pectinatus 


spiculosa 
Antillarum . 
semistriat 
dispariie 
albicosta 


clausa 
depressa 


radiata 


balanoides ? 
Barbadensis 
alternata 
elongata 
gemmulaia 


lineata 
unguiformis 


antiqua la 


Gel. 

Lam. 

Reere. 
Id. 


Chemnitz. 
Dunker. 
D’Orbigny. 
Lamk. 

C. B. Adarmns. 
Chemnitz. 

C. B. Adams. 


Shuttleworth. 
Sowerby. 


Gray. 
D’Orbigny. 
Guilding. 
D'Orbigry. 

C. B. Adams. 
D'Orbigny. 
Blaint. 

Lam. 


Reere. 
Lam. 
Say. 
Reere. 
Id. 


D'Orbignuy. 
Lam. 
Lin. 


BULLA 


BuLIMUS 


3LAUNERIA 


TRUNCATELLA 
PEDIPES 
VAGINULUS 
PaysA 


ANCYLUS 


SUCCINEA 
AMNICOLA 
R1SSOINA 
CHEMNITZIA 
NERITA 


FosSsARUS 


TROCHUS 


TurBo 
TERLBRA 


LITTORINA 


— 152 — 
canaliculata 
olivula 


Caraccasensis 
heteroclita 
pellucida 
clathrus 
Caribœus 
quadridens 
occidentalis 
Sowerbiana var. 
vbscurus 
Chittyi 
Petitianus 
Candeana 
Candeana 
Catesbyana 
pupoides 
præcognita 
Narica sulcatu 


Hotessierianus 
spinulosus 


castaneus 
obesa ? 


nodulosa 
tuberculata 
dilatata 
trochiformis 
nodulosa 


D'Orbigny. 
C. B. Adams. 
Reeve. 


Montag. 
Pfeiffer. 


Lam. 
S0W. 


Pfeiffer. 
Guilding. 
DOrbigny. 
Haldm. 
C. B. Adams. 
Bourg. 
Lea. 
D’Orbigny. 
Id. 
Id. 
C. Adams. 


D'Orbigny. 
Idem. 
Lam. 
Gmel. 
Îinds. 
Philip. 
D’Orbigny. 
Id. 
Düll. | 
D’Orgigny. | 


PHASIANELLA 


CERITHIUM 


ns 


PLEUROTOMA 
CANCELLARIA 
MurEx 
TRITON 
PurPURA 
COLUMBELLA 


CYPRÆA 


OrivA 


Nous profiterons de la publication de cette liste sup- 
plémentaire, pour mettre sous les yeux du lecteur diverses 
observations relatives à quelques-unes des espèces ins- 
crites sur nos deux listes précédentes (1), et même à plu- 


— 153 — 
minima 
gutlata 
Orbignyana 
tessellata 
tessellata 
caudatum 
costatum ? 
gibberulum 
punctatum 
Subulatum 
Emersonii 
collaris 
rugoOsa 
Cailleti 
lanceolatum 


galea 


‘obesa 


globosa 
pilula ? 
dealbata 
fimbriata 


Wood. 
Philip. 
Id. 
Id, 
C. B. Adams. 
Sow. 
Wood. 
C. B. Adams, 
Lin. 
Mont. 
C. B. Adams. 
ñeeve. 
Lam. 
Petit. 
Kien. 
Chem. 
C. B. Adams. 
Gray. 
Kien. 


Reeve. 
Id. 


sieurs de ceiles qui figurent au Catalogue ci-dessus. 


4) Voir vol. 3, pag. 4292.et vol. 4, pag. 413 de la première série du 


Journal de Conchyliologie. 


11 


— #54 — 
Dans la premiere liste, il sera bon de noter ce qui suit : 
1° La synonymie de lespèce inscrite sous le rom de 
Succinea appendiculata Pfeilfer, doit être établie de la 
manière suivante : 


Succinea depressa. Rang. Mag. z00l. (1834). 
— Pfeiff, Mon. helic. (1848). 
Succinea appendiculata Pfeil. Zeitschrift. (1848). 
Omalonyx. — H. et À. Adams gen. (1855). 
Helisiga. — Pfeiff. Zeitschrift. (1855). 
— depressa. id. id. (1855). 


PerricuLA depressa. Fischer. (1856). 


Nota. Le G. Pellicula a été établi dernièrement par 
M. Fischer, et décrit avec des détails anatomiques dans 
un Mémoire inséré dans les Actes de la Société Linnéenne 
de Bordeaux, tome XX, 5° livraison. 

L'animal est tout à fait différent des Succinées, et se 
rapproche de celui des Arions par la mâchoire et les or- 
ganes générateurs. 

Le même auteur a fait Panatomie du S. (Omalonyx) 
unguis, de la Guadeloupe, dont il établit ainsi la synony- 
mie surchargée. 


Helix (Gochlohydra) unguis. Fer. — D’Orb. (1835). 


Amphibulina — Beck. Ind (1837). 
T'estacella — Lesson Rev.zool. (1838) 
— Guadeloupensis. Lesson loc. ci. (1838). 
— Matherontü.  Potiez et Mich. (1838). 
Succinea haliotideu. Mittre. Rev.zool. (1844). 
Omalonyx wnguis. D’Orbig. voy. (1841). 
Helisiga  — Pfeiff. Zeitschr. (1855). 
T'estacella antillarum. Gratel. Limac. (1855). 


< nn hd Re 7 ” 


— 155 — 

2 L'espèce que nous avons portée au Catalogue sous 
le nom de Chiton marmoreus, var. Ghem., est le Chiton 
fasciatus de Wood ; et le Chiton similis est une variété 
du Chiton squamosus L. 

3° La Patella pulcherrina, Guilding, est la Patella 
Candeana de M. d’Orbigny. | 

k° L’Hélice que nous avons désignée sous le nom d’/4. 
fuliginea, est V AH. pachygastra de M. Gray. 

9° La coquille à laquelle nous avons donné le nom de 
Buccineum Coromandelianum var. ,estle T. Caribæorum 
d’'Orbigny, et appartient au sous-genre Pollia de Gray. 

À notre seconde liste se rattachent les observations ci- 
après : 

1° La coquille portée sous le nom de Petricola robusta 
Sow., paraît être l’espèce sur laquelle M. Jonas a établi 
en 1844 (Zeitschrift fur malacol. p. 185) le genre CAho- 
ristodon, dont le caractère principal, la présence d’un 
osselet intérieur, demanderait à être vérifié. 

2° Nous avons inscrit par erreur, sous la désignation 
de Venus Lamarkü, le Cytherea Kingii de Gray (G. mo- 
desta. Phil.) 

3° Le Dosinia tenuis de M. Récluz nous semble devoir 
être rangé dans le G. Lucinopsis de MM. Forbes et Hanley. 

h° Le Chiton auquel nous avons donné le nom de 
Ch. occidentalis Reeve, n’est autre que le Chit. squamo : 
sus de Linné. 

5° Ïl y aura aussi lieu de retrancher de notre deuxième 
liste les Fissurella gibberula, et F. OEgis, et de rem- 
placer ces noms par ceux de F, alternata Say, et F. elon- 
gata Reeve. 

6° M. Redfield, de New-York, décrivait presque en 
même temps que nous, sous le nom de Cyclostoma inor- 


— 156 — 


natum, l'espèce qui figure dans le Catalogne, et que nous 
avons décrite dans le journal (année 1853, pl. 41, p. 11- 


12). sous le nom de Cycl. Beauianum. C’est M. Redfield” 


lui-même qui nous à signalé ce double emploi, après 
avoir reconnu l'identité des deux espèces. 

7° Le Sigaretus zonatus d’Orbigny, paraît être le S. 
antillarum de Philippi. 

& Le Triton Cantrainei, figuré dans le 4° volume du 
journal (pl. 8, f. 10) appartient, selon M. Shuttleworth, 
au genre Murex, et serait la coquille que CG. B. Adams a 
décrite sous le nom de Murex pauperculus. 

9° Nous avons laissé passer une faute typographique 
dans notre Catalogue (p. 419) au sujet de deux Cyprœa 
que nous avons désignés sous les noms de Cypræa cor- 
nea et Gyp. rosea, ïi faut lire : 

C. cornea Gray 
— rosea Kien. 

En ce qui concerne le Catalogue supplémentaire que 
nous venons de donner ci-dessus, nous ajouterons les 
explications qui suivent : 

1° Nous avons porté dans cette nouvelle liste, comme 
appartenant probablement au Genre Gouldia de G. B. 
Adams, une petite bivalve voisine de la Gould. parva, et 
qui se rapproche des Crassatella Martinicensis et Cr. 
Guadeloupensis de M. d’Orbigny. 

> Le Bulimus Carraccensis Reeve, a été rangé par 
M. Shuttieworth dans son Genre Stenogyra. 

3° M. Shuttleworth, qui fait aujourd’hui une étude 
toute particulière des coquilles propres aux mers des An- 
tüilles, a bien voulu nous communiquer ia synonymie sui- 


vante de la coquille qui a servi de type à son genre Brau- 
NERIA. 


BLAUNERIA heteroclita. 


Voluta heterochita Mont. sup. p. 169 (1808). 
— Laskey. Wern. I. p. 398, t 6. 

f 12 (1821). 

Actæon heteroclita Fleming Brit. anim. 

Achatina pellucida Pfeil, (1840). 

Tornatellina Cubensis Pfeift. (18/42). 

Auricula heteroclita  Thorp. Brit. mar. 

Tornatella heteroclita Forbes et Hanl. (1853), Brit. mol. 
t. 734,16: 026: 

Blauneria pellucida  P£ Menk, malacoz. blatter (1855). 


Cette intéressante coquille, qui paraît avoir été trou- 
vée autrefois en Angleterre sur les côtes de Dunbar, avait 
été regardée comme appartenant à un mollusque marin 
par Montagu et par Fleming, qui la considérait comme 
devant être le type d’un nouveau genre. M. Pfeiffer la 
prenait pour une coquille terrestre. On sait aujourd’hui 
qu’elle vit, à l’instar de certaines conovules, sur la partie 
des rives de la mer baignée par la marée : c’est un fait qui 
a été constaté par nos correspondants de la Guadeloupe, 
et qui nous a élé confirmé par M. Shuttleworth. C’est 
aussi à cet obligeant conchyliologue que nous devons 
plusieurs des observations qui précèdent, et nous le re- 
mercions pour lassistance qu’il a bien voulu nous prêter 
dans l’étude des mollusques de la Guadeloupe. 


Nous terminerons notre article par la citation d’un fait 
qui sera d’un haut intérêt pour la science : nous voulons 
parler de la découverte, dans les eaux de la Guadeloupe, 
d’une coquille vivante appartenant au genre Pleuro- 
tomaria, qu’on ne connaissait encore qu’à lPétat fossile. 


— 158 — 
Cette coquille devant être décrite et figurée dans la pré- 
sente livraison du Journal de Conchyliologie, nous ne 
pouvons que renvoyer le lecteur au travail de MM. Ber- 
nardi et Fischer. 


S. P£ETIT 


Mollusques terrestres et fluviatiles à ajouter 
aux Catalogues français. 


PALUDINA RUFESCENS. 


Paludina rufescens Kuster. Syst. conch. cab. p. A, 
n° 45 (1852). 


« P. Testa minima, obliquë rimata, subcylindrica, 
« tenus, diaphana, subglabra, nitidula, rufescenti- 
«{lava ; spira aperturam superante, apice obtusa ; an- 
« fractibus h convexis, penultimo subinflato; apertura 
«ampla, ovali ; marginibus continuis, peristomate semi- 
«ctrculari, rotundato ; margine columellart reflexius- 
« Culo. » 

Hab. Pyrénées. 


Nous connaissons depuis longtemps cette jolie espèce, 
qui a été découverte par le docteur Soubervie, directeur 
du Musée de Bordeaux. Voici ce qu’il nous à écrit : 
«Je ne sais jusqu’à quel point le uom de rufescens lui 
« est applicable, cette couleur provenait de l’eau dans la- 
« quelle je l’ai trouvée ; c'était un filet d’eau ferrugineuse 


— 159 — 
« qui suintait de la roche, à deux kilomètres environ de 
« Luchon. » 

Les individus que nous avons examinés présentent 
deux formes, ainsi que dans les maillots : ils sont courts 
et ventrus, ou légèrement allongés. L'espèce appartient 
au groupe des Pal. (Hydrobia) viridis, rubiginosa, etc. 
Sa taille leur est toutefois de beaucoup inférieure. 


HELIX MICROPLEUROS. 


Helix micropleuros J. Paget. In ann. mag. Hist. nat. 
Lond., p. 154 (1854). 


« Animal breve, suprà nigrescens, subtüs albescens, 
« semipellucidum, tentaculis superioribus griseo-nigres- 
« centibus, crassiusculis et obtusis, inferioribus brevio- 
«ribus et pallidis. » 

«EH. T'esta minutissima, subdepressa, suprâ planius- 
« cula; subtus convexa, costata, apertè umbilicata ; 
«apertura rotundato-lunata, peristomate recto, sim- 
«plice, aculo. Anfractibus 3 1/2 convexiusculis, pau- 
« latim accrescentibus et suturä sat perspicuä separatis ; 
« ultimo majore. » 


Diam. 4 1/2-2 mill. Long. À mill. 
Hab. Propé Montpellier. 


Cette espèce, voisine des el. pygmæa et rupestris, 
porte des côtes moins prononcées que chez PA. costata. 


Nous avons cru devoir signaler ces deux espèces à 
l'attention des naturalistes; car aucun des Catalogues 
partiels ou généraux de la France n’en fait mention. 


P. FiscHer, 


— 160 — 


Description d’un Pleurotomaire vivant, 
par MM. Fiscuer et BERNARDI. 


& 1. 


La Guadeloupe et Marie-Galante sont deux îles dont 
la faune terrestre et fluviatile est assez pauvre en compa- 
raison de celle des autres Antilles. Il n’en est pas de 
même de la faune conchyliologique marine, et l’on peut 
en apprécier la richesse en consultant le Catalogue et les 
deux suppléments publiés par M. Petit de la Saussaye. 
Les espèces nouvelles qui ont appelé d’abord l'attention 
des naturalistes sur ce groupe, ont été données incidem- 
ment par M. d'Orbigny ; Rang en avait déjà fait connaître 
quelques-unes, mais il s'était plutôt attaché aux mollus- 
ques de la Martinique. Quoi qu’il en soit, les découvertes 
n'auraient guère avancé, si plusieurs explorateurs zélés, 
parmi lesquels il faut citer MM. Beau, Caillet, Schramm, de 
Villepin, n’avaient continué depuis longues années leurs 
coûteuses mais intéressantes recherches. Ils ont pu arriver 
ainsi à former des collections considérables, renfermant 
beaucoup d’espèces nouvelles, et de genres même incon- 
nus jusqu'alors. MM. Petit, Récluz, Shuttlewotth, Red- 
field, ont profité des matériaux amassés:; mais ils sont 
loin de les avoir épuisés, et par la description du Pleu- 
rotomaire, nous commençons une série d'articles qui fe- 
ront connaître des formes remarquables et inattendues 
dans les genres vivants de cette contrée, 


Le genre Pleurotomaire, établi par Defrance, est une 
de ces coupes naturelles dont les caractères constants se 
reproduisent dans toutes les espèces et préviennent des 
démembrements plus ou moins bien motivés. 

La coquille est trochiforme, nacrée intérieurement ; la 
spire présente un assez grand nombre de tours ; enfin le 
bord droit non réfléchi est divisé par une entaille remon- 
tant à une distance variable de Îa spire. Cette entaille 
doit exister en tous temps ; animal en se développant la 
ferme peu à peu, mais en laisse toujours subsister une 
portion. 

Nous ne nous étendrons pas sur la distribution et l’im- 
portance des Pleurotomaires dans les couches géologi- 
ques. On les retrouve à tous les étages, mais en nombre 
inégal. Quelques espèces apparaissent dans l'étage silu- 
rien ; leur nombre augmente dans le dévonien, et ils 
constituent une partie considérable de la population ma- 
lacologique des terrains paléozoïques. Le nombre des es- 
pèces atteint son maximum dans les couches inférieures 
des terrains jurassiques, diminue dans la craie ei devient 
presque insignifiant dans les terrains tertiaires, où les es- 
pèces ne remontent pas jusqu'aux étages supérieurs. [y a 
là comme, pour un certain nombre de genres de Mollus- 
ques, une interruption dans la succession des espèces; et 
plusieurs géologues ont pu en conclure, par cela même, 
que les Pleurotomaires ne devaient pas être trouvés vi- 
vants. La découverte d’un individu de ce genre aux An- 
ülles est un démenti éclatant, et acquiert à nos yeux fa 
même valeur que la trouvaille des FTrigonies dans les mers 
australes, des Thécidées dans la Méditerranée. Les An- 


FES — 
ulles ont donc à revendiquer le Pleurotomaire vivant, 
après avoir fourni la Pholadomye et l'Encrine. Ges faits 
nous donnent de lespoir pour les découvertes subsé- 
quentes. 


$ 5. 


Avant de prononcer sur la place véritable de la coquille 
de Marie-Galante, nous avons étudié les genres voisins, 
afin de ne laisser subsister aucun doute sur la légitimité 
de sa classification. 

On peut rapprocher les Pleurotomaires des Murchiso- 
nia, Trochotoma (Ditremaria d'Orb.) et Scissurella. 

Les Murchisonia sont des coquilles turriculées, élevées. 
étroites : en un mot, des Turritelles à entaille. 

Dans les T'rochotoma., l’entaille est fermée. 

Les Scissurella constituent un groupe de très-petites 
coquilles dont l’entaille, il est vrai, est presque semblable 
à celle des Pleurotomaires ; mais elles en diffèrent par 
leur spire plus aplatie, formée de moins de tours, et par 
l’absence de nacre à l’intérieur. 

On peut donc conclure que notre coquille appartient 
bien au genre Pleurotomaire et au groupe des espèces à 
entaille large, quoique celle-ci n’atteigne pas la largeur de 
plusieurs fossiles de mêmes dimensions. 


$ A. 

Le Pleurotomaire a été trouvé privé de son animal en- 
tier ; quelques fragments restaient encore, mais nul ves- 
tige d’opercule. Cette partie existe-t-elle? la question a 
été souvent agitée, et résolue pour la négative, par tous 
les naturalistes. Les géologues allèguent qu’on pourrait le 


— 163 — 

retrouver encore dans plusieurs localités où les Pleuroto- 
maires sont d’une parfaite conservation ; les zoologistes, 
d’après linspection seule de la fissure, admettent de 
grands rapports d'organisation entre lanimal des Halio- 
tides et celui des Pleurotomaires. Quelques auteurs an- 
glais ont été plus loin, en classant les Pleurotomaires dans 
le voisinage des Emarginules. Nous ne saurions admettre 
cette dernière donnée ; et nous pensons, à l’exemple de 
Lamarck et de son savant continuateur M. Deshavyes, que 
notre genre forme la transition naturelle entre les Trochus 
et les Æaliotis. 

Nous ne saurions, d’après nos connaissances, rien pré- 
voir sur l’existence d’un opercule. Il peut être très-mince 
et s'enfoncer profondément dans la coquille, jusqu’au 
point où commence la fissure. 

L'étude des animaux des genres voisins peut seule faire 
hasarder quelques suppositions. 

Les Suliquaria possèdent un opercule assez épais, et 
les branchies forment une suite d’appendices pectinés, 
destinés à traverser la fente de la coquille. 

Les ÆHaliotis ont leurs branchies placées sous la co- 
quille, et en communication avec l’eau de la mer par les 
prolongements charnus qui passent par les trous du têt. 

Nous ne savons rien des animaux des genres Trocho- 
toma et Murchisonia, connus seulement à l’état fossile. 

L'animal des Scissurella semble être celui qui doit se 
rapprocher le plus du mollusque des Pleurotomaires, On 
a peu de détails sur son organisation. D’après Sars, il est 
semblable à celui d’un Trochus; M. Lucas Barret (L) à 


(4) Ann. and Magaz. Hist. nat Lond. Ire série, p. 206 (1856).— Cf. encore 
p. 269. 319, 321, 401 et 2° série. P. 36, 188. 


— 164 — 
pu étudier tout récemment le Scissurella crispata vivant. 
Malheureusement la figure et Ia note qu’il a données à ce 


sujet ne sont pas assez détaillées. Nous citons textuelle- 
nent : 


MEMORANDUM ON THE ANIMAL OF SCISSURELLA CRISPATA. 


« Tentacles long, serrated, at the base of wich are 
« placed the eyes; foot furnished with two pointed lap- 
« pets and two long slender serrated cirri on each side. 
« Operculuim very thin, ovate with an obscure, subspiral 
« nucleus. » 


€<Wo part of the animal wus external to the shell. 
€ The only living specimen occured at Hammerfest, 
Q2n 0 to 80 fathoms’ water. When it was placed in a 
« glass of sea-water, it crawled up the side and scraped 
«the glass with ils tongue. After immersion in spirit it 
becam inky-black. » 


& 


Comme on le voit, la présence des cirres ciliés sur les 
côtés de l’animal, ses tentacules également ciliés, son vo- 
lume peu considérable proportionnellement à la coquille, 
et qui lui permet d’y rentrer jusqu’à une assez grande 
profondeur, la présence enfin d’un opercule très-minee 
avec un nucleus subspiral, constituent des caractères or- 
ganiques rapprochant, sans aucun doute, ce curieux Mol- 
lusque des Trochus. La scissure ne servirait-elle alors à 
aucun usage ? 

La découverte de M. Barret a amené dans le Re- 
cueil anglais plusieurs communications intéressantes de 
MM. Jeffreys, Gray, Woodward et Clark. Ce dernier au- 
teur, déjà connu par ses belles études sur les Mollusques 
de la Grande-Bretagne, a formulé son opinion d’une ma- 


tasse 
nière très-explicite : « M. Barrel's fiqure, is that of à 
« decided Trochidan.» 

Nous laissons à la sagacité des conchyliologues lhon- 
neur d’une hypothèse juste ; nous nous bornons à former 
des vœux pour que les collecteurs de Marie-Galante et de 
la Guadeloupe recueillent l’habitant d’une aussi intéres- 
sante coquille. Nous doutons que cette découverte ait 
lieu de longtemps, car lunique coquille a été prise à 
une grande profondeur. Elle doit y vivre ainsi, comme la 
Scissurelle et le Priam, dont nous avons reçu un frag- 
ment d’animal insuffisant pour reconnaître le moindre 
organe. Cependant on ne peut désespérer de rien avec 
des chercheurs habiles et qui comprennent l’importance 
de l’étude des animaux. 


Ç 5. 


PLEUROTOMARIA QuoyANA. 


(PL. 5, fig. 1-3.) 


P. T'esta superné trocliformis, infernè complanata 
et paululim concava sed non umbilicata; obtusè cari- 
nata, ad basim rotundata ; vertice acuminato; anfrac- 
tibus 9, breviter accrescentibus, propè suturam inflatis 
rotundatisque; fascia fissuræ bipartitis, suprà fasciam 
tuberculis elegantissimis, decussatim et obliqué disposi- 
lis ; anfrà fasciam tuberculis majoribus, rectè radianti- 
bus ; munitis. Fascia fissuræ sulcis concentricis et strüs 
semi-circularibus decussata. Depressio umbilicalis exca- 
vala,margarilacea, sulcis concentricis circumdata ; aper- 
tura semi-ovala intùs margaritacea; columella tenu 
callo margaritaceo munita ; peristomate simplici, acuto, 


= A6 


non mnargaritaceo, oblusé angulato, fissurà latè diviso. 
Testa pallidè carneu; maculis rufis, evanescentibus, 
præsertim in ultimo anfractu, ornata. 


Hauteur de la coquille. . . A5 mill. 
Largeur de la base. . . . . 35 —— 
Hauteur’de la bouche. . . . 415 — 
Longueur de l’entaille.. . . 30 — 
Largeur — 2 112 — 


« Goquille trochiforme, à base arrondie, aplatie et 
concave, mais non ombiliquée ; obtusément carénée; 
« sommet acuminé ; neuf tours de spire, augmentant gra- 
« duellement ; arrondis et renflés près de la suture ; divi- 
« sés en deux portions par la fascie de la fissure; une 
« supérieure portant des tubercules obliquement dirigés ; 
« une inférieure chargée de tabercules plus volumineux, 
« dirigés verticalement. Fascie de la fissure décussée par 
« des stries concentriques et semi-circulaires. Dépression 
« ombilicale excavée, nacrée, irisée, entourée de sillons 
« concentriques ; ouverture semi-ovale ; columelle recou- 
« verte d’une légère callosité nacrée ; péristome non ré- 
« fléchi, tranchant, sans’ nacre, obtusément anguleux, 
« divisé profondément par la fissure. La coquille est d’un 
« rose pâle, ornée de taches obscures, brunâtres, surtout 
« vers le dernier tour. » 


_ 
= 


Habit. Marie-Galante. 


M. le commandant Beau nous a communiqué cette 
belle coquille, Nous la dédions à M. Quoy, auquel la 
Malacologie est redevable de travaux si recommandables. 


F. et B. 


— 167 — 


Description d’une nouvelle espèce de Hatia, 
par M. Mscner. 


LaTiA GaAssiEsrANA. NVobis. (PI. 7, fig. 1-3). 


L. T'esta ancyliforms, extûs virescens, apice rufo; 
intüs rufula; lævigata, anticè rotundata, posticè sub- 
truncata, dilataque ; anfractibus ferè 2; apice obtuso, 
minutissimo, columellam non aïtingentr ; apertura per- 
ampla, posticè et extüs dilatata, acutè angulata ; lamella 
sepliformi tenui, breviter appendiculata; margine dex- 
tro recto, posticèé angulato. 


Longueur 9 mill. 
Largeur 7 4/2 mill. 


« Goquille ancyliforme, extérieurement d’un vert sale ; 
«brunâtre au sommet ; intérieurement roussâtre ; lisse, 
« arrondie antérieurement, subtronquée postérieurement 
« et largement dilatée. Deux tours de spire environ ; som- 
« met obtus, n’adhérant pas au bord columellaire. Ou- 
« verture très-ample, dilatée en arrière; lamelle septi- 
«forme mince, blanche, transparente ; sa partie libre 
« (mucro) courte; bord droit non flexueux, très-anguleux 
« en arrière au point où il se réunit au bord columellaire. » 
| Gette espèce, remarquable par l'angle de son bord droit, 
fait le passage des Latia aux Navicelles ou Néritines. Sa 
forme ne la rapproche que du Latia Petitiana que nous 
avons figuré pl. 5, fig. 10 (1) ; elle est l’opposé de celle 


(1) Cette figure ne marque pas assez la direction verticale du bord droit 
qui fait un léger angle avec le bord postérieur. Nous avons recu d’autres 
exemplaires atteignant 8 1/2 — 9 millimètres de longueur. 


CS 
du Z. Nérutoides (pl. 3, fig. 11). Elle diffère de la pre- 
mière par sa spire, le développement du bord postérieur, 
la couleur, etc. 

L’exemplaire qui a servi de type à la description, nous 
a été communiqué par M. Jaudouin, de Bordeaux, ama- 
teur zélé de Gonchyliologie. La localité nous est incon- 
nue ; mais il est probable que le genre Latia est confiné 
dans la Nouvelle-Zélande. Nous dédions l’espèce nouvelle 
à notre ami et collaborateur M, Gassies. 


PE 


Description de nouvelles espèces. 


Première décade ; espèces nouvelles pour la faune 
des Antilles. 


4. Cnrron (Ghæœtopleura) candisatus Shuttl. 


T'esta ellipticè oblonga, convexa, sordidè cerea, dorso 
interdum albido-faseiata ; valvæ lerminales granulis al- 
bidis valdè elevatis, magnis, sparsis vel subconcentricè or- 
dinatis onustæ ; mediæ subcarinatæ, areis dorsalibus gra- 
nulis albidis minoribus, in seriebus rectis moniliformibus 
coordinatis, ad umbones congestioribus, areis lateralibus 
conspicuè elevatis, granulis magnis, remotis, irregulari- 
bus onustis, omnibus, præter hæc, minutissimè furfura- 
ceo puncticulatis. 

Limbus pallii angustus, cereus, pallidé fusco marmo- 


— 169 — 
ratus, furfuraceo-pustulosus et vetis corneis albidis, pellu- 


centuibus hinc inde sed præsertim ad insertionem valva- 
rum munitus. 


Long. 8-9. ” 
Latit, 4 1/2 - 5 mill. 


Habit. Specimina dua in valvis emortuis Cardii Serrati 
L., Guadeloupe. ab am. Petit missis, invenimus. 

Observ. Pulcherrima species. C. (Chætopleura) Han- 
leyi Beau (Cf. Forbes et Hanl. Brit, moll. II, p. 398, 
t. 62, f. 2) et C. (Chætopleura) apiculato Say ( Cf. 
Gould. Mass. 146, £ 28) proxime affinis ; a priori, nobis 
nondum obvia, limbo furfuraceo setis tantum paueis 
onusto, valvis ad umbones nuliomodo lævibus sed crebre 
granuloso-liraiis, et areis lateralibus conspicue elevatis ; 
ab altera, statura minori, forma magis elliptica, et sculp- 
tura exiliori, ægre, sed e patria tam diversa, certe dis- 
üinguenda. Dispositio setarum ad insertionem valvarum 
novam sectionem, Phakellopleura aducubrantem, forte 
indicat. 


2. Cairon (Ghætopleura) asper SHUTTL. 


T'esta parva, elongata, angusta, convexa, ubique mi- 
nute granuloso-punctata, cinereo-fusca, sanguineo-car- 
neo-fusco-purpureo vel albido varie maculata; valvæ 
terminales radiatim grosse noduloso-liratæ; mediæ non 
caripatæ, areis dorsalibus ad mucronem creberrime et 
minute convergenti-tuberculato-costulatis, ad latera re- 
motiuscule et grosse transversim nodoso-costatis et 
quasi decussatis, areis lateralibus radiatim grosse tuber- 
culoso-2-3-liratis. Limbus pallide carneus, obscure livido- 


12 


— 170 — 


maculatus, furfuraceo-squamulosus, setis raris hyalinis 
brevibus interspersis. 


Long. 11-42 mill. 
Lat. 5-5 1/2 — 


Hab. Specimina 6. e Guadeloupe a el. Bernardi acce- 
pimus. 

Observ. Species elegans, ab Antillanis nobis notis om- 
nibus distinctissima, €. Janeirensi Sowb forsan affinis. 

Huic forsan pertinet specimen unicum valde erosum 
quod olim sub nomine €. Scabro Reeve, et cum patria 
« Cuba » adnitata ; accepimus ; sed icon. Reeviana (Mon. 
t. 47, n° 406) speciem alienam Americæ centralis inco- 
lam indicare videtur. 


3. CGHiToN (Acanthopleura) Blaunert SHUTTL. 


T'esta oblongo-ovata, crassiuseula, depressa, atrofusca, 
fere concolor ; valvæ omnes minutissime punciuiatæ gra- 
nulisque parvis crebre tuberculato-onustæ, areis dorsali- 
bus ad umbones sublævigatis, areis lateralibus vix elatio- 
ribus. Limbus aterrimus, immaculatus, aculeis minutissi- 
mis densissime obsilus. | 


Long. : 52 mill. 
Lat.::82/mill. 


Hab. Portorico, undè specimen unicum retulit B. 
Blauner. 


Observat. Sane C. (Acanthopleura) piceo quam maxi- 
mè affinis, sed primo visu tesia depressa, sculptura 
minutiore, et aculeis fimbi exilissimis facillimè distingnen- 


— AT — 
dis; nec status adultus C. (Acanthopleura) mucronudati 
Shutt}, qui limbo arenaceo nec aculeato differt. 


h. Citron (Tonicia) Schrammi Saurre. (PI. 6, fig. 9.) 


T'esta elliptice-oblonga, convexo-carinata, nitidiuscula, 
lutescens, ad umbones et utrinquè ad latera, fulvo-macu- 
lata ; valoæ terminales punctis minutis nigris impressis 
aureo pellucide apiculatis radiatim ornatæ, cæterum læves :; 
mediæ dorso convexæ, areis dorsalibus lævibus, areis 
lateralibus obtusè elevatis, medio fascia lata punctorum 
similium radiatis, ad marginem posteriorem remote et 
grossè tuberculatis, cœterum lævibus; valva postica infrà 
medium obtusè umbonrata. Limbus latiusculus, fusco-cor- 
neus, peliucens, maculis pallidioribus inconspicuè mar- 
moratus, glaber. 


Long. : 30 mill. 
Lat. : 47 mill. 


Hab. Guadeloupe ; specimina ultrà 42 à Cl. Petit et 
Bernardi communicata examinavimus. 


Obs. Species ab omnibus nobis notis distinctissima, 
bucusque ad sectionem in mare Caribæo, nondüm 6bviam 
pertinens, sed sculptura et forma valvæ posticæ, speciebus 
sectionis Acanthopleura similis. Valdè suspicor sectionem 
Toniciam melius cum Acanthopleura cunjungendam esse ; 
F'oniciæ pallio lævi tantum distingauntur. 


5. Fusus Hartvigi SHUTTL. 


Testa fusiformis, solida, latè et grossè costata, tenui- 
‘terque remote striatula, liris spiralibus vaidè exstantibus 


110 
acutis, in anfr. superioribus 4, in ultimo numerosioribus 
circumdata ; alba, ad interstitia costarum et sub sutura 
castaneo-strigata et epidermide tenui cornea induta ; spira 
acutissima ; anfr. 10-12, rotundati, ad suturam sub- 
concavi; apertura ovato-oblonga, intüs sulcata, margine 
externo intùs calloso-denticulato ; cauda rectiuscula, ca- 
nali aperturam ferè sesquies æquante. 


Alt. 46, Diam, 15, Apert. 10 alt. et 6 1/2 lat. mill. 


Hab. Tortola Hartvig ! qui specimina 3 detexit. 
Saint-Thomas (Blauner ! specimen unicum). 


Observat. Species elegans, formam junioremn Æ,. Closter 
Phil. (Abb. Fusus p. 22, t. 5 f. 1.) omnino referens, sed 
iris tantum quatuor in anfr. superioribus (nec 7 ut in 
F, Closter optimè distincta. lisdem notis et testa nullo 
modo angulata à F. distanti Lam. differt. 


6. CARDIUM EGMONTIANUM Shuttl. 


Testa oblongo-subcordata, valdè obliqua, gibbosa, pos- 
tice breviter obliquè subtruncata, anticè rotundata, valdè 
inæquilatera, pallidè straminea, irregulariter hinc indè 
rufo-maculata, intüs versus umbones et marginem vivide 
purpureo-coccinea, radiatim remotiusculè costata, costis 
viginti-septem elevatis, squamis fornicatis elevatis, anticis 
calloso-labiatis onustis. 


Lat. : 8957 AL : 40% GCrass 54 mil 


Hab. Ad Egmont Kay sinu Floridano ”’Jampa Bay” 
dicto, specimina 4 omninà congrua legit Rugel ! 


Observat. C. Isocardia L. affine, sed optimè distin- 


— 173 — 
guendum, forma magis elongata, costis paucioribus (27 nec 
33 utin speciminibus C. Zsocardiæ æquemagnis) et remo- 
tioribus, mediis quam interstitia profundè sulcata et rugu- 
losa angustioribus. 


7. CARDITA GRACILIS SAuttl. 


Testa elongato-oblonga, anticè albida, fulvo-maculata, 
postice livide subviridescens, margine dorsali retiusculo 
postice angulato-declivi, ventrali retuso, latere antico brevi 
rotundato, postico dilatato-obtuso, grosse costata ; Costis 
circà octodecim, anticis planatis Iævibus, posticis latiori- 
bus elevatis subimbricatim fornicato-squamosis. 


Lat. 32 ; Alt. ad umbones, 11, posticè 14 ; Grass. 10 m. 


Hab. Portorico, ubi copiosè legit Blauner! , 


Observat. C. Volucris Reeve affinis, sed latere postico 
multo minus dilatato distincta ; etiamque C. afjini Brod 
similis, sed margine ventrali retuso discedens. 


8. CarpirTA ConraDi Shuttl. ; 
Lait a fNeuue 

Testa oblonga, turgida, albida, epidermidelucide cornea 
obducta, interdum fusco-maculata, antice brevis, posticè 
elongata, declivi-truncata margine dorsali rectiusculo, 
ventrali leviter arcuato, grosse costata, costis 15-16 sub- 
angulatis remotiusculis quam interstitia vix latioribus no- 
duloso-squamosis : squamnis creberrimis plerumque solidis, 
hinc indè interdum subfornicatim-productis. 


Lat. 30; Alt. 20 ; Crass. 17 mill. 


Syn Cardita incrassata Conrad ? non Sowb. 


{704 Ps 
Hab. Jampa Bay, Florida (Rugel! qui spec. 3 legit : 
spec. unicum è Florida misit etiam am. Petit!) 


Observat. Gertè C.incrassatæ Sowb, affinis, sed mar- 
gine dorsali rectiusculo nec arcuato, costisque angustio- 
ribus, magis remotis, conspicuè noduloso-squamosis et 
angulatis facilè distincta, nec cum C. antiquata L. con- 
lundenda, quæ testa valdè altiore, margine postico declivi- 
angustato, costisque numerosioribus approximatis et latis 
quam maximè differt. 


O9. IPHIGENIA MEDIA &Auttl. 


T'esta oblongo-subtrigona, plicatuia, lineis radiantibus 
minutissimè decussata, pallescens, intus albida, versus 
umbones violascens, epidermide sordidè olivacea induta, 
margine dorsali utrinquè declivi, latere antico rotundato 
postico strictiusculo angulatim subtruncato, margine ven- 
urali anticè rotundalo, posticè subsinuato-flexuoso, umbo- 
bibus obscurè nigricanti-purpurescentibus. 


Lat. 66; Alt. Ah. ; Crass, 26, mill. 


Hab. Portorico, copiosissimè (Blauner !) 


Observat. Omnind inter Z. altiorem Sowb (peruvia- 
nam) et Z. Brasilianam media, sed priori magis affinis ; 
ab illa testa latiore. et minus alta, ab hac testa altiori differt. 

Specimina juniora epidermide pallidiore induta sunt. 
Genus, ut videtur, æstuariis potiùs quam mari aperto 
proprium, species ægrè distinguendæ. 


10. Murinea PorroriceNsIsS SAuttl 


Testa tiangularis, gibbosa, crassa, alba, lineis quatuor 


— 175 — 

pallide fuscis divergentibus utrinquè ad umbones notata, 
epidermide sordide olivacea, opaca, caduca, induta, con- 
centrice striatula et inconspicuè decussatim rugulosa, pa- 
rum inæquilatera, anticè compresso-rotundata, posticè 
angulato-subattenuatim rostrata,umbonibusremotis, mar- 
gine ventrali arcuato, ponè rostro subsinuato ; intus can- 
dida, nitida, sinu palleali angusto, horizontali. 


Lat. AO; Alt. 33; Grass. 25 mill. 


Hab. Portorico, copiosè (Blauner ! 


Observat. Affinis M. Guadalupensi Recluz, sed testa 
minus inæquilatera, posticè minus attenuata, umbonibus 
remotioribus, et sinu palleali magis producta et angustiore 
distinguenda. 


ROBERT JAMES SHUTTLEWORTH. 


Frohberg, près Berne, 16 juin 1856. 


Description de quelques nouvelles espèces de 
Coquilles du Pérou. 


MELANIA VENTRICOSA (S. G. Vibex). (PI. 6, fig. 6.) 


T'esta ovato pyramidata, solida, apice truncata, trans- 
versim regulariter sulcata, et, tenuissimè undulatim 
siriata, longitudinaliter confertim striata; anfract. ! 


— 176 — 
(decollata) vix convexis, sutura canaliculata divisis; 
ultimo maximo; apertura ovata, utrinquë attenuata, 
suprà canalculata, callosa; margine dextro acuto sub- 
compresso. Color olivaceus, cum punctis fuscis crebris 
perspicuis. 


Cette coquille, que je crois rare, est pesante, solide, de 
forme ovale, allongée, assez ventrue, le sommet de la 
spire est rongé et ne laisse entiers que quatre tours. Le 
dernier plus grand et plus ventru que les autres, les sutu- 
res des tours très-marquées, chaque tour recouvrant par 
une espèce de bourrelet le tour précédent et les tours se 
recouvrant ainsi comme les tuiles d’un toit ; ces tours sont 
presque horizontaux. L’ouverture est ovale allongée ; la 
partie supérieure terminée en une espèce de gouttière, le 
bord droit, qui est mince et tranchant, s’épaissit en 
cet endroit formant une callosité. La coquille est 
sillonnée transversalement par des lignes noirâtres, creu- 
ses, espacées d’un à deux millimètres et suivant les tours 
de spire. L’on remarque encore longitudinalement 
comme des lignes d’accroissement en relief, plus ou 
moins régulières, et d’autres lignes beaucoup plus fines, 
ne se voyant guère qu’à la loupe. Elle est de couleur brun 
olivâtre foncé et l’intérieur bleuâtre. 

Cette coquille à été trouvée à Macapa, près de l’embou- 
chure de lAmazone. 


MELANIA Macapa. (PI. 6, fig. 7.) 
Testa turrita, solida, apice decollata, longitudinali- 


ter el requlariter costata, transversim striata; anfract 7 
(decollata) convexiusculis sutura profunda divisis; an- 


— 177 — 


fractu ultimo ascendente ; apertura ovata, supra canal- 
culata, margine columellari supra calloso ; dextro acuto, 
arcuato, basali producto. Color olivaceus, cum punctis 
sparsis fuscis; interior aperlturæ cærulescens. 


Hauteur 38 mill. 
Largeur 43 mill. 


Cette jolie espèce a huit ou neuf tours de spire ; elle est 
couverte de côtes nombreuses et rapprochées qui dimi- 
nuent de grosseur sur le dernier tour et disparaissent 
complétement vers la base. Outre les côtes, qui sont lon- 
gitudinales, la coquille est couverte de stries transversales 
courant par dessus les côtes et profondément marquées, 
ce qui donne à la coquille l’aspect d’an treillis. L’ouver- 
ture est petite, ovale, presque ronde, formant une gout- 
tière à sa partie supérieure. Le bord droit est tranchant 
et s’épaissit près de la gouttière; la partie inférieure offre 
un sinus très-marqué, l’intérieur est bleuâtre avec plu- 
sieurs taches brunes qui se voient surtout en transparence. 
La coquille est d’un brun souvent brillant et uniforme. 

Même localité que la précédente. 


Burimus simicaris. (PI. 6, fig. 8.) 


T'estä oblongo-conica, tenuis, umbilicata; anfractibus 
sex; minutissimè striata, columella subrecta, breviter 
reflexa ; labro expanso, plano ; albida lutescens, strami- 
neo et brunneo variè tincta longitudinaliter ; apertura 
magna, peristomate croceo. 


Haut. 23 à 25 mill. 
Larg. 10 mill, 


— 178 — 


Coquille oblongue-conique, mince, fragile, finement 
striée, ombiliquée. Spire composée de six tours environ . 
le dernier dépassant les autres en longueur. Golumelle 
légèrement réfléchie ; bord droit dilaté, plane; ouver- 
ture grande, semi-lunaire, 


La coquille est blanchâtre avec une série transversale 
de taches brunes en fer de lance, et de flammules irrégu- 
lières, brunâtres, dirigées verticalement. Le péristome 


est intérieurement et extérieurement d’un beau jaune- 
safran. 


Habit. Moyobamba. 


ÊTHERIA STEFANENSIS. (PI. 7, fig. 10.) 


T'esta solida, plicata, semitorta, gibbosula, elongata 
postice canahifera. Extüs brunneo-olivacea, rugosa ; in- 
tus plumbeo-cærulescens. 


Sans être très-épaisse, cette coquille est cependant s0- 
lide, d’une forme demi-circulaire ; la charnière est placée 
au sommet du cintre, le sinus bien marqué. L’une des 
extrémités s’allonge en canal très-resserré et épaissi dans 
une des valves ,et recouvert par un prolongement très- 
mince de l’autre valve qui le ferme entièrement. Les deux 
individus que j'ai reçus ont, chacun, à peu près la même 
forme ; l’un, cependant, est plus cintré et ne devait adhé- 
rer que par une très-petite partie de son têt, l’épiderme 
étant resté presque entier sur le reste de la coquille. Il 
est d’une couleur brunâtre et ressemble un peu à une 


Fr 0 


écorce d'arbre; la partie dépourvue d’épiderme est blanc 


| — 4179 — 
“acré, avec des taches cuivrées ; l’intérieur de la coquille 
est d’un bleu grisâtre métallique brillant, avec quel- 
ques taches plus foncées un peu verdâtres. 


Cette coquille a 3 pouces de long, sur un pouce 6 li- 
gues de large. 


Les Ethéries connues jusqu’à ce jour ont toutes été 
rapportées du Sénégal et du Nil, aucune n’avait encore 
été recueillie en Amérique; celle que je viens de dé- 
crire m’a été envoyée, il y a un an, par M. Porte, avec 
plusieurs autres espèces de coquilles venant du Haui- 
Amazone. Les deux individus que j'ai reçus sous le nom 
d’huîtres à martame, ont été pris à Guallaya, près de 
l’embouchure de P'Amazone, presqu’à lEquateur. Au pre- 
mier coup d'œil, l’on voit évidemment que cette espèce 
v’est pas unehuître de forme irrégulière ; avec le têt ru- 
gueux et un peu tourmenté comme celui des huîtres, elle 
offre très-clairement les deux impressions musculaires qui 
sont le caractère principal du genre Éthérie. La charnière 
est aussi la même; et, quoique dans les exemplaires que 
je possède, le ligament et la partie bombée qui Île recou- 
vre à lextérieur aient été coupés, l’on en retrouve par- 
faitement la place, et l’on voit que le ligament devait être 
assez épais. 


Cette Éthérie de Amazone diffère cependant d’une 
manière notable des individus que j'ai pu voir venant du 
Nil ou du Sénégal. La forme qui, du reste, varie beau- 
coup et qui est, pour ainsi dire, indépendante de la- 
nimal, puisqu’elle vient du corps sur lequel il est fixé ; la 
forme, dis-je, est presque la même dans les deux individus 
que je possède. Loin d’être fixées par une de leurs val- 


— 180 — 
ves tout entière, elles n’ont dû l’être que par une faible 
partie de leur surface, la coquille ayant conservé son 
épiderme sur chacune des deux valves et sur une étendue 
assez grande. 

Cette espèce est beaucoup plus petite que celle du Ni, 
quoique par l'épaisseur de son têt et son poids elle pa- 
raisse déjà d’un certain âge, L'intérieur, qui a quelque 
rapport, pour la couleur, avec celui de l’Etheriaplumbea, 
s’en distingue par sa nuance métallique bleuâtre plutôt 
que verdâtre, et l'absence complète de boursouflures. Les 
deux impressions musculaires sont petites, quoique très- 
visibles et assez écartées l’une de l’autre. L’une des ex- 
trémités est plutôt aplatie, l’autre est, au contraire, éle- 
vée, mais rétrécie, épaisse dans une valve et formant 
comme un canal étroit et peu profond à l’intérieur ; il est 
recouvert par l'extrémité de l’autre valve qui est plat et 
mince. 

Quoique Rang, dans un Mémoire sur les Éthéries, ad- 
metie que toutes les espèces de ce genre peuvent ac- 
quérir des tubes et que celles sur lesquelles on retrouve 
une partie de l’épiderme en offrent des vestiges, je n'ai 
pu découvrir sur celles-ci aucune trace de tube ayant 
existé ou devant exister. Cependant, avant de conclure 
que les espèces de l’Amazone ne peuvent être tubifiées 
comme les autres; il faudrait en voir un plus grand nom- 
bre ; or, celles-ci paraissent être assez rares; car, malgré 
ma prière de faire des recherches et de m’envoyer tout ce 
que lon trouverait en fait d’huîtres à martame, y com- 
pris l'animal lui-même, je n’en ai recu aucune autre. 

L'animal de PÉth. du Sénégal ayant été reconnu, à 
très-peu de chose près, être le même que celui du Nil, il 
sera intéressant de savoir si l’animal qui est en Améri- 


— 18) 
que, à l’Équateur, est le même que celui qui vit en 
Afrique, sous une température différente, En attendant 
de pouvoir éclaircir ce fait, j'ai donné à l’espèce qui nous 
occupe, le nom de Stefanensis, en mémoire de mon père, 
à qui elle avait été destinée et qui, bien mieux que moi, 
aurait décrit cette nouvelle et intéressante espèce. 


Genève, 1% février 1855. 
JACQUES MORICAND. 


Description d’une nouvelle espèce de Bulimus. 


par M. Gassies. 


Bucimus MAGENII. (PI. 6, fig. 5.) 


B. Testa oblongo-conica, tenuis, fragils, albida aut 
lutescens, perforata ; anfractibus 6 1/2 7, globulosis ; 
sulura non 1mpressa ; apertura reliquum testæ virsu- 
bœquanti; peristomate semi-circulari, tenui, non re- 
[lexo; margine columellari breviter reflexo ; anfractu 
ultimo maculis brunneis, in fascias 2 seriatim dispost- 
Lis, ornato. | 


Longueur 18 mill. 
Largeur 11 — 


« Coquille oblongue-conique, mince, fragile, blanchä- 
«tre ou d’un jaune-pâle, perforée ; 6 1/2 à 7 tours de 
« spire globuleux ; suture assez peu marquée; ouverture 
« un peu moins haute que le reste de la coquille ; péris- 


= M à 
« tome semi-circulaire, mince, tranchant, très-fragile, non 
« réfléchi, bord columellaire légèrement réfléchi sur la 
«perforation ombilicale. La coquille est ornée sur le 
« dernier tour, de deux rangées de points brunâtres assez 
« écartés, formant fascie. » 


Habit. Nouvelle-Calédonie. 


Cette charmante espèce, qui rappelle par son aspect 
le groupe de Bulimes auquel appartient le Bul. infra- 
fasciatus, m’a été rapportée avec plusieurs autres co- 
quilles par M. Magen, lieutenant de vaissean. Je me suis 
fait un véritable plaisir de la dédier à ce zélé collecteur. 


G. 


Description d’une nouvelle epèce de Voluta, 


par M. S. PETIT DE LA SAUSSAYE. 
VoLuTA CLERYANA. (PI. 6, fig. 3-4.) 


V. Testa ovato-fusiformis, solidiuscula, fulvo-lutes- 
cens ; apice obtuso, mamillato ; sutura lineari; anfracti- 


bus ferè 5; penultimo propè suturam tuberculato; ul 


timo tuberculis A1-15 acutis, munito, peramplo; 3/[k 
longitudinis testæ œæquanti, ventricoso, anticè coarctato; 
apertura oblonga, posticè acuminata:; peristomate sim- 
plici, arcuato, iniùs incrassato; margine columellari 
breviter calloso, recto, h plicato; sinu mediocri. Testa 


— 183 — 


extùs maculis brunneis sparsis, in fascias dispositis, or- 
nata ; intüs albida. 


Longueur 30 mill. 
Largeur 17 — 


« Coquille ovale-fusiforme, d’un jaune-fauve ; sommet 
« obtus, mamelonné ; suture linéaire; 5 tours de spire 
« environ ; l’avant-dernier orné de tubercules près de la 
« suture ; le dernier en portant 11 à 15, pointus au som- 
« met. Ce tour de spire est ample, égal aux 3/4 de la lon- 
« gueur totale, au moins; ventru, ouverture oblongue, 
« lancéolée postérieurement ; péristome non réfléchi, ar- 
«qué, épaissi intérieurement; columelle recouverte 
« d’une légère callosité, droite, chargée de 4 plis ; sinus 
« médiocre. » 


Gette jolie coquille, dont nous possédons trois exem- 
plaires, varie d’après l’âge. Nous avons donné les dimen- 
sions d’un exemplaire adulte ; il est orné de taches brunes 
assez espacées, formant trois ou quatre fascies transverses; 
l’intérieur est blanc bleuâtre. Un autre individu, plus 
jeune, mesure 37 millimètres de longueur; sa spire est 
proportionnellement plus élancée, et l’on remarque sur 
le fond, de couleur fauve, un réseau de lignes anguleuses 
brunâtres, semblables à celles de certains cones ( €. glo- 
riamaris, textilis, etc ), et peu apparentes sur l'adulte. 

Nous devons cette coquille à notre ami le commandant 
Haent-Cléry, qui l’a recueillie sur la côte du Brésil, par 
le travers du cap Saint-Thomé, à A0 brasses de profon- 
deur. S. P. 


— 18h — 


Description d’une nouvelle espèces de Ficus, 


par M. DEsrAYyes. 


Ficus PELLUCIDUS. (PI. 6, fig. 1-2). 


Testa ovato-clavata, supernè ventricosa pellucida, te- 
nu, fragili, corneo-flavescente, punctulis subquadratis 
castaneis, distantibus regulariter per series ordinalis ; 
spira brevi, apice obtusa; anfractibus sex, convexiuscu- 
lis, ultimo maximo; striis transversalibus longitudina- 
libusque decussatis, striis transversis subæqualibus, in- 
terstitialibus paulo minoribus. Apertura magna semi- 
ovata, in medio dilatata, anticè attenuata, margine 
acuto ; canal brevi, angusto, rufo. 


Très-belle coquille dont nous ne connaissons, jusqu'ici, 
que le seul exemplaire de notre collection. Nons n’avons 
Jamais rencontré cette espèce dans aucune des collections 
que nous avons visitées ; elle est assurément la plus re- 
marquable du genre auquel elle appartient. 

Ovale, oblongue, pyriforme, elle à toute l'apparence 
des autres espèces de Ficus. Gependantelle s’en distingue, 
au premier coup d’œil, par ur canal proportionnellement 
plus court ; son têtest mince, subcorné, demi-transparent ; 
elle est formée de six tours, dont le dernier constitue à 
lui seul presque toute la coquille, les autres sont con- 
vexes, peu proéminents, les premiers sont lisses et obtus; 
tout le reste de la surface est couvert d’un très-fin ré- 
seau, à mailles égales et quadrangulaires, formées par 


mn pi = 
’entrecroisement de stries transverses et longitudinales. 
Les stries transverses sont un peu plus grosses que les 
autres; elles sont presque égales, aplaties, convexes 3 il 
y en à d’un peu plus épaisses, entre lesquelles on en re- 
marque une un peu plus petite. Les stries sont plus écar- 
tées à la partie supérieure de la coquille; à la base du 
dernier tour, elles se rapprochent et deviennent un peu 
onduleuses. Toute la coquille est d’une belle couleur fauve 
cornée , un peu blanchâtre vers l’ouverture ainsi que vers 
les sutures. Sur cette couleur, se montrent cinq rangées 
principales de points bruns, subquadrangulaires, égale- 
ment distants entre eux et disposés en cinq séries trans- 
verses, également distantes ; à la base du dernier tour on 
remarque plusieurs séries irrégulières de ponctuations 
ou de taches oblongues de la même couleur. L’ouverture 
est grande, le bord droit est régulièrement arqué; dans 
toute sa longueur il est mince et tranchant. La columelle 
est droite, étroite et elle se termine à l’extrémité du ca- 
pal en un bord très-aigu. 

Cette belle et précieuse coquille a 70 mill. de longueur 
et 58 de large. Sa patrie nous est inconnue. 


Note sur les fielix Gocquii et Tournalii, co- 
quilles fossiles de la formation miocène, par le 
docteur J.-B. NouLrer. 


Nous connaissons deux Hélices fossiles de l’étage infé- 
rieur de la formation miocène de France, constituant 
deux iypes spécifiques bien distincts à nos veux, et néan- 

18 


— 186 — 
moins sigalés, jusqu’à ce moment, sous la même dénomi- 
nation. 

La première de ces coquilles est connue par des moules 
intérieurs, offrant rarement des restes de têt; c'est celle 
qui a été primitivement décrite et figurée, en 1810, par 
M. Alexandre Brongniart, dans les Annales du Muséum 
d'Histoire naturelle, tome XV, page 38, pl. 23, fig. 6 (1). 
Elle est commune dans le calcaire lacustre de Machat, 
près le Pont-du-Ghâteau (Puy-de-Dôme); c'est la même 
que M. Bouillet a citée à Chaptuzat, à Jusset et autres 
lieux de Auvergne (2). Je lai reçue, recueillie dans la 
localité classique de Machal, de M. Saint-Ange de Boissy 
et de M. le professeur Lecocq, de Clermont. 

L’Helix Cocquii, Ar. BroNGNIART, L. c., est subglobu- 
leuse, peu relevée en dessus, et, le plus souvent, obtuse- 
aplatie, peu convexe en dessous, sans trace d’ombilic ; tours 
5-6 arrondis, le dernier proportionneilement developpé, 
excepté dans le sens de son épaisseur, près de sa fin. La 
place de louverture, qui est ovale, offre une gouttière 
profonde, plus marquée à la partie qui correspondait au 
bord columellaire : indice du bourrelet intérieur qui exis- 
tait dans cette portion de la coquille vivante, en même 
temps que de l’évasement prononcé du péristome, qui 
devait être déjeté en dehors. 

Ces moules ont de hauteur de 12 à 15 millimètres, et 
15 à 18 de diamètre. 

Les restes de têt attaché à ces moules présentent, ob- 
servés à la loupe, des stries fines, obliquement transver- 
sales, presque régulièrement espatées. 


(1) Mémoire sur les terrains qui paraissent avoir été formés sous l’eau 


douce. 
(2) Catalogue des Coquilles vivantes et fossiles de l'Auvergne, p. 93 et94. 


— 187 — 

Nous avons fait figurer l'HÆelix Cocqui (pl. 7, f 4-5), 
d’après un exemplaire de Machal, qui nous fut communi- 
qué dans le temps par M. Saint-Ange de Boissy (1). 

La seconde Hélice citée sous le nom d'Æelix Cocqui, 
et que nous pensons constituer une espèce à part, pro- 
vient du calcaire lacustre du Pech-de-Lagnel, près de 
Narbonne (Aude). Elle a été distribuée sans nom par 
M. Tournal. M. Saint-Ange de Boissy, dans le Magasin 
zoologique de M. Guérin-Menneville, année 1844, la 
réunie au type d'Auvergne en lui appliquant l'appellation 
que M. Al. Brongniart avait imposée à celle-ci. C’est 
celle-ci qu’il a fait figurer, 1. c. PI. 88, fig. À, 2, 3. 

À cause de cette confusion, nous croyons nécessaire de 
donner un nom propre à l'espèce de Narbonne, et nous 
ne saurions en trouver un qui pût mieux lui convenir 
que celui de notre ami M. Tournai, à qui l’on en doit la 


découverte. 


Hercix TourNazu, NouLert. (PI. 7, fig. 11-43). 


Coquille à têt spathifié, globuleuse, convexe et proé- 
minente en dessus, même un peu pyramidale, presque 
plane en dessous, imperforée ; tours 5-6 {(2), arrondis, 
séparés par une profonde suture, le dernier plus grand et 
hors de toute proportion avec les précédents ; leur sur- 
face est irrégulièrement et obliquement striée en travers; 
les stries, assez espacées, sont beaucoup plus prononcées 
vers la suture, ce qui fait paraître celle-ci comme den- 
ticulée ; l'ouverture est ovale-allongée, à peine élargie à 


(1) Les dessins des deux coquilles qui font le sujet de cette note, sont dus 
au crayon exercé de notre ami, M. Maurice Lespiault. 

(2) Cette coquille, d’après M. de Boissy, n'aurait que quatre tours, Elle 
nous en a toujours offert un plus grand nombre à l’état adulte. 


— 1858 — 
la base, à bords droits, presque réunis, sans renverse- 
ment du péristome. 


Hauteur 10 à 15 miil. — Diamètre 42 à 18 mill. 


L’exemplaire représenté est de la collection de M. Saint- 
Ange de Boissy; ce savant eut l’obligeance de nous le 
communiquer sous le nom d’Helix Cocquii. Nous Pavons 
choisi, autant pour sa belle conservation que pour éviter 
toute contestation sur la légitimité de la séparation que 
nous proposons des deux types réunis par l’habile con- 
chyliologiste de Nantes. 

Le véritable Æelix Cocquit du Puy-de-Dôme, et l'Ife- 
lix Tournalii de Narbonne, sont accompagnés dans ces 
deux localités, de l’AHelix Ramondi, Ar. BRONGNIART, 
1, c., espèce caractéristique de l’étage inférieur de la for- 
mation miocène, telle que la comprennent la plupart 
des géologues francais, et que M. Lyell place dans la 
formation éocène, dont il serait alors le terme le plus ré- 
cent. C’est là probablement la cause de l'erreur de M. de 
Boissy, qui a admis la réunion de deux hélices très-rap- 
prochées par leur taille, en tenant pius de compte de la 
place géologique qu’elles occupaient, que de leurs véri- 
tables caractères zoologiques. 


— 189 — 
Catalogue des Coquilles terrestres de Geylan, 
par M. BENSON. 


M. Benson, qui s’occupe depuis longtemps des Mollus- 
ques de l’Inde, vient de donner dans les Ann. et Mag. 
Hist. nat. de Londres (1855\, une liste des Coquilles 
terrestres de Ceylan. Ce Catalogue mentionne 117 espè- 
ces ; mais il est probable que ce nombre, quoique assez 
grand, deviendra beaucoup plus considérable après des 
recherches suivies. Si l’on considère, en effet, étendue 
de l’île de Ceylan, là constitution géologique de son 
terrain, la présence de plateaux élevés, sa situation inter- 
médiaire entre l'Inde et la Malaisie, on doit s’attendre à 
une faune riche et spéciale. Les coquilles fluviatiles ont 
déjà fourni beaucoup de Paludomus propres aux torrents 
des montagnes. | 

Les espèces consignées dans la liste de M Benson se 
répartissent arnsi : 


Vitrina. 3 Cyclophorus. 12 
Succinex. L  Leptoporu. S 
Helix. h6  Aulopoma. ll 
Streplaxis. 2  Cataulus. 10 
Pupa. 3  Cyclostomus? 1 
Bulimus. 13  Plerocyclos. 5 
Achatina. 8 


Comme on le voit, le genre Helix prédomine ; mais re- 
lativement les Cyclostomes sont plus nombreux, car les 
six genres qui en sont démembrés comptent 40 espèces. 

Les Vitrines de Ceylan ont l’aspect des espèces in- 
diennes. Dans les Hélices, la forme la plus caractéristi- 
que est celle des À. Waltoni, Skinneri:s puis vient la 


ER, ue 
forme de VAT. erronea. La plupart des autres espèces sont 
vitriniformes. 

Les Bulimes se rapprochent de ceux de l'Inde et des 
Philippines. 

La coupe Aulopoma (Cyclostome), est spéciale à Cey- 
lan. Il en est de même des Cataulus, dont une espèce 
toutefois a été trouvée aux îles Nicobar. | 

Parmi les espèces qui ne vivent pas exclusivement dans 
l'île, on remarque : 


Helix hæmastoma existant à Nicobar. 

—  lranquebaricu — dans l’Inde méridionale. 

—  bistrialis — id. 

—  vilipensa — dans les Nilgherries. 

—  fallaciosa — dans l'Inde méridionale. 
Bulimus punctatus — id. 

—  pullus —  dansl’Inde septentrionale 

Achatina Ceylanica — dans les Nilgherries. 


Cet intéressant Catalogue est précédé par la description 
d'espèces nouvelles. P. FiscHER. 


The Sheïls of Linnœus determined from his 
manuscripls and collection, by SYLv. HANLEY, 
London 1855. 


Les Coquilles de Linné déterminées d’après ses 
manuscrits et sa Collection, par S. Haxnrey. Un 
vol. in-6° avec cinq planches colorices. 


M. Hanley, dans une introduction placée en tête de 
louvrage, nous fait connaître que la Collection conchy- 


— 191 — 


liologique de Linné devait passer directement du cabinet 
de l’immortel suédois, dans celui de la Société Linnéenne 
de Londres, mais qu’elle n’y arriva pas directement, et 
qu'elle resta pendant quelque temps dans les mains d’un 
savant botaniste sous la garde de qui un certain nombre 
de coquilles étrangères se trouvèrent mêlées aux types de 
Linné. Toutefois, M. Hanley, comprenant toute l’impor— 
tance qu’il y aurait pour la science à déterminer d’une 
manière précise les objets réellement décrits par le cé- 
lèbre fondateur de la nomenclature binominale, se mit à 
l’œuvre avec un zèle qu’on ne saurait trop louer, Admis 
à revoir la collection, il lexamina dans son entier, étu- 
diant chaque espèce, chaque exemplaire, comparant cha- 
que objet avec les définitions de l’auteur, dissipant par de 
savants rapprochements les doutes qui pouvaient exister 
pour certaines espèces, découvrant dans les caractères et 
dans les chiffres inscrits sur les coquilles de précieuses 
indications, cherchant aussi dans les manuscrits et dans 
les livres de la bibliothèque de Linné, les traces qui pou- 
vaient mettre sur la voie, consacrant enfin plusieurs an- 
nées aux investigations les plus minutieuses. Nous trou- 
vons à cet égard, dans l’introduction, des détails très- 
intéressants qui prouvent combien la tâche était difficile, 
et combien il a fallu à M. Hanley de zèle et de persévé- 
rance pour arriver au résultat qu’il vient de mettre sous 
les yeux du public. 

Notre auteur passe donc successivement en revue tou- 
tes les espèces linnéenes, et il indique, pour chacune 
d'elles, à quelle espèce de la nomenclature moderne elle 
doit ou peut être rapportée ; car il n’a pas retrouvé dans 
la collection du savant suédois , toutes les coquilles que 
celui-ci a citées ou décrites dans ses ouvrages, Pour celles 


nt 


qui wanquatent, M. Haniey a cherché à reconnaître et à 
tixer lespèce soit en compulsant et en comparant les 
descriptions, la synonymie ou les figures citées, soit en 
Pappuyant sur les opinions les plus accréditées : il a ap- 
porté dans cet examen critique autant de soins que de ré- 
serve, ne cherchant point à trancher dogmatiquement des 
questions parfois insolubles, et se contentant alors d’ex- 
poser les faits controversés. S’il n’a pu faire davantage, 
nous ne saurions lui en faire de reproche, et nous ne 
pouvons que regretter avec lui le fâcheux abandon dans 
lequel on a laissé d’abord la précieuse collection de 
Linné, ainsi que le désordre qui en a été la conséquence. 
Elle est depuis quelque temps, nous dit-il, à l’abri de ces 
accidents, par suite de la mesure qu’a prise la Société 
Linnéenne d’exiger la présence du conservateur lorsque 
quelqu’un a besoin de la consulter, précaution que nous 
citons ici à lusage et pour la gouverne des établisse- 
ments dans lesquels sont déposés les collections-types des 
auteurs faisant autorité dans la science. 

Nous examinerons plus tard, dans un autre article, 
diverses opinions de l’auteur relativement à quelques co- 
quilles de la collection linnéenne, pour lesquelles il est 
en complet désaccord avec les opinions généralement 
adoptées en conchyliologie : cetexamen entrainerait des 
études et des recherches qui exigeraient plus de temps- 
que nous n’en pouvons consacrer à cet article purement 
bibliographique, et dont l’objet est de donner une idée 
de ouvrage dont il s’agit. 

M. Hanley a fait imprimer à la suite de son travail, le 
texte linnéen de la partie des mollusques décrits dans la 
12° édition du Systema naturæ, et dans le Mantissa : 
enfin, il a donné dans cinq planches la figure coloriée 


(a — 
de A5 espèces bivalves ou univalves choisies parmi ceux 
des types de la collection qu’il lui a paru plus utile de 
signaler à l’attention des Conchyliologues : on voit qu’il 
a consciencieusement cherché à rendre son œuvre aussi 
complète que possible. 

Nous hasarderons toutefois deux observations au sujet 
du travail de M. Haniey, à qui nous reprocherons d’abord 
de n’y avoir pas joint une table alphabétique, dont l’ab- 
sence oblige à feuilleter continuellement et à fatiguer le 
volume : nous pensons aussi qu’il aurait dû donner en 
tête de chaque article, et imprimée en petits caractères, 
la description linnéenne de l’espèce qu’il commente : cela 
eût évité au lecteur la nécessité de recourir aux ouvrages 
mêmes de Linné. Ces dispositions toutes matérielles, ne 
paraissent pas, au premier abord, mériter une grande 
attention, et cependant elles ne sont pas sans importance 
quand il s’agit d’un ouvrage qu’on aura fréquemment à 


consulter, 
S. PETIT. 


Procédé employé par les Pholades dans leur perfo- 
ration, par M. CaizcauD (1855), 41 p. 


Nos lecteurs doivent se souvenir des Mémoires publiés 
dans le Journal de Conchyliologie, sur la perforation 
des roches par les Pholades. Diverses opinions ont été 
soutenues et discutées par MM. Deshayes, Thorrent, 
Robertson, Caillaud, Ge dernier observateur a attaché son 
uom à l’histoire de la doctrine de la perforation par un 
procédé mécanique; poursuivant avec ardeur ses recher- 


L 4 
RU > 
ches, il trouve tous les jours des confirmations aux faits 
qu’il a avancés. Les obstacles devaient être levés par 
l’observation directe, de visu, car les théories, quelque 
séduisantes qu’elles soient, viennent malheureusement se 
briser contre un seul fait. 

M. Caillaud a pris à Poulinguen, douze fragments de 
gneiss, y à creusé des trous, dans lesquels il a intro- 
duit plus ou moins complétement des Pholades. Celles- 
ci étant placées dans des bocaux d’eau de mer souvent 
renouvelée , ila commencé ses observations de jour et de 
nuit. 

« Le 5 août, dit-il, à six heures du matin, nous avions 
«renouvelé l’eau comme à lordinaire;s rien ne nous 
« offrait de changement ; à huit heures et demi nous avons 
« vu une petite Pholade de trois centimètres et demi (N° 1.) 
« se balancer d’abord, puis semblant s’exercer à une ma- 
« nœuvre de rotation; le moilusque avec sa coquille tour- 
« nait lentement à droite, ensuite à gauche ; à neuf heures 
« un quart, sa marche devenait plus régulière ; à deux 
« heures un quart, tournant à droite sur son axe en mou- 
« vement partiel, il avait fait cinq fois le tour de son trou ; 
« mettantune heure à chaque tour, rejetant de son syphon 
« anal le produit de son travail, trituré, agglutiné en 
«forme d’excréments, longs quelquefois de 4 à 5 milli- 
«mètres et de couleur de gneiss. » 

Comme on le voit, le travail est assez lent; mais quelles 
sont les puissances mises en jeu pour le produire ? D’a- 
près l’auteur, les Pholades ouvrent leurs valves, se fixent 
à une paroi du trou par le pied, qui attire fortement à 
lui la coquille alors presque refermée. Tout se réduit 
donc à des mouvements alternatifs de relâchement et de 
contraction des muscles adducteurs des valves, Le pied, en 


« 
— 195 — 


se portant à droite ou à gauche de son premier point 
d’appui, détermine la rotation. 

Ces expériences sont tout à fait concluantes en faveur 
de la perforation mécanique, et nous devons remercier 
M. Caillaud de ses longues et patientes investigations sur 
un sujet aussi important. 

P. Fiscaer. 


Éménités malacoïogiques, par M. J.-R. Bour- 
GUIGNAT. Un vol. in-8° de 250 pages et de 22 plan- 
ches lithographiées. — Chez J.-B. Bailliére. Paris. 


Tous les conchyliologues connaissent ou du moins ont 
entendu parler des articles malacologiques publiés par 
M. J.-R. Bourguiguat, depuis bientôt trois ans (août 1853 
à juillet 1856), sous le titre d’Aménités malacologiques. 
L’auteur vient de les réunir en un seul volume, après les 
avoir complétés par une table et une courte dédicace à 
l'adresse de ses amis et correspondants. 

Ce volume offre un véritable intérêt scientifique par le 
choix des sujets et par la manière dont ils sont traités. 

M. Bourguignat à, en effet, publié des espèces nou- 
velles, a proposé des rectifications importantes, a présenté 
des idées neuves sur la plupart des genres de coquilles 
terrestres ou fluviales. 

Parmi les cinquante articles qui composent ce livre, 
nous citons : 

$ %, 2 et 49. — Du genre Sphærium. — Nouvelle 


— 196 — 
classification des Sphéries françaises. — Preuve du paral- 
lélisme des caractères différentiels. 

$ 6. — Sur les lois qui régissent la terminaison des 
noms de personnes. 

$ 9, 10, 12 et 13. — Sur le genre Pisidium. — Ca- 
ractères des espèces. — Deux classifications basées sur le 
ligament et la charnière. — Synonymie complète des 
Pisidies francaises, etc. 

$ 20. — Sectionnements nouveaux établis dans les 
genres Cyrena, Sphærium et Pisidium. 

$ 21, 22, 23 et 25. — Monographie des genres Gund- 
lachia, Latia et Valenciennia. 

$ 25. — Monographie du genre Daudebardia. — Clas- 
sification des Daudebardia,d’après des caractères ana- 
tomiques...—Synonymie des espèces au nombre de cinq, 
dont une décrite pour la première fois. — Recherches sur 
l’antériorité du nom Daudebardia, etc. 

Enfin & 50. — Monographie du genre Cæcilianella 
(Achatina acicula). 

Parmi les articles de description, nous citerons : 

$ 29. — Catalogue des Hélices et des Bulimes de Cri- 
mée. 

Ç 30. — Description des Succinées africaines. 

$ 42 et 43. — Catalogue de tous les Acéphales fluvia- 
ules de l’Empire ottoman. 

$ 45. — Description des Physes africaines. 

$ 46. — Catalogue des Péristomacés d'Orient. 

$ 48. — Description des Crystallines d'Europe. 

Quant aux autres numéros que nous n’avons pas cités, 
ils contiennent soit des espèces nouvelles, soit des rectifi- 
cations importantes. 

A, DE LIESVILEE. 


— 197 — 


AN ILLUSTRATED DESCRIPTIVE CATALOGUE OF 


RECENT BIVALVE SHELLS, 
By SYELVANES EXANEEY, Æ. EL. S., etc. 
Forming the 
APPENDIX AND CONCLUSION 
to Wood’s 
INDEX TESTACEOLOGICUS, 
Contains 960 figures. 
LONDON and EDINBURGH. 
Williams and Norgate. 


Nous rendrons compte prochainement de cette utile 
publication. 


PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE. 


De l'Espèce, par G. P. Desuaves. 


Depuis longtemps, les naturalistes modernes se préoc- 
cupent d’une question du plus grand intérêt, à laquelle 
doit être réservée une grande place dans la science : c’est 
celle qui à rapport à la définition de l’espèce. 

Depuis Linné surtout, auquel on doit l'introduction 
d’un si grand nombre de hautes idées philosophiques, on 
a mieux Compris que jamais l'importance d’une définition 
qui assurât à chaque être inscrit au catalogue de la créa- 


NP 
tion, la juste mesure de Punité que le créateur lui-même 
lui a imposée. 

Il surgit à côté de cette question de l’espèce une autre 
question non moins grave, celle de la succession des êtres 
et de la création de nouveaux types dans la série des créa- 
tions. 

Dans ses efforts si multipliés pour rechercher les êtres 
vivants et en constater l’existence, l’homme a un grand 
but qui semble caché à beaucoup d’esprits, et qui nous 
paraît être celui d’enregistrer à un moment donné tous les 
êtres connus, pour pouvoir dire avec assurance que tous 
ceux que l’on découvrira plus tard appartiendront à des 
créations nouvelles. Cette question, agitée déjà par les 
philosophes du dernier siècle, ne paraît pas encore défi- 
nitivement résolue pour un grand nombre de naturalistes. 
Cependant, en jetant les yeux sur ce qui s’est passé dans 
les temps anciens de notre globe, on peut croire à la per- 
sistance des mêmes lois, et, par conséquent, à la possibi- 
lité de voir, d’un côté, s’éteindre des espèces dont la durée 
est finie, et, d’un autre côté, en voir surgir de nouvelles 
parmi celles dont l'existence est déjà plus ou moins an- 
cienne. 

Si la paléontologie conduit invinciblement vers cette 
solution de la question, il est des esprits qui, arrêtés par 
d’autres considérations, se persuadent qu’à dater de Pé- 
poque actuelle, la nature, soumise à d'autres lois, con- 
serve les êtres créés, mais n’en produit plus d’autres. Tout 
aurait été créé le même jour par la volonté toute-puissante 
du souverain maître des mondes. Pour renverser cette 
opinion, le moyen le plus simple est celui qu'ont suivi 
jusqu'ici tous les naturalistes, c'est-à-dire de rechercher 
avec un soin minutieux jusqu'aux plus petites créatures, 


HO 


de les distinguer les unes des autres par les caractères 
qu’elles portenten elles-mêmes, et d’en dresser enfin un 
inventaire dans lequel, il faut le dire, les objets à enre- 
gistrer s’accroissent sans cesse. Néanmoins, quand on 
songe au grand nombre de personnes qui s’occupent de 
cette tâche difficile, on doit prévoir un moment où tous les 
êtres créés seront connus de l’homme, et c’est alors que 
Von pourra attendre avec sécurité les nouveau-venus 
de la création pour en constater lexistence récente. 

Mais cet enregistrement des espèces est justement une 
pierre d’achoppement par les difficultés que lon rencon- 
tre à chaque instant, d’abord pour ne pas répéter plu- 
sieurs fois le même être parce qu’il se présente à nos re- 
gards sous des aspects un peu différents ; ensuite pour ne 
pas l’omettre entièrement parce qu’il offre des traits de 
ressemblance incontestable avec un congénère déjà 
connu, et parce qu’on l’a distingué à titre de variété. A 
chaque pas de ces investigations, le naturaliste rencontre 
ce double écueil. Aussi, il arrive souvent qu’il faut remet- 
tre sur le métier des travaux déjà faits, qui ont coûté à 
leurs auteurs d’immenses recherches et les instants de 
toute leur vie. Semblables à la toile de Pénélope, les tra- 
vaux des naturalistes, en s’avançant dans ce champ aride, 
reculent quelquefois d’une quantité presque égale; et 
c’est ainsi qu'il faudra encore bien des années, ou plutôt 
bien des siècles, avant d'arriver à la solution définitive du 
problème. 

D’où vient cette incertitude dans les travaux des observa- 
teurs ? Pourquoi faut-il retourneren arrière pour soumettre 
à un nouvel examen ce qui paraissaitsuffisamment bien fait ? 
C’est que, jusqu'ici, les naturalistes ne sont point parvenus 
à donner une définition rigoureuse de l'espèce; et, cepen- 


— 200 — 

dant, cette définition était de première nécessité, car ce 
serait par elle que l’on parviendrait à Punité de la mesure, 
au moyen de laquelle on apprécierait la réalité de toutes 
1es espèces enregistrées sur les catalogues. On comprend, 
en eflet, que de la définition résulte la conception vraie 
de l’espèce. Elle n’est plus livrée à cette appréciation per- 
sonnelle, toute de sentiment, qui fait que chaque personne 
conçoit l’espèce à sa manière, sans trop se préoccuper de 
l'opinion d’autrui, d’où vient ce désordre affligeant dans 
lequel la science est entraînée, et qui est destiné à s’ac- 
croître encore, si l’on ne fait de nouveaux efforts pour 
arriver enfin à cette unité de mesure si indispensable pour 
régler les travaux sur des matières si difficiles et si impor- 
tantes tout à la fois. 

Les personnes qui ne sont guère familiarisées avec les 
travaux des naturalistes, ne se font pas une idée exacte de 
la difficulté du sujet que nous traitons en ce moment. Il 
nous suffirait peut-être, pour justifier ce que nous disons, L 
de rappeler que les plus grands observateurs ont échoué 
dans cette entreprise de donner une bonne définition de 
l’espèce. Il semble, au premier aperçu, que rien n’est ce- 
pendant plus facile que de séparer ce que la nature a su 
elle-même différencier. C’est ainsi que l’on juge lorsqu'on 
se borne àl’examen de la surface et qu’on ne descend pas 
profondément dans tous les replis de la question. Lorsque 
la science ne comptait qu’un petit nombre d’êtres inscrits 
dans ses catalogues, il était assez facile de les séparer les 
uns des autres. Mais, à mesure que le nombre s’en est 
accru, tous les intervalles se sont comblés par des formes 
intermédiaires; et c’est alors que l’on s’est aperçu des 
énormes difficultés qu’il fallait surmonter pour arriver aux 
généralisations nécessaires et préalables qui doivent servir 


= 2 
de base à une définition rigoureuse de lespèce. On s’est 
même demandé si l’espèce avait une existence réelle, et 
il s’est trouvé une école de naturalistes philosophes qui à 
répondu par la négation. Il fallait bien admettre l’exis- 
tence des individus. Mais, au moyen des variétés, on ne 
trouvait aucune limite assurée, et il semblait possible de 
passer ainsi par des transitions insensibles, d’abord d’une 
{orme à l’autre, puis d’an groupe à son voisin, de telle 
sorte que, pour eux, il suffisait @un petit nombre de 
créations prototypes dont les individus, modifiés par les 
circonstances ambiantes, avaient fini par peupler ce 
monde de tous les êtres vivants que nous y apercevons. 
Comme nous lavons déjà dit, la théorie philosophique 
de Lamarck aurait eu besoin, pour s’étayer solidement, 
de la preuve irrévocable de la non-existence de lespèce. 
Mais ce grand observateur, entraîné par la force des cho- 


ses, a été l’un des naturalistes qui ont constaté l’existence 
L) 


d’un plus grand nombre d'êtres vivants. Son œil investi- 
gateur et instruit par une longue expérience, savait saisir 
des nuances qui échappaient à d’autres naturalistes. Cette 
contradiction de la part d'un si grand homme nous sem- 
ble une preuve de l'erreur dans laquelle sont tombés les 
savants qui ont nié l’existence de l'espèce. Quelques cour- 
tes réflexions feront voir que cette opinion ne peut sup- 
porter un examen approfondi. En effet, je prends au ha- 
sard un certain nombre de mollusques, par exemple, et 
je dis : cet individu ne diffère pas sensiblement d’un cer- 
tain nombre d’autres individus ; mais en voici un autre 


-qui diffère par un caractère de très-petite valeur, et je le 


juge du même groupe que tous les précédents. Je ne puis 

ici prononcer le nom d’espèce. Par ce même procédé, 

j'enchaîne les unes aux autres toutes les individualités 
Al 


0 


rapprochées comme la première, mais différant entre 
elles par des nuances à peine sensibles. J'arrive à la limite 
du groupe, et je trouve également des nuances entre ce 
groupe et celui qui suit. Parvenu à ce point, la limite du 
genre est facilement franchie ; et, en continuant. ce sys- 
‘ème de rapprochements, nous arrivons à cette conclu- 
sion forcée, qu’il n’existe qu’une seule espèce de mollus- 
ques dans chacune des grandes divisions de cet embran- 
chement important du règne animal. Poser la question de 
cette manière, c’est la résoudre, il nous semble, par un 
appel fait au bon sens de chacun, par la répugnance que 
l’on éprouve à admettre la conséquence rigoureuse du 
principe posé, Si nous voulions insister par quelques 
exemples, nous pourrions citer le groupe si remarquable 
etaujourd’hui si considérable des mollusques terrestres 
pulmonés. Nous le verrions commencer par des animaux 
pus qui prennent d’abord un rudiment testacé entière- 
ment caché dans l’épaisseur de la peau. Nous verrions ce 
radiment se montrer au jour par un seul point, se déve- 
lopper insensiblement de manière à pouvoir protéger une 
plus grande partie de l’animal, ei parvenir enfin à le con- 
tenir tout entier lorsqu'il a acquis la forme d’une co- 
quille spirale. À voir toutes ces innombrables modifica- 
tions dans les formes, c’est alors que l’on peut établir des 
séries d'individus qui paraissent se nuancer par les plus 
faibles différences, et que l’on pourrait soutenir qu’il n°y 
a qu’une seule espèce modifiée à l'infini. Ne pourrait-on 
pas dire de même des brachiopodes, etc. ? 

Il y a dans tout cela plus d'apparence que de réalité. 
En quittant la surface pour aborder une étude approfon- 
die des objets, on reconnaît que toutes ces nuances sont 
autant de degrés parfaitement limités par des caracières 


à 6 


constants, appréciables et toujours semblables, dans les 
individus identiques. En un mot, un examen attentif con- 
duit à la distinction des espèces; et, quand on en vient 
à l’étude de l’organisation des añimaux, on aperçoit des 
caractères plus généraux que ceux des espèces, et à l’aide 
desquels on peut limiter de bons genres. 

Si Popinion de la non-existence de l’espèce à rencontré 
des sectateurs haut placés dans la science, cela tient, 
nous le croyons, à deux causes différentes : d’abord à une 
idée philosophique préconçue, ensuite à la difficulté pro- 
pre au genre d’observations qui forment les bases de l’hy- 
pothèse. On a cru que plus l’observation agrandirait son 
champ, et plus il serait facile de prouver que les espèces 
se confondent et n’ont point de limites certaines. Mais ie 
contraire se réalise à mesure que Pétude s’approfondit da- 
vantage et s'attache à un plus grand nombre d’êtres. Alors 
l'expérience parle à son tour, et vient apporter des faits 
d’une grande valeur pour démontrer l’existence réelle de 
l'espèce ; pour arriver à ce résultat, il a fallu simplement 
constater la constance absolue de certains caractères 
qui se retrouvent invariablement chez tous les indiviaus 
de la même espèce, caractères invariablement transmis 
par voie de génération. 

Souvent on s’en est laissé imposer par la variation con- 
sidérable des parties d’un animal que l’on à cru propre à 
être caractéristique, et l’on a laissé échapper des carac- 
tères d’une beaucoup moindre apparence qui, cependant, 
par leur constance, ont une importance de beaucoup su- 
périeure à celle des premiers. Il faut donc que le zoo- 
logiste soit constamment en garde contre cette source 
d'erreur, et qu’il sache reconnaître aux caractères leur 
valeur réelle, celui qui est le plus considérable et le 


— 90h — 


plus apparent, mais qui en même temps est le plus 
variable, ayant une bien moindre valeur que celui qui, 
pour être plus petit et plus caché, mais beaucoup 
plus constant, en acquiert une très-importante par 
cette constance même. Pour arriver à ce résultat, il 
a fallu descendre à l'examen minutieux de tout ce qui 
constitue l’espèce en elle-même, reconnaître la constance 
des caractères spécifiques sur un nombre considérable 
d'individus, et enfin attendre, pour dernière consécration. 
que l’espèce ait été reconnue bonne, d’après les mêmes 
caractères, par plusieurs observateurs d’un mérite incon- 
testable. 

Une fois l’expérience faite sur un certain nombre d’es- 
pèces de la même classe d'êtres organisés, la définition 
tant cherchée et tant désirée nous semble plus possible 
que jamais; car elle consisterait à dire : l’espèce est une 
réunion d'individus semblables, descendus de parents 
identiques à eux, et separés des autres par des caractères 
organiques d'une constance absolue. 

Si, à côté des caractères d’une constance absolue, on 
en rencontre d’autres qui jouissent d’une certaine varia- 
bilité, c’est d’après ceux-là que seront établies les varié- 
tés. Mais il faut retrouver dans la variété même le carac- 
tère constant et fondamental de l'espèce : autrement, si 
le caractère qui paraît certain venait à offrir lui-même des 
variations, il faudrait rechercher ailleurs le caractère fon- 
damental de l’espèce, pour reléguer parmi les variétés le 
groupe d'individus qui offrirait ce caractère variable. 
Ainsi, pour nous, l’espèce se fonde sur un ou plusieurs 
caractères absolument invariables ; la variété, sur la va- 
riabilité des caractères de moindre importance. Souvent, 
nous le savons, la constatation des caractères invariables 


— 205 — 


des espèces est un travail long et difficile. Si, quelquefois, 
il suffit de l'examen d’un petit nombre d'individus, le plus 
souvent On ne peut acquérir une certitude définitive qu’a- 
près avoir réuni un grand nombre d'échantillons des 
espèces qui s’avoisinent le plus. Par un travail longtemps 
continué, le naturaliste finit par acquérir une suffisante 
expérience pour découvrir avec plus de facilité les vrais 
caractères des espèces sur un petit nombre d'individus. — 
Cependant, et telle est notre opinion, nous pensons que 
bien des réformes devront s’opérer par la suite parmi ces 
espèces rares dans nos collections et qu’enfante la pénurie 
des échantillons. On a sous les yeux une ou deux parties 
détachées d’une série, et l’on a cru rencontrer des carac- 
tères spécifiques dans des êtres où ils n’ont réellement pas 
cette valeur. Des exemples de cette nature fourmillent 
dans presque toutes les parties de l’histoire naturelle. Ils 
doivent avertir l’observateur consciencieux et lui dire de 
ne pas trop se hâter dans son appréciation des espèces. 
Une source d’erreurs pour les observateurs a été cette 
opinion de supposer à toutes les espèces la même étendue 
et à leurs caractères la même valeur. Mais, à cet égard, la 
nature se joue de nos idées préconcues : des espèces 
quelquefois voisines se différencient par des caractères 
plus nombreux et plus considérables. H ne faut donc pas 
s'attacher à rencontrer chez toutes des caractères équiva- 
lents empruntés exactement aux mêmes parties, le carac- 
tère spécifique se montrant tantôt sur un point, tantôt sur 
un autre de l’organisation ; tandis qu'il est d’autres séries 
où ces caractères se manifestentexactement sur les mêmes 
points. Il faut donc savoir les trouver là où ils sont, ce 
qui exige un examen plus minutieux de chaque individu. 
Nous aurions encore à examiner une intéressante ques- 


— 206 — 
tion, c’est celle de la durée de l'espèce. Nous avons déjà 
rapporté précédemment et d’une manière générale. com- 
ment, depuis les premiers temps de la création jusqu’à 
nos jours, les êtres apparaissent, s’enchevêtrent et dispa- 
raissent les uns après les autres. Mais, dans cette dispari- 
tion des espèces, se montre un phénomène des plus re- 
marquables : elles n’ont pas toutes la même durée. Il en 
est même qui paraissent avoir été destinées à n’avoir 
qu’une existence fugitive, comparée à la longueur de celle 
des autres. Ainsi, tandis qu’il en est qui persistent dans 
un grand nombre de couches, lesquelles représentent un 
temps d’une immense durée, beaucoup d’autres se sont 
éteintes et ont disparu à tout jamais de la surface de la 
terre. Cependant, d’après l'ensemble des faits, toutes ces 
espèces semblent avoir vécu sous les mêmes influences et 
dans les mêmes conditions. Pourquoi à celles-ci une plus 
longue durée qu’à celles-là ? Nous sommes à ce sujet dans 
l'ignorance la plus complète; nous devons, quant à pré- 
sent, nous contenter de constater ce fait extraordinaire. 
Ainsi, dans un groupe de terrain, nous trouverons quinze, 
vingt espèces, plus ou moins, qui, commencant à la base, 
remonteront jusqu’au somuwet, en se montrant dans toutes 
les couches intermédiaires. Et celles-là verront s’éteindre 
autour d’elles, et successivement, toutes les autres espèces 
avec lesquelles elles ont vécu depuis le commencement. 
Quelques-unes les égalent presque en longévité ; il en est 
d’autres qui se montrent dans une couche mince dont 
elles ne dépassent pas les limites. Celles-là ont été les 
moins robustes, et il a fallu une cause de faible impor- 
tance pour en déterminer lextinction. Ce phénomène 
n’est pas seulement propre aux lerrains anciens ou aux 
terrains secondaires, il se montre aussi dans la série des 


terrains tertiaires, et nous aurons occasion de le faire 
remarquer dans l’étude des espèces du bassin de Paris. 

À mesure que l’on remonte dans la série des terrains, 
on voit les êtres organisés se localiser de plus en plus, ce 
qui annonce des changements profonds qui se sont opérés 
à la surface de notre planète dans les conditions de l’exis- 
tence. La température a dû jouer incontestablement un 
des rôles principaux dans ces conditions ; mais elle n’est 
pas la seule : la forme des continents, l’étendue des mers, 
la nature des eaux et de Pair ont dû apporter leur tribut 
dans l’accomplissement des causes qui ont déterminé la 
distribution des êtres à la surface de la terre, Nous voyons, 
par exemple, pendant la durée des terrains paléozoïques, 
les êtres vivants se répartir presque également en es- 
pèces, si ce n’est identiques, du moins extrêmement ana- 
logues, sur tous les points de la terre. Cette distribution 
annonce une égalité de température qui n’existe plus au- 
Jourd’hui. — Mais le fait que nous voulions faire remar- 
quer, c’est que, malgré cette similitude dans les conditions 
de la vie, ce phénomène de l’inégale durée des espèces 
s’est cependant manifesté à un très-haut degré, semblable 
en tout à ce que nous montrent les terrains tertiaires. 
quoique ceux-ci aient été déposés lorsque les conditions 
de la vie étaient bien différentes de celles des périodes plus 
anciennes. 

Parviendra-t-on jamais à découvrir la cause d’un phé- 
nomène comme celui-là ? Il nous semble que le problème 
vaut bien la peine d’être examiné. Mais il est une autre 
question plus importante encore qui doit avoir la prio- 
rité, 

Lorsque l’on étudie avec une attention convenable les 
mœurs des animaux marins, on peut distinguer parmi eux 


_ SRB — 

plusieurs catégories : les uns, plus mobiles, peuvent se 
répandre avec facilité dans des bassins d’une grande éten- 
due ; d’autres, quoique ples stationsaires, peuvent vivre, 
indifféremment sur des fonds de diverses natures, soit 
qu'ils s'attachent aux roches solides, soit qu’ils se cachent 
dans les fonds vaseux ou sableux. Mais il en est d’autres 
pour lesquels ume condition plus restreinte est néces- 
saire, car Pon my rencontre jamais les uns er dehors de 
couches sabieuses, les autres, autre part que dans des dé- 
pôts argileux, 

Ceci étant reconnu, on comprend que tous les phéno- 
nènes qui ont amené des changements dans les conditions 
d'existence des espèces les plus localisées, ont pu entrat- 
ner à leur suite l’extinction de ces espèces, pour peù que 
le phénomène en question se soit étendu sur une surface 
océanique considérable. C’est ainsi qu’un phénomène, 
selon sa durée et son importance, aura pu entraîner à sa 
suite l’extinction d’une ou de plusieurs espèces, en lais- 
sant subsister toutes les autres. Nous voulons rendre plus 
sensible ce que nous disons en citant un exemple. Voici 
quelques espèces qui sont habituées à vivre dans Pargile 
el qu’on ne rencontre jamais ailleurs : une pertubation sur- 
venant dans la constitution du sol, soit en le soulevant où 
en lui faisant subir un affaissement, pendant ‘ee mouve- 
ment, les argiles sont délayées, les espèces qu’elles ren- 
fermaient sont transplantées dans une région sableuse ou 
sur un sol dénudé et consolidé, Cela seul suffit pour ex- 
pliquer lextinction d’une espèce localisée plus qu'une 
autre dans une partie quelconque d’un vaste océan. Bien 
plus, ii sufirait peut-être d’un changement considérable 
dans la profondeur des mers, comimne de descendre Île 
rivage à de grandes profondeurs ou de ramener les pro- 


PB 


fondeurs à la hauteur des rivages, pour entraîner quel- 
ques-unes des extinctions spécifiques dont nous parlons. 
D’autres causes se joignent encore à celles que nous 
venons d'exposer. En examinant la succession régulière 
des couches de sédiment, on apercoit à la suite de dépôts 
coquilliers des couches de sable ou d’argile dans lesquelles 
on ne retrouve plus de traces de corps organisés ; et c’est 
souvent à la suite de ces alternatives que l’on remarque 
des changements considérables dans la succession des 
êtres. Il semble que ces couches soient de vastes linceuls 
sous lesquels la vie s’est éteinte au moins pour celles des 
espèces qui étaient comprises dans le cercle d'action de 
ces dépôts meurtriers, si nous osons employer celte ex- 
pression. Si, au-dessus de ces vastes suaires, reparaissent 
un certain nombre des espèces qui sont au-dessous, un 
assez grand nombre y ont péri uniquement par cette rai- 
son qu’elles étaient contenues dans un cercle relativement 
plus étroit. Gependant, ces causes fortuites de destruction 
ne sont pas les seules, car les espèces qui ont été plus ré- 
sistantes, dont la durée a été beaucoup plus longue, ont 
cependant disparu à leur tour, quoique les circonstances 
dans lesquelles elles sont venues s’éteindre parussent en- 
core propres à favoriser la prolongation de leur vie. fl 
faut donc admettre, forcément, qu’il en est des espèces 
comme des individus : les uns périssent jeunes, les au- 
tres atteignent la plus extrême longévité, sans que la 
yature nous ait donné le secret du pourquoi et du com- 
ment. | 
Quand on envisage l’excessive lenteur avec laquelle les 
êtres se modifient dans la nature actuelle: quand on 
songe que, pendant la durée des annales de lPhumanité, 
les espèces connues dès la plus haute antiquité n’ont subi 


"00 — 

aucune dégradation, quand, enfin, remontant au delà de 
la limite de l’histoire de l’homme, nous retrouvons les 
espèces actuellement vivantes déjà fossiles dans des ter- 
rains quelquefois épais et fort étendus, l'esprit est elfrayé 
en songeant à l’immensité du temps qu’il a fallu pour opé- 
rer cette extinction des races, si souvent répétée pendant 
les périodes géologiques. Sans doute, ce temps que nous 
mesurons, et qui nous effraie par son immensité, n’est 
rien à côté de l’éternité ; mais, aussitôt que nous aper- 
cevons un commencement aux choses qui nous entourent, 
aussitôt nous nous préoccupons de l'époque présumable 
de ce commencement et de la durée probable des êtres qui 
ont précédé ceux que nous voyons et que nous touchons. 
Malheureusement, dans ces questions de durée, l’observa- 
tion nous prive et nous privera longtemps encore, sans 
aucun doute, d’un chronomètre qui nous permettra d’ap- 
précier la longueur des temps. Il faudrait, en eflet, pour 
poser les premiers éléments de la question à résoudre, 
que l’homme ait pu enregistrer dans ses annales l’exemple 
authentique, nous ne dirons pas de lapparition et de lex- 
tinction d’une espèce, mais du moins de sa disparition, 
après avoir constaté sa présence dans la période actuelle. 
En supposant que cette espèce serait celle dont la vie est 
la plus courte, on pourrait déjà avoir quelques présomp- 
tions sur la durée probable &e celles qui ont parcouru la 
plus courte échelle géologique. 

Parmi les phénomènes que nous observons, il en est 
quelques-uns au moyen desquels nous pouvons constater 
l’excessive lenteur des changements que peuvent subir les 
espèces. Geux des géologues qui ont étudié les phénomè- 
nes volcaniques de l’Etna, savent très-bien qu’il existe un 
assez grand nombre de couches alternatives dans lesquel- 


— 211 — 

les les coulées de lave basaltique sont venues recouvrir 
périodiquement des dépôts d'animaux marins. On voit 
par la nature de la roche et la disposition des fossiles, que 
les dépôts se sont faits sous l’eau à une époque où le vol- 
can n’avait point encore atteint la surface de la mer ou 
n'avait qu’une très-faible élévation au-dessus d’elle. De- 
puis ces premiers temps des irruptions sous-marines du 
volcan jusque aujourd hui, où il à pris cette proportion 
gigantesque qu’on lui connaît, il s’est écoulé une période 
de temps qui est énorme, lorsque l’on vient à compter le 
nombre des coulées rejetées par le cratère, et que l’on vient 
à supputer les intervalles probables entre chacun des phé- 
nomènes d’irruption. Eh bien! ce qu’il y a d’extrêmement 
curieux et très-important dans la question que nous exa- 
winons, c’estque les espèces prises dans les premières dé- 
jections volcaniques ne diffèrent en quoi que ce soit de celles 
qui viventencore dans les mêmes parages. On retrouve les 
mêmes variétés, la taille, la forme, les moindres acci- 
dents, rien n’a subi le moindre changement ; et cepen- 
dant, nous le répétons, quelle immensité de temps s’est 
écoulée depuis le commencement du volcan jusqu’au mo- 
ment actuel! Comme nous le disions, les espèces n'ont 
point subi de modifications ; mais elles n’ont point dimi- 
nué vi augmenté de nombre. Ceci donne un aperçu de 
l’excessive lenteur de ces phénomènes, qui ont cependant 
amené à la surface de la terre des changements consi- 
dérables, tels que ceux que nous enseignent la géologie et 
la paléontologie. 

Si l’inégale longueur dans la durée des espèces est un 
fait d’une grande importance et dont les causes nous 
restent cachées pour le plus grand nombre, il esi une 
autre question plus importante encore, au sujet de la- 


— 9 — 


quelle bien des hypothèses ont été enfantées. Il s’agit, en 
eflet, de ce fait dont nous avons déjà parlé, de l’appari- 
tion d'espèces nouvelles et même de types nouveaux, à 
un moment donné, dans la série des créations ; il s’agit 
aussi de rechercher, autant qu’il esten nous, la cause de 
cet étrange phénomène. 

Nous ne voulons pas remonter aux causes de la pre- 
mière création. Le tout-puissant auteur de l'univers a 
voulu cette étonnante et inexplicable transformation de la 
matière inerte en matière vivante. Nous prenons dans le 
temps un moment où la vie est déjà répandue sur la terre 
sous ses deux formes principales, animale et végétale; et, 
en voyant apparaître d’autres races, nous nous demandons 
si elles proviennent, par modifications, des êtres déjà pré- 
existants, Ou si elles sont des créations spontanées, sor- 
ties toutes faites et adultes des mains du créateur, dans 
l’état de leur perfection relative. 

Il est nécessaire de rapporter, avant d’aller plus loin, 
quelques faits qui doivent précéder la discussion des di- 
verses hypothèses proposées pour satisfaire à l’explica- 
tion du phénomène de l’apparition des espèces. 

Quel que soit le terrain où l’on rencontre une espèce 
nouvelle, on la trouve dans les mêmes conditions de vita- 
lité que celles qu’eile accompagne, c’est-à-dire que cette 
espèce a parcouru toutes les phases ordinaires de la vie, 
depuis le premier rudiment embryogénique jusqu’à l'âge 
adulte et jusqu’à la plus extrême vieillesse. On ne voit pas 
une espèce apparaître subitement et dans son déveleppe- 
ment normal, comme cela devrait être si elle avait été 
enfantée subitement d’un seul coup, dans toute la perfec- 
tion nécessaire pour reproduires d’autres individus sem- 
blables, Ainsi, les premiers mollusques qui apparaissent 


— 913 — 

dans les couches les plus anciennes de la terre, montrent 
sur leurs coquilles les traces évidentes de leur accroisse- 
ment, comme si elles avaient été engendrées par des in- 
dividus antérieurs et normalement développés. Il est cer- 
tain, cependant, qu'avant l’apparition de ces premières 
espèces, il n’en existait aucun vestige ; et, quand même 
on viendrait dire que tous ces vestiges ont disparu, cette 
assertion aurait une faible valeur en présence des faits 
contradictoires qui se sont successivement accomplis. Si 
nous cherchons dans les autres classes des animaux, 
nous retrouvons l'identité du phénomène. Les premiers 
vertébrés, aussi bien que les mollusques, offrent le témoi- 
gnage irrécusable qu’ils se sont accrus progressivement 
depuis l’état d’embryon jusqu’à la vieillesse. Lorsque, 
franchissant, par exemple, un certain nombre de périodes, 
nous observons le contact du terrain tertiaire avec le ter- 
rain crétacé, nous voyons apparaître tout à coup une 
faune différente de la précédente, et nous assistons ainsi 
à l’un des phénomènes les plus intéressants qui puissent 
exercer la sagacité de l’homme. Toutes ces espèces ter- 
tiaires, celles même qui constituent des types entière- 
ment nouveaux, dont on ne retrouve aucune trace dans 
toute la série des terrains précédents, ces espèces, disons- 
nous, ont cependant le même mode d’accroissement que 
toutes celles qui les entourent et que toutes celles qui les 
ont précédées. De l’ensemble de ces faits, il résulte avec 
la plus grande évidence que la nature ne crée pas des in- 
dividus dans tout leur développement, mais seulementdes 
germes, qui se développent avec autant de régularité que 
s’ilsavaient été produits par des parents déjà préexistants. 

Il semblerait qu’arrivée au terme où nous venons de la 
conduire, la question s’est de beaucoup simplifiée, car il 


— 2{1h — 


ne s’agit plus de concevoir Papoarition d’un être venu 
tout à coup et de toutes pièces dans toute sa perfection 
juvénile, mais d'accepter l'idée de l'apparition de germe 
dont la simplicité organique ne peut être contestée. Mais, 
jusqu'ici, il a été impossible d’imaginer que des germes 
apparaissent indépendamment de lexistence préalable de 
leurs parents. Il est presque aussi difficile de concevoir un 
germe existant isolément et indépendant de tout autre 
être semblable, que de celle d’un être plus composé et 
plus avancé dans la période de sa vie. On peut dire, à la 
vérité, que la constitution organique des germes étant 
d’une grande simplicité, il a fallu des modifications d’une 
bien faible importance pour amener chez eux des change- 
ments suffisants pour déterminer la création de nouvelles 
espèces et même de nouveaux types organiques. 

Avant d’adopter ces modifications dans les germes, il 
faudrait se rendre compte de la possibilité de la création 
spontanée de ces mêmes germes, car il serait difficile 
d'admettre, lorsque lon voit apparaître un type d’orgaui- 
sation très-différent de tous ceux qui l’ont précédé, qu’il 
résulte de modifications de germes procréés par l’un de 
ces types préexistants. Ainsi, par exemple, les végétaux 
ont précédé dans la création les animaux : peut-on dire, 
avec M. Boucher de Perthes, queles végétaux ontengendré 
les animaux ? Dans le règne animal, un assez grand nom- 
bre d’invertébrés ont précédé les vertébrés : peut-on dire 
que ce sont des germes d’invertébrés modifiés qui ont 
donné naissance aux premiers vertébrés? Et, si lPon en- 
visage ainsi les divers groupes parmi les animaux et parmi 
les végétaux, on peut multiplier presqu’à l’infini de sem- 
blables questions. Mais tout cela ne conduit pas à la solu- 
tion du problème. D’après les observations telles qu’elles 


—. 9215 — 


sont consignées actuellement dans la science, on trouve, 
dans les germes produits dans chaque groupe, dans cha- 
que classe et dans chacune des espèces, des caractères 
particuliers qui les distinguent ; de sorte que la spécialité 
se trahit jusque dans l’origine individuelle de chaque es- 
pèce, à ce point qu’il est impossible de comprendre 
comment un germe ainsi constitué peut recevoir des mo- 
difications sans éprouver une perturbation qui amène 
nécessairement sa destruction, au lieu de favoriser son 
développement sous une forme différente. 

Il faudrait donc, par une conséquence presque forcée, 
admettre une autre hypothèse, celle de la création spon- 
tanée des germes ou de leur préexistence dans l'éternité. 
Alors, pour que leur développement s'opère, il s’agit 
simplement d'attendre l’occasion favorable. Mais il v a des 
animaux chez lesquels les germes ne sont pas d’une telle 
petitesse, qu'ils puissent échapper constamment et tou- 
jours aux recherches minutieuses des observateurs, dans 
un temps surtout comme celui-ci, où l’admirable perfec- 
tionnement des instruments d’observation a permis d’étu- 
dier l’organisation de ces atomes microscopiques, pous- 
sière vivante qui peuple en immense abondance des eaux 
que l’on croit de la plus grande pureté. Or, ceci semble 
une objection très-sérieuse à ces faits si connus de lap- 
parition subite d’un animal de grande taille appartenant 
soit aux vertébrés, soit aux invertébrés, Le germe d’un 
semblable animal étaitcertainement très-petit; mais cepen- 
dant, relativement, il avait plus de volume que celui d’un 
être microscopique, et, par conséquent, il était quelque 
chose dans la nature ; et il en a dû être de même pour les 
êtres de la nature actuelle, qui sont nouveaux par rapport 
à la population enfouie dans les terrains tertiaires. Si les 


he — 


germes étaient des choses préexistantes de toute éternité, 
malgré l’immensité du monde, on aurait dû en rencontrer 
de temps en temps et en constater l’existence. Mais tous 
ceux qui ont été observés appartenaient à des espèces 
déjà connues, et leur origine était semblable à celle de 
tous les êtres que nous connaissons. Quant à la généra- 
ion spontanée, cette idée, admise pendant assez long- 
temps, est aujourd’hui de plus en plus repoussée, à me- 
sure que l’art d'observer s’est perfectionné. Lorsque les 
expériences out été faites avec tout le soin convenable, 
jamais on n’a pu constater la naissance spontanée d’un 
être vivant. Il fallait toujours le concours de circonstan- 
ces ambiantes telles, que l’on pouvait admettre avec rai- 
son que le germe invisible d’un être microscopique avait 
été apporté par l’eau ou par Pair et s'était introduit mal- 
gré l'attention de l’observateur. Dans tous les cas, il y au- 
rait ici deux questions : celle de la création spontanée de 
certains êtres microscopiques qui vivent et périssent à la 
manière des autres animaux, et celle de Papparition spon- 
tanée des germes, qui auraient la propriété de se conser- 
ver intacts pendant des périodes de temps plus ou moins 
considérables, jusqu’au moment où se présenteraient les 
circonstances favorables à leur développement. 

Une autre difficulté surgit : lorsque l’on considère cer- 
tains faits tels qu’ils sont aujourd’hui constatés. Voici, par 
exemple, la succession de deux grandes périodes géologi- 
ques représentées par un grand ensemble de couches et 
d’animaux. Ces couches se succèdent, les faunes sont rap- 
prochées, et cependant toutes les espèces de ces deux fau- 
nes sont parfaitement distinctes. À un moment donné, 
toutes celles comprises dans les couches inférieures sont 
éteintes, et toutes celles contenues dans les couches swi- 


— 917 — 

vantes sont entièrement nouvelles. Devant ce fait, com- 
ment expliquer la continuation des races ? Il faut donc ad- 
mettre que les causes assez puissantes pour détruire les 
espèces elles-mêmes, ont laissé subsister les germes, et 
ont eu simplement la propriété de les modifier. Et, chose 
étonnante, cette modification aurait entraîné non-seule- 
ment la création d’espèces voisines, mais encore celle d’un 
nombre plus considérable d’espèces appartenant à des 
groupes différents, et aurait en même temps déterminé 
l’apparition de types d’une organisation supérieure, ce qui 
semblerait faire croire, dans cette hypothèse, qu’un même 
germe différemment modifié aurait donné naissance non- 
seulement à des espèces, mais encore à des genres diffé- 
rents ; car, ainsi que nous l’avons établi précédemment, 
et ceci est un fait reconnu de tous ceux qui s’occupent de 
paléontologie, c’est que le nombre des espèces et des ty- 
pes organiques s’accroît à mesure que l’on passe des ter- 
rains plus anciens vers les terrains plus modernes. On 
voit, par ce que nous venons d'exposer, combien la ques- 
tion est enveloppée d’obscurité et combien il est difficile 
de soulever quelque peu ce voile mystérieux qui nous 
cache avec tant de soin les phénomènes de la création. 

Plusieurs hypothèses ont été successivement proposées 
pour expliquer quelques-uns des faits que nous avons pré- 
cédemment rappelés. 

L'homme exerce, sans contestation, une très-grande 
influence sur ceux des animaux qu’il est parvenu à sou- 
mettre à sa domination. En entourant les animaux do- 
mestiques de-conditions spéciales eten profitant du croi- 
sement des races pour obtenir certaines modifications 
utiles, on est parvenu, pour ainsi dire, à jouer avec quel- 
ques-unes de ces modifications, de manière à les repro- 

15 


2 8 - 


duire à volonté. On sait, par conséquent, quelles influen- 
ces il faut exercer pour les obtenir. Nous ne devons pas 
entrer ici dans des détails que nous supposons connus du 
lecteur : il suffit de se rappeler les modifications éton- 
pantes obtenues assez rapidement par ‘les producteurs 
anglais, etc. On sait aussi qu’en transportant les races du 
Nord dans les régions méridionales, cela seul apporte 
chez elles des modifications extérieures qui se continuent 
tant que l’espèce est maintenue dans ces conditions nou- 
velles ; et quand on considère les variations considéra- 
bles qui existent entre la race primitive et les extrêmes 
modifications obtenues par l'influence de l’homme, on y 
aperçoit des différences d’une valeur presque égale à celles 
qui existent d’une espèce à lautre restée dans son état 
primitif. L'homme aurait donc constitué une espèce nou- 
velle, à laquelle il ne wanquerait plus, pour être admise 
sans contestation, que la consécration du temps. Mais le 
temps n'apporte pas la constance du phénomène que l’on 
recherche : il arrive, au contraire, que les races ainsi 
modifiées par la volonté de l’homme, abandonnées à 
elles-mêmes, retournent très-promptement à leur type 
primitif, ce qui prouve le peu de constance et, par con- 
séquent, le peu de valeur des caractères artificiellement 
acquis chez les animaux dont il est question. Ainsi que 
nous le disions précédemment, il faut à la constitution de 
l’espèce un certain nombre de caractères invariables 
d’une manière absolue, et nous ne pensons pas que 
l'homme soit parvenu à faire acquérir aux animaux des 
modifications de cette importance. Et d’ailleurs, ainsi que 
nous l’avons dit, les espèces constituent de véritables de- 
grés nettement séparés les uns des autres ; et, dans les 
faits produits par la domestication des animaux, on peut 


— 219 — 

suivre toutes les transitions possibles d’une variété à l’au- 
tre, depuis le type primitif jusqu’à la plus extrême modi- 
fication. Par ce mélange même de variétés les plus 
multipliées, on acquiert la preuve que ces variétés appar- 
tiennent à un même tout spécifique. Nous avons encore 
une autre observation à ajouter. Si extraordinaires que 
paraissent ces variétés obtenues par l’homme sur les ani- 
maux domestiques, il n’en est pas moins vrai qu’elles ne 
se présentent que sur un petit nombre d’espèces, et que, 
malgré les efforts les plus continus, il y en a un très- 
grand nombre d’autres qui résistent toujours à son in- 
fluence. Il est vrai que l’on répond à cela que la nature, 
dans son action lente et continue, agit avec bien plus de 
force sur les espèces pour les modifier que l’homme lui- 
même. Mais, en alléguant cette raison, on ne s’apercçoit 
pas que l’on fait tourner la question dans un cercle, puis- 
qu'il faudrait admettre la confusion infinie entre les es- 
pèces, ce qui n’a rien de réel, ainsi que nous l'avons vu 
précédemment. La nature fait des espèces toujours nette- 
ment distinctes, tandis que l’homme engendre de simples 
variélés auxquelles la nature elle-même met un terme, 
puisque, d’un côté, elle rend inféconds le plus grand nom- 
bre de mulets, et que, d’un autre, elle frappe de stérilité 
les êtres qui ne se régénèrent pas par des croisements 
multipliés. Le laboureur sait très-bien qu’il doit renouve- 
ler ses semences s’il veut conserver à ses champs toute 
leur fertilité ; et l’on sait, jusque dans la race humaine, 
que les alliances trop longtemps prolongées entre les indi- 
vidus d’une même famille, finissent par amener la stérilité. 

Ainsi, cette hypothèse des modifications de l’espèce par 
voie de procréation successive, soutenue par Lamarck et 
d’autres naturalistes de son école, ne trouve point sa 


— 220 — 
preuve dans la nature, et ne peut s'appliquer d’une ma- 
nière rationnelle à la transformation des germes telle, qu’if 
faudrait la concevoir pour expliquer les phénomènes qui 
accompagnent la création des êtres. 

Un autre ordre de faits qui se rattache indirectement à 
ceux que nous venons d'examiner, semble apporter des 
prenves en faveur de la transformation possible d’une 
espèce dans une autre. On a vu certaines monstruosilés 
se continuer par voie de génération dans un certain nom- 
bre d'individus; et l’on s’est dit que, si ces générations se 
continuaient assez longtemps, les différences entre le type 
primitif et la monstruosité deviendraient égales à celles 
qui séparent deux espèces naturelles. Mais, ainsi que 
nous le disions tout à l'heure, ce phénomène ne se pro- 
duit pas aussi facilement qu’on se l’imagine : la généra- 
tion se continuant entre les individus d’une même famille, 
finit par amener la stérilité, qui met ainsi un terme à 
cette déviation accidentelle. Ç 

La monstruosité n’est donc pas plus appelée à se per- 
pétuer que Ja modification produite par la main de 
l’homme. C'est réduire la question à de très-petites pro- 
portions que de lPenfermer dans ce cadre étroit où l’ont 
placé ceux des zoologistes qui ont voulu généraliser avant 
d’avoir rassemblé tous les faits qui touchent à une même 
question. 

M. de Kevyserling, en appelant l’attention sur ce sujet 
plein d’intérêt, a présenté, dans le Bulletin de la Société 
géologique de France (2° série, t. x, p, 355, ett. XII, 
p. 60), une hypothèse beaucoup plus satisfaisante que 
celle de ses prédécesseurs ; et, malgré les preuves de pro- 
babilité qu’elle porte en elle-même. ce savant, d’un mé- 
rite peu commun, a soin, néanmoins. de la présenter avec 


— 9221 — 
la plus grande réserve. Elle est assurément des plus at- 
trayantes, car elle explique d’une manière plus naturelle 
la plupart des phénomènes qui accompagnent lappari- 
tion des nouveaux êtres. 

Partant de ce principe incontestable que toutes les ac- 
tions entre les éléments du monde matériel se réduisent à 
deux sortes, les unes purement physiques, les autres phy- 
siques et chimiques tout à la fois, il faut rechercher au- 
quel de ces deux ordres d'action appartient la création de 
l'espèce par la modification des germes. 

L’action purement physique conduit à la négation de 
l’espèce et à la modification des êtres par les nuances les 
plus insensibles, car, dans ce cas, les différences physi- 
ques provenant d’une diminution ou d’une augmentation 
continue, la conséquence est rigoureuse. 

Au contraire, dit M. de Keyserling, les différences es- 
sentiellement chimiques basées sur le groupement des élé- 
ments en proportions fixes, ne peuvent procéder que par 
rlxyythmes, par gradins, et constituent des groupes de 
corps rigoureusement séparés les uns des autres. 

Il y aurait donc, pour les corps organisés, des formules 
aussi nettes, aussi rigoureusement arrêtées que celles des 
combinaisons entre les corps inorganiques. En effet, ces 
combinaisons reproduisent toujours un corps identique- 
ment semblable, différent par certaines propriétés de tous 
ceux avec lesquels il pourrait avoir des rapports; en un 
mot, ce corps se trouve exactement dans les conditions. 
des espèces d'êtres organisés, tels que l'observation les 
définit. Il faut donc admettre dans la constitution élé- 
nmentaire du germe, une composition chimique invariable, 
et de là résulte, pour l’espèce produite, des caractères 
constants et invariables. 


— 1222 — 


Loin de répugner à la raison, tout ceci rentre, au con- 
traire, très-bien dans lordre des choses possibles, el 
donne une explication satisfaisante de la constance de 
espèce et même de sa variabilité dans les limites qui lui 
sont connues. Mais ici se présente une difficulté, car les 
différences atomistiques dans les germes des espèces pa- 
raissent, quant à présent, insaisissables aux investigations 
les plus délicates des chimistes. En effet, que trouve-t-on 
dans Pembryon? Un vitellus, des matières atbumineuses 
contenues dans une enveloppe commune; et ces matières 
ont une composition chimique dont les éléments sont 
absolument les mêmes; ils se trouvent dans des propor- 
tions semblables, et il faudrait admettre des nuances in- 
saisissables pour nos moyens actuels d'observation, pour 
séparer dans leur origine, non-seulement les espèces. 
mais encore les divers types organisés. 

Il faut cependant, comme le fait très-bien remarquer 
M. de Keyserling, qu’il y ait des différences dans les 
conformations élémentaires des embryons, car elles se 
traduisent au dehors par lacouleur et quelques autres pro- 
priétés apparentes, mais qui jusqu'ici, nous le répétons, 
sont insaisissables par les procédés chimiques. Pour expli- 
quer l'apparition de nouvelles espèces, le savant auteur 
de l'hypothèse conçoit la possibilité d’une modification 
dans la constitution organique du germe. Dès lors le 
germe, à un moment donné, ne serait plus cette formule 
fixe et invariable nécessaire à la délimitation de l'espèce ; 
elle serait altérable et transformable à un certain degré, 
lequel, en acquérant les nouvelles propriétés d’une espèce 
différente, conserverait sa fixité pendant un temps plus ou 
moins long, jusqu’à ce qu’une nouvelle période de trans- 
formation étant venue, les germes de cette espèce, déjà 


— 223 — 

une fois transformés, recussent à leur tour une seconde 
modification, et ainsi de suite. Mais, comme le nombre 
des espèces va toujours en s’accroissant depuis les pre- 
mières créations jusqu’à nos jours, il faut donc supposer, 
dans un certain nombre de cas, que les germes d’une 
même espèce ont pu recevoir plusieurs sortes de modifi- 
cations pour engendrer ensuite plusieurs espèces nou- 
velles et même des types nouveaux d’organisation. Au- 
trement, on ne pourrait pas expliquer, dans l’hypothèse, 
la présence d’un plus grand nombre d’espèces dans les 
époques plus récentes. Nous sommes obligés, pour répon- 
dre à lhypothèse de M. de Keyserling, de répéter une 
partie de nos précédentes remarques, et nous terminerons 
en exposant comment M. de Keyserling comprend le 
phénomène de la disparition subite d’une grande faune et 
son remplacement par une création nouvelle ayant les 
plus grands rapports avec la première. C’est ainsi que 
nous avons fait voir par avance l’insuffisance de l’hypo- 
thèse de M. de Keyserling, tout en la préférant cependant 
et en la considérant comme beaucoup plus satisfaisante 
que toutes les autres. 

M. de Keyserling est obligé de procéder par voie de 
comparaison. Il suppose qu’à un moment donné le globe 
terrestre a été enveloppé de quelques éléments nouveaux 
capables d’altérer les éléments de germination. Pour don- 
ner une idée du phénomène, M. de Keyserling le compare 
à l'apparition subite de miasmes qui engendrent les gran- 
des épizooties et qui attaquent la race humaine sous les 
diverses formes des maladies épidémiques. 

Par cette hypothèse, le savant naturaliste rend compte 
de la plupart des phénomènes qui accompagnent la dispa- 
rition et l’apparition des espèces. Mais il faut supposer, ce 


— 224 — 


qui n’est pas , que. depuis le commencement jusqu’à nos 
jours, il n'y a pas eu d'interruption ; et les faits consta- 
tent d’une manière certaine que ces interruptions se sont 
répétées jusqu’à cinq fois dans la durée des races depuis 
les premières créations jusqu’à nos jours. 

Nous voudrions avoir une autre hypothèse à substituer 
à celles que nous venons d’examiner ; mais nous n’en aper- 
cevons aucune qui puisse satisfaire aux difficultés de la 
question, et, pour nous, le temps n’est pas encore venu 
où un problème aussi difficile peut recevoir une solution 
définitive. Pour modifier les êtres vivants et pour engen- 
drer des espèces nouvelles, la nature a des procédés qui 
ont jusqu'ici échappé à l’observation des hommes. Le jour 
où l’on sera parvenu à donner la vie à la réunion de quel- 
ques molécules inertes, le grand problème de la vie à la 
surface de la terre commencera à recevoir quelques lu- 
mières ; mais, jusque-là, il faut continuer des efforts per- 
sévérants et multiplier les moyens d'investigation, et sur- 
tout savoir faire intervenir ces agents si puissants de la 
lumière, de la chaleur, de l'électricité, qui jouent un si 
grand rôle dans les combinaisons chimiques de toute na- 
ture. 


Imprimerie de L, Tinrerun et C°, rue Neuve-des-Bons-Enfants, 3; 


JOURNAL 


DE 


* CONCHYLIOLOCIE. 


9 


Janvier 195%. 


rt 


Observations anatomiques sur des Mollusques 
peu connus. 


$ 1. 


Le genre Subemarginula a été créé par Blainville pour 
un petit nombre de coquilles patelliformes, ballottées 
quelque temps entre les Patelles et les Emarginules, à 
cause de leurs caractères génériques peu marqués. Les 
Subémarginules sont closes comme les Patelles, mais à 
leur partie antérieure on voit un sillon allant du sommet 
au bord antérieur, accusé à l’extérieur par une côte assez 
forte, terminé soit par une échancrure courte et relevée, 
soit par un prolongement canaliculé de la côte, qui dé- 
passe alors les autres côtes de la coquille. On remarque 
de plus la présence de deux autres sillons moins marqués, 
il est vrai, et situés obliquement de chaque côté du 
sillon antérieur. À ces sillons s'arrête l'impression mus- 
culaire. 

La coupe de Blainville a été conservée par très-peu 

16 


— 226 — 

de naturalistes ; la plupart Pont réunie au genre £margi- 
nula, quoiqu’on n y trouve pas l’entaille caractéristique 
de celui-ci. Mais cette manière de voir, fondée sur des 
considérations tirées de l’étude des coquilles, a besoin 
de preuves anatomiques pour être inattaquable ; nous 
tàchons ici de les fournir d’après Pexamen de deux espè- 
ces de Subémarginules. 

Rappelons d’abord en quelques mots, l’organisation 
des Emarginules, connue depuis longtemps par un de ces 
mémoires si remarquables de Cuvier (1), et par les ob- 
servations de plusieurs zoologistes qui ont pu étudier 
les espèces de l’ancien continent. 

Le bord antérieur du manteau présente une échancrure 
correspondant à celle de la coquille ; les yeux sont por- 
tés sur de gros tubercules externes aux tentacules ; le pied 
est entouré d’une rangée de petits appendices (tentacules 
Cuvier) ; organisation générale est aussi rapprochée que 
possible de celle des Fissurelles. 

Dans les Subémarginules, le pied est ovale, assez épais, 
très-musculeux ; un peu au-dessus de sa masse charnue 
on trouve une ceinture de petits appendices triangulai- 
res, courts, régulièrement espacés, se terminant en avant, 
au-dessous du cou. Le manteau, dilaté à son bord libre, 
est festonné dans toute la longueur de celui-ci; à son 
extrémité antérieure, il forme une légère gouttière ou bien 
une échancrure destinée à conduire Feau dans la cavité 
branchiale. Mince et transparent au-dessus, il porte le 
muscle d’attache en fer à cheval, qui, après être arrivé 
de chaque côté jusqu'aux sillons obliques que nous avons 


(4) Mémoire sur l’Haliotide, le Sigaret, le genre Patelle et ses démem- 
brements, enfin sur l'Oscabrion et la Plérotrachée, 


LES 

signalés sur la coquille, se dirige d’avant en arrière et se 
termine en pointe, en figurant ainsi un crochet de ha- 
mecon. Le manteau est légèrement soulevé dans le point 
qui correspond au grand sillon antérieur de la coquille. 
- En relevant le manteau, on découvre la tête; mais, 
dans la vie, elle doit très-souvent dépasser la coquille. La 
tête est proboscidiforme, très-dilatée aux points où s’in- 
sèrent les tentacules et les yeux, terminée par une bouche 
tronquée, à ouverture semi-circulaire. 

Les veux, très-noirs et assez gros, sont portés sur un 
support dont la longuear varie suivant les espèces, mais 
qui est beaucoup plus volumineux que celui des Fissu- 
relles, et égal le plus souvent à la moitié de la longueur 
des tentacules. Ceux-ci, conico-cylindriques, internes par 
rapport aux yeux, assez courts, sont dirigés de haut en bas 
et d’avant en arrière. 

Au-dessus et un peu en dehors de la tête, apparaissent 
les extrémités antérieures des deux branchies, qui se pro- 
longent en arrière jusqu’au-dessous du sommet de la co- 
quille. Elles sont semblables à celles des Fissurelles, 
formées de branches très-fines, dirigées à peu près hori- 
zontalement, décroissant en longueur d’arrière en avant, 
et implantées en dehors sur un support commun. Le cœur 
est placé au-dessus, et l’anus se termine dans la cavité 
branchiale, par un orifice presque médian. La cavité bran- 
chiale est parfaitement limitée; elle se termine en arrière 
au-dessous du sommet de la coquille, en avant au bord 
antérieur du manteau, latéralement aux bords interne et 
antérieur de l’impression musculaire. 


— 228 — 


S 2. 


Système digestif. La bouche est entourée de papilles 
très -serrées et résistantes, dirigées verticalement. La lan- 
gue est tendue par des muscles semblables à ceux des 
Fissurelles, légèrement contournée sur elle-même, infé- 
rieurement. La poche linguale forme un appendice très- 
considérable, conique, appliqué sur le plan locomoteur, 
et contenant dans son intérieur des débris de spinules 
de la plaque, au milieu d’un tissu très-abondant, dont je 
n’ai pu déterminer la nature. Peut-être la longue macé- 
ration dans l’alcool qu’avaient supporté les individus sou- 
mis à mon examen, avait elle désagrégé des portions de la 
plaque et réduit en bouillie les muscles de ce curieux 
appendice ? C’est ce que je suppose, faute de preuves 
patentes. 

La plaque linguale ne m'a offert des rapports qu’avec 
celle d’une Fissurelle des côtes de France, que je re- 
cueillis et disséquai en 1854 (1). Elle se compose de 
trois sortes d’appendices ou éléments, qui sont, en allant 
de dedans en dehors : 1° une partie médiane formée par 
une suite de denticulations étroites, quadrangulaires, réu- 
nies en séries parallèles, légèrement bombées au centre et 
en avant; 2° de chaque côté de celle-ci, des séries de 
fortes denticulations triangulaires, à pointes dirigées de 
dehors en dedans; 3° sur les côtés de ces séries et tout à 
fait en dehors, des colonnes étroites, très-obliques, de 
dedans en dehors et d’avant en arrière, élégamment 


(1) Chez toutes les Fissurelles que j'ai examinées depuis, cet organe est 
uniforme dans sa structure. 


90 — 
striées, et n'ayant probablement aucune action sur les ali- 
ments, lors de leur préhension. 

L’æœsophage est très-long ; l’estomac et l’intestin, après 
un certain nombre de circonvolutions dans le foie, se ter- 
minent à l’anus en se dirigeant de gauche à droite. 

La disposition du foie est très-intéressante. On sait que 
dans tous les genres voisins, comme dans celui que nous 
étudions, il est placé immédiatement sous le manteau et 
occupe, pour ainsi dire, la totalité de la cavité viscérale. 
Même sur des individus frais, on a une peine extrême à 
en séparer les intestins ; sur les Mollusques conservés dans 
l’alcoo!, la difficulté est plus grande. Mais on n’a proba- 
blement jamais tenté d'isoler les différents lobes du foie, 
afin d’avoir une idée nette sur leur disposition relative. 
Dans les Subémarginules, le foie adhère en bas au plan 
locomoteur, et sa base fixée a la forme d’un fer à cheval 
à concavité tournée en avant. Les deux bords internes dé- 
limitent un espace ovale, dans le milieu duquel vient se 
placer l’extrémité de la poche linguale. Entre elle et Île 
foie existe donc ua espace libre : on peut constater ce fait 
par une coupe horizontale pratiquée un peu au-dessus du 
plan locomoteur. 


S 3. 


D’après cette étude, que la mauvaise conservation des 
animaux rend un peu incomplète, on peut cependantürer 
des conclusions positives au sujet de l’organisation et des 
affinités zoologiques des Subémarginules. Elles sont telle- 
ment voisines, par leur structure interne, des Emarginules, 
que le genre établi par Blainville doit être considéré comme 
une simple section conchyliologique., à conserver pour Îles 


— 9230 — 
? 
espèces à entaille non ouverte. On les rapprochera, ainsi 
que les Emarginules, des Fissurelles, qui en diffèrent par 
d'assez minimes caractères anatomiques. 


S 4. 


Nous terminerons cette étude, en décrivant une mons- 
truosité assez rare que nous avons pu €onstater sur une 
Subémarginule. 

On sait que chez les Mollusques dont les yeux sont 
placés à la base des tentacules, ceux-ci peuvent être sou- 
vent irréguliers, divisés, pourvas d’appendices anor- 
maux, etc. Chez ceux dont les yeux sont terminaux, ces 
particularités sont d’une rareté excessive ; cependant on à 
constaté que le tentacule d'un pulmoné était bifurqué et 
portait un œil supplémentaire ; on a aussi vu une soudure 
à peu près complète des deux tentaeules en un gros tronc 
chargé de deux yeux à son extrémité. 

Chez la Subémarginule dont nous avons parlé, le tuber- 
cule situé en dehors du tentacule et qui porte l'œil (on 
peut le nommer tubercule oculifère), était, à gauche, 
extrêmement développé, élargi au sommet et bitubercu-- 
leux ; chacune de ces portions était pourvue d’un œil d’é- 
gal volume, dirigé obliquement d’arrière en avant et de 
dedans en dehors. À droite, le tubercule oculifère était 
moins gros, non bilobé, mais portant toutefois deux yeux; 
l’interne de dimensions normales, l’externe de moitié plus 
petit. 

Les deux tentacules étaient moins développés que de 
coutume, et leur longueur ne dépassait pas celle des tu- 
bercules oculifères. 

Voilà donc un Mollusque organisé normalement dans 


=D, 
toutes les autres parties de son corps, et dont les tuber- 
cules externes, au lieu de deux yeux, en portent quatre. Il 
est incontestable qu’il y a, à un certain point, bifurcation 
du nerf optique, et que si la vision était diminuée à droite 
pour lœil supplémentaire de ce côté, elle devait exister 
pour celui du côté gauche. 

Cette monstruosité remarquable a été rarement signa- 
lée. Du reste, à part les anomalies qui se manifestent 
extérieurement par des déformations de la coquille, nous 
connaissons très-peu celles qui affectent les organes de 
l'animal et dont l’étude doit être pourtant bien intéres- 
sante. En examinant avec soin des Mollusques éclos ré- 
cemment et soumis encore aux lois de la vie embryonnaire, 
on pourrait découvrir des perturbations d’autant plus 
curieuses que la plupart amènent nécessairement la mort 
de l’animal dans un âge très-peu avancé. Ge n’est que le 
hasard qui peut quelquefois nous faire découvrir ces ano- 
malies constitutionnelles dont la cause échappe bien sou- 
vent aux interprétations des naturalistes. 


$ 5. 


M. Shuttleworth a établi le genre B launeria pour une 
petite coquille terrestre, et dont la place dans la classifi- 
cation était difficile à déterminer ; considérée successive- 
ment comme T'ornatellina, Achatina, Tornatella et Au- 
ricula , elle à été définitivement placée dans la famille des 
Auriculacées par M. Pfeifler. 

Cette coquille est signalée depuis longtemps aux An- 
uiles, et M. Schramm, qui l’a étudiée, a pu faire quelques 
observations malheureusement trop peu détaillées sur 
son animal. 


21999 — 


Le Mollusque est assez petit ; son plan locomoteur, l6- 
gèrement tronqué en avant, est acuminé en arrière; sa 
longueur égale celle de louverture du têt. La tête large, 
s'étend au devant du pied, et forme un mufle à lèvres di- 
latées. Les tentacules, au nombre de deux, sont courts, 
cylindriques, tronqués, transparents ; les yeux, sous l’a- 
parence de deux points noirs, sont placés à la base des 
tentacules et à leur partie supérieure. 

Les Blauneria habitent en société des Truncatellu, 
Melampus, Pedipes, au bord de la mer, sous des pierres 
abritées, à peu de distance de la lame. D’après ces ren- 
seignements, on ne saurait douter que ces Moilusques 
soient des Auriculacées ; leurs mœurs seules suffiraient à 
faire admettre cette opinion. Ils sont pulmonés comme 
les animaux avec lesquels ils vivent, et doivent se nour- 
rir probablement de végétaux. | 


S 6. 


Dans les mêmes contrées, dans les mêmes localités et 
dans les mêmes conditions d’existence que les Blauneria, 
vivent de petits Mollusques dont la détermination géné- 
rique est aussi difficile. M. GC. B. Adams a décrit sous le 
nom de Truncatella dubiosa une coquille bulimoïde, à 
péristome tranchant, 5 à Gtours de spire, etc.; enfin» 
une Truncatelle qui n’a aucun des caractères du genre 
auquel on l’a rapportée. Aux yeux de M. Pfeiffer, cette 
coquiile ne peut rester dans les T'runcatella et doit passer 
dans les Amnicola où Paludinella. 

L'animal de l’espèce litigieuse ressemble, au premier 
abord, à celui des Truncatelles. La tête est terminée par un 
mufle épais et allongé, légèrement renflé à son extrémité 


PO EG 
et bilobé. Les yeux sont placés au centre d’un renflement 
interne et supérieur de la base des tentacules. Ceux-ci, 
très-obtus et très-courts, n’atteignent jamais relative- 
ment la longueur des tentacules de Truncatelles. Pied 
très-court. Corps marbré de teintes rosées. Opercule 
corné, transparent. 

Chez les Amnicola, on remarque un mufle allongé, 
mais plus long et moinslarge que dans notre espèce, légè- 
rement bilobé; les tentacules sont trés-longs, filiformes, 
aigus à leurs extrémités, les yeux sont portés sur ur ren- 
flement placé à la base des tentacules et extérieurement. 

Le Truncatella dubiosa appartient donc évidemment à 
la famille des Aciculacea dont il offre tous les caractères. 
Le doute est permis quant à sa classification dans le genre 
Truncatella, et nous croyons qu’il doit constituer le type 
d’un petit groupe spécial. On y réunira plus tard, et 
quand on les aura étudiés, un certain nombre de Mollus- 
ques classés, soit parmi les Cyclostoma, soit parmi les 
Amnicola où Hydrocæna, et qui ont été recueillis au 
bord de la mer. 


SZ 


On peut se faire une idée fausse de l’organisation 
de bien des genres de Mollusques, si lon ne connaît 
que les animaux d’un petit nombre d'espèces. Cette 
vérité est applicable au genre Fissurelle, si nettement 
caractérisé par sa coquille. En examinant les animaux, 
plusieurs auteurs ont vu des différences extérieures assez 
sensibles pour motiver des coupes génériques. Nous cite- 
rons les suivantes : 

« 4° Manteau et bourrelet anal frangés, coquille 


— 93h — 


éxterhe,. is AM D Rien At l'issurella. 
« 2 Manteau frangé, bourrelet anai 

en tube non frangé, coquille externe. . Lucapina. 
« 3° Manteau frangé sur les bords, re- 

couvrant une partie de la coquille. . . Chypidella. 


« 1° Manteau extrêmement développé, 

recouvrant presque toute la coquille. . Fissurellidæa. 
« 5° Coquille entièrement recouverte 

pale antenne de. ORAN SA UT AR Pupillæa. 


Ces caractères concordant parfois avec la forme du 
trou de la coquille, semblent, au premier abord, donner 
une valeur réelle aux genres proposés. 

Nous avons étudié un certain nombre d’animaux de 
Fissurelles, et sans parler de celles des côtes de France, 
nous pouvons donner des renseignements sur des espèces 
exotiques intéressantes. Mais nous avons constaté pour 
toutes une analogie complète dans l’organisation inté- 
rieure, les différences existent donc uniquement dans la 
forme de leurs organes, dont un des caractères est la va- 
riabilité; savoir : l’ornementation et le développement du 
manteau, la longueur relative des tentacules, la longueur 
du pied, etc. 


(a) F. elongata. Reeve. 


« Manteau débordant la coquille de 4 centimètre au 
« moins dans tout son pourtour, non festonné, aminei 
«aux bords libres, plus ou moins épais suivant l’âge ; 
« fournissant au point où les bords de la coquille s’y im- 
« plantent, un repli supérieur, mince, étendu jusqu’au 
« voisinage du trou de la coquille, mais ne latteignant 
« pas; bourrelet anal ovale, lisse, bombé, épaissi, à 
« fente linéaire longitudinale. Pied allongé, ovale. atté- 


— 235 --- 
«nué aux deux extrémités; tentacules longs, cylindri- 


«ques, pédoncule oculaire renflé; impression muscu- 
« laire terminée antérieurement en pointe de hamecon. » 


(b) F. Barbadensis. Gmelin. 


« Manteau ne dépassant pas la coquille, à bords très- 
« élégamment festonnés et pourvus d’appendices assez 
« longs. Bourrelet anal simple, à ouverture arrondie ; 
«pied rugueux. ovale; tentacules longs, coniques ; pé- 
«doncule oculaire presque nul; impression musculaire 
« arrondie à son extrémité antérieure. » 


(ce) F, alternatu. Say. 


« Manteau ne débordant pas le têt, à bords papilleux ; 
« un prolongement assez considérable du manteau ne s’é- 
« tend plus, comme dans les Fissurellidæa, au-dessus de 
« la coquille et de lPanimal, mais bien au-dessous, où il 
« forme une sorte de ceinture circulaire à bord inférieur 
« lisse, et recouvrant en partie la tête et les tentacules. 
« Bourrelet anal allongé ; orifice arrondi très-étroit, garni 
«en avant eten arrière d’appendices frangés dépassant 
« la coquille. Pied ovale, allongé. Tentacules et pédoncule 
« oculaire médiocres; impression musculaire en pointe 
« de hamecon. » 


(d) À. gemmulata. KReeve. 


« Manteau légèrement festonné, formé à son bord libre 
de deux replis imbriqués ne dépassant pas la coquille. 
« Bourrelet anal, impression musculaire comme dans l’es- 
« pèce précédente. Tentacules très-couris. » 


+ 
= 


(e) Æ#, Dysoni. Reeve. 


« Manteau à bord festonné, prolongé inférieurement 


206 
«et festonné au bord du prolongement, Impression mus- 
«culaire, bourrelet anal, tentacules w£ suprà. Pied 
« ovale, d’une épaisseur telle, surtout en arrière, que la 
« coquille paraît rudimentaire. » 

Nous nous arrêtons là ; car on peut constater déjà tant 
de différences dans les organes extérieurs, qu’en les con- 
sidérant comme caractéristiques de genres, chaque es- 
pèce pourrait presque devenir le type d’une nouvelle 
coupe. On aurait alors, par exemple, le tableau suivant : 


4. Manteau prolongé en dessus. 


1° Manteau recouvrant toute la co- 

4 Eu à Cu te M 4 pe SR go Pupillæa. 
2° Manteau n’en recouvrant qu’une 

DOTHONE ARS ue PS RME AURA 


3° Manteau à bords lisses très-déve- 
JO ppES EEE PS ARE RO ST SRE EE 


B Manteau prolongé en dessous, 


h° Bord inférieur du manteau lisse. G. . . . ? (c) 
5° bord inférieur frangé. . . . — . . . ? (e) 


7 Manteau non prolongé. 


6° Manteau frangé, bourrelet frangé. G. F'issurellu. 
7° Manteau frangé, bourreleten tube — Lucapina. 
8° Manteau frangé, bourreletarrondi — . . . ? (b) 
9° Manteau imbriqué,bourrel. frangé — . . . ? (d) 
Etc. , etc. 


Lorsqu'on ne trouve, par l'examen anatomique, aucune 
différence, même minime, dans les systèmes organiques, 
il faut bien se rendre à l’évidence et ne voir dans les pré- 
tendus genres formés aux dépens des Fissurelles, que des 


D QE 


sectionnements basés sur quelques particularités peu im- 
portantes de l’animal. Si lon voulait admettre une divi- 
sion zoologique, la plus naturelle serait de séparer les 
espèces à coquille externe (G. Fissurella\, de celles dont 
la coquille est en partie ou en totalité recouverte par le 
manteau (S.-G. Fissurellidæa ). 


AS 


Une des tendances de notre époque, c’est de recher- 
cher dans certains auteurs des noms applicables aux 
genres bien caractérisés par d’autres, et de changer ainsi 
la nomenclature et la synonymie généralement adoptées. 
Ii arrive, parfois, que ces changements sont assez mal 
motivés et qu’ils introduisent dans la science une confu- 
sion déplorable. Que d’erreurs n’a-t-on pas commis en 
rapportant aux genres de Bolten, Montfort, Risso, 
beck, etc. des coupes acceptées et comprises par tous les 
naturalistes , et formulées d’après une caractéristique 
consciencieusement faite, Nous n’entrerons pas dans des 
détails qui nous obligeraient à suivre la série des genres ; 
nous nous bornerons à citer un seul point. 

Tous les nomenclateurs ont adopté le genre Scissurella 
établi par M. d’Orbigny. M. Philippi, entre autres, qui à 
publié récemment une monographie assez complète dans 
le Conchylien Cabinet, s’est bien gardé de changer un 
nom consacré par le temps. D’autres naturalistes n’ont 
pas suivi cet exemple et ont retrouvé, dans le Scissurella, 
le genre Anatomus de Montfort. Nos lecteurs connaissent 
l'animal des Scissurella d’après la courte note que nous 
nous avons donnée, page 164 de ce Recueil. Voici main- 
tenant un extrait des diagnoses de Montfort (Conch. Syst. 
t. IT, pag. 279). 


se 

Coquille libre ou adhérente, univalve, à spire en 
disque, aplatie, ombiliquée sur les flancs; bouche arron- 
die, fendue dans une partie de la longueur de la spire, 
sans canal, lèvres tranchantes et désunies. 

L'animal que Montfort a recueilli dans la mer des Indes, 
attaché à des rameaux de sargasse, adhère aux tiges et 
aux feuilles par une espèce de muscle en partie corné, 
qui sort de la fente ou sinus de la bouche. La tête porte 
deux tentacules, mais on ne peut apercevoir les yeux, 
même avec une loupe. L'animal paraît herbivore et n’a 
aucun rapport avec les annélides. 

Que penser d’une telle description ? Est-elle la suite 
d'observations incomplètes, ou bien doit-on accuser 
Montfort d’être l’auteur d’une de ces fables dont il ne se 
privait pas au besoin. 

Et d’abord, la coquille de l Anatomus est planorbique, 
tandis que les Scissurella se rapprochent généralement 
des Margarita et Stomatia. Elle est adhérente et fixée sur 
des plantes marines, ce qui la rapproche singulièrement 
des Spirorbes. 

Quant à l’animal, a-t-on va un seul Mollusque fixé par 
un #uscle en partie corné à des feuilles et des tiges? Ce 
prétendu muscle passerait dans la fissure du bord de la 
coquille. Mais, dans tous les genres à fissures ou à trous : 
Fissurella, Cemoria, Emarginula, Haliotis, Siliquaria , 
cette partie a pour usage de mettre en communication la 
cavité branchiale avec l’eau de la mer. Si quelque organe 
peut passer au travers, c’est un repli du manteau ou une 
portion de branchie. Enfin, l Anatomus a deux tentacules, 
mais on ne peut distinguer les yeux, visibles pourtant 
chez les plus petits Moïlusques, à cause de leur couleur 
noire si tranchée. 


2 ces 
On voit par là, qu’il aurait été plus sage de laisser 
l’'Anatomus reposer en paix dans la Conchyliologie de 
Montfort, seul livre qui puisse en faire mention; et de 
ue pas donner dans un ouvrage scientifique un nom qui 
ne peut être sérieux. 


$ 9. 


Il existe dans tous les genres considérables, certaines 
espèces assez embarrassantes pour le nomenclateur, et 
dont la véritable place est difficile, pour ne pas dire impos- 
sible, à déterminer d’après les seuls caractères fournis 
par la coquille. Les petites espèces de Bulimes et d’Aga- 
thines sont dans ce cas, et bon nombre de genres ont été 
créés pour elles ; c’est trancher le nœud gordien, au lieu 
de chercher à le délier. 

Nous avons examiné deux Achatina intéressantes au 
point de vue anatomique : les À. octona et lamellata. 
La première, après avoir porté les noms de Bulimus et 
Achatina, est rangée aujourd’hui dans le genre Stenogyra 
de M. Shuttleworth. Cette dernière coupe paraît très-na- 
turelle, elle est établie pour de petites espèces, considé- 
rées jusqu'alors comme Bulimes ou Agathines; à ouver- 
ture assez petite, de couleur uniforme, à nombreux tours 
de spire et à forme générale subulée ou aciculée. Les ani- 
maux sont nocturnes et vivent sous les pierres, dans les 
endroits humides. Mais quand on examine leur organisa- 
tion, on trouve entre eux des différences bizarres. Les uns 
sont ovipares, les autres vivipares, ce qui s observe in- 
différemment, il est vrai, chez les petits Mollusques ter- 
restres. D’après M. Shuttleworth, l’animal est probable- 
ment carnivore, du moins le fait est certain pour deux 


— 90 — 


espèces, et, dans ce cas, le genre S/enogyra serait, par 
rapport aux Bulimus, ce que sont les Zonites par rap- 
port aux /Jélix. 

L’Achatina octona, commun dans toutes les Antilles, a 
un animal assez petit ; son pied, court, est garni en arrière 
de fortes papilles qui diminuent en avant. Il est ovipare, 
et l’on peut même voir par transparence les œufs sous la 
coquille. Ces œufs, arrondis, calcaires, d’un volume très- 
considérable pour l’ouverture de la coquille, nous rap- 
pellent ceux du Bulimus decollatus. Nous en avons trouvé 
le plus souvent de 5 à 8, occupant un tour et demi au 
moins de la coquille. Il existe une mâchoire transparente, 
courbe, finement denticulée à son bord inférieur, et ana- 
logue du reste à celle des petits Bulimes. La plaque lin- 
guale est celle d’un Hélicéen herbivore, et n’a ni les den- 
ticulations latérales si remarquables des Zonites, ni les 
spinules aiguës des Glandines. 

Il se peut qu’en examinant d’autres espèces de Steno- 
gyra, on en rencontre à mâchoire et langue de Zonites, 
ou à langue de Glandina; mais, pour le moment, on a 
dans ce genre : 


Stenogyra Goodali. 4m 00,2 11 *CATHIPOLE 
+, AéCON. PAIE, PCT PAUL id. 
©". 1 COCOON" ST LR ARTE EME DINOFE 
——, <ePébrasters 2 ANS PES LNTETANIVIURRE: 
— .. OCÉOHU 6 + =. NI EU OMIS 


Ce simple aperçu prouve la difficulté extrême de créer 
dans les Mollusques terrestres des genres dont les carac- 
tères, tirés de la coquille, puissent concorder avec ceux 
ürés des animaux. 


— 2h14 — 
& 10. 


L/Achalina lumellata porte, comme son nom l'indique, 
ane lamellesur le bord columellaire, et se rapproche, par 
conséquent, de quelques espèces africaines rangées dans 
ie genre Glandina (G. lumellifera) par M. Morelet, mais 
qui peuvent rentrer plutôt dans la section des Achatina, 
à laquelle Risso a donné le nom de Ferussacia. L'animal 
des espèces de l’ancien continent ne paraît pas différer 
des Bulimes, d’après les observations de M. Moquin- 
Tandon. 

M. Pfeiffer a fait de l’espèce qui nous occupe, une 
Tornatellina ; car, à ses yeux, le caractère (par trop sys- 
tématique) de ce genre, est la présence d’une ou plusieurs 
lamelles à la bouche. Nous ne saurions adopter le genre 
Tornatellina, pas plus que les coupes et les espèces de 
Beck, qui ne sont appuyées sur aucune diagnose ; et nous 
considérons le genre T'ornatellina comme appartenant à 
M. Pfeiffer, puisque cet estimable auteur l’a caractérisé 
en premier lieu. Mais, dans ce cas, le vocable T'ornatellina 
se trouverait postérieur aux Ælasmatina de notre colla- 
borateur M. Petit de la Saussaye. 

Ajoutons, pour terminer la synonymie de lAchatina 
lamellata, qu'il a été encore rapporté au genre Leptina- 
ria de Beck, qui, sans doute, n’est pas mieux fixé par 
Beck que ses Tornatellina. 

Quoi qu’il en soit, l'animal est aussi bien un Bulime 
que PA. octona, par la conformation de ses organes di- 
gestifs; mais il en diffère par cette particularité, que ses 
petits sortent vivanis de la matrice, Nous les avons trou- 
vés dans cet organe, déjà munis d’une coquille globuleuse 
de 2-2 4/2 tours, à spire très-obtuse, mamelonnée (à co- 


EP 


lumelle fortement tronquée. Ghez les adultes, le pied est 
aigu en arrière, les tentacales, assez courts, sont termi- 
nés par un bouton très-peu renflé. 

Cette espèce, ramenée par lexamen de lanimal au 
groupe des Bulimes, n’en restera pas moins un embarras 
sérieux pour les nomenclateurs, qui n’ont pu encore trou- 
ver un caractère générique de quelque valeur, pour diffé- 
rencier les coquilles d’Hélices, Zonites, Bulimes, Achati- 
nes, Glandines, ete. P. Fiscrer. 


(La suite au prochain numéro.) 


Sommaire. 
Du genre Subemarginula. Ç 1—3. 
Sur une monstruosité. Etes 


Note sur les Blauneria. Ç 
Sur le Truncatella dubiosa. NS 
Du genre Fissurella. NS 
Sur lAnatomus. Ç 
Sur lAch. octona,. 6 
Sur lAck. lamellata. NS 


— 


Explication de la Planche XE. 


Fig, 1. Animal de Subemarginula dépouillé de sa co- 
quille, et vu en dessus pour montrer le muscle 
d'attache et le sillon antérieur. 

Fig. 2. Le même. Le manteau est relevé en avantet dé- 
couvre la tête et les branchies. 

Fig. 3. La même, vu de côté. Le manteau est relevé laté- 
ralement et montre le pied. 


Fig. 4. Tête d’un individu monstrueux. 
Fig. 5. Plaque linguale de Subemarginula, 
Fig. 7, Plaque linguale de l'issurella. 


Notice sur le G. Xenophora. Fischer (Phorus Mont- 


fort),. et description d’une espèce nouvelle, par 
M. S. PETIT DE LA SAUSSAYE. 


On a longtemps considéré comme appartenant à la 
famille des Trochidæ, une coquille singulière, ayant le 
privilége d'attirer l’attention des collecteurs et des natu- 
ralistes, à cause des corps étrangers dont sa surface exté- 
rieure se trouve plus ou moins couverte. Cette particu- 
iarité avait fait donner, en France, à cette coquille, les 
noms vulgaires de Fripière, de Macçonne ; en Angleterre, 
celui de Carrier ; en Allemagne, celui de Trodlerin, etc. 
On ne connaissait, dans le principe, qu’une seule espèce, 
ou du moins on considérait, comme simples varié 
tés, les coquilles qui différaient de ce type; mais des 
yeux plus exercés finirent par découvrir dans cette pro- 
priété agglutinante, dans certaines particularités du mode 
d’agglutination, et dans des différences de formes, l’exis- 
tence de plusieurs espèces, et même la possibilité d’en 
former un groupe générique. | 

Ce fut un naturaliste russe, M. Fischer, qui, en 1807, 
eut le premier la pensée d’établir ce genre, qu’il désigna 
sous le nom de Xenophora, dans le Muséum Demidoff 
{t. TE, p. 213), en le caractérisant comme il suit : 

« Coquille subturriculée, à tours de spire fermés par 
« des corps étrangers; l’ouverture lisse, en oreille; la co- 
« lumelle aplatie, donnant derrière le bourrelet origine à 
« des côtes élevées qui aboutissent au contour de la pre- 
« mière spire, presque toujours auprès des corps étran-- 
« gers que la coquille a soudés. » 


- — 2hh — 

L'auteur fait accompagner cette caractéristique de 
quelques observations, et de la description trop succincte 
et très-peu claire de quatre espèces qui se trouvaient dans 
le Muséum de M. Demidoff. L'ouvrage publié sous ce ti- 
tre étant fort rare, nous avons pensé qu’il serait utile de 
donner à la suite de cette notice le texte complet du pas- 
sage relatif au genre enophora. 

Quelques années plus tard, en 1810, Denys de Mont- 
fort, qui ne connaissait pas le travail de Fischer, adopta 
la même coupe générique à laquelle il donna le nom de 
Phorus, avec la caractéristique que voici : 

« Coquille libre, univalve, à spire régulière, ombili- 
« quée; lombilic s’oblitérant quelquelois avec l’âge ; 
« bouche entière, très-évasée; bords tranchants, carène 
« tranchante, toitée et agglutinante. » 

Nous renvoyons à l’ouvrage de l’auteur pour les dé- 
tails qu’il donne sur son genre Phorus. 

À partir de cette époque, bon nombre de conchyliolo- 
gistes regardèrent comme justifié ce démembrement de la 
famille des Troques : les uns acceptèrent les noms impo- 
sés par Montfort: d’autres préférèrent le nom de Xeno- 
phora, à qui la priorité nous semble d’autant mieux ac- 


quise, que Fischer 2+ppuyait la description de son genre 


de celle de plusieurs espèces; aussi c’est ce nom que 
nous croyons devoir adopter. 

Les grands rapports qui existent entre la forme des 
Xenophora et celle des Trochus les ont fait confondre 
depuis longtemps, et en séparant les premiers des seconds 
on a cru d’abord devoir les laisser dans la famille des Tro- 
chidés; mais en 1847, M. À. Adams publia, dans les Pro- 
ceedings de la Société zoologique de Londres, une notice 
dans laquelle il donna, sur l’animal des Xenophora, quel- 


— 245 — 

ques détails qui sembleraient devoir faire assigner à ces 
coquilles une autre place dans la classification systéma- 
tique. Par suite, cet auteur les a placés près des Calyp- 
trœæa dans son Genera of recent Molusca, où l’on trouve, 
avec quelques détails anatomiques, la figure de la forme 
extérieure de l’animal. Or, d’après ces figures, celui-ci 
aurait de l’analogie avec l’animal des Strombes, ce qui 
l’éloignerait des Calyptrées. D’un autre côté, ces Xeno- 
phores sont phytophages comme les Troques, dont ils se 
rapprochent encore par leur opercule. 

On peut, d’après ce qui précède, éprouver quelques 
doutes relativement à la place que doivent occuper les 
Xénophores, dont l’animal, de deux espèces seulement, les 
X. exutus et Solurioides, paraît avoir été examiné, 
même un peu superficiellement. Le doute ici est d'autant 
plus permis qu’on ne connaît pas assez l’organisation des 
Troques pour assurer qu’elle s'éloigne complétement de 
celle de Xénophores. Sur ce point, comme sur beaucoup 
d’autres faits malacologiques, l’opinion ne pourrait être 
bien fixée qu’à la suite d’études comparatives faites sur 
un grand nombre d'espèces. 

Quant à vous, nous éprouvons une grande hésitation à 
éloigner les Xénophores de la famille des Frochidés, tant 
est grande, exagérée peut-être, l’importance que nous at- 
tachons à la similitude des enveloppes calcaires qui ser- 
vent d'habitation aux Mollusques ; et remarquons, en pas- 
sant, que c’est souvent à ceux-là même qui cherchent, 
dans la dissemblance qu’offrent les coquilles d’un même 
senre, le droit de créer de nouveaux groupes, qu’il arrive 
de chercher aussi à séparer complétement des coquilles 
parfaitement analogues. Aussi disons-nous encore, à pro- 
pos des Xénophores, que nous ne saurions admettre Îa 


— (ME 
convenance de les diviser en deux genres, G. Onustus et 
Aenophorus, comme l’a proposé M. A. Adams dans son 
Genera, en se fondant sur quelques différences dans les 
accidents de l’opercule. 

Nous conclurons done que les coquilles dont nous nous 
occupons, bien que présentant de grands rapports avec 
les Troques, semblent néanmoins constituer un groupe à 
part, auquel, dans l’état actuel de nos connaissances sur 
les Mollusques, on ne peut assigner que des caractères 
généraux, qui consisteraient : 

« 1° Dans l’agglomération autour de leur surface de 
« COrps étrangers que l’animal a la propriété d’aggluti- 
« ner, au fur et à mesure de son accroissement, en adop- 
“tant dans ce travail une marche qui diffère selon les 
« CSpèces. 

« 2° Dans la nature plus ou moios fragile du têt, à la 
« Surface duquel on remarque des dépressions corres- 
« pondant à la forme de l’objet agglutiné. 

« 3° Dans la présence constante d’un opercule corné. » 

Ces caractères nous paraissent suffire, quant à présent, 
pour établir une classification provisoire de ces coquilles, 
sauf à examiner plus tard si les animaux qui les habitent 
présentent tous des caractères anatomiques semblables et 
de nature telle, qu’on doive les réunir en groupe géné- 
rique, et placer celui-ci soit près des Troques, soit près 
d’une autre famille. | 

Il est évident que les Xénophores,' pourvus d’une en- 
veloppe calcaire généralement mince et souvent très-fra- 
gile, se trouvaient par cela même sans défense contre 
leurs nombreux ennemis, puisqu'ils vivent à d'assez gran- 
des profondeurs fréquentées par les gros poissons. Il n’est 
pas moins clair, que la nature, toujours prévoyante, à 


he ° 


doué ces Mollusques de la faculté de se soustraire à l’avi- 
dité de ces ennemis, au moyen des fragments de coquilles, 
de coraux et de pierres, que lPanimal trouve sur le sol et 
dont il entoure sa coquille à l’aide d’un gluten d’une 
grande ténacité : il est fort remarquable aussi que, sui- 
vant les espèces, les Xénophores apportent des méthodes 
différentes dans l’arrangement des corps étrangers dont 
ils s’entourent, quelques-uns agglutinant de petites 
pierres, ou du sable seulement, tantôt sur le dernier 
tour, tantôt sur les tours supérieurs ou à la périphé- 
rie des tours de spire, tandis que certaines espèces s’em- 
parent indistinctement et se couvrent en entier de tous 
les matériaux qu’elles rencontrent. La forte adhésion de 
ces matériaux constitue aussi un fait très-curieux, et In- 
dique que l’animal sécrète un mucus d’une nature toute 
particulière, et par des voies qui nous sont encore in- 
connues : ce qui n’est pas moins digne d’attention, c’est 
que par l'effet du procédé qu'emploie le Mollusque, et 
que nous ne pouvons expliquer, les corps étrangers pé- 
nètrent en quelque sorte dans le têt, ainsi qu’on le voit 
aux impressions que ces corps y laissent lorsqu'ils en ont 
été détachés. Nous rappelons ici ces circonstances, parce: 
qu’elles offriront un vaste sujet d’études et de recherches 
aux conchvliologues qui pourront observer les Xéno- 
phores vivants. 

Ces Mollusques vivent à une certaine profondeur, ce 
qui, joint à la fragilité de leur têt, explique pourquoi on 
rencontre si rarement leur coquille en bon état. ‘Fout 
semble cependant indiquer qu’ils vivent en familles nom 
breuses sur les fonds de sable vaseux où croissent des 
plantes marines, 

Les Xénophores sont répandus dans toutes les mers 


" is SR 


intertropicales ; plusieurs espèces appartiennent aux mers 
des Indes : nous en connaissons une des côtes du Séné- 
gal et deux, dont une espèce nouvelle, vivent dans les 
mers des Antilles. | 

Voici la description de cette nouvelle espèce : 


10 
XENOPHORA Garibæa, Vobis. (PI. 9, t. fig, 1-2.) 


Testa orbiculari, conico-depressa, tenui, supernè su- 
brufescente alba, striis tenuibus, obliquis et subundu- 
lalis ornata ; apice acuto ; anfractibus 7, vix dislinguen- 
dis ; calculis paucis ad basim agglutinatis; ultimi an- 
fractus peripheria dilatata; inferna fascie concava, 
candida, nitente radiatim tenuê striata, ac transversim 
obsoletè sulcata, ad marginem funiculata ; labro subin- | 
crassato ; umbilico parvo. 


EC De n n 


Largeur, 65-70 mill. 
Hauteur, 35-40. 


« Goquille orbiculaire, conique plus ou moins dépri- 


mée, mince, d’un blanc nuancé de fauve, présentant à 
sa surface des stries obliques et un peu onduleuses : 
spire assez aiguë : sept tours de spire difficiles à distin- 
guer ; le dernier tour ayant sa base dilatée et garnie de 
pierres ou de débris de coquilles en petit nombre : la 
. face inférieure concave, blanche, brillante, présentant 
des siries fines, rayonnantes, partant de lombilic et 
traversées par des sillons obsolètes ; le bord de cette 
concavité, garni d’une sorte de bourrelet assez épais à 
« Pendroit où arrive la dilatation du dernier tour ; la 
« lèvre un peu épaisse ; ombilic petit ; opercule... . » 

On voit à la surface de cette coquille quelques em- 


= 


+ 
= 


. 


= 


= 


_ 


— 249 — 

preintes de corps étrangers, mais il nen reste d’adhé- 
rents qu’à la partie inférieure du dernier tour, du moins 
dans le petit nombre d’exemplaires que nous avons vus. 
Les caractères principaux qui la distinguent des autres es- 
pèces sont : 1° le petit nombre des pièces agglutinées, et 
l’irrégularité de agglomération ; 2° Ja couleur blanche et 
brillante de la surface inférieure ; 3° la présence des stries 
partant de lPombilic et qui sont coupées transversalement 
par des sillons assez apparents; ° Pépaisseur du labre. 

Cette espèce appartient aux mers des Antilles ; mais n’a 
été rencontrée, jusqu'à présent, que sur les côtes de l’île de 
Marie-Galante (dépendances de la Guadeloupe). Douze 
exemplaires, seulement, ont été trouvés morts, et envahis 
par des pagures dans les nasses que les pêcheurs mouillent 
sur les côtes, souvent à de grandes distances de la côte 
et à des profondeurs qui varient entre 20 et 75 brasses, 

En outre de cette espèce de coquille, qui est figurée sur 
la pl. 9, fig. 1-2, aous faisons représenter sur la même 
planche une seconde espèce qui nous paraît être celle que 
M. Philippi a décrite sous le nom de Phorus caperatus, 
dans le Zeitscrift für malacozoologie ( année 1845, 
p. 400) et dont nous reproduisons ici la diagnose. 


XENOPrHORA caperata, F’hiippi. (PL 9. fig. 3, A, 9.) 


Testa elevato-conica, obliquè rugosa et irregulariter, 
tuberculosa albidaz suluris omnibus corpora aliena ges- 
tantibus; margine haud dilatata ; pagina inferiore con- 
cava, sulcis concentricis et radiantibus arcuatis qgrossé 
granulato-rugosa ; umbilico ferè omnind clauso. 


Hauteur, 40-42 mill, 
Diamèt., 15-18 — 


— 250 — 

L’opercule obovale, mince, corné, transparent, porte 
des stries très-fines, rayonnantes, et concentriques au 
milieu ; il est représenté grossi sur la planche 9, fig. 5. 

Gette coquille, dont M. Philippi ne connaissait pas la 
patrie, vit sur la côte ouest d'Afrique, entre notre pos- 
session du Sénégal et la rivière du Gabon. 

Elle se distingue des autres espèces du même genre par 
sa petite dimension, par l’élévation de sa spire, et surtout 
par les granulations rugueuses qui tapissent la face infé- 
rieure autour de lombilic, qui est presque fermé. Nous 
avons cru devoir faire représenter cette coquille, qui ne 
nous paraît pas avoir été figurée jusqu’à présent. 

M. Philippi a donné aussi, dans le Zeëtscrift, année 
1851, p. A4, la description d’une autre espèce de X'eno- 
phora, qu’il appelle À. Lelvacea. Nous regrettons de ne 
pas avoir assez de place pour faire aussi figurer cette es- 
pèce, qu’il est très-facile, au surplus, de reconnaître avec 
la description de l’auteur ; mais comme celui-ci n’en con- 
naissait pas la provenance, nous profiterons de l’occasion 
pour indiquer qu’elle a été trouvée sur les côtes de notre 
possession de Nossi-bé, près Madagascar ; elle est extré- 
nement fragile ; et, comme on n’a pu encore se la procurer 
qu’à l’aide de la drague, les exemplaires parvenus jusqu'à 
présent en France, étaient généralement en très-mau- 
vais état. 

En consultant les auteurs qui ont décrit les Xénopho- 
res, nous voyons que la liste des espèces vivantes appar- 
tenant à ce genre, s’élève au nombre de douze, qui sont : 


4° XEnornora Conchyliophora Born Antilles. 
agglutinans - Montfort 


onustii Aeeve 


or + 


PAT IE UE 


— 251 — 


% XENoPHorA pallidula Reeve Japon. 

3° — cerea id. 1. Philippines 
l° — caperata Philippi Sénégal. 

p° — calculifera Reeve Chine? 

6° — Indica Gmelin  Gochinchine 
yo — helvacea Philippi Nossi-bé. 

8° — corrugata Reeve « 

9° — exuta id. Chine. 

10° _ Caribœæa Petit Antilles. 

A ° — solaris Linné  Malacca. 
f2° — solarioides lieeve L. Philippines 


Ge genre comprend un certain nombre d’espèces fos- 
siles; mais nous craindrions d’en donner une liste incom- 
plète, et nous nous abstiendrons, avec l’espoir que quel- 
qu’un, plus au courant de cette branche de la science, 
voudra bien faire connaître, dans un article spécial, 
quelles sont dans ce genre les espèces perdues. 


eme + 


Extrait de l'ouvrage intitulé Muséum Demidof, 
publié à Moscou, en 1807, par M. Fiscuer (1). 


GENRE XENOPHORE, pag, 213 et 214. 
« La coquille qui est connue sous le nom de Æ‘ripière, 


(1) C’est en raison de l'extrême rareté de l'ouvrage dont il s'agit ici, que 
nous avons cru devoir reproduire, dans ce journal, le passage relatif au 
Genre Xenophora. Le texte de l’auteur est peu correct et n’est pas tou- 
jours clair ; mais nous avons cru &evoir le copier exactement, et sans y 
rien changer, en sorte que les auteurs qui ne possèdent pas l'ouvrage, 
pourrons sans crainte citer ce passage, pages 213 et 214 du Muséum De- 
m idoff. M “de 


99 
— 252 — 


« et dont nous possédons de superbes échantillons, doit 
« former un genre particulier, à ce qu’il me semble, lequel 
«se fait valoir par les caractères suivants : » 

Coquille subturriculée, à lours de spire fermés par des 
corps étrangers ; l'ouverture lisse, en oreille ; la columelle 
aplatie, donnant derrière le bourrelet origine à des côtes 
élevées qui aboutissent au contour de la première spire 
(presque toujours auprès du corps étranger que la co- 
quille a soudé ). 

QI faut que Panimal ait une communication entre les 
spires avec l’extérieur, pour faire suinter ce liquide qui 
attache les corps étrangers et affermit les tours. L’animal 
paraît faire ce procédé avec choix, car on verra toujours 
les petits corps vers le somimetet de plus gros vers la base, 
lesquels sont placés ainsi, pour que la base de la coquille 
ne touche pas la terre. Ces observations doivent persua- 
der les naturalistes d'établir ur genre particulier des 
soi-disant Fripières, pour lesquelles je propose le nom 
XENOPHORA, coquilles portant des corps étrangers. 

« L'animal est inconnu, mais doit présenter beaucoup 
d'intérêt à Panatomiste et au physiologiste. Il peut même 
devenir intéressant pour le géologue, en lui transportant 
des cailloux du fond des mers, que son regard ne peut 
atteindre. 

« Les Xénophores se trouvent dans l’océan américain. 

« 1. XÉNOPHORE LISE, les tours de spire comprimés; 
Ja base lisse, Les côtés de l’ombilic visibles à l’origine. 

« Xenophora lœviçuta, mihi. Elle présente, dans sa pa- 
rure, un mélange de serpules, de coquilles, de polypiers ; 
le premier tour est dégarni. — Trochus conchyliophorus. 
Gmel., Bosc, Born. 


6 o 7 fe NE LR. A AT E ES EUES | ER. 
«2, 5, XÉNOPHORE A TROIS CÔTES. Turriculée, garnie 


(ei 1] 
00 DE 


de coquilles; trois côtes distantes sortant de lombilic. 

« Xenophora tricostata, mihi. — Trochus conchylio- 
phorus aliorum. L'un des individus porte des sabois, les 
ouvertures tournées vers le sommet, et des opercules : 
Pautre, des bivalves : il est grand et bien conservé. 

«A. 5. XÉNOPHORE VOLCANIQUE. Turriculée; les tours 
de spire collés par des cailloux de laves ; la base présen- 
tant cinq côtes intermédiaires sortant de l’ombilie. 

« Xenophora vulcanica, mihi. — Elle se pare de produc- 
tions volcaniques, de cailloux de laves de tout genre. L’un 
des individus est grand et très-pesant par les cailloux 
qu'il charrie : Pautre à perdu les pierres de sa base. 

« 6. XÉNOPHORE MÉANDRINE. Subturriculée, les tours de 
spire garnis de méandrines; la base à côtes nombreuses 
ne laissant pas d'espace entre elles. 

« Xenophora meandrina, mihi. — Je trouve les côtes 
de la base variables, et cependant concordantes dans des 
espèces semblables : voici pourquoi j'en ai tiré®le caractère 
spécifique, mais je ne dois cependant pas dissimuler que 
les côtes varient d’après la quantité d’ebjets étrangers qui 
garnissent le premier tour de la coquille. Elles paraissent 
être les conduits des vaisseaux, ou au moins Îles endroits 
où sont attachés les vaisseaux conducteurs du liquide eal- 
caire, lequel colle ces différents objets. » 


ds OM Le 


Liste Monographique des espèces du genre Taret. 
(FIN.) 
B. Palettes articulées. 


43° TEREDO PALMULATA. 


T'eredo bipalmulata. Lamark. Syst. 
—  palmulata. —  Hist. 
Taret de Pondichéry. Adanson. 


Coquille médiocre, plus large que haute ; zone et oreil- 
jette postérieures dilatées ; angle antérieur obtus; oreil- 
lette antérieure portant des stries très-nombreuses, 
soixante-dix au moins, presque également serrées des 
deux côtés de l’angle. 

Palettes fort grandes, composées d’une vingtaine d’ar- 
ticulations. Les godets sont peu profonds, très-compri- 
més et leurs angles externes se prolongent de manière à 
former deux fortes épines, dont la supérieure est plus 
longue que linférieure. Pédicule un peu plus court que 
la palette. 

Hab. les mers de r’Inde. 


Observ. Gette espèce nous est parfaitement inconnue, 
quoique ses caractères spécifiques soient remarquables ; 
elle doit être rare; M. de Quatrefages, qui en a examiné 
un exemplaire conservé dans l’alcool et appartenant à la 
Galerie du Muséum, n’a pu parler des valves qui man- 
quaient malheureusement. Il faut donc, sur ce point, s’en 
rapporter à la figure assez mauvaise du Mémoire d’Adan- 


mr etape, Le, à ot 


— 255 — 


son. Il est assez curieux de constater que cette espèce à 
été confondue par plusieurs naturalistes éminents avec le 
Ter. Phailippr, et cela d’après l’inspection des palettes qui 
ne se ressemblent nullement. 


A/° TEREDO STUTCHBURY1I. 


Teredo Stutchhuryri. Blainville. 
—  navalis. Spengl. (fide Gray). 


Coquille sensiblement moins longue que large ; valves 
fort minces ; angle antérieur obtus (1145-120° ); oreil- 
lette antérieure courte, chargée de stries très-fines et 
très-nombreuses ; oreillette postérieure assez marquée, 
mais moins saillante que dans les Ter. palmulata et bi- 
pennata. 

Palettes assez courtes, à pédicules très-courts, formées 
par des godets en partie cornés et demi-transparents, di- 
minuant graduellement du pédoncule au sommet de la 
palette. Le bord inférieur des godets est épaissi et semble 
frangé, quand Pindividu est fraîchement recueilli ou con- 
servé dans l’alcool. Les godets sont légèrement compri- 
més, assez profonds ; chacun d’eux adhère au bord infé- 
rieur de celui qui le précède par un court pédicule. 

Hab. Sumatra. 

Obs. Très-bonne espèce, bien caractérisée par ses 
sodets triangulaires, sans épines latérales. Les différentes 
descriptions que l’on a fait des coquilles, diffèrent par plu- 
sieurs points essentiels, et il ne serait pas étonnant qu’il y 
eût quelques espèces à palettes articulées semblables et à 
coquilles différentes, comme nous l’avons constaté chez 
les Tarets à palettes simples. 


ee 
45° TEREDO CARINATA. 


Teredo carinata. Blainville. 


Coquille un peu plus grande que la précédente; un 
peu plus haute que langue, comme carénée par une zone 
saillante qui sépare les deux aires de stries en dehors et 
en dedans, pourvue d’une callosité élargie, dépassant le 
bord antérieur de la coquille et prenant son origine en 
arrière du crochet. 

Palettes semblables à celles du Teredo Szutchburyi. 


Hab. Sumatra. 


Obserrv. Nous ne connaissons cetie curieuse espèce 
que par la description de Blainville; elle existe dans les 
collections du British Museum. La forme de ses pa- 
lettes confirme l’observation que nous avons faite au su- 
jet de l’espèce précédente. 


AG° TEREDOG MINIMA. 


T'eredo minimu. Blainville. 


Coquille extrêmement petite, à peu près aussi haute 
que large ; oreillette et zone antérieures plus grandes que 
les postérieures ; stries très-nombreuses, presque égale- 
ment serrées et espacées sur les deux côtés de l’angle an- 
térieur. 

Palettes portées sur un très-long pédicule et formées 
de douze articulations en godets, non épineuses sur les 
CÔL6s. 

Hab, ? 


— 257 — 

Observ. M. de Blainville, qui s’occupa spécialement du 
genre Taret, trouva cette espèce chez un marchand. Est- 
elle caractérisée d’après un individu jeune? La longueur 
du pédicule pourrait le faire croire. Eile n’a de rapports, 
par la forme de ses godeis, qu'avec les deux espèces pré- 
cédentes. ss 


470 TErEDO PHizrppn. 


Teredo bipalimulata. Dellé Chiaje. 
—  palmulata. Philipp. 
— Philipp. Gray. 


Coquille à peu près semblable à celle du 7, WNavalis 
mais plus petite, à peu près aussi haute que large; 
oreillette antérieure portant plus de soixante stries; 
oreillette postérieure moins abaissée que chez le 7’. na- 
valis. 

Palettes courtes, ressemblant à un petit épi d’orge, 
formées de huit à dix godets courts, comprimés, imbri- 
qués, denticulés à leur bord inférieur et le plus souvent 
noirâtres. Epines latérales peu développées. Pédicule ey- 
lindrique, grêle, blanc, un peu plus long que la palette. 

Hab. Les côtes d’Angleterre ; toute la Méditerranée 
(côtes de France, Algérie, Italie, Sicile, etc. ) 

Observ. Gette charmante espèce n’atteint jamais de 
grandes dimensions, mais ses ravages n’en sont pas moins 
redoutables, car elle abonde dans les lieux où elle vit. 


18° TEREDO BIPENNATA. 


l'eredo bipennata. Turton. 
—  pennalifera. Blainville. 
13 


ee 


Leredo palmiulata. Leach. 
—  navalis. E. Home. 


Coquille aussi haute que large, très-étroite inférieure- 
ment, angle antérieur légèrement obtus (100-105). 
oreillette antérieure assez courte, munie de A0 stries en- 
viron ; zone antérieure interne très-étroite ; oreillette 
postérieure relevée fortement, assez étroite, dépassant 
presque le niveau des crochets. Apophyse styloïde mince. 
se terminant à la Mauteur du sommet de l’angle anté- 
rieur. 

Palettes très-longues, en forme de plume, composées 
d’une vingtaine de godets allongés, étroits, comprimés, 
épineux à leur bord inférieur et prolongés latéralement 
sous forme de longues épines, quelquefois recourbées. 
Pédicule aussi long et quelquefois plus long que la partie 
articulée, le plus souvent un peu arqué, cylindrique, 
blanc. 

Hab. Les côtes d'Angleterre et de France (Cherbourg, 
côtes des Landes, etc.) 

Observ. Les palettes de cette remarquable espèce at- 
teignent la taille considérable de A à 5 centimètres. Elles 
ne peuvent être confondues avec celles d’aucune autre, 
par la forme de leurs godets, presque cylindriques et 
allongés. 


OBSERVATIONS SUR L'HABITAT DES TARETS: 


Il est difficile d’assigner un habitat précis aux Tarets, 
dont la plupart, fixés dans le bois des vaisseaux qu’ils 
perforent, exécutent de longs voyages et peuvent pullu- 
ler dans chaque localité où le bâtiment stationne. Cepen- 
dant, sous le rapport de leur distribution géographique. 
on peut les répartir en deux grandes sections : 


— 259 — 


À. Espèces de l'Atlantique (1). 


Ter. navals. Ter.  malleolus ? 
—  denticulata. —  pedicellata. 
— nana. —  Philippu. 
— _divaricata. —  Norvagica. 
—  Senegalensis. —  bipennata. 


B. Espèces de l'Océan indien. 


l'er. giganteu. Ter. Stutchhuryr. 
—  lruncala. —  carinala. 
—  elongata. —  palmulatu. 
—  clava.  — minima? 


La localité la mieux partagée paraît être Sumatra, où 
presque toutes les espèces de la mer des Indes se rencon- 
trent. D’après les idées de quelques naturalistes, ce se- 
rait là le point de départ des epèces qui peuplent les mers 
d'Europe, et Linné considèrele Taret de Hollande comme 
un fléau apporté des mers tropicales. Cette opinion n’est 
pas confirmée par l’observation, car jusqu’à présent on 
n’a pas recueilli aux Indes, sur des bois submergés et 
autres que des débrisde vaisseaux européens, les espèces 
qui abondent dans nos latitudes. Il paraît fort douteux, 
en effet, que les Mollusques des pays chauds puissent 
s’acclimater dans les mers des contrées froides ou tempé- 
rées. D’ailleurs, certaines parties de l’Europesont célèbres, 
depuis la plus haute antiquité, par les ravages des Tarets, 
et l’on ne peut invoquer pour elles des causes tirées des 
relations commerciales avec les Indes. Ovide a parlé 


(i) Nous entendons aussi par là les espèces des mers d'Europe commu- 
niquant avec l'Atlantique, la Méditerranée entre autres. 


ie 
les Tarets du Pont-Euxin; leurs ravages aujourd’hui, à 
près de vingt siècles de distance, sont encore déplorables 
pour la marine militaire et marchande qui flotte sur cette 
mer. 

On ne peut nier cependant que dans les mers tempé- 
rées les Tarets ne se déplacent considérablement. Le Ter. 
Norvagica, après être descendu des mers du Nord, a 
gagné la Manche, l’Océan atlantique, s’est répandu sur les 
côtes N. et S. de la Méditerranée, et a pu s’avancer au 
S. jusqu’au Sénégal; tandis qu’à l'O. il se portait sur les 
côtes d'Amérique. Le T'er. nana existe en Europe et en 
Amérique. D’autres espèces vivent également dans les 
mers du Nord et la Méditerranée. 

Le nombre des espèces décrites est assez restreint, et 
la cause principale en est dans la difficulté de se procu- 
rer des individus complets. D’après les coquilles seules 
où les palettes, nous aurions pu caractériser un grand 
nombre d’espèces nouvelles, mais ce travail aurait trop 
laissé à désirer. Nous sommes convaincus que ceux qui 
étudieront le genre avec soin, pourront promptement 
doubler ou tripler le nombre des espèces. Il n’est pas de 
catalogue de coquilles marines, où l’on ne trouve « Ter. 
navalis.» Les auteurs ont placé leur espèce sous cette dé- 
nomination banale, qu’ils Paient examinée ou non. Ce- 
pendant ce genre mérite bien qu’on s'intéresse à son 
étude, car il offre des particularités remarquables au point 
de vue zoologique et au point de vue des applications 
pratiques. En effet, les ravages commis par les Tarets, 
font éprouver à la marine une perte énorme, qu’on ne 
pourra prévenir qu'après une étude longue et patiente des 
mœurs et de l’organisation de ces curieux Mollusques. 

P. FiscHER, 


3h 


Essai critique sur quelques espèces du Genre 
Cyclostoma, par M. SHUTTLEWORTH. 


Il se trouve, dans tous les genres, quelques espèces 
qui, pour n’avoir pas été suffisamment caractérisées par 
les auteurs, ou pour avoir été mal interprétées, sont res- 
tées des énigmes pour les naturalistes consciencieux, ou 
ont donné lieu à une confusion toujours croissante. De 
plus, nous croyons reconnaître dans ce nombre considé- 
rable d’espèces incertaines ou méconnues des anciens au- 
teurs, un des obstacles les plus sérieux à la juste appré- 
citation de la distribution géographique des espèces. 

Éclairer la synonymie de ces espèces est, à notre avis, 
rendre à la science un service plus important que ne l’est 
celui d'établir un grand nombre de nouvelles espèces. 

Les coquilles que nous nous proposons d'étudier dans 
cette Notice, sont les Cyclostomes : (Cyclotus) distinctum 
Sow., CG. (Gyclotus) orbella Lam, et le G. (Ghoanopoma) 
solutum Richard; et. en éclaircissant leur synonymie, 
nous aurons occasion de caractériser quelques autres es- 
pèces voisines, que nous croyons inédites; mais avant 
d'entrer en matière, qu’il nous soit permis d'exprimer 
notre profonde reconnaissance à M. Cuming, ainsi qu’à 
MM. Biand et Petit de la Saussaye, pour la généro- 
sité avec laquelle ils ont voulu nous aider dans nos re- 
cherches; le premier en nous confiant quelques échan- 
tillons uniques de sa riche collection, et les derniers en 
nous faisant des envois répétés des Mollusques des An- 
tlles, 


— 262 — 

Le CGycl. distinctum Sow, fut établi, en 1843, sur des 
échantillons dépourvus d’opercule, rapportés par M. Cu- 
ming de la baie de Montija, côte occidentale de la Co- 
lombie. La description de l’auteur est très-concise, et la 
figure qui laccompagne est insuffisante. Nous trou- 
vons dans la monographie des Cyclostomes de M. le 
D: Pfeiffer, qui fait partie de la seconde édition de Chem- 
nitz (Chem. éd. Küster) une description détaillée de cette 
coquille, description faite d’après des échantillons de la 
collection de M. Cuming. 

En 1852, M. le D: Pfeiffer fit paraître sa Monographie 
Pneumonopomarum, dans laquelle nous retrouvons Île 
C. distinctum Sow., mais augmenté de la description de 
l’opercule, avec l’addition de Haïti pour patrie, sur lPau- 
torité de Sallé. 

Dans ces mêmes ouvrages, M. Pfeiffer donne la des- 
cription et la figure d’une seconde espèce de Haïti, le 
Choanopoma solutum Richard, nom manuscrit sous le- 
quel des échantillons se trouvaient dans la collection de 
M. Cuming. 

Nous avons recu, à diverses reprises, des exemplaires 
sous ces deux noms; mais, ne pouvant les distinguer, nous 
avons cru à quelque erreur d'expédition. M. Cuming a 
bien voulu, sur notre demande, nous envoyer d’autres 
échantillons soigneusement choisis pour représenter les 
deux espèces. L’examen munitieux que nous avons fait 
des douze échantillons de notre collection, ainsi que de 
plusieurs dans diverses collections, nous a convaincu que 
tout ce que nous avons recu ou vu sous ces deux noms, 
appartenait à une seule et même espèce, et il nous est 
impossible d’identifier cette espèce, soit avec le €. dis- 
{inctum Sow., soit avec le €. solutum Richard. 


.« No Le 

Nous avons déjà dit que la description et la figure de 
Sowerby étaient insuffisantes pour bien caractériser son 
espèce ; mais comme dans la description plus détaillée de 
Pfeiffer, ainsi que dans les figures de Kuster, il se trouve 
certains caractères qui ne conviennent pas bien à nos 
échantillons ; comme nous ne connaissons aucun autre 
cas d’une espèce de Gyclostome commune en même temps 
au littoral pacifique de l'Amérique du sud et aux Antilles, 
et comme il n’y a pas lieu de douter de l’exactitude des 
localités indiquées, nous nous croyons fondé à regarder 
le €. distinctum Sow. de la Colombie, comme étant une 
espèce distincte de celle de Haïti. 

La simple comparaison de la description et des.figures 
que M. le D: Pfeiffer a données du C. (Ghoanopoma) so- 
lutum Rich., suffira pour prouver qu’il est impossible de 
réunir les échantillons du soi-disant €. distinctum ou 
C. solutum, qui se distingue par son péristome double, 
dont l’extérieur est largement étalé. 

M. Petit de la Saussaye ayant examiné la collection de 
Lamark, à émis l’opinion que le C. distinctuin Sow. pour- 
rait bien être le véritable C. orbella Lam., et que la co- 
quille décrite et figurée par Sowerby, Chenu et Pfeiffer, 
comme étant l’espèce de Lamark, en était distincte. 

Il nous est impossible de partager cette opinion, car la 
description de Lamark est trop incomplète pour qu’il soit 
possible de reconnaître avec sûreté la coquille qu'il a 
voulu décrire : la phrase anfractibus longitudinaliter 
striatis, Slrûts prominentibus. s'applique également bien 
à plusieurs espèces voisines, et, strictement prise, n’est 
pas même une description exacte de la sculpture des es- 
pèces en question. 

Nous croyons qu'il faut, dans ce cas, s’en tenir à l’in- 


— 264 — 


terprétation qu'ont donnée les auteurs subséquents qui 
ont mentionné l'espèce de Lamark, surtout parce que 
ces auteurs se sont montrés d'accord, et qu'ils nous ont 
donné d’excellentes figures de la coquille qu’ils ont ac- 
ceptée comme type de lespèce. La collection de Eamark 
a passé dans trop de mains, et, de même que la collec- 
tion du Musée citée par cet auteur, elle a pu souffrir bien 
des changements, de manière que nous ne croyons pas 
qu’on puisse toujours se fixer aux exemplaires qui y sont 
conservés pour lindentification d’espèces aussi douteuses. 
Si donc nous acceptons, comme type du €. orbella de 
Lamark, la coquille décrite et figurée par Sowerby, 
Chenu et Pfeiffer, nous r’aurons point de difficulté à la 
reconnaître : seulement faudra-t-il en détacher la var. 6 de 
la Guadeloupe, que M. le D" Pfeiffer y a ajoutée avec doute. 
L'échantillon que M. Cuming nous à communiqué 
comme venant de la Guadeloupe, appartient au tvpe et 
non à la variété £, ct nous y retrouvons tous les carac- 
tères des espèces propres à la faune africaine. Les Gyclos- 
tomes américains à stries spirales, se distinguent d’abord 
(et nous n’y connaissons aucune exception) des espèces à 
sculpture semblable des Grandes-Indes et de l Afrique, en 
ce quesur les premiers, les stries se renforcent sur la partie 
basale et autour del’ombilic, tandis que, chez les derniers, 
elles s’aflaiblissent et finissent même par disparaître. 
Quoique Lamark n’ait pas indiqué la patrie de son 
C. orbella, notre supposition se trouve à peu près con- 
firmée par la synonymie ajoutée par M. Pfeiffer, qui y 
rapporte le €. variabile du musée de Ferrussac, d’après 
un échantillon de Madagascar conservé dans la collec— 
on de M. Cuming. Bien que l’opercule du €. orbellu ne 
soit pas connu, nous croyons que cette espèce doit se pla- 


— 265 — 
cer près du C. Deshayesianum Petit, dans la première 
section du genre Cyclostomus Pfeiffer. 

Quant à la variété 6 ? de Pfeiffer, nous croyons qu’il pe 
peut y avoir d'incertitude à son sujet. Nous avons recu 
de M. Petit de la Saussaye des échantillons provenant de 
la Guadeloupe et auquels la diagnose et les figures de 
M. Pfeiffer s'appliquent en tous points, sauf la description 
de lopercule. 

Un de nos exemplaires était muni de son opereule, 
profondément enfoncé dans l’intérieur du premier tour. 
Cet opercule est extrêmement wnince, transparent, de 
couleur cornée, composé d’environ 8 à 9 tours, et à sur- 
face extérieurement concave, intérieurement convexe. 
Ayant extrait, non sans quelque difficulté, Popercule de 
notre exemplaire de la Guadeloupe, nous ne doutons pas 
qu’il y ait eu confusion entre les opercules qui accom- 
pagnaient les échantillons décrits par M. Pfeiffer, de 
même que nous avons démontré qu'il y avait erreur dans 
l'indication de la patrie de l’exemplaire qui nous avait été 
communiqué par M. Cuming. 

Nous regardons, par conséquent, la coquille de la Gua- 
deloupe comme espèce distincte du €. orbella Lam., et 
comme, dès lors, elle est non décrite, nous la désignerons 
sous le nom de Schrammi, en souvenir d’un des collec- 
teurs les plus zélés pour la recherche des Mollusques de 
cette île. Dans le système admis par M. Pfeiffer, notre es- 
pèce prendra place dans la 10e section des Cyclophores, 
où elle se trouvera en société d’autres espèces améri- 
caines, et rangera à côté du €. psilomitum. Une autre 
espèce voisine, et ayant un opercule semblable, est le €. 
Beauianum Petit; mais elle s’en distingue par l’absence 
totale de côtes spirales. 


— 266 — 

Une troisième espèce, semblable aux précédentes, 
quant à la forme, nous à été communiquée par M. Petit 
comme venant de la Martinique ; toutefois, elle se distin- 
que par son opercule testacé, à tours nombreux, oper- 
cale normal des Cycloti de Pfeiffer. Gomme elle nous pa- 
raît inédite, nous l’établirons sons le nom de C. Marti- 
nicense. ; 

Il nous reste enfin une dernière espèce, appartenant, 
d’après son opercule, aux Cycloti, dont nous avons reçu 
un échantillon de l’île de Grenade, où M. Newcomb la 
trouvée ; c’est à M. Bland que nous devons cette jolie es- 
pèce, qui, quoique très-voisine du €. asperulum Sow., 
vous paraît en être suffisamment distincte ; nous lui don- 
nons le nom de C. Granadense. 


4o Cycrostroma (Cyclotus.) Granadense Shuttl. 


Testa wmbilicata, orbiculata, tenuiuscula, superné an- 
guloso-maculata, in anfractu ultimo striato-plicatula. 
oix duphana, rufescenti-cornea, ad innovationes Lestæ 
rufo angustè strigatula ; spira parum elevata, apice ob- 
tusula ; anfract : 4, celeriter accrescentes, valdè convert, 
ultimus inflatus, anticè dilatatus, cirea umbilicum latius- 
culuim non compressus ; sutura sat profunda; apertura 
subobliqua, subcircularis, supernè angulaïa, intüs nitida ; 
peristoma sèémplex, aculum, vix continuum, reclum, 
margine dextro subproducto, sinistro subeffuso ; oper- 
culum £estaceum, 6-spiratum, anfractibus planis, mar- 
gine interno leviter et oblusè incrassato-elevato. 


Diam. maj. 16 mill., min. 13, alt. 42, apert 8 alt. et 
7 lat, 


Hab, Iusul. Granada (Newcomb legit; misit Bland). 


ag 
Observ. Differt à C. asperulo Sow, cui sculpturà per- 
similis, testa magis elevatà, anfr. convexioribus et colore. 


2 CycLosroma (Cyclotus.) Martinicense SAutrl. 


Testa latè umbilicata, orbiculata depressa, tenurius- 
cula, striatula, creberrime leviter et obtusè spiraliter sul- 
culata, pallide olivacea, nitidula ; spira parum elevata, 
apice obtusiuscula; sutura sat profunda; anfract. 4 ad 
& 1/2, celeriter accrescentes, convexi, uliimus vix ascen- 
dens ; apertura vix obliqua, circularis ; peristoma conti- 
nuum, rectum ; operculum festaceum, extus viT Cconcu- 
viusculum, arctispirum, anfract 10 margine depresso- 
dilatato. 


Diam. maj. 14 mill., min. 14 1/2, alt. 8., apert. 6 lata 
et alta. 
Hab. Ins. Martinique (Sp. 2 misit Petit.) 


Observ. Equidem, €. asperulo Sow., affine, sed sculp- 
turà, et operculo distinctissimum. 


3° CycLosromA (Cyclotus.) distinctum Sowb. 


Syn. Cyclost. distinctum. Sowb.,Thes. p. 106, pl. 24, 
f. 38. 
— — Pfeiffer in Chemn, ed. Kus- 
ter, p. 146, pl. 20, fig. 7-9. 
—- : orbella. Petit, Journ. Conch., 1850, 
p. Ah et A5, 
Cycloius distinctus.  Pfeif. mon. pneum., p. 24 
(excel. descrip. operc. et 
patr. Haïti). 


— 968 — 
Hab. Bay of Montija. Columbia occid. (Cuming). 


Observ. Species nobis ignota, forsan paululum dubia. 
sed a specie sequente Antillana, quacum a cl. Pfeif, con- 
juncta est, differe videtur, testà depressiore, anfr, 3 1/2 
nec 4 1/2, vix convexiusculis, ultimo latiore quam alto, 
quomodo apertura, ut ex icone Pfefferiana patet, latior 
quam alta evadit. Operculum ignotum. 


h° Cycrosroma (Cyclotus.) floccosum, Shutil. 


Testa latè umbilicata, depressè suborbiculata, tenuis, 
striatula, confertè spirahter lirata, liris alternis majori- 
bus subnodulosis ; albida, epidermide tenui, substrami- 
nea induta; spira depressa, apice paululum exserta, ob- 
tustuscula; sutura profundè canaliculata; anfrac. 4 1/2 
convext, ultimus anticè descendens, supernè carinatus, 
pro tertià partè a penultimo solutus ; apertura cércularis. 
vit obliqua ; peristoma simplex, rectum, acutum. Oper- 
culum testaceum extüs concaviusculum, arctispirum, 
margine anfract. (circa A0.) elevato-patulo, squamulis 
magnis membranaceis pellucidis crispatulis imbricatis 
floccoso-vestilo. 


Diam. maj. 42 mill., min. 9, alt, 7, apert., A alta et 
lata. 
Syn. Cyclotus distinctus. PE. monog. Pneum. p. 24, 
quod operculum et patr. 
Haïti. 
Hab. Haïti. Sallé ( specimina plurima accepi ab amic. 
Cumiug et Bland.) 


Ohserv, À priori (€. distinclo) "à diagnose et icone 


— 969 — 
Pfeifferianis supra laudatis distinguendum videtur, spirà 
magis exsertà, anfract. 4 1/2 nec 3 1/2, convexis, ultimo 
(et apertura) æquè alto quam lato. ©. Suturali Sowb. 
præsertim operculo insigni affine, sculpturà autem dis- 
tinctissimum. 


5° CyaLosTomA (Cyclophorus.) Schrammi Shuttl. - 


Testa late umbilicata, subdepresse orbiculata, tenuis 
creberrime striatula, liris spiralibus acutiusculis subre- 
motis elevatis circumdata, olivaceo-viridis, nitidula, pel- 
lucens ; Spira paruim elevata, apice acutiuscula; sutura 
mediocris ; anfr. 4 4/2 convexi, ultimus vix descendens ; 
apertura subcireularis, vix obliqua ; peristoma simplex, 
acutum, ad anfr. penultimum breviter disjunctum, mar- 
gine columellari subdilatato. Operculum corneum ; pellu- 
cidum, extus valdè concavum, arctispirum, anfr. cir- 
ca 8. 


Diam. maj. 11 1/2 miil., min. 9, alt, 7, apert, circa 5. 
et lata. 


Syn. Cyclotus orbellus.  Pf. mon. Pneum., p. 32, et 
in Chemn., Ed. Kust, p. 
SALES OU, 4626-27 
(excel. descr. operc.) 


Hab. Guadeloupe. Petit. 


Observ. Species toto cœlo a C. orbello Lam. recedens, 
C. rufescente Sowb. magis affinis, à quo diflert staturà 
minori, liris tenuioribus non nodulosis et colore. Oper - 
culum à el. Pfeiffero descriptum, casu quodam specimini 
Cumingiano annexum, ad speciem aliam certè pertinet. 


— 270 — 
6° CycLosToma ( Cyclophorus ) Beauianum. Petit. 


Syn : Cyclostoma Beauia- Petit. Journ. Conchyliolog. 

num. , 1853, p. 364, t| 114, fig. 
11-12. 

— inornatum. Redfield. Ann. Iyvc. New- 

York, vol. 6, 1854, p.131. 


Iab. Guadeloupe. (Petit, Bernardi et Bland). 


Obs. Species distinctissima, ex absentià sculpturæ 
propè C. lutescentem Pf, forsan collocanda. Opercu- 
lum Cyclophori typicum. 


7° GycLosroma (Choanopoma) Solutum Pfeiff. + 


ne 


Syn. Cyclostoma solutum. Richard in Sched. Cum. 
Pfeiffer. 
— Pfeif. in Chemn. ed. Kust. 
p. 295, t. 39. t. 8-10. 
Choanopoma —— Pfeif. mon. Pneum. p. 167. 


ab. Haïti. (Collect. Cuming fide Pfeif.) 


Obs. Species distincta è peristomatis indole apte inter 
Choanopoma relata, nobis adhuc non obvia; specimina 
omnia quæ ab amic. CGuming sub hoc nomine accepi- 
mus, ad C. floccossum nostrum pertinent, operculum 
ignotum, an vera ipsulæ Haïti incola ? 


8° CycLosroma ( Cyclostomus ? ) orbella Lam. 


Syn. Cyclostoma orbella. Lam. an. s. vert., 2° éd. v. 8. 
— p. 560. 


— 971 — 
Cyclostoma orbella. Chenu. in Deless, rec, t. 29. 

A 52 

— Sowb. Thesaur. p. 93. t. 23. 
6e 67: 

— Chenu. Ill. conc. t. 1,f. 13. 

— Pfeif, in Chem. éd. Kust, 
p. 145. f. 20, t. 4-6. 

ee Lamarkü. Petit Jour. Conc., 1850. 
p. Al et A8. 

— variabile. Fer. mus. teste mus. Cu- 
ming, f. P£ 

Cyclotus orbellus, Pf. mon. Pneum, p. 32, 
(excel. var. £.) 


Hab. Madagascar (Ferus. mus: Cuming), specimen 
unicum Cumingianum examinavimus. 


« 

Obs. Species benè descripta et delineata, €. Dehaye- 
siano Petit magis quam aliæ affinis, sed operculo ignoto. 

Nous ne terminerons pas cette Notice sans appeler Pat- 
tention des naturalistes sur l’abus qu’on a fait dans ces 
derniers temps de l’opercule des Mollusques, en attri- 
buant à ses modifications les plus légères, une importance 
démesurée pour la construction des genres. Nous venons 
de citer une suite d’espèces se ressemblant tellement dans 
l’ensemble de leurs caractères, que plusieurs d’entre elles 
n’ont été regardées que comme variétés, et qui, cepen- 
dant, d’après les caractères de l’opercule, devraient, si 
nous acceptions les vues de MM. Gray et Pfeiffer, être dis- 
tribuées dans au moins quatre genres distincts. Bien plus. 
si nous voulions être conséquents dans l'application de 
ce principe, il faudrait encore en constituer un cin- 
quième (qu’on pourra appeler Crocidopoma) pour les 


EE] 


LE] 


SA y Re 
€. floccossum et suturale, dont l'opercule est si remar- 
quable. 

Pour nous, toutefois, ces prétendus genres ne sont que 
des coupes purement artificielles, et pèchent contre les 
principes fondamentaux de toute classification philoso- 
phique, en ce que les caractères sur lesquels ils reposent 
n’ont aucun rapport réel ni avec les organes vitaux des 
animaux, ni avec leurs habitudes ou leur port extérieur, 
et ne s'accordent pas non plus avec la distribution géo- 
graphique des espèces. 

Pris conjointement avec d’autres caractères plus in- 
times, l’opercule peut bien servir à mieux signaler cer- 
tains genres; mais nous prétendons qu’une bonne classi- 
fication des Moliusques terrestres operculés doit être plus 
sérieusement établie, et que ce problème est encore à ré- 
soudre. Pour apprécier la valeur générale de l’opercule, 
il ne suffit pas d'examiner telle ou telle famille isolée ; il 
faudrait étudier avec soin toutes les classes de Mollus- 
ques. Un travail de cette nature nous démontrerait bien- 
tôt que dans les Mollusques marins, il se trouve des 
familles ou des genres chez lesquels la présence ou l’ab- 
sence même de l’opercule n’est que d’une valeur secon- 
daire. Avons-nous besoin d'indiquer les Cônes, les 
Vermets comme exemple? Nous pensons aussi que le 
genre Proserpina prouverait que, même chez Mollusques 
terrestres, l’importance de l’opercule n’est pas aussi ab- 
solue qu’on la prétendu dans ces derniers temps. 


SHUTILEWO RTH. 


— 275 — 


Description d'espèces nouvelles, par M. FiscHer. 


4. LoBicer SouverBir. (PI. 44, fig. 7-10.) 


L. Tesla ovoidea, tenuis, pellucidu, longitudinaliter 
striata, medio dilatata; anticè obliquè truncata, pos- 
{icè rotundata, vix producta; apertura semi-ovali; 
anticè obliquè truncata, posticè subangulata; labio 
tenu, breviter calloso ; labro tenui, arcuato, simplici. 


« Goquille ovoïde, mince, transparente, striée fine- 
« ment dans le sens de la longueur, dilatée vers le milieu 
« et en arrière; tronquée obliquement en avant, arrondie 
« en arrière, où elle offre à peine un court prolonge- 
« ment : ouverture semi-ovale, obliquement tronquée en 
«avant, subanguleuse en arrière; bord columellaire 
«mince, recouvrant la spire d’une callosité mince et 
« étroite ; bord droit arqué, non réfléchi. » 


Longueur. ee 7 nl 
ÉTERNEL TER, HO; 


Hab. Guadeloupe, 


Observ. Le genre Lobiger, établien 1847 par M. Krohn 
(Ann. sc. nat. p. 52), est caractérisé par la forme de sa 
coquille qui rappelle assez bien une Ovule à très-large 
ouverture, etsurtout par la conformation bizarre de l’ani- 
mal, qui possède latéralement quatre appendices assez dé- 
veloppés. Le Lobiger vivant agite sans cesse ces sortes 
de nageoires qui se détachent et se renouvellent souvent. 
L'animal du ZLob. Souverbii que nous avons examiné, 

19 


— 27h — 


n’en possédait que deux : une antérieure et une posté- 
rieure. Elles sont remarquables par leur développement 
considérable. 

Le nombre des espèces bien constatées dans ce genre, 
est encore assez restreint. Nous croyons qu’il devra s’ac- 
croître de quelques coquilles rangées dans les Bulles, et 
dont l’animal n’a pas été encore examiné. Quant à la dis- 
tribution géographique des espèces, on en connaît une de 
la Méditerranée, une de Colombie, une de la Guadeloupe, 
une enfin dont la patrie est inconnue. 

Voici la liste des espèces : 


LOBIGER PELLUCIDUS À. Adams. 


T'esta ovali, subinvoluta, alba, fragili, pellucida, lon- 
gitudinaliter substriata; spira occulia; apertura ob 
longa, ampla, posticè producta et subangustata; anticè 
dilatata; labio tenui, subreflexo; labro arcuato, mar- 
gine aculo. 


Hab, (Coll. Cuming). 


LOBIGER CGUMINGIE À. Adams. 


 Testa subovali, gibbosa, cornea, fragili. pellucida, 
subinvoluta; spira occultaz aperlura posticè producta, 
angustata, lineari; anticè valdè dilatata ; labro  subsi- 
nuoso, valdè inflexo, posticè producto, labio adhærente, 
subreflexo. 


Hab. Colombie (Cuming). 
Loricer Praicivreit Krobhn. 


T'estaovali, cornca, fragili, longitudinaliter substriata, 
subinvoluta ; spira occulta, apertura ampla, posticé pro- 


— 975 — 
ducta, rotundatu ; labro arcualo, ejus angulo superno 
producto, rotundato, labio tenui, subreflexo. 


Hab. Sicile. 

Le Lobiger Souverbii est voisin du Lob. pellucidus, 
mais en diffère par sa troncature antérieure, son ouver- 
ture non resserrée en arrière, etc. Nous sommes heureux 
de le dédier à notre ami M. le docteur Souverbie, direc- 
teur du Musée d'histoire naturelle de Bordeaux. 


2. CYLINDROBULLA Beauii. (PI. 8, fig. 8-9.) 
CARACTÈRES DU GENRE CYLINDROBULLA. 


OMAN, DNS CAUSE SNA EME AR à és ut € 

Testa cylindrica, bullaia, tenuis, fragilis ; spira mi- 
aulissima; sutura incisa, margine columellari posticè 
reflexo, et producto, spiram tegente ; margine dextro in- 
voluto, aperturam includente. 


RADAR, SANS SU MANU NET RTE RIRE US 

« Goquille cylindrique, ayant la forme des Bulles, 
« mince, fragile; spire très-courte; suture fendue; bord 
« columellaire réfléchi en arrière, prolongé et recouvrant 
« la spire ; bord droit recouvrant la columelle et clôtu- 
« rant ouverture, excepté en avant, » 


CARACTÈRES DE L'ESPÈCE. 


C. T'esta lutea, pellucida, anticè truncata, posticé ro- 
tundata, breviter striata, apertura medio clausa, anticè 
obliqua, posticè producta breviter ; columella margi- 
nala, peristomate simplici, tenui. 

Long. 44 mil. 


pou 


Larg. 7 — 


"916023 

« Goquille jaunâtre, cornée, mince, fragile, oblique- 

« ment tronquée en avant, arrondie en arrière, finement 
« striée ; ouverture fermée dans plus des deux tiers de sa 
« longueur; libre en avant, arrondie en arrière; bord 
 columellaire séparé par un sillon du reste de la co- 


= 


quille, péristome simple, mince, » 
Hab. Guadeloupe. 


= 


Obs. Cette coquille rare, et dont il n’a été rencontré, 
jusqu’à présent, que deux exemplaires, est remarquable 
par l’occlusion complète des deux tiers au moins de l’ou- 
verture, Le bord droit vient recouvrir la columelle et ne 
laisse qu’une ouverture antérieure. D’après sa forme, sa 
consistance, le Cyl. Beauii nous paraît devoir être rap- 
proché de certaines Bulles de la section Ak£era. I offre, 
ainsi qu’elles, une suture incisée, etsemble fermer, comme 
terme extrême, la série des Bullidæ, si on la fait com- 
encer aux coquilles dont l'ouverture est le plus dilatée 
(Bullæa). Le têt des Lophocercus est assez analogue à 
celui de notre genre ; mais des raisons déduites de l’orga- 
nisalion des animaux nous empêchent de voir dans le Cy- 
hindrobullx autre chose qu’une modification des Bulla. 
La coquille doit être externe par rapport aux viscères, et 
interne par rapport au manteau, dont les prolongements 
considérables doivent l'entourer en se portant d’avant en 
arrière. 

Nous donnons à cette espèce, si remarquable, le nom 
de l’habile collecteur de la Guadeloupe qui nous l’a com- 
muniquée, M. le commandant Beau. 


3. ACMÆA HAMILLEI. 


A. Testu minima, ovalo-oblonga, anculiformis, lu- 


HOT EE 


re 


teola, solidiuscula; extùs regulariler decussata et fin- 
briata, apice medio, obtuso, terminali, dextrorsüm bre- 
viler involuto ; intüs albida nitidaque. 


« Coquille petite, ovele, ancyliforme, jaunâtre ou rou- 
« geûtre, solidiuscule ; décussée régulièrementet finement 
« à l’extérieur; sommet médian, obtus, terminal en ar- 
«rière, avec un rudiment de spire légèrement enroulé à 
« droite ; intérieurement le têt est lisse et blanchâtre. » 


Longueur 5  mill. 
Largeur 3 1/2 — 
Hab. Guadeloupe. 


Observ. Cette charmante petite espèce se distingue de 
ses congénères par l’ornementation du têt. D’après lins- 
pection de celui-ci, sa place restait indécise, car il avait 
autant de rapports avec certaines Patelles à sommet pres- 
que terminal, qu'avec les Acmæa ou Patelloïdea. Mais en 
étudiant les caractères principaux de Panimal, nous avons 
reconnu qu’il possédait une longue branchie antérieure, 
cachée sous le manteau et placée horizontalement de 
gauche à droite. Ce détail ne laisse donc aucun doute sur 
la classification de notre espèce dans le genre Acmea. 


Nous dédions cette jolie coquille à M. Hamille, pos- 
sesseur d’une des belles collections conchyliologiques de 
Paris. 


P, FISCHER. 


Note sur l'animal des Cumingia. 
par M. Desrayes. 


$ 1. 


L'animal du genre Cumingia est resté jusqu'ici in- 
connu; cependant, pour déterminer définitivement ses 
rapports avec les genres les plus proches, il était né- 
cessaire d'observer sa structure, et nous allons consigner 
ici le résultat de nos recherches sur l’animal d’une très- 
petite espèce, recueillie à la Guadeloupe par M. Schramm, 
amateur plein de zèle et de distinction. 

Cet animal est ovale subtrigone ; il est enveloppé d’un 
manteau membraneux transparent et d’une excessive té- 
nuité ; les deux lobes sont réunis dans les deux tiers de la 
longueur du bord ventral ; en arrière, ilse continue en deux 
siphons très-grêles, allongés, inégaux, d’un blanc mi- 
transparent et détachés l’un de FPautre dans toute leur 
longueur ; le siphon anal est un peu plus gros et plus couri 
que le siphon blanchial. La petitesse de ces organes et 
leur contraction ne nous permettent pas de voir si le bord 
terminal est garni de cils ou de tentacules. Ainsi qu’il ar- 
rive dans le Lavignon , la partie postérieure du manteau 
se dédouble et laisse une cavité dans laquelle les siphons 
peuvent être contenus au moment de leur rétraction. 

La masse abdominale est assez volumineuse ; ses parois 
sont minces et demi-transparentes ; elles laissent aperce- 
voir, avec facilité, la position du foie et de Povaire; en 
avant, elle est surmontée d’un pied petit, qui paraît sub- 
vermiforme dans Ja contraction ; mais qui, probablement, 


— 979 — 
pendant la vie de l'animal, prenait une forme allongée et 
subtriaugulaire, [l est cependant difficile de préjuger, 
dans l’état où se trouve l’animal que nous observons, de 
la forme exacte que devait avoir le pied pendant la vie. 

Comme dans tous les autres Acéphales, la bouche est 
placée à l’extrémité antérieure de la masse viscérale, im- 
médiatement au-dessous du muscle adducteur antérieur 
des valves; elle est ovale, transverse, garnie de deux pe- 
iites lèvres membraneuses, très-étroites et transparentes: 
ces lèvres se prolongent de chaque côté du corps en une 
paire de grandes palpes triangulaires, d’un blanc jaunâtre 
et qui couvrent une partie de la masse abdominale. Leur 
surface interne est chargée de gros plis lamelleux, que 
l’on voit se terminer en d’assez larges crénelures sur le 
bord libre. La surface externe est tout à fait lisse. Ces or- 
ganes, par leur forme, rappellent à la fois ceux des Mac- 
ires et des Lavignons. 

Vers l’extrémité postérieure du corps, on remarque les 
organes branchiaux ; ces organes sont disposés exacte- 
went comme dans les Lavignons; ils se présentent sous la 
forme d’une surface triangulaire, divisée par un sillon 
submédian, de la base au sommet, en deux triangles iné- 
saux; le plus grand est du côté extérieur et il est formé 
d’un seul feuillet, dont on aperçoit les stries fines et ré- 
gulières quand on le soumet à un grossissement suffisant ; 
l’autre partie de la branchie est soudée, par son bord, à 
la portion du manteau qui se prolonge ensuite sous la 
forme des deux siphons dont nous avons parlé. Dans le 
plus grand nombre des Mollusques acéphales, on trouve 
de chaque côté de Panimal deux feuillets branchiaux iné- 
gaux et appliqués l’un sur l’autre comme les feuillets d’un 
livre fermé, Dans le Lavignon, ainsi que dans les Cummin- 


— 280 — 

gia, les deux feuillets sont renversés l’un sur l'autre, et 
juxtà-posés comme dans un livre ouvert. Par ce fait de 
l'organisation des branchies dans l’animal qui nous oc- 
cupe, il se rapproche plus des Lavignons que des Mactres 
et des Lutraires. Un autre fait assez remarquable, qui ca- 
ractérise particulièrement l’animal que nous décrivons, 
consiste dans la soudure presque complète de la branchie 
avec la masse abdominale. Ordinairement, et dans le La- 
vignon lui-même, le feuillet branchial est presque entiè- 
rement libre et peut également montrer ses deux surfaces. 
Ici, au contraire, la face interne est presque entièrement 
soudée à la partie inférieure de la masse abdominale. 
Enfin, les deux extrémités inférieures des organes bran- 
chiaux se rapprochent dans la région ventrale et s’atta- 
chent l’une à l’autre. 

Il résulte des observations précédentes, que lanimal 
des Cumingia appartient à la famille de Lavignons dont il 
présente les caractères principaux; d’après la coquille, 
on aurait pu soupconner une organisation ‘un peu diffé- 
rente. En eflet, la charnière, avec son cuilleron proé- 
minent, ses deux dents latérales, montre beaucoup d'a- 
nalogie avec celle des Mactres, et l’on aurait pu croire, 
d’après cela, que l’animal aurait participé aux caractères 
du genre dont nous parlons ; mais l’observation contredit 
cette prévision, et l’on peut dire que le Cumaingia est un 
Lavignon ayant à sa charnière des dents latérales. 

Nous pouvons résumer de la manière suivante les ca- 
ractères du genre : 

« Animal transverse, ovale, subtrigone ; les lobes du 
«manteau réunis le long du bord ventral dans les deux 
«üers de leur longueur, terminés en arrière par deux 
« Siphons grêles. allongés, inégaux, complétement séparés 


59 8B 


« dans toute leur longueur ; palpes labiales très-grandes, 
« triangulaires, égales, couvertes de larges lamelles à leur 
«surface interne ; branchies d’une médiocre étendue, 
«triangulaires, placées en arrière du corps, formées de 
« deux feuillets simples séparés par un sillon submé- 
«dian et placés l’un à côté de l’autre; pied petit, subver- 
«miforme ou subtriangulaire. » 


RE 


Jusqu'ici les espèces connues dans le genre Cumuin- 
gta sont d’un petit volume. La plus grande connue a été 
figurée par M. Sowerby, dans son Grenera of Shells, 
sous le nom de Cumingia mutica ; ele a 31 mill. de long. 
et 22 de large. Celle que nous allons décrire à des dimen- 
sions plus considérables. 


CUMINGIA GRANDIS, Vobis. (PI. 8, fig. 4-5). 


C. Testa transversa, ovalo trigona, turgidula, solidu.. 
æquilaterali, anticè obtusa, posticè attenuata, acumi- 
nata; valvis regularibus, tenue transversim strialis ; 
strüis regularibus, distanter interruplis ; umbonibus mi- 
nimas, approximalis; lunula excavata, non  circons- 
criptas marginibus integris, simplicibus ; fovea liga- 
menti magna proeminente ; dentibus lateralibus magnis, 
simplicibus, cardine approximatis. 


Cette coquille est toute blanche comme les autres Cu- 
mingta ; elle est ovale, subtrigone, large en avant; elle 
est atténuée, cunéiforme en arrière. Les vaives sont assez 
épaisses, et la coquille est renflée lorsque les vaives sont 
réunies ; les crochets sont cependant peu proéminents et 


“HaNQus. 


leur sommet se rapproche jusqu’à se toucher, En avant, 
on remarque une dépression lunulaire, mais qui n’est 
pointcirconscrite, ep arrière, le corselet offre une surface 
lancéolée, étroite, mais qui n’est point non plus limitée. 
À l’extérieur, la surface est couverte de stries fines, ob- 
tuses, assez régulières et interrompues à des distances 
inégales par des accroissements un peu plus marqués. À 
l’intérieur, les valves sont lisses. On y remarque deux 
impressions musculaires très-grandes, lantérieure est 
ovale et assez étroite, la postérieure est circulaire et elle 
occupe le milieu de l’espace compris entre le cuilleron 
de la charnière et extrémité postérieure. De l’extrémité 
du muscle antérieur, se détache la ligne de Pimpressior 
palléale qui accompagne le bord ventral, et, se reployant 
ensuite sur elle-même, circonscrit un espace spatuliforme, 
offrant un peu en avant de limpression musculaire une 
gibbosité assez forte. La charnière est assez épaisse. Dans 
le milieu, se montre un large cuilleron, un peu oblique, 
proéminent dans l’intérieur des valves et destiné à rece- 
voir le ligament interne. Sur la valve droite, en avantet 
en arrière de ce cuilleron, et à peu près à égale distance, 
s'élève une grande dent latérale, épaisse, subtrigone et 
très-pointue au sommet. Sur la valve gauche, les dents 
latérales sont à peine indiquées par une portion un peu 
plus épaisse, un peu plus saillante du bord. Lorsque les 
valves se joignent, cette portion, un peu plus saillante, 
s’introduit dans la fossette que laisse derrière elle cha- 
cune des dents latérales. 

Cette coquille, dont nous ne connaissons jusqu'ici 
qu’un très-petit nombre d'exemplaires, provient des mers 
du Chili. Notre plus grand individu a A4 millimètres de 
long, 34 de large et 48 d'épaisseur. D. 


—— 283 — 


Note sur un nouveau Genre de Limacien fossile, 


par M. Desrravyes. 


Tous ceux des naturalistes qui se sont occupés des 
Mollusques terrestres, ont toujours recherché avec un vif 
intérêt les diverses modifications que présentent, dans Île 
développement de la coquille, les deux grandes familles 
des Limaces et des Hélices. Il est curieux, en effet, de 
voir s’agrandir, par des degrés presque insensibles, une 
coquille qui, d’abord à l’état le plus rudimentaire, de- 
vient ensuite capable de protéger et de contenir un animal 
tout entier. 

Cuvier, à la suite de ses admirables travaux anatomi- 
ques, avait conclu au rapprochement le plus immédiat, 
des deux groupes dont mous venons de parler; quoiqu'il 
ne connût pas toutes les modifications intermédiaires ob- 
servées depuis ; cependant, guidé par les inductions les plus 
précises, il reconnut les rapports qui lient les Hélices aux 
Limaces, et il en rendit compte à l’aide d’une comparai- 
son extrêmement juste. Il sufit, en eflet, de supposer 
avec notre grand zoologiste, que les viscères d’une Limace 
ont fait une sorte de hernie à travers les parois du man- 
teau, pour la transformer en Hélice. La nature s’est plu à 
réaliser ce fait dans une série de genres offrant un grand 
nombre de transitions entre les deux groupes. 

Lamarck ne comprit pas aussi bien que Guvier les rap- 
ports des Limaces et des Hélices; il voulut séparer des 
Gastéropodes une partie considérable des Mollusques aux: 
quels il donna le nom de Trachélipodes. Egaré par cette 
idée systématique, il marqua la séparation des deux sé- 


de DB 

ries là où la nature a montré de la manière la plus 
forte qu’elles ne peuvent être désunies; car, d’un côté, 
Lamarck terminait les Gastéropodes par les Limaces et 
de l’autre il commençait les Trachélipodes par les Hé- 
lices. Get arrangement ne pouvait être adopté et il a 
été rejetté par presque tous les naturalistes. Aujourd’hui, 
plus que jamais, la séparation est impossible, car linter- 
valle entre les deux groupes se comble de plus en plus 
par l’intercallation de formes intermédiaires, A prendre. 
en effet, les Limaces pour point de départ, on voit s’éta- 
blir plusieurs embranchements, dont les uns se dirigent 
vers les Balimes et les autres vers les Hélices. Dans cette 
série de modifications, la coquille, d’abord cachée com- 
plétement dans l’épaisseur du manteau, devient de plus 
en plus saillante, sort, pour ainsi dire, par degrés de lin- 
térieur de l’animal et finit enfin par être assez grande 
pour le contenir tout entier. 

Blainville fit, au sujet des Limaciens, une observation 
d’une grande importance : il reconnut le rôle que joue la 
coquille. IT Ja vit dans son état rudimentaire, recouvrant 
constamment deux des organes les plus importants de 
animal, ceux de la circulation et de la respiration; et 
la preuve que c’est bien là la fonction physiologique de la 
coquille, c’est qu’elle se déplace lorsque les organes eux- 
mêmes qu’elle protége, se déplacent. Ainsi, lorsque ces 
organes occupent le centre de Panimal, la coquille ru- 
dimentaire se trouve immédiatement au-dessus d’eux. Si 
les organes en question sont plus en avant ou plus en 
arrière, la coquille les suit, ainsi que le montrent les 
Testacelles, les Vitrines, les Daudebardies, ete. Ges ob- 
servations de Blainville ne détruisent en aucune manière 
l'opinion de Cuvier rapportée précédemment ; car quelle 


— 285 — 
que soit la position de la coquille sur la longueur dela- 
nimal , aussitôt qu’elle devient proéminente au dehors 
elle entraîne la rupture du manteau et une saillie propor- 
tionnée à la grandeur des organes sous-jacents. 

Férussac a saisi un caractère d’une faible importance 
pour séparer des Limaces son genre Arion. Pour étre 
conséquent avec lui-même, il sépara les Helixarions des 
Vitrines, parce qu’il reconnut chez un certain nombre 
d'espèces, un pore muqueux situé à l’extrémité posté- 
rieure du pied, exactement comme chez les Arions. Par- 
tout, disions-nous, où ce caractère se retrouvera, il fau- 
dra s’en servir pour établir aussi des genres, car il n’y 
aurait aucune raison pour qu’un caractère eût une valeur 
générique pour certaines Limaces, et ne l’eût plus pour 
tout autre groupe de Ja même famille. Aussi, M. Gray, dans 
sa classification des Mollusques publiée en 1847 dans les 
procès-verbaux de la Société Zoologique de Londres, 
poursuivant cette idée, proposa une famille des Arionide, 
dans laquelle viennent se ranger tous les Mollusques pul- 
monés dont le pied porte un crypte muqueux en arrière. 
Cette manière d’envisager la question est parfaitement 
logique, seulement il faut s’assurer avant tout si le point 
de départ est solidement établi. Dans larrangement de 
M. Gray, à la suite du genre Arion vientse placer le genre 
Helixarion Fer. démembré des Vitrines, puis l’Helicopsis 
de Beck, autre démembrement des Vitrines ; enfin le Ste- 
nopus de Guilding, équivalent du genre Nanina de Gray. 

Ainsi, le type des Limaces à pore muqueux produirait 
un premier embranchement conduisant aux Hélices vitri- 
noïdes par l’intermédiaire des Vitrines. Les limaces pro- 
duiraient deux embranchements inégaux; le premier 
allant des Plectrophores aux Testacelles et aux Daudebar- 


SONY = 


dies, le second passant aux Hélices par les Parmacelles, 
Cryptelles, Vitrines, Simpulopsis, se bifurquant des Vi- 
trines pour passer aux Bulimes par l'intermédiaire des 
des Omalonyx et des Succinea. 

Dans cet arrangement général, le nouveau genre dont 
nous allons bientôt indiquer les caractères, viendrait se 
placer comme un échelon de plus entre les Limaces et les 
Parmacelles. 

L’osselet des Limaces présente constamment une forme 
bien connue des Malacologistes. Ce corps oblong se ter- 
mine par un sommet non proéminent, quelquefois un peu 
incliné, mais jamais tourné en spirale, On passe subite- 
ment de cette forme au rudiment des Parmacelles dans le- 
quel se montre une spire bien développée; mais déjà, 
dans ce genre, le manteau est percé et le sommet de la 
coquille peut s’apercevoir au dehors. 

Jusqu’ici on ne connaissait aucun limacien dans le- 
quel l’osselet, en restant à l’intérieur, prît cependant une 
forme spirale; c’est ce nouvel intermédiaire qui, décou- 
vert à l’état fossile par notre savant ami M. Viquesnel, 
nous a paru mériter la création d’un genre nouveau, au- 
quel nous nous sommes plu d’attacher le nom de Pauteur 
de cette intéressante découverte. 

Nous ne nous serions peut-être pas hasardé à établir le 
genre dont il est question, si nous n’avions appris qu’il 
existe déjà dans certaines collections, des corps semblables 
à l’état vivant, retirés d’un animal analogue aux limaces. 

M. Viquesnel, comme le savent les géologues, a consa- 
cré plusieurs années de sa vie à une exploration scientifi- 
que de la Turquie d'Europe. L'ouvrage que publie dans 
ce moment ce savant, prouve que ce voyage a été utile à 
presque toutes les sciences ; la géologie, surtout, à peine 


— 287 — 
connue dans ces régions, y puisera de nombreux et d’im- 
portants documents. 

Parmi les échantillons de roches et de fossiles rapportés 
par M. Viquesnel, et qui enrichissent les collections du 
Muséum d'histoire naturelle, il s’en est trouvé quelques 
uns provenant d’un terrain tertiaire, dont la position 
n’est pas encore exactement déterminée. Il s’observe sur 
la route de Feredjik à Balouk-Keni, village situé à huit ou 
neuf kilomètres de cette ville. M. Viquesnel le croit dé- 
pendant de l’étage nummutilique, quoique au-dessous il 
ait trouvé le pied presqu’entier d’un rhinocéros, animal 
dont les débris ne se sont jamais montrés au-dessous des 
terrains tertiaires moyens. 

Quoi qu’il en soit, le corps dont nous avons à nous oc- 
cuper, forme des lits peu épais dans urñe couche assez 
puissante, dans laquelle on trouve aussi des Paludines. 
Ces couches sont donc fluviatiles ou lacustres. Si, comme 
nous le croyons, le corps rapporté par M. Viquesnel à 
äppartenu à un animal terrestre, il a fallu qu’il vécût en 
immense abondance pour avoir laissé à l’état fossile un 
nombre si prodigieux de ses débris. Ces débris nous ont 
offert tous les caractères des osselets des Limaces, mo- 
difiés d’une manière particulière, et c’est pour eux que 


HOus proposons un nouveau genre caractérisé de la ma- 
uière suivante : 


GENRE VIQUESNELIA, Desh. 


Caractères génériques : 
« Animal inconnu. 


(4) Depuis que nous avons écrit ce qui précède, nous avons appris de 
notre savant collègue, M. d'Archiac, que dans un voyage récent dans les 
Pyrénées, il y à retrouvé la couche à Viquesnelia comprise dans la par- 
tie inférieure du terrain nummulitique, 


— 258 — 

« Rudiment testacé, ovale-suborbiculaire, noirâtre, 
«aplati, légèrement convexe en dessus, plat ou un peu 
« concave en dessous, limité à la circonférence par un 
« bord assez épais, coupé perpendiculairement. Sommet 
« subventral tourné en une spire de près de deux tours ; 
« tours convexes, médiocrement saillants. Face inférieure 
« Calleuse, sans aucune apparence de spire. 


Par son mode de développement, le corps que nous ve- 
nons de caractériser ne peut être autre chose qu'un osse- 
let de Limacien. Il: est ovale lenticulaire, médiocrement 
convexe en dessus, la spire a le sommet subcentral'et elle 
est formée d’un peu plus de deux tours qui s’élargissent 
rapidement et le dernier s'étale largement en forme de 
bouclier lenticulaire. A le voir en dessus, cet osselet a 
assez bien la forme d’une petite Calyptrée à sommet ob- 
tus. Les tours sont peu convexes et séparés par une su- 
ture simple et linéaire un peu creusée. Dans les vieux in- 
dividus, on remarque vers la circonférence deux ou trois 
petits sillons parallèles, quelquefois également distants et 
qui indiquent des temps d’arrêt dans laccroissement. Le 
bord est assez mince dans les jeunes individus ; mais dans 
ceux qui paraissent avoir atteint l’état adulte, il est épais 
et taillé perpendiculairement à angle vif. En dessous, la 
surface est calleuse, plane ou peu convexe ; elle n’offre au- 
cune trace despire et ne montre nulle part une cicatricule 
qui indiquerait insertion d’un muscle. D’après ce dernier 
caractère, les Viquesnelix ne peuvent se confondre avec 
les opercules ; d’ailleurs, leur mode d’accroissement les 
rapproche évidemment des osselets des Limaces et de 
ceux des Parmaceiles, Il résulte des faits que nous venons 
de rapporter, que le nouveau genre doit venir se ranger 


— 289 — 
dans la famille des Limaciens, entre les Limaces et les 
Parmacelles. 
La seule espèce que nous connaissions peut être carac- 
térisée de la manière suivante : 


VIQUENESLIA LENTICULARIS, Desh. (PI. 7, fig. 14-17). 


V. Testa ovato-lenticulari, nigrescenti, lapidea, subtus 
callosa, plana vel concaviuscula, supra spiraliter con- 
torta ; spira brevi, medio polito, obtuso; anfractibus ra- 
pide crescentibus, convexiusculis, ultimo expanso, plano, 
ad marginem aliquantisper sulcato. 


« Rudiment testacé, lenticulaire, pierreux, noirâtre, 
« calleux en dessous, plane ou légèrement concave, con- 
« tourné en spirale en dessus; spire courte, milieu lisse 
« obtus, les tours peu counvexes, s’élargissant rapide- 
«ment; le dernier étalé, aplati, portant deux ou trois 
« sillons vers le bord. » 


Hab... Fossile à Balouk-Keni, en Roumélie, à huit ou 
neuf kilomètres de Feredjik. 


Cette coquille est déposée en immense quantité dans 
un grès brunâtre, assez solide; dans la cassure de la ro- 
che on voit les individus entassés les uns sur les autres, et 
sur une surface dénudée de 7 à 8 centimètres carrés, on 
compterait au moins cinq cents individus de divers âges. 

Les plus grands individus ont 5 millimètres de long, 
h millimètres de large et 4 millimètre 1/2 d’épaisenr au 
sommet de la spire, D. 


20 


— 290 — 


Addition à la Note sur le Genre Viquesnelia. 


L’addition que nous faisons à la notice de M. Des- 
hayes, a pour but de faire connaître une très-belle espèce 
vivante de ce genre intéressant. Le Muséum de Paris pos- 
sède, depuis longtemps, des coquilles de Limaciens, re- 
cueillies à Mahé, par M. Dussumier, de Bordeaux. L’ani- 
mal. d’après M. Gray, est un vrai Limacien intermédiaire 
entre les Limax et Parmacella. M. Valenciennes a placé 
sur l'étiquette des coquilles le nom suivant : Clypeicella 
Dussumieri. | 

Il existe des individus de différents âges, et l’on peut 
suivre les transformations dues à leur développement. 
Les coquilles jeunes sont minces, concaves inférieure- 
ment, surtout à la partie postérieure, au-dessous du nu- 
cleus spiral. Les individus plus âgés offrent une coquille 
épaissie, semblable, par sa consistance, à celle des Lima- 
ciens; enfin, chez les adultes, le dépôt de matière est très- 
abondant au-dessous de !a spire et forme une callosité bien 
marquée, occupant le tiers postérieur de la face infé- 
rieure. Celle-ci est blanchâtre, cristalline ; la face supé- 
rieure est recouverte d’un léger épiderme jaunâtre. 


VIQUESNELIA Dussumteri. (PI. 7, fig. 18.) 


Animal limaciforme. 

Testa interna ovoidea, crassa, breviter marginata, su- 
perné epidermata ; leviter striata, infernè alba, calcarea; 
anticè rotundata, posticè dilatata: spira brevi, lateral, 
prominula, infernè incrassata. 


— 291 — 


Long. 42 mill. 
Larg, 8 — 


Hab. Mahé. (Dussumier.) 


Nous regrettons de n’avoir à fournir aucun renseigne- 
ment spécial sur l’anatomie et les conditions d’existence 
de ce curieux Mollusque. 


P. Liscrer. 


Description d’une espèce nouvelle de Marginelle, 
par M. BErNarpi. 


MarGinezLA Loroisii, (PI. 8, fig. 6-7.) 


M. T'esta ovato-oblonga, anticè attenuata, posticè di- 
latata, subcompressa, crassa, nilida, albido-luteola ; 
apice acuto, callo columellari obtecta ; apertura recta, 
constricta; margine columellari 5 plicato, incrassato ; 
callo suprà producto, inflalo; margine dexiro crasso, 
suprà producto, callum columellare attingente. 


Long. 48 mill, 
Larg. 43 — 


« Coquille ovale-oblongue, atténuée en avant, dilatée 
«en arrière, en forme d'amande, comprimée, épaisse, lui- 
« sante, d’un blanc jaunâtre. Sommet aigu, recouvert en 
«entier par la callosité columellaire ; ouverture étroite, 
« allongée, verticale; bord columellaire portant cinq plis, 
« très-épais, calleux; callosité se prolongeant en dessus 


— 299 — 
« où elle est limitée par un sillon bien marqué; bord 
« droit épaissi, calleux; sa callosité, en arrivant en des- 
« sus, se joint à la callosité columellaire et forme un an- 


« neau complet. » 
Hab. ? 


Observ. Cette jolie espèce ne se rapproche que du 
M. bivaricosa dont elle se distingue par lépaisseur et 
l'étendue des callosités, nettement séparées du têt en 
dessus par un sillon ; par la dilatation de la coquille pos- 
térieurement, etc. 

Nous la dédions à M. Lorois, qui nous l’a communi- 
quée. Elle provient de la collection de cet amateur zélé. 


Descriptions d'espèces nouvelles, par MM. Fiscaxr 
et BERNARDI. 


A 
Conus Viczcepinit. (PI. 40, fig. 12.) 


C. T'esta elongata, subclavata, solida, albido-luteola ; 
maculis rufis inæqualibus in series 3 dispositis ornata, 
anticè attenuata, posticè dilatata ; spira elevata, conica; 
anfractibus 7-8 sensim accrescentibus, transversim stria- 
lis; sulura impressa; anfractu ullimo obtusè angulato, 
post carinam striato, sedanticè lævigato ; ad extremita- 
tem anticam transversim lirato, apertura recta, elonga- 
La ; margine dextro sinuoso. 


Long. 32 mill 
Larg. 13 — 


« Coquille allongée, subclaviforme, solide, d’un blanc 


— 293 — 


« jaunâtre, ornée de taches brunes irrégulières, disposées 
« en trois séries transversales ; atténuée en avant, dilatée 
« en arrière; spire élevée, conique ; 7 à 8 tours de spire 
« croissant lentement, striées transversalement; suture 
«un peu enfoncée; dernier tour obtusément anguleux, 
« strié derrière la carène, lisse en avant, si ce n’est à l’ex- 
« trémité antérieure où l’on voit des sillons concentri- 
« ques; ouverture longue, droite; bord droit un peu 
« Sinueux, légèrement échancré à sa réunion avec la co- 
« lumelle. » 

Hab. Marie Galante. Rare ; communiquée par MM. Beau 
et Schramm. 


Observ. Le Conus Cleryi a des rapports. éloignés avec 
notre espèce; mais celle-ci se distingue par sa surface 
lisse et non sillonnée en totalité, par sa carène obtuse, sa 
spire non surbaissée, etc. On la distingue également du 
C. emurginatus par sa taille, la forme de ouverture, l’al- 
longement de la coquille, etc. 

Nous sommes heureux de donner à ce Cône le nom d’un 
des collecteurs de la Guadeloupe et Marie-Galante : M, de 
Villepin. 


SCALARIA PERNOBILIS. (PI. 8, fig. 2.-8.) 


S, Testa alba, non umbilicata, conica, ventricosa; an- 
fractibus 5-6 convexis ; rapidè accrescentibus, lamellis 
copiosis, elevatis, recurvis, supernè subangulatis, ad mar- 
gines tenuibus simplicibusque, munitis ; anfractu ultimo 
dilatato, permagno, non soluto; apertura rotunda; co- 
lumella incrassata, callosu, umbilicum tegente ; peristo- 
mate crasso, lamella valida, supernè producta et angu- 
lata, munito. 


— 294 — 


. Long. 40 mill, 
Larg. 33 — 


« Goquille blanche, non ombiliquée, conique, ventrue, 
« » ou 6 tours de spire très-convexes, s’accroissant rapi- 
« dement, portant chacun 14 à 45 lamelles larges, éle- 
« vées, légèrement recourbées de dedans en dehors, sub- 
« anguleuses près de la suture, qu’elles recouvrent pour 
« se continuer avec celles du tour suivant, minces et tran- 
« chantes à leur bord libre. Dernier tour très-dilaté, 
« formant environ la moitié de la longueur totale, non 
« séparé de la columelle. Ouverture exactement circu- 
« laire; columelle épaisse, calleuse, recouvrant l’ombilic; 
« péristome épais, muni d’une lamelle très-large, pro- 
«longée en haut de l’ouverture où elle forme un angle 
« marqué. » 

Hab. Marie-Galante. Très-rare; trouvée sur la nasse 
d’un pêcheur ; communiquée par M. Beau. 


Observ. Gette magnifique coquille se distingue si net- 
tement de ses congénères, que nous croyons inutile d’éta- 
blir les rapports et différences. Elle n’est analogue qu’à 
une espèce fossile de terrain tertiaire supérieur. 

Elle a été recueillie en même temps que le Pleuroto- 
maire et le Hurex Beauii. 


Turso caicceTit. (PI. #0, fig. 10-11.) 


T. T'esta perforata, conica, solida, rufa, punctis albis 
minutis notata; transversim costis valhidis et inter quas 
minoribus, ornata; nitida; sutura impressa ; anfracti- 
bus 5-6 convexis, rapidè accrescentibus, ultimo per- 
magno, reliquum testæ superanti; costis 6 posticis sat 


— 295 — 


élevatis, et sulcis minoribus obsoletis circa umbilicum, 
munito; apertura ovala, transversé dilatata; columella 
alba, incrassata, peristomate simplici, acuto. Operculum 
Lypicum. 

Long. 27 mill. 

Larg, 23 — 


« Coquille perforée, conique, solide, d’un rouge-vif, 
« avec des petits points blancs sur les côtes transversales, 
« brillante, ornée de côtes transversales élevées, et entre 
« lesquelles on en trouve une à peine marquée ; suture en- 
« foncée ; 5 à 6 tours de spire convexes, augmentant avec 
« rapidité ; le dernier très-large, et dépassant en longueur 
« les autres ; portant en arrière 6 côtes élevées ; autour de 
« l’ombilic on en remarque un certain nombre ; mais elles 
« sont à peine saillantes. Ouverture ovale, plus large que 
« haute ; columelle blanche, épaisse, péristome simple et 
« tranchant. Opercule typique. » 

Hab. Côtes de la Basse-Terre (Guadeloupe). Recueilli 
sur la nasse d’un pêcheur. Communiqué par M. Caillet, à 
qui nous le dédions. 


Observ. Encore une espèce qui ne peut être confondue 
avec aucune autre du même genre. Elle appartient au 
groupe des Turbo dont le 7, petholatus. L. pourrait 
constituer le type. 


Murex BEAUIL (PL 8, fig. 4.) 


M. T'esta subclavata, solida, longe caudata, fulvescens ; 
liris transversis, nodosis et costis tuberculatis decussanti- 
busque ornata; trifariam varicosa; varicibus, spinis 
elongatis, rectis, canaliculatis posticisque, et cristis te- 


— 296 — 
nuibus, latis et plicatis; munitis; anfractibus 9-10, 
sensim accrescentibus, perconvexis ; sutura profunda; 
apertura ovata; columella alba, reflexa, incrassata ; 
peristomate subacuto; cauda elongata, angustata, gra- 
cili, angulata, versus dorsum vix ascendente. 


Long. 120 mill. 
Larg. 51 — 
H. ouvert 25 — 
Long. queue EE 


« Coquille subclaviforme, solide, pourvue d’un long 
«canal; d’un blanc-jaunâtre ou fauve, ornée de côtes 
« transversales finement décussées, et de fortes côtes lon- 
« gitudinales tuberculées; trois varices par tour de spire, 
« surmontées, enarrière, de longues épines droites cana- 
« liculées, et de crètes élevées, minces et plissées ; 9 à 10 
«tours de spire très-convexes, augmentant graduelle- 
« ment; suture profonde; ouverture ovale; columelle 
« blanche, réfléchie, épaisse; péristome subaigu; queue 
« allongée, étroite, grêle, anguleuse à son tiers posté- 
« rieur, à peine relevée en dessus, 

Hab. Marie-Galante. Communiquée par le commandant 
Beau. 


Obserx, Espèce très-rare, que nous dédions à M. le 
commandant Beau, dont les recherches sur les Mollusques 
de la Guadeloupe et de ses dépendances, nous ont fait 
connaître tant de formes intéressantes. 


G 


Vorura Beauii. (PI. 46, fig. 1-2.) 


V. Testa elongata, fusiformis, nitida, solida, obsoleté 
et longitudinaliter costata, carneo luteola, et punctis 


— 297 — 


rufis in series plurimas transversales dispositis, notata ; 
apice obtuso, albo, minuto ; sutura lineari ; anfractibus, 
8-9, posticè subangulatis; anfractu ullimo reliquum 
testæ superante, in medio subinflato, anticè attenuato; 
columella breviter concava, multiplicata ; plicis 3 anticis 
vulidioribus ; peristomate arcuato, breviter reflexo, in- 
tus incrassalo, albido, ud marginem nigropunctulo; 
apertura elongata, lanceolata ; canali breviusculo. 


Long. 70 mill. 
Larg. 30 — 
H. ouv. 10 — 


« Coquille allongée, fusiforme, brillante, solide, pour- 
« vue de côtes longitudinales assez peu marquées ; d’un 
« jaune rosé, ornée de lignes transversales brunes, inter- 
« rompues et rapprochées; sommet petit, obtus, blanc; 
« suture linéaire; 8-9 tours de spire, subanguleux en ar- 
« rière ; dernier tour plus grand que le reste de la spire, 
« renflé vers le centre, atténué en avant ; columelle un 
« peu concave, chargée de plis, dont 3 principaux en 
« avant ; péristome arqué, légèrement réfléchi en dehors, 
« épaissi en dedans, blanchâtre et marqué de taches 
« brunes à son bord libre; ouverture allongée, lancéolée; 
« canal assez court. » 

Hab. Marie-Galante, Communiquée par le commandant 
Beau. 


Observ. Gette magnifique espèce appartient au groupe 
du Vol. Delessertiana. On n’en connaît jusqu’à présent 
que deux exemplaires. 


À 


Hécix Boyerii (PL. 46, fig. 8-9). 


H. Testa trochiformis, imperforata, solidiuscula, le- 


— 298 — 

viter striata, et sulcis obliquis, minimis, irregularibus 
subdecussata ; supernè pallidè lutea, infernè fulvescens, 
propè suturam albida ; spira obtusa; anfractibus 6 con- 
vexiusculis ; ultimo angulato, et fascia alba ad carinam 
ornato, utrinquè convexo ; columella brevi, obliqua, ro- 
seo tincta; apertura triangulari; peristomate angulato, 
albo, reflexo. 


Long. 28 mnill, 
Larg. 28 — 
H. ouv. A2 — 


« Coquille conique, imperforée, solidiuscule, finement 
« striée et obliquement décussée par de minces sillons 
«irréguliers; d’un jaune pâle en dessus, fauve en des- 
« sous, blanche au-dessous des sutures ; spire obtuse; 6 
« tours de spire un peu convexes, le dernier anguleux, 
«orné sur la carène d’une bande blanche, convexe en 
« dessus et en dessous, descendant légèrement pour for- 
« mer le péristome; columelle courte, obliquement diri- 
« gée, teinte de rose; ouverture triangulaire; péristome 
« blanc, anguleux, réfléchi en dehors. » 

Hab. les îles de PAmirauté, (Collection du journal.) 


Observ. Les nomenclateurs ont décrit récemment plu- 
sieurs magnifiques espèces provenant des îles de l’Ami- 
rauté. Parmi celles-ci, on en remarque un certain nom- 
bre qui sont trochiformes et qui peuvent rentrer dans le 
groupe désigné sous le nom de Geotrochus, et dont le type 
est l’Æ. pileolus. Notre espèce appartient à cette section, 
et M. Pfeiffer nous a confirmé sa validité. 

Nous dédions cette espèce à M. Boyer, médecin en 
chef de l’'Hôtel-Dieu de Marseille, un des plus zélés ama- 
teurs de cette ville. 


— 299 — 


a 
Pupina Moulinsiana. (PL. 40, fig. 6-7.) 


P. Testa ovato oblonga, perforata, sordidè cerea, so- 
lida, longitudinaliter striato-punctata; spira minutis- 
sima; anfractibus 7-8, penultimo plano, longiore; ultimo 
circa umbilicum unicostato, subito descendente ; aper- 
tura rotundata, columella bicanaliculata; peristomate 
semi-ovato, incrassato, reflexo. 


Long. 419 mill. 
Larg, 10 — 


« Goquille ovale-oblongue, épidermée, perforée, d’un 
« jaune-verdâtre sale, solide, irrégulièrement striée et 
« ponctuée en long; spire très-petite ; 7 à 8 tours de 
« Spire; les premiers convexes, s’accroissant régulière- 
« ment, le pénultième presque plane et très-large ; le der- 
« nier descendant rapidement, pourvu d’une côte autour 
« de l’ombilic; ouverture arrondie ; columelle blanche, bi- 
« Canaliculée ; péristome épais, blanc, réfléchi, Opercule 
« enfoncé très-profondément, spiral, » 

Hab. Nouvelle-Calédonie. (Collection du journal.) 


Observ. Espèce intermédiaire entre les Pupina grands 
et Aumilis, d’après M. le docteur Pfeiffer. Nous la dé- 
dions à M. Charles Desmoulins, président de la Société 
linnéenne de Bordeaux et lun des auteurs les plus esti- 
més dans la science qui nous occupe, 


Cycrosroma Gourdertii, (PI. 16, fig. 3-5.) 


CG. Testa epidermata. solida, latè umbiculata, com- 
planata, cinereo-fulvescens, rugoso-striata, et liris co- 


—. 300 — 

piosis concentricis munila; sulura impressa ; apice ob- 
tuso ; anfractibus 5, rapid et regulariter accrescentibus, 
rotundatis; ultimo vix soluto, suprà valide et subtüs 
obsoleté lirato ; apertura rotundata, breviter reflexa, in- 
tüs alba; operculo tenui corneo, concentrico; anfracti- 
bus 13-14. 

Long. 20 mill. 

Haut. 412 — 

H. ouv. 8 — 


« Coquille épidermée, solide, largement ombiliquée, 
«aplatie, d’un jaune-cendré, rugueuse et striée fortement, 
« ornée de sillons concentriques nombreux ; suture mar- 
« quée, sommet obtus ; 5 tours de spire s’accroissant ra- 
« pidement et régulièrement, arrondis ; le dernier à peine 
« détaché, fortement sillonné en dessus, mais en dessous 
« les sillons deviennent moins marqués et peuvent même 
« disparaître ; ouverture arrondie, à bord légèrement ré- 
« fléchi, blanche en dedans. » 

L’opercule est mince, aplati, corné, concentrique et 
portant 13 à 14 tours de spire. Nucleus médian. 

Hab. Nouvelle-Galédonie. (Collection du Journal.) 


Observ. Gette coquille est très-distincte par son épais- 
seur, son ornementation, etc. Nous sommes heureux de 
lui donner le nom de M. Coudert, possesseur d’une des 
plus riches collections de Bordeaux. 

Elle appartient au groupe Cyclophorus et se rapproche 
du C. Forbesianus Pfeiffer. (Proceed., p. 104, 13855.), 
trouvé aux Nouvelles-Hébrides. 


— 301 — 


Description de Goquilles fossiles des terrains ter- 
tiaires de la Russie, par M. C. Mayer. (Suite.) 


13. Garpium Duboisi Mayer. 


GC. T'esta ovata, convexa, transversa, inæquilateralr, 
anticè rotundata, posticè attenuata, obliquè subtruncata, 
profundè multicostata; costis 26 œæqualibus, altis, con- 
veris, in medio angulatis rugulosisve; interstitus latius- 
culis, planis, transversim valdè striatis ; umbonibus mi- 
nutis, obtusis; lamina cardinali arcuata, subedentula ; 
musculorum impressionibus parvis, profundis. 

Long. 38 miil., lat. AS. 

« Coquille à peu près ovale, transverse, un peu iné- 
« quilatérale, assez convexe et médiocrement épaisse. 
« CÔTÉ antérieur arrondi, postérieur un peu plus large, 
« obtusément caréné, comprimé, déprimé et tronqué obli- 
« quement. Côtes rayonnantes nombreuses, dont 22 en- 
« viron sont fortes, convexes, anguleuses et chargées de 
« petites aspérités irrégulières, et les 4 ou 5 dernières vont, 
« en diminuant de taille, se perdre sur le corselet. Inters- 
« tices planes, d’un tiers moins larges que les côtes, et 
« couverts commeelles de stries d’accroissement très-pro- 
« noncées. Crochets petits, effacés, lunule grande, lan- 
« céolée., Lame cardinale arquée ; charnière rudimentaire : 
« indices, sur la valve droite, d’une dent et d’une fos- 
« sette cardinale et d’une dent latérale antérieure. Im- 
« pressions musculaires petites et profondes, » 

Cette Bucarde, intermédiaire entre les G. ovatum et 
Gourieffi, provient de l'argile ferrugineuse d’Ampélaki , 
près de Kertch. . 


— 302 — 
4h. GarpiuM Edentulum Deshayes, 1838, Mémoires de la 


Soc. géol., p. 57, pl. 3, fig. 3-6. — Rousseau, Voyage 
de M. Demidoff, etc., p. 807, pl. 7, fig. 4. 


C. T'esta ovato-subquadrangulari, compressa, trans- 
versa, plûs minüsve obliqua, valdè inæquilatera, anticè 
attenuata, rotundata; posticè dilatata, subcarinata, trun- 
cata; costis numerosis, angustis, depresso-convexis, in- 
terstitiis planis; umbonibus minutis, acutis; margine 
cardinali subrecto, cardine lato, subedentulo, sæpè uni- 
dentato. 

Long. : 52 mill., lat. 78. 


Var. g: T'esta minore, valdè obliqua; costis distantio- 
ribus, planatis , ad mediam testæ partem evanescentibus. 


Long. 20 mill,, latit, 27. 


Si la diagnose d’une espèce doit, pour être bonne, 
s'appliquer également bien à toutes les variétés sous les- 
quelles un type se présente, il est du devoir de celui qui, 
le premier, fait connaître une variété d’une espèce éta- 
blie ou prouve l'identité de deux espèces, de refaire la 
diagaose donnée, en s'appuyant sur les caractères géné- 
raux de l’espèce et en éliminant ceux qui sont reconnus 
peu constants. Je me suis déjà conformé à cette règle dans 
mon précédent article, et j’en fais de même pour le présent. 

La variété extrême que je signale diffère du CG. edentu- 
lum de Taman et d’Ampélaki, par sa taille des deux tiers 
moindre, sa forme très-oblique, son manque de carène 
distincte et la prompte disparition des côtes sur le côté 
postérieur; mais comme l'unique individu qui la repré- 
sente provient d’une localité et d’une couche différentes, 
quoique voisines de celles du type; comme, surtout, lé- 
tude d’un grand nombre d'individus de ce dernier m’a 


— 303 — 


montré en eux, qui eurent pourtant les mêmes conditions 
d'existence, une tendance manifeste vers cet individu ex- 
trême, dans les modifications de la forme de la coquille, de 
la carène et des côtes : je crois que le plus sage parti est 
de ne pas donner un nom propre à notre individu, mais 
d'attribuer à des influences de milieu cette modification 
considérable des caractères secondaires de l'espèce. 

Cette variété provient de la roche corallique de Kertch. 
roche qui couronne les autres couches tertiaires des en- 
virons. Je classe provisoirement cette couche à coraux 
dans l’étage Dertonien, guidé, je l'avoue, en ma manière 
de voir, par des données de bien peu de valeur. 

(La suite prochainement.) 


M 


BIBLIOGIRAPEHHE. 


Monographia Auriculaceorum viventium, auct. 
Lud. Pfeiffer. Cassel 1856. 


Monographie des Auriculacés vivants, par M. le 
docteur PrEiFrrEer, broch. in-8°. 208 pages. 


M. Pfeiffer, après avoir publié une excellente Monogra- 
phie des Hélices ; et, plus tard, une Monographie des co- 
quilles terrestres operculées, nous donne aujourd’hui celle 
des Auriculidées, comprenant la description des genres et 
des espèces de cette famille connus jusqu’à présent. 

Les genres adoptés par l’auteur sont les @. Otis, 
Melampus, Marinula, Pedipes, Pythia, Plecotrema, 
Cassidula, Auricula, Alexia, Blauneria, Leuconia, et 
Carychium. 


— 304 — 

On voit par cette nomenclature que M: Pfeiffer s’est 
montré sobre de divisions pour cette famille qui, au sur- 
plus, ne compte en totalité, jusqu’à présent, qu'environ 
deux cents espèces. Il a décrit de nouveau toutes celles 
qu’il a eues entre les mains, tout en donnant pour cha- 
cune d’elles la diagnose de l’auteur qui l’a fait connaître. 
On sait avec quel soin et quelle précision le naturaliste de 
Cassel expose les caractères spécifiques d’une coquille, et 
on se montre généralement d’autant plus disposé à adop- 
ter ses descriptions, qu’on sait qu’il a eu pour étudier 
complétement les espèces, de riches matériaux et des 
exemplaires adultes et en bon état. Aussi ne balancerons- 
nous pas à dire, qu’en publiant sa Monographie des Auri- 
culidés, M. Pfeiffer à acquis un nouveau titre à la recon- 
naissance des Conchyliologues. 

La synonymie a été établie avec soin, et sous le rapport 
de l’étude des coquilles, comme aussi au point de vue de 
la classification des espèces, l’ouvrage dont nous rendons 
compte, sera indispensable à tous ceux qui voudront se li- 
vrer à l'étude d’une famille dans laquelle setrouvent grou- 
pés des Mollusques ayant des mœurs et des habitudes dif- 
férentes. En effet, les uns sont complétement terrestres : 
d’autres affectionnent les lieux humides ou les eaux sau- 
mâtres ; quelques-uns peuvent être considérés comme es- 
sentiellement marins, et ces différences d'habitat décèlent 
des différences d'organisation sur lesquelles plusieurs au- 
teurs ont publié des renseignements fort intéressants, 
dont M. Pfeiffer aurait bien fait de nous donner un ré- 
sumé. Nous citerons entre autres MM. Lowe, Souleyet, et 
M. Mittre, à qui la science doit de précieuses observations 
dont l’analyse eût été parfaitement placée en tête d’une 
Monographie des Auriculidées. 


— 305 — 


Une première lecture de l'important travail dont il 
s'agit, nous a suggéré quelques observations de détail que 
nous éprouvons d'autant moins de répugnance à consi- 
gner ici, qu’elles ne peuvent rien enlever au mérite de 
l'œuvre. 

En premier lieu, nous dirons que nous avons éprouvé 
quelque surprise en voyant M. Pfeiffer faire entrer dansla 
famille des Auriculacés, le genre Otina, indiqué, en 1847, 
par M. Gray, comme formant une section du G, Velu- 
tina, que, depuis, on a rapproché des Conovules et des 
Pyramidelles, et dont l’animal se raprocherait, dit-on en- 
core, par sa structure et par sa manière de vivre, des Pe- 
dipes. Nous pensons que si les Otina font réellement un 
passage entre les Ancyles et les Auriculacés, il eût mieux 
valu en faire une famille à part. Les Otina, par leur for- 
me, par la fragilité de leur têt recouvert d’un épiderme 
particulier, sont si différents des Melampus ei des Pedipes, 
que l'esprit se refuse involontairement à les réunir sous 
le même titre. 

Nous avons encore peine à admettre que les véritables 
espèces du G. Marinula de King soient autre chose que 
des Pedipes, avec lesquels ils ont la plus grande analogie 
sous le rapport de la forme, de la solidité, et des accidents 
de l’ouverture. L’absence de tout sillon transversal sous 
le pied, chez les Marinula, nous semble pouvoir être ré- 
voqué en doute; car ce caractère est commun à un cer- 
tain nombre de Melampus, et ce n’est pas là probable- 
ment qu'il faudrait chercher la base d’une subdivision 
générique. Les Pedipes, proprement dits, sont striés 
transversalement, tandis que les Marinula ne le sont 
pas; mais nous ne voyons, dans cette différence, qu’un 


motif de former une simple section. Nous serions donc 
PA 


— 306 — 

d'avis qu’il faudrait réunir aux Pedipes, les Marinula Pe- 
pita King, nigra Philippi, et patula Lowe, ainsi qu’une 
ou deux autres espèces que nous ne voyons pas décrites 
dans l’ouvrage de M. Pfeiffer. Les Mar. Firminii, Payr. 
æqualis et gracilis. Lowe, nous paraissent devoir rentret 
dans le G. Alexia, ainsi que le Mar. acuta, Caryc. 
D'Orb. Cette dernière coquille, allongée, mince, coni- 
que, épidermée, se rapproche des À. s2yosotis et reflexi- 
labris. Quant à l’espèce que nous avons décrite sous le 
nom d’Auric. Recluziana, ce n’est point une Marinula, 
et elle doit prendre place parmi les Melampus, près du 
Mel. australis de Quoy. Nous croyons, au surplus, que 
le désaccord qui existe. à l'égard de ces coquilles, entre 
nous et l’auteur de la Monographie, tient à ce ‘qu’il n’a 
pas eu sous les yeux des exemplaires authentiques de 
quelques-unes des espèces en question. 

Nous exprimerons, à cette occasion, le regret avec le- 
quel nous voyons M. Pfeiffer, faire entrer dans ses syno- 
nymies, des noms spécifiques sans aucune valeur, tels, 
par exemple, que celui d'Aurieula Callaoensis, Petit. in 
Mus. Cuming. Jamais nous n’avons décrit d’espèce sous 
cette désignation, et nous ne saurions admettre qu’on 
puisse sérieusement accepter ces noms de contrebande 
que désavouent les prétendus parrains, comme nous nous 
empressons de le faire pour lAur. Callaoensis, qui, à ce 
qu’il paraît, ne vit même pas au Pérou. Nous ferons la 
même observation, relativement à un Pedipes globulus, 
dont le nom nous est attribué, et qui nous est compléte- 
ment inconnu. 

C’est aipsi encore que M. Pfeiffer cite, dans sa syno- 
nymie, d’autres noms tout aussi peu orthodoxes, comme 
ceux de Aur, e/ongata, Charp mss ; Melamp. Columbien- 


— 307 — 


sis Mulf. mus ; Melamp. maurus Anton in sched ; Melamp. 
leucondata Nuttall. mss, ete... Il est même une espèce 
à laquelle notre auteur attribue deux noms manuscrits 
différents : ceux de e/ongata et Buddii (Auricula), pris 
sur des étiquettes de M. Parreyss, à qui l’on doit d’a- 
voir jeté, dans beaucoup de collections, une confusion 
qui s’étendrait bientôt à la nomenclature, si l’on persis- 
tait à lui accorder le droit d'auteur pour des espèces qu’il 
n’a jamais décrites. Nous sommes intimement convaincu 
que M. Pfeifler, lui-même, partage notre opinion; et 
qu’en cilant des noms de collections et en y accolant le 
noi d’un auteur imaginaire, 1} a simplement voulu être 
agréable à un correspondant; mais ce genre de condes- 
cendance est déplorable dans ses résultats, car il allonge 
indéfiniment la synonymie, Jette le désordre dans la no- 
menclature, induit le conchyliologue à chercher long- 
temps et inutilement les traces d’une description qui n’a 
jamais été faite, et tend à rendre impossible l’étude de 
l’histoire naturelle. Nous réclamons, en ce qui nous con- 
cerne, contre les noms qu’on nous attribue sans raison 
jusufiable, en déclarant que nous rejetterons toujours de 
la nomenclature toute désignation spécifique qui u’aura 
pas reçu, pour y être admise, la consécration d’une des- 
cription. 

Revenons maintenant à l’ouvrage qui nous a occupé; 
nous disons que M. Pfeiffer a eu tort, selon nous, d’adop- 
ter le nom de Pythia Bolten, pour le groupe de coquilles 
sur lesquelles Denys de Montfort a établi depuis son genre 
Scarabus ; un nom de genre ne peut être rigoureusement 
adopté que lorsque celui-ci a été suffisamment caracté- 
risé, et le cas n’est pas applicable à celui de Bolten. 
M. Fischer a bien créé, en 1807, antérieurement à Mont- 


— 308 — 

fort, le nom de Polydonta, pour un groupe dans lequel 
semblent entrer les Scarabus ; mais il a mal caractérisé 
cette coupe, et il cite l’animal du Pedipes comme type de 
ce genre de Mollusques. Le nom de Polydonta Fischer 
est dès lors très-contestable ; mais ce qui nous paraît 
d’une grande importance pour préférer le nom de Mont- 
fort, c’est qu’il a été généralement adopté de fait, et qu’il 
est trop répandu aujourd’hui pour qu’il soit désormais 
possible de le remplacer par celui de Bolten. Il n’y a, au 
surplus, dans notre observation, aucun esprit d’antago- 
nisme ou de nationalité. C’est uniquement dans l'intérêt 
de la science qu’il faut équitablement apprécier la valeur 
des travaux de ceux qui lui ont fait faire des progrès 
réels. 

Nous sommes disposé à adopter le G. Plecotrema, fondé 
par M. A. Adams, pour un groupe d'espèces petites, gé- 
néralemernt striées transversalement, ayant une ouverture 
étroite, garnie de plis et de dents ; mais nous ne sommes 
pas aussi convaincu de l'utilité du Genre Leuconia, dans 
lequel M. Gray voudrait faire entrer six espèces, dont 
font partie la Voluta bidentata de Montagu, ainsi que 
l'Auricula Micheli de Mittre, qui nous semblent devoir 
être rangées parmi les Alexia, à côté de l’Aur. denticu- 
lata de Montagu (Voluta). 

En résumé, il ressort du rapide aperçu que nous ve- 
nons de donner de l’excellent travail de M. Pfeiffer, que 
la famille des Auriculacées n’est pas encore bien connue, 
qu’elle exige de nouvelles recherches, et que ce sera seu- 
lement après un examen attentif de l’organisation d’un 
grand nombre de ces Mollusques, qu’on pourra asseoir, 
pour eux, les bases d'une bonne classification. Les élé- 
ments ont manqué au savant naturaliste de Cassel. C’est 


— 309 — 

une tâche qui ne saurait être accomplie sans le concours 
des personnes qui visitent les contrées lointaines et dont 
nous appelons les observations sur cet intéressant sujet. 

Nous terminerons cet articie, déjà un peu long, en fai- 
sant connaître que M. Pfeiffer a joint à sa Monographie 
des-Auriculidés, un petit Apendix dans lequel il donne 
la description du Genre Ceres (2 espèces ), Proserpina 
(6 espèces), et Truncatella (21 espèces). 


Se 


Miscellanées malacologiques, par M. À. DE 
Sanr-Simon. 2 décade. — 1856. 


M. de Saint-Simon a déjà publié dans le Journal de 
Conchylologie, plusieurs articles intéressants, où il s’est 
moutré anatomiste d’une parfaite exactitude et d’une re- 
marquable adresse. Le grand ouvrage de M. Moquin- 
Tandon, renferme également des faits anatomiques et des 
observations du même auteur. 

Dans la 2%e décade de ces Miscellanées, M. de Saint- 
Simon suit la route qu’il s’est tracée, et donne les Monc- 
graphies de plusieurs espèces de Mollusques : el. an- 
gigyra, nautiliformis, Raymondi, phlebophora, tigrina, 
colubrina, cingulata ; Bul. Tournefortianus, exilis ; 
CI. bilubiata. 

Comme on le voit, les études sur le genre Hélix sont en 
majorité, et il n’est pas difficile d’en expliquer la cause. 
Les Hélices, en effet, ne constituent pas un genre, mais 
bien un groupe immense, réunissant les formes, les or- 


— 310 — 


ganisations les plus variées, et chaque animal peut four- 
nir des complications inattendues dans ses organes. Par- 
tout les caractères qui semblaient génériques sont modi- 
fiés profondément, et à tel point, qu’il est impossible, dans 
l’état actuel de la science, de savoir ce que c’est que le 
senre Hélix. . 

Étudions, par exemple, les organes de digestion qui, 
dans la plupart des autres groupes fournissent des indi- 
cations précieuses. Le type des /Zéhix serait un Mollusque 
à mâchoire en dent de peigne, à langue composée de den- 
ticulations uniformes, tricuspides, et en nombre consi- 
dérable ; annonçant un animal herbivore. 

Le type Zonites tel que nous le concevons, se compose 
de petites espèces à coquille transparente, bord droit 
tranchant, etc. , à mâchoire en bec, à langue composée 
de deux systèmes de denticulations, les médianes sembla- 
bles à celles du type, les latérales longues, étroites, fortes, 
analogues à celles des Daudebardies, et annonçant un ani- 
mal vivant également de végétaux et de chair morte. 

Tels sont les deux extrêmes; mais les formes intermé- 
diaires abondent. Les Hélix de la section des Caudidis- 
sima, ont une mâchoire en bec, une plaque linguale ty- 
pique; les Ariophantes sont dans le même cas, nous 
l’avons vérifié ; et de plus, ils portent un manteau divisé 
en lobes et un pore muqueux caudal. Les Nanines sont 
vitrinoïdes ; les Hélices de la section des /ychnuchus; ceux 
de la section des ovum, sagittifera; ceux entin de la 
section des epistylium, alligans, ont une mâchoire de 
Zonites; on ne connaît pas leur plaque linguale, 

Mais ces différences paraissent légères, quand on les 
compare à celles qu’offrent les organes génitaux du trop 
petit nombre d'espèces que l’on a disséquées. Chez les 


— 311 — 
unes, l’appareil reproducteur est très-simple, chez les au- 
tres d’une complication inouie. La poche à dard peut 
manquer et être très-développée, les vésicules multifides 
varient dans leur nombre, leur grandeur, et peuvent dis- 
paraître ; le flagellum n’est pas constant, pas plus que les 
spermatophores, etc. 

Aussi, le naturaliste qui cherche à s’élever au-dessus 
de la contemplation stérile du fait, à saisir des rapports, 
à grouper des analogies, est-il réduit : ou à ne voir qu’un 
genre immense où dominent, cà et là, des types d’organi- 
sation; ou à admettre la série des coupes nombreuses faites 
par les naturalistes modernes, Beck, Albers, etc. Nous 
croyons qu'il est préférable de s’en tenir à la première 
opinion, et d'attendre bien des années encore, que des 
recherches suivies aient fait connaître lanatomie des 
principales formes du genre Hélix. Cette œuvre capitale 
ne peut manquer d’être édifiée plus tard, si le goût des 
études malacologiques continue à se développer. 

M. de Saint-Simon a voulu porter sa pierre à l’édifice, 
et nous l’en félicitons ; parmi les espèces les plus curieuses 
qu’il a étudiées, nous notons spécialement l'Hélix nauti- 
liformis, type du genre Drepanostoma de Porro. On sait 
que la coquille de cette espèce n’a pas d’analogue en 
Europe. L'animal se rapproche de l’Æ. obvoluta ; sa mâ- 
choire porte 8 côtes verticales ; il n’y a pas de fagellum ; 
une seule vésicule muqueuse, pas de poche du dard. Ces 
particularités sont remarquables et inattendues. 

Cette description est accompagnée, ainsi que les au- 
tres, d'un tableau des dimensions de tous les organes. 

En étudiant la langue, M. de Saint-Simon a fait des 
calculs sur le nombre de denticulations qu’elle porte, et 
en a trouvé approximativement : 4,500 à 5,200 pour le 


— 312 — 
B. Tournefortianus; h,800 à 5,400 pour l'A. Tigrina ; 
:,000 pour les Z7, cingulata, colubrina ; 2,400 à 2, fs 
pour lH. phlebophora, etc. 

Les autres appareils sont étudiés avec autant d’exacti- 
tude, et si l’on peut reprocher quelque chose à ce travail 
si consciencieux, c’est le manque de figures, qui permet- 
traient alors de mieux saisir la disposition des organes ; 
mais espérons que dans ses nouveaux travaux, M. de Saint- 
Simon se souviendra du vœu que nous exprimons ici, 


P. FiscHERr. 


The Gonchologicaf Miscellany, edited by Sylv. 
Hanley. London, 1854. | 


Mélanges conchyliologiques, par M. S. HANzey, 
in-/°, 3 livraisons contenant {1 planches coloriées. 


Cette publication, commencée en 1854, contient : 

4° Quatre planches sur lesquelles sont figurées seize es- 
pèces du G. Amnpullaria, nouvelles ou déjà figurées dans 
d’autres ouvrages. 

2 Cinq planches représentant quarante-quatre espèces 
de la famille des Melaniadæ. Ces coquilles, comme les 
précédentes, ne sont guère que la reproduction d'espèces 
figurées, ou au moins décrites ailleurs. 

Tout cela est donné sans description, même pour les 
espèces notées comme inédites, Nous ne savons si Pédi- 
teur à l'intention d’ajouter à ces planches un texte quel- 
conque ; mais nous regrettons qu’il ne lait pas fait plus 
tôt. Ce texte même aura peu d'intérêt, en ce qui con- 


— 313 — 
cerne les coquilles précédemment décrites ou figurées par 
MM Swainson, Philippi, Morelet, Gray, etc., et il eût 
bien mieux valu que M. Hanley consacrât à nous faire 
connaître des espèces réellement intéressantes et iné- 
dites, la somme qu’il a employée à reproduire la figure 
d'objets déjà connus. 

3° Trois planches sont consacrées à la figure de huit 
espèces du Gen. Ostrea. 

Sept de ces espèces ont déjà été décrites, mais Je crois 
qu’elles n’ont point été figurées jusqu'à présent. La hui- 
tième est désignée par M. Hanley comme nouvelle, ou du 
moins comme une variété remarquable de l’'Ostrea eduis 
var, purpurea. 

L'auteur, à propos de ce genre, fait remarquer que la 
forme générale des valves et celle des impressions mus- 
culaires (qui dépendent elles-mêmes des formes variables 
de la coquille), ne constituent pas des caractères distinc- 
tifs des espèces; et il ajoute que la coloration présente, 
sous ce rapport, un caractère bien autrement essentiel. 
Le nombre des espèces admises dans le G. Ostrea, dit- 
il encore, est peu considérable, et beaucoup de celles-ci 
ont été établies à tort sur des accidents d'âge ou de taille, 
ainsi qu’il a eu lPoccasion de le constater en comparant, 
à Paris, les types et les courtes descriptions de Lamarck. 

Nous ne saurions admettre complétement les observa- 
tions qui précèdent : d’abord le nombre des espèces du 
G. Ostrea est plus considérable que semble le croire 
M. Hanley. Sans parler de la grande quantité d'espèces 
fossiles qui ont été décrites, nous en comptons plus de 
quatre-vingts dans les espèces vivantes. La forme générale 
. de la coquille et celle des impressions musculaires ne 
présentent pas toujours, il est vrai, de bons caractères 


— 31h — 

spécifiques; aussi les auteurs n’y ont-ils eu guère re- 
cours; mais ils ont cherché les signes distinctifs de l’es- 
pèce dans certains accidents particuliers et constants de 
la forme, et nous croyons que c’est là que ces caractères 
se trouvent réellement bien plus que dans la coloration, 
à laquelle l’auteur anglais nous semble attacher trop 
d'importance, et qui est nulle pour les espèces fossiles. 

Lamarck avait déjà dit que Pirrégularité de ces 
coquilles rendait la détermination des espèces souvent 
très-difficile, Aussi peut-on lui reprocher, jusqu’à un 
certain point, d’avoir parfois donné dans son ouvrage 
des descriptions un peu trop concises; mais, en exami- 
nant avec attention les collections types de ce savant, on 
reconnaît qu’il a apporté, dans la classification de ses 
Ostrea, l’esprit méthodique et la rare sagacité qui le ca- 
ractérisent. L'observation émise à cet égard par M. Hanley, 
à qui nous connaissons un esprit juste et un bon coup 
d'œil, nous prouve seulement qu’il a été trompé par ses 
souvenirs où qu’il n’a pas eu tout le temps nécessaire 
pour étudier attentivement les collections de Lamark. 

Au nombre des coquilles que M. Hanley à fait figurer 
dans son Miscellany, nous trouvons une Ostrea bicolor 
qu’il a décrite dans les Proceedings de la Soc. z0ol. de 
Londres ( année 184%) et qu’il indique comme étant du 
Sénégal, avec le point de doute, et comme se trouvant 
dans la collection de M. Cuming. Nous ne lui disons pas, 
à ütre de reproche, qu’il commence sa description par 
les mots : Zestä obovatä, numquam elongatä, ce qui ten- 
drait à prouver, qu’en certains cas, il trouve un carac- 
ière assez prononcé dans la forme générale; mais nous 
l’engagerons à vérifier, dans la collection de M. Cuming, 
où son À. bicolor se trouve, si cette espèce ne lui a point 


— 315 — 


été donnée par moi; car, en 1843, j’eus le plaisir de lui 
offrir quelques exemplaires d’une Ostrea qui a les plus 
grands rapports avec PO. bicolor. Si, comme je le pré- 
sume, c’est la même espèce, M. Hanley pourra rectifier 
lhabilat, et la donner comme trouvée dans la baie de 
Paimpol, près de Saint-Pol-de-Léon, département du Fi- 
nistère, d’où elle me fut alors adressée par M. Prosper 
Dubois, qui avait été frappé des accidents de coloration des 
valves supérieures. En effet, celles-ci sont irrégulièrèment 
ornées de rayons d’un assez beau jaune, partant du som- 
met et s’élargissant en approchant du bord marginal. Au 
reste, M. Cuming et moi considérions alors cette coquille 
comme une variété de notre Edulis, et j'avoue personnel- 
lement que je suis tenté de persister dans cette opinion 


S. PETIT. 


On the absoption of parts of the internal structure 
of their shells, by the animal of Stoastoma, 
Lucidella, Trochatella, etc.. by T, BLanp. 


La faculté que possèdent certains Moiïlusques de dis- 
soudre des portions de leur coquille, a été signalée de- 
puis longtemps. Ce pouvoir est exercé afin de faire dis- 
paraître les obstacles qui gênent l’accroissement de Pani- 
mal. Ainsi les Murex détruisent les spinules externes; les 
Purpura, les parois de leurs cloisons ; les Conus et Oliva 
diminuent l’épaisseur de leurs cloisons entre les tours 
de spire de la coquille; une espèce de Æarpa (H. arti- 
culata) absorbe, dit-on, seulement la partie centrale des 


— 916 — 
cloisons, et pratique, de cette facon, une petite ouverture 
entre les cavités des tours. D’autres Mollusques dissolvent 
davantage leur coquille; les Veritidæ et Auriculidæ font 
disparaître toute la columelle interne. 

Je n’étais pas cependant certain de ces faits, mais je 
n'ai plus gardé aucun doute en reconnaissant cette alté- 
ration de la structure du têt dans les genres Stoastoma, 
Lucidella, Trochatella, Helicina et Proserpina. (Ce 
dernier genre est non operculé.) Il se peut que ce fait ait 
été observé par d’autres. 

En examinant une jeune coquille brisée de lHelicina 
maxima SoWb. de la Jamaïque, je remarquai l’absence 
de la columelle interne et des cloisons. Le poli de linté- 
rieur de la coquille sous le sommet, et surtout le long 
de la ligne des sutures des tours supérieurs, éloignait Pi- 
dée d’une dégradation accidentelle de la coquille. En ou- 
vrant plusieurs individus de la même et d’autres espèces 
d’Aelicina, puis de Lucidella, Trochatella et Stoastoma, 
je trouvai la même disposition de lintérieur de la co- 
quille ; la cloison externe du dernier tour persistait seu- 
lement. Même remarque pour les Proserpina. 

Dans les Helicina maxima, albolabris, palliata, Hol- 
landi et neritella; Lucidella aureola; Trochatella Tan- 
kervillit et pulchella; Stoastoma pisum; Proserpina 
pulchra, nitida, pisum, globulosa, depressa et bidentata 
on peut voir la même dégradation. Le bord de la cloison, 
à l'endroit où l’absorption a cessé, est arrondi, comme 
pour protéger l’animal contre la blessure qu’aurait pu 
produire un bord aigu et raboteux. Dans la jeune co- 
quille de l'A, maxima, on peut s'assurer de ce qui est 
pris par la résorption, avant l’épaississement du bord. 

Que gagne l’animal à cette opération? Je ne pourrais 


13417 

répondre que par cette hypothèse : il cherche plus d'es- 
pace pour le développement de certains organes, lors- 
qu’il est devenu assez gros; développement qui serait 
empêché par la présence de la columelle interne. Mais je 
voudrais savoir s’il existe une particularité dans la struc- 
ture des Mollusques terrestres et autres dont la columelle 
et la cloison sont détruites, qui rende nécessaire l’altéra- 
tion de leur coquille. 


Traduit par P. Fiscuer. 


Indicis generum Malacozoorum primordia, auctore 
À. N. Hermannsen, D. M. Editio nova, 1855. 


Index des genres adoptés dans la classification des 
Mollusques, par M. le D. Hermannsen, Cassel. 
nouv. édit. 


Nous avons fendu compte de l’excellent ouvrage de 
M. Hermannsen dans le Journal de Conchyliologie (4° 
vol., pag. A20) et nous nous sommes empressés de le 
signaler alors à l’attention des personnes qui s'occupent 
sérieusement des études malacologiques. Nous ne revien- 
drons pas sur l'éloge que nous faisions de cet important 
travail, commencé en 18/46 et terminé en 1847. 

En 1852, l’auteur publia un supplément de 140 pages, 
ayant pour objet de rectifier et de compléter son œu- 
vre : c'était ajouter un nouveau service à celui qu’il avait 


— 318 — 
rendu aux conchvliologues qu'il semblait vouloir tenir 
au courant des progrès de la science : c’élait aussi en 
quelque sorte faire entrevoir le projet de donner succes- 
sivement de semblables appendices. 

En voyant annoncer, en 1855, une nouvelle édition de 
cet Index, nous avons d’abord pensé que M. Hermann- 
sen avait préféré refondre en entier son livre, en y fai- 
sant mention des travaux publiés dans les dernières an- 
nées ; mais grande a été notre surprise en reconnaissant 
que cetie nouvelle édition n’était que la reproduction 
textuelle de l’ouvrage publié en 1846-1847, sans la moin- 
dre modification, et même sans l'insertion des articles 
contenus dans le supplément imprimé en 4852. 

Ce résultat de notre examen nous a rassuré, en nous 
laissant espérer encore, à nous qui avons fait l’acquisi- 
tion du premier Index, que l’auteur continuerait de nous 
donner de nouveaux suppléments et nous dispenserait 
ainsi d'acheter à grands frais une seconde édition. Nous 
aimons à croire que M. Hermannsen tiendra à honneur de 
ne pas abandonner ce soin- à quelque autre qui, peut-être, 
ne s’en acquitterait pas aussi bien que lui. 

Dans tous les cas, et quel que soit le motif qui ait déter- 
niné l’éditeur de Cassel à faire réimprimer l’ouvrage dont 
il s’agit, il nous à paru utile de mettre nos lecteurs en 
garde contre l'illusion que pourraient produire sur eux 
les deux mots : Æditio nova. 

S. PETiT. 


— 319 — 


Notitiæ malacoiogicæ, par M. SHUTTLEWORTH. 


(Premier numéro, Berne 1856. — Neuf pl. , 90 p.) 


M. Shuttleworth, après avoir publié, à sesfrais. d’inté- 
ressants opuscules sur les Mollusques des Canaries, Porto- 
Rico, la Corse, les Antilles, vient de commencer, par ses 
Notiliæ, une série de travaux sur les Mollusques terres- 
tres, qu’il a étudiés par groupes. 

Les Monographies sont précédées d’une introduction 
générale sur la classification et l'arrangement des Mollus- 
ques, où l’auteur fait valoir ses idées sur cet important 
sujet d’études. M. Shuttleworth, en admettant que toute 
classification générique repose sur des caractères zoolo- 
giques, propose des coupes fondées sur les rapports gé- 
néraux des coquilles, rapports dus, comine il le constate, 
à l'influence des conditions géographiques semblables. 

L'application de ces principes conduira les naturalistes 

à une connaissance très-exacte des espèces, dès qu’on les 
| aura réunies en groupes géographiques; et on y arrivera 
insensiblement si lon étudie les faunes des régions natu- 
relles; car ce n'est qu’ainsi qu’il est possible de décou- 
vrir les affinités zoologiques incontestables. 

Mais une question reste à résoudre : ces groupes natu- 
rels sont-ils des genres? Avec la tendance de la plupart 
des naturalistes modernes, cette question est résolue affir- 
mativement, et nous le regrettons ; car, de jour en jour, 
la Conchyliologie devient plus ardue et plus incompré- 


— 9320 — 


hensible, par l’accumulation de synonymies considéra- 
bles. Que nous sommes loin de l’époque où Ferrussac ne 
considérait même pas les Clausilies comme distinctes gé- 
nériquement des Hélices? M. Shuttleworth, en délimitant 
les coupes de Bulimes ou Agathines désignées sous les 
noms suivants : Limicolaria, Orthalicus, Porphyroba- 
phe, Perideris et Pseudachatina, les donne comme 
«neue oder weniger bekannte Gruppen und Gattungen 
der Heliceen, » Les mots groupe et genre sont donc équi- 
valents à ses veux. ; 

L'ouvrage renferme un certain nombre d’espèces nou- 
velles ; les plus remarquables, à à nos yeux, sont celles qui 
proviennent du Gabon, et qui ont été peu répandues jus- 
qu’à présent dans les collections. 

Les planches sont très-bien exécutées et renferment 
les dessins de vingt-sept espèces. 

PF, 


ILLUSTRAZIONE 
SYSTEMATICA CRITICA ICONOGRAFICA 


DE’ MOLLUSCHI 


DI TERRA E DI ACQUA DOLCE DELLA SICILIA ULTERIORE 
E SUE ISOLE CIRCOSTANTI 


DI LUIGE BENOIT 


Congiuntavyi la Descrizione di taluni Testacei marini 
nuovi 0 poco conosciuti del Mediterraneo 


DI NICOLA TIBERI D. IN Ma 


Nous rendrons compte de cet ouvrage dès qu’il nous 
sera parvenu. 


Imprimerie de L. TiNrerLin et C*, rue Neuve-des-Bons-Enfants, 3. 


JOURNAL 


DE 


CONCHYLIOLOGIE. 


a —_—_—_—_—_—_— —— 
D 


Avril 185$. 


Observations anatomiques sur des Moillusques 
peu connus. (Suile.) 


Ç 11. 


Dans une de nos précédentes études, celle qui traite du 
genre Fissurella (p. 233), nous avons examiné compa- 
rativement un certain nombre d'espèces, afin de saisir les 
rapports et les différences qu’elles présentent entre elles. 
Cette méthode donne de bons résultats, quand on veut 
apprécier les caractères de coupes nouvelles établies de- 
puis longtemps et considérés comme homogènes. 

Nous nous proposons aujourd’hui d'étudier quelques Pé- 
tricoles, en prenant trois types bien tranchés : les Petricola 
hthophaga Retz., denticulata Hanley (Venerupis Peru- 
viana Jay.), et robusta Sowerby. La première est le type 
de nos espèces européennes; la deuxième, des espèces 
pholadiformes américaines; la troisième, du genre CAo- 
ristodon. Jonas. Nous regrettons de n’avoir pu nous pro- 
curer les animaux du geure Varanio de M. Gray. car 
l’examen de la charnière et de l’impression palléale, an- 

22 


— 322 — 
nonce une organisation un peu différente de celle des Pé- 
tricoles que nous connaissons. 

On peut laisser de côté, de prime-abord, des particu- 
larités propres aux trois espèces, telles que le léger bâil- 
lement des valves à leurs extrémités antérieure et posté- 
rieure, la consistance du têt, etc.; mais l’examen de la 
charnière et des impressions montre des différences no- 
tables, 

Chez le Petricola lithophaga, la charnière se compose 
ordinairement de deux dents sur chaque valve; quelque- 
fois on n’en voit qu’une sur une valve. L’impression mus- 
culaire antérieure est ovale, la postérieure arrondie. 
L’impression palléale a une forme assez remarquable. En 
partant de l’impression musculaire antérieure, elle des- 
cend obliquement de haut en bas et d’avant en arrière, 
s'arrête en formant ure languette étroite, puis revient en 
avant et s'élève très-haut dans la coquille. Au niveau des 
impressions musculaires, elle rejoint empreinte du mus- 
cle postérieur par une portion presque horizontale. Le ca- 
ractère principal de cette impression est donc la présence 
d’un large sinus, 

Chez le Petricola denticulata, la coquille est tout à fait 
transverse, allongée. On trouve à chaque charnière deux 
longues dents recourbées, dont une est bifide. La direc- 
tion et la structure de ces dents rappellent celles du T'apes 
pullastra L. La direction transversale de la coquille a 
influé sur les empreintes musculaires. L’antérieure, en ef- 
fet, au ïieu d’être un ovale à grand axe vertical, comme 
dans l’espèce précédente, a son grand axe horizontal. La 
postérieure a subi des modifications analogues. L’impres- 
sion palléale n’est pas aussi profonde, mais elle est plus 
anguleuse. 


— 323 — 

Le Petricola robusta offre un ensemble de caractères 
complétement différents. La charnière de la valve droite 
se compose de deux dents : l’une antérieure très-forte, 
triangulaire, à base large; l’autre postérieure assez 
étroite, à peu près cylindrique; mais ces dents sont sur- 
tout remarquables par leurs articulations sur la valve, ar- 
ticulations qu’on ne peut bien étudier que sur des indivi- 
dus frais où conservés dans l'alcool. On voit alors que les 
dents peuvent se séparer. L’antérieure, détachée, a la 
forme d’une tête de clou, à base large, bombée ; la fossette 
articulaire qui la recoit est assez profonde, transverse, 
encroûtée d’un cartilage brunâtre, lamelleux et plus épais 
à la circonférence qu’au centre. La dent postérieure, 
courte, est à peu près cubique ou cylindrique. La fossette 
articulaire de la valve est peu élevée et presque plane. 

La charnière de la valve gauche se compose de trois 
dents assez courtes; une médiane triangulaire, élargie et 
échancrée au sommet, deux latérales obliques de dedans 
en dehors. Cette disposition rappelle parfaitement celle 
qu’on peut constater sur la valve gauche du Venerupis 
Lajonkairi Payr., espèce qui, d’après les caractères de 
son impression palléale et de sa charnière, pourra plus 
tard constituer une coupe générique. 

L'impression musculaire antérieure est étroite, presque 
verticale, très-allongée ; la postérieure ronde et typique. 
L'impression palléale n’a aucun rapport avec celles des 
espèces précédentes, Partant du muscle antérieur, elle se 
dirige parallèlement au bord inférieur de la coquille , jus- 
qu’au tiers postérieur, revient en avant, s’enfonce très- 
peu et gagne l’impression musculaire postérieure en se 
dirigeant d'avant en arrière et de bas en haut. Le sinus 
est donc très-peu profond, et il existe des individus où il 


— 32h — 

l’est moins encore; on a alors un passage insensible des 
Pétricoles au genre Varanio. | 

Nous pouvons enfin mentionner, sans y attacher une 
grande importance, l’inégalité partielle des valves. On 
voit souvent chez de vieux individus et vers le bord pos- 
térieur ou le bord inférieur, des prolongements de matière 
calcaire assez considérables ; mais cette particularité perd 
toute valeur quand on la rencontre sur des coquilles per- 
forantes et soumises, par cela même, à l’influence et aux 
accidents des corps dans lesquels elles vivent. 

L'étude de cette espèce devait engager les naturalistes 
à la séparer de ses congénères; c’est ce qui a été fait, en 
4844, par M. Jonas, dans le Zeitschrift für Malacozoo- 
logie, p. 185. Seulement la diagnose du genre Choristo- 
don est très-écourtée. L'auteur ne parle que de la char- 
nière et du ligament ; encore se trompe-t-il en prenant 
la valve droite pour la valve gauche et réciproquement. 
Voici, toutefois, la caractéristique qu’il a donnée : 


G. CHorisToDoN Jonas, 4841. 


T. Cardine valvulæ dextræ dentibus 3 approzimatis, 
sinistræ verd 2 et 1 intermedio separabili, lateralibus 
nullis. Ligamentuin externum. 


L'espèce décrite par lui sous le nom de Choristodon 
typicum, paraît être la même que le Petricola robusta de 
Sowerby. 

M. Jonas n’avait donné aucun renseignement sur l’ani- 
mal, et son Choristodon ne fut pas admis par les nomen- 
clateurs. Cependant MM. Adams, dans leur genera, pa- 
raissent devoir l’adopter, sans toutefois connaître le Mol- 


— 925 — 


lusque. Plusieurs naturalistes étudièrent avec soin des 
charnières de Choristodon, sans pouvoir découvrir leurs 
dents séparables. Nous avons éprouvé d’abord la même 
déception; mais l’examen d’un individu conservé dans 
Palcoo!l et envoyé par M. Schramm de la Guadeloupe, a 
fait cesser nos doutes. Il peut arriver qu’on ne trouve 
pas les dents articulées, soient parce qu’elles ont été dé- 
tachées ou perdues, et c’est là le cas le plus ordinaire ; 
soit parce que leur point d’articulation ne paraît pas à 
l'extérieur ou a été recouvert subséquemment de calcaire 
par l'animal. C’est ce qu’on remarque surtout chez les in- 
dividus âgés. 


Ç 12. 


On voit déjà poindre des différences entre les coquilles 
de nos trois Pétricoles. L'examen des animaux devient 
alors indispensable, pour faire savoir jusqu’à quel point 
on peut prendre en considération, dans la méthode, les 
caractères tirés du têt. 

L'organisation des animaux de Pétricoles est remarqua- 
blement tranchée et les sépare nettement des genres 
les plus voisins. C’est un de ces types qu'il suffit d’avoir 
vu une fois pour en garder un souvenir durable. Nous 
prendrons ici, comme point de départ, l’anatomie de l’es- 
pèce de nos côtes, le Petricola lithophaga. 

Le manteau est assez mince, simple, sans tentacules 
aux bords, mais s’y dédoublant en deux feuillets plus ou 
moins résistants. Une expansion de cet organe recouvre 
une légère portion de la coquille en avant, On trouve une 
fente courte et étroite destinée à laisser passer un pied 
allongé, mince et aigu. Les siphons allongés diffèrent de 


— 9326 — 


grosseur, comme à l’ordinaire. Le siphon branchial, plus 
gros, plus long, cylindrique, se termine par d’élégants 
appendices ou arborisations, entre lesquels on en trouve 
de plus petits. Le siphon anal conique, ne porte que des 
tentacules simples. Les palpes labiales sont triangulaires, 
finement striées en long, dirigées presque verticalement 
de haut en bas. Elles sont d’égale dimension, se recou- 
vrent et s’appliquent sur la masse abdominale. Les bran- 
chies, dirigées obliquement de haut en bas et d’arrière en 
avant, sont très-larges et inégales. L’interne dépasse l’ex- 
terne d’un tiers environ, et vient atteindre les palpes la- 
biales en avant. La texture des branchies est intéressante; 
elles sont chargées de larges sillons, très-espacés, et diri- 
gés en sens contraire des sillons des palpes labiales. La 
masse abdominale qu’elles embrassent en arrière, est lar- 
ge, épaisse, représentant la forme d’un cœur dont la 
pointe serait tournée en bas et un peu en arrière, L’ou- 
verture qui fait communiquer la cavité branchiale avec le 
siphon branchial ou inférieur, est étroite et transverse, 
En jetant un coup d'œil sur le Petricola denticulata, 
on est frappé d’abord par la forme transversale qu’ont pris 
tous les organes. Les palpes labiales très-allongées, éga- 
les, sont dirigées très-obliquement d'avant en arrière; les 
branchies sont proportionnellement moins larges, mais 
aussi beaucoup plus longues ; leur inégalité n’est plus aussi 
grande, car la branchie interne ne dépasse qu’une assez 
courte portion de l’externe, et en avant de celle-ci seule- 
ment, À la face inférieure de la branchie interne et près de 
son insertion supérieure, on voit un prolongement irans- 
versal qui pourrait simuler un rudiment de troisième bran- 
chie. Cette saillie correspond à un sillon oblique et supé- 
rieur qui divise la branchie externe en deux parties iné- 


— 321 — 

gales. Le sillon et la saillie existent également chez les au- 
tres Pétricoles, mais moins marqués; on les retrouve 
encore dans un grand nombre de Mollusques lamelli- 
branches, et on peut les considérer comme le point de 
contact ou de fusion des deux branchies. Cette manière de 
voir donnerait à penser que linégalité des branchies de 
Pétricoles n’est qu’apparente. La branchie interne com- 
mencerait plus en bas et en arrière que la branehie ex- 
terne, et la dépasserait, par conséquent, en avant, d’une 
quantité à peu près égale à l’espace qui sépare son point 
de réunion du bord supérieur et postérieur de la bran- 
chie externe, Ce dernier bord est arrondi et s’étend 
jusqu’à l’origine des siphons. La masse abdominale est 
large ; elle affecte la forme d’un ovoïde à grand axe hori- 
zontal. Le pied très-long est lancéolé; sa face inférieure 
est fortement carénée. L'ouverture externe du siphon anal 
paraît très-rétrécie. 

Dans le Choristodon, les caractères que nous venons 
de signaler pour l’espèce précédente, sont remplacés par 
des caractères très-différents. On a beaucoun de peine à 
découvrir les palpes labiales, tant elles sont petites; leur 
forme est celle d’un triangle équilatéral; elles se recou- 
vrent exactement et sont placées tout à fait en avant de la 
masse abdominale. Les branchies, dirigées presque trans- 
versalement, sont courtes et l’interne est double de Pex- 
terne, La masse abdominale, allongée verticalement, se 
termine par un pied très-mince et à peine charnu. Si- 
phons longs et larges. 

Nous ne citerons pas ici d’autres particularités anatomi- 
ques que nous aurions pu donner, mais qui n’auraient 
servi qu’à allonger ce travail. Il est cependant un point 
que ne saurions passer sous silence, c’est la disposition du 


— 328 — 


système nerveux. Il est très-facile, sur les Pétricoles, de 
découvrir le ganglion branchial ou postérieur. Il suffit de 
renverser le pied en dessus, et le ganglion se montre d’une 
manière évidente. 11 nous a paru d’un volume considé- 
rable, ce qui provient sans doute du grand développe- 
ment des branchies; sa forme est à peu près quadrangu- 
laire; car il est théoriquement produit par ja fusion de 
deux ganglions primitifs, séparés ou réunis par une courte 
commissure chez les Ostrea, Pecten, Mytilus, Arca. Les 
Pholas, Solen, Mya, Mactra, Unio ont un ganglion 
branchial unique et semblable, par conséquent, à celui 
des Pétricoles. 

Les ganglions antérieurs et surtout les ganglions pé- 
dieux sont d’un très-petit volume. 

Les nerfs branchiaux se rendent vers le bord supérieur 
des branchies et s’y réunissent vers leur tiers postérieur. 
Deux autres nerfs passent sur les bords de louverture 
du siphon anal. Les deux paires de nerfs semblent se 
croiser, et leur point d’intersection est représenté par 
le ganglion. 

Le ganglion branchial est relativement beaucoup plus 
gros chez le Petricola robusta que chez les autres espè- 
ces. Celui du Petricola denticulata est à peine renflé; la 
fusion paraît plus complète, plus intime. 


$ 43. 


L'étude que nous venons de faire de ces trois espèces 
de Pétricoles, nous permettra de déduire quelques con- 
clusions. 

1° La forme générale des branchies, des siphons, 
du pied, etc., étant la même, les trois Pétricoles appar- 


— 329 — 


tiennent évidemment à un même type d'organisation. 

2 Le Petricola denticulata n’est pour nous qu’une Pé- 
tricole ordinaire, dont les organes auraient été allongés 
obliquement et transversalement. 

3° Quant au Petricola robusta, les différences tirées 
de la présence de dents séparables à la valve droite, de 
la forme des impressions musculaires et palléales, de Îa 
conformation presque rudimentaire des palpes labia- 
les, etc., nous font penser que la coupe établie par 
M. Jonas sous le nom de Choristodon, est suffisamment 
caractérisée et doit constituer un genre. 

h° Le genre Choristodon doit prendre place entre les 
Petricola et les Naranio. I semble encore plus se rap- 
procher de cette dernière forme, qui mériterait de deve- 
nir l’objet d’une étude approfondie. 

P. Fiscaer. 


(La suite au prochain numéro.) 


Sommaire. 


Caractères des coquilles des Petricola lithophaga. 


denticulata et robusta. Wir 
Caractères des animaux des mêmes espèces. Ç 12. 
Conclusion. Ç 13. 


Des Genres Tornatellina et Elasmatina, 
par M. S. PETIT DE LA SAUSSAYE. 


Nous venons delire dans la dernière livraison du Jour- 
nal de Conchyliologie (page 241), un article dans lequel 


— 330 — 


notre jeune collaborateur, M. Fischer, s'exprime ainsi, 


« Nous considérons le G. Tornatellina comme appar- 
« tenant à M. Pfeiffer, puisque cet estimable auteur Pa 
« caractérisé en premier lieu ; mais, dans ce cas, le voca- 
« ble Tornatellina se trouverait postérieur aux Elasma- 
« {na de M. Petit de la Saussavye. » 


Nous n’attachons personnellement qu’une bien faible 
importance au droit de priorité que notre consciencieux 
confrère réclame en faveur de nos Ælasmatina, et nous 
aurions, sans nous en mêler, laissé aux conchyliologistes 
le soin d'apprécier le litige, si M. Fischer était entré dans 
le détail des faits et des dates. Son silence à cet égard 
s'explique par ceci, que ce n’est qu’incidemment qu’ils’est 
trouvé amené à parler du G. Tornatellina ; mais ce si- 
lence n’est pas moins de nature à laisser le lecteur dans 
le doute sur l'état de la question, et nous avons pensé que 
pour rendre celle-ci aussi claire que possible, il était con- 
venable de remonter à l’origine des deux genres dont il 
s’agit, et d'exposer les motifs sur 1esquels M. Fischer a dû 
se fonder pour accorder la priorité au genre Elasmatina. 
Cet examen, au surplus, nous fournit une nouvelle occa- 
sion de rappeler à ceux qui écrivent sur ces matières, 
quelle confusion ils jettent dans la nomenclature, à com- 
bien de discussions ils ouvrent la porte lorsqu'ils s’écar- 
tent de ce principe, qu'un nom générique ou spécifique 
ne doit être adopté qu’à dater du jour où la publication 
d’une caractéristique a défini le genre ou lespèce et mar- 
qué la place que la famille ou Pindividu est appelé à oc- 
cuper dans la nomenclature. De cette manière seulement 
se constitue ce que l’on peut appeler létat civil de la 
grande famille des Mollusques : en dehors de cette loi, il 


— 331 — 
n’y a plus qu’incertitude, contradition et désordre : c’est 
la confusion des langues et des choses, 

Revenons, au surplus, au G. T'ornatellina. 

En 1837, M. le docteur Beck, conservateur du Cabinet 
d'Histoire naturelle du prince royal de Danemark, publia 
la première partie du catalogue des coquilles vivantes 
contenues dans cette collection : ce catalogue, qui, du 
reste, ne fut pas continué, fut imprimé aux frais du prince 
royal, tiré à un petit nombre d’exemplaires, et n’avait 
réellement point été destiné à la publicité. D’un autre 
côté, la forme adoptée par le rédacteur indiquait qu’en 
dressant la liste des coquilles de la collection du prince, il 
ne songeait pas à donner au public une œuvre qui dût pren- 
dre rang dans le nombre des publications scientifiques. 
Sous le titre de sous-genre, M. le docteur Beck établis- 
sait bien, à la vérité, dans ce catalogue, des coupes nom- 
breuses auxquelles il donnait des noms spéciaux, mais 
sans indiquer les caractères propres à ces groupes, se 
bornant à donner la liste des espèces qui lui paraissaient 
pouvoir entrer provisoirement dans chacun d’eux ; or, si 
un examen attentif de ces agglomérations d'espèces prouve 
. que le savant danois avait établi les divisions sur la réu- 
nion de certains rapports de formes que son œil observa- 
teur saisissait habilement, cet examen démontre aussi com- 
bien il lui eût été difficile de circonserire, la plume à la 
main, les limites de la plupart de ses sous-genres et de 
les caractériser d’une manière satisfaisante : en résumé, 
ce travail, qui semble avoir été entrepris uniquement 
pour complaire au prince royal de Danemarck, ou comme 
moyen d’occuper les loisirs du conservateur, ne pré- 
sente aucun dles caractères qui constituent une œuvre 
réellement sérieuse. 


— 332 — 

Quoi qu’il en soit, le Catalogue dont il s’agit fut, quel- 
ques années plus tard, admis par quelques personnes, et 
notamment par des auteurs allemands, au nombre des 
ouvrages qui pouvaient faire autorité en matière de con- 
chyliologie : on oublia qu’il n’avait pas recu la consécra- 
tion de la publicité que donne seule la circulation des li- 
vres dans le commerce de la librairie. On passa sur le 
vague des vues de l’auteur, sur l'absence de toute diag- 
nose, et l’on eut la faiblesse d’adopter, souvent au ha- 
sard, un bon nombre de ses coupes. 

C’est ainsi qu'en 1842, M. Pfeiffer admit, dans ses 
Symbolæ ad historiam heliceorum, le genre Tornatellina 
qui figurait dans le Catalogue de M. Beck, à titre de divi- 
sion sub-générique du genre Achatina, division dans 
laquelle celui-ci faisait entrer quatre espèces qu’il nom- 
mait, le tout sans la moindre indication qui püût faire de- 
viner ce que pouvait être ce genre, non plus que les co- 
quilles qui en faisaient partie. Jeter ainsi dans la nomen- 
clature une petite famille anonyme, inconnue, c'était une 
énormité que n’aurait pu justifier ie mérite d’un conchy- 
liologue connu par d'importants ouvrages, et tout ce que 
l’on peut dire pour atténuer le tort de M. Beck, c’est qu’en 
dressant le Catalogue d’une collection dont le classement 
lui était confié, 1l était loin de prévoir toute l'importance 
qu’on accorderait à ce petit travail. La faculté qu’ont cer- 
tains conservateurs de disposer de riches matériaux, de 
pouvoir les remuer, les grouper sur place, explique la 
tendance qu’ils montrent à fabriquer, sans grande peine, 
des Catalogues systématiques dans lesquels pullulent des 
coupes bizares, des genres inconnus, des sous-genres 
en nombre fabuleux. Nous leur pardonnerions pourtant 
encore cet innocent moyen d'occuper leurs loisirs, si ces 


— 333 — 
petites ébauches scientifiques n’obtenaient que le crédit 
qu’elles méritent : malheureusement, il n’en est pas tou- 
jours ainsi, et nous en avons la preuve dans l’acceptation 
du G. Tornatellina par M. le docteur Pfeiffer qui, cepen- 
dant est un homme sérieux, un savant distingué. 

Cet auteur, comme nous venons de le dire, inscrivit ce 
nom dans ses Symnbolæ, et donna la diagnose de quatre 
espèces, dont trois portent des noms inscrits au Gata- 
logue de M. Beck, ceux de T. clausa, trochiformis 
et trochlearis; mais M. Pfeiffer ne donna pas plus la ca- 
ractéristique du genre, que ne l’avait fait le savant Da- 
nois. Pourquoi s’est-il abstenu de le faire? Nous sommes 
porté à expiiquer cette abstention par l’embarras dans 
lequel il s’est évidemment trouvé. En effet, en même 
temps qu’il décrivait trois des Tornatellines de Beck, il 
donnait la diagnose de la quatrième, la 7. Archimedis, 
et la placait dans le G. Balea, sous le nom de B. turrita 
(Strobilus. Anton). Ainsi, à cette époque, les caractères 
génériques du groupe de Beck n'étaient plus les mêmes 
que ceux du genre tel que le comprenait M. Pfeiffer ; ou 
du moins ce dernier se trouvait, en 1842, mal à l'aise 
pour donner une caractéristique qui n’aurait pu se rap- 
porter à une des Tornatellina de Beck. 

Nous comprenons tout l'embarras du conchyliologue 
de Cassel; mais il avait sous la main un moven bien 
simple de résoudre le problème, et ce moyen était de re- 
jeter un nom qu’il ne pouvait accepter qu’avec doute, 
sans justification aucune, et qu’en poussant la condes- 
cendance au delà des limites convenables. Il aurait alors 
décrit, sous une autre appellation, le genre dans lequel il 
eût fait entrer les trois coquilles appartenant au sous- 
genre de Beck, en excluant la quatrième, M. Pfeiffer 


— 9394 — 


nous eût rendu service en définissant, avec sa précision 
habituelle, les caractères d'un groupe intéressant de pe- 
tits Moilusques terrestres, et en débarrassant la nomen- 
clature d’un nom sans valeur réelle : le sacrifice qu’il en 
eût fait aurait même été d’autani plus méritoire, que le 
nom adopté par M. ie docteur Beck était assez mal choisi : 
le G. Tornatella à £&té établi par Lamarck pour un 
groupe de coquilles marines, et prendre un diminutif de 
ce mot pour désigner une famille de coquilles terrestres, 
n’était pas une idée heureuse, D’un autre côté, il n’est 
pas sans inconvénient, quand il s’agit de créer un nou- 
veau genre, de prendre, dans la liste des noms déjà 
admis, un nom quelconque, en le modifiant seulement 
dans sa désinence, nour lPintroduire, sous cette nouvelle 
forme, dans la nomenclature. Notre mémoire sera-t-elle 
aidée ou embarrassée, lorsque nous aurons à nous rappe- 
ler la signification des mots : Tornatina, Tornatella, 
Tornatellina, Tornatellinula, Tornatelloidæa, ete. ; car 
il n’y a pas de raison pour que l’exemple donné par 
M. Beck ne soit pas suivi par d’autres conchyliologues. 
Après avoir ainsi rappelé ce qui s’est passé relative- 
ment au groupe des Moilusques qui nous occupe, et après 
avoir indiqué le moyen qu’avait M. Pfeiffer de trancher la 
question, nous dirons que ce qu’il ne fit pas en 1642, 
nous essayämes de le faire à peu près à la même époque. 
Vers la fin de cette même année, M. Cuming ayant bien 
voulu nous confier un certain nombre de petites coquilles 
terrestres qu'il avait apportées des mers du Sud, nous 
trouvâmes qu’elles présentaient dans leur ensemble et 
dans certains accidents particuliers à leur ouverture, des 
caractères suffisants pour constituer un groupe à part que 
nous désignâmes sous le nom d’Æ/asmatina. Nous re- 


— 335 — 
mîmes, à ce sujet, une courte notice à M. Cuming, qui, 
le 10 janvier 1842, en donna communication à la Société 
zoologique de Londres, ainsi que le fait est constaté dans 
les Proceedings de cette Société, annte 18/43, page 2. 
Dans ce petit Mémoire, nous donnions la caractéristique 
du genre dans les termes suivants : 

« T'esta ovata, seu turrita, jragilis, pellucida; colu- 
« mella uni vel pluridentata, dentibus lamelliformibus ; 
« labrum tenue, acutum. » 

Nous ajoutions à cette caractéristique la description de 
quatre espèces différentes appartenant aux petites îles 
Opara, Juan Fernandez et Massafuera, situées toutes dans 
l'Océan Pacifique. 

A dater de ce moment, le G. ÆElasmatina se trouvait 
réellement caractérisé, et pouvait régulièrement prendre 
place dans la nomenclature, tandis qu’il n’en était pas de 
même du genre T'ornatellina de Beck, non-seulement 
parce qu’il n’avait pas été défini par l’auteur ; mais encore 
parce que M. Pfeiffer, qui semblait l’admettre sans le ca- 
ractériser davantage, en retirait une des espèces que le 
savant de Copenhague n’y avait pourtant pas fait entrer 
sans raison. À cette occasion même nous hasarderons 
cette opinion que M. Beck, en créant ou plutôt en indi- 
quant son genre, y avait été amené par l'observation d’un 
caractère autre que celui que nous avons attribué depuis 
aux Elasmatines. Le nom de T'ornatellina semblerait in- 
diquer, en eflet, que le savant danois avait été surtout 
frappé de certain pli qu'on découvre à la base de la co- 
lumelle de ces coquilles, pli qui semble être comme le 
résultat d’une sorte de torsion, et qui se rapproche de 
ce que l’on voit dans les Tornatelles. Nous avions nous- 
même remarqué cet accident columellaire sur trois des 


— 336 — 
espèces que nous décrivions, et qu'on retrouve dans bon 
nombre d’Achatinelles ; mais nous avouerons que nous 
avions attaché plus d'importance aux. dents lamelliformes 
découvertes à l’intérieur de la coquille, Ge caractère, 
la forme, la fragilité, la petitesse de ces Achatines, qui, 
en outre, semblaient particulièrement confinées sur quel- 
ques petits îlots de l’Océan pacifique, leur facies enfin, 
nous avaient déterminé à les détacher de ce genre pour 
en faire provisoirement un genre à part. Nous nous ser- 
vons du mot provisoirement, parce qu’en établissant 
cette coupe d’après un petit nombre d’espèces, nous 
éprouvions quelques doutes relativement au sort qui lui 
était réservé lorsqu'elle aurait à subir l'épreuve d’un plus 
grand nombre d’objets de comparaison, épreuve à la- 
quelle ne résisteront probablement pas la plupart des 
genres établis dans la grande famille des Hélices. | 

Nous venons d'exposer, dans l’ordre des dates, l’histo- 
rique de l'introduction dans la nomenclature conchylio- 
logique des Genres Tornatellina et Elasmatina. Ces dé- 
tails étaient nécessaires pour expliquer l’opinion émise 
par notre collaborateur M. Fischer, et ont moins eu 
pour objet de revendiquer la priorité en faveur des Elas- 
matines, que d'appeler l’attention des conchyliologues 
sur ces deux vocables qui, en dernière analyse, ne repré- 
sentent peut-être pas la même idée. 

Nous avions vu, dans notre division subgénérique, une 
petite famille de Mollusques, que semblaient distinguer 
suffisamment quelques caractères propres à la coquille : 
la ténuité de celle-ci, et surtout la distribution géographi- 
que de ces animaux, trouvés, par M. Cuming, sur quel- 
ques îlots de l'Océan Pacifique, non loin des côtes ouest 
de l'Amérique du Sud. 


— 331 — 

M. Pfeiffer a, depuis, largement étendu le cadre, en ad- 
mettant dans les rangs de ses Tornatellines, des Mollusques 
qui vivent à des distances fort éloignées les uns des au- 
tres et sous des latitudes très-diverses, à Porto-Santo, 
aux Antilles, en Algérie, à la Nouvelle-Zélande, à lPîle 
Maurice, etc... Une aussi grande dispersion des mem- 
bres de cette famille suffirait, seule, pour nous inspirer 
quelque défiance en ce qui concerne le genre, tel que Pa 
constitué le zoologiste de Cassel, car nous aimons à voir 
l'établissement de ces coupes spéciales s’appuyer sur un 
fait de distribution géographique : c’est par des considé- 
rations de cette nature que nous attachons une certaine 
valeur aux Genres Achatinella, Cylindrella, Proserpina, 
Macroceramus, etc., et nous regrettons de voir notre 
confrère souvent disposé à en tenir peu de compte. Nous 
doutons fort que M. Beck eût admis, dans son Genre Tor- 
natelline, comme le fait M. Pfeiffer, le Glandina lamelli- 
fera de M. Morelet; mais ce qu’il y a de positif, c’est que 
l’idée ne nous serait jamais venue d’en faire une Elasma- 
tüine, de telle sorte, qu’en dernier résultat, les vues qu’on 
suppose avoir été celles de M. Beck, l’établissement du 
G. Elasmatine et les travaux subséquents de M. le doc- 
teur Pfeiffer, ont passablement embrouillé la matière. 

Un moyen simple de résoudre la question, moyen peut- 
être aussi rationnel qu’il paraîtra radical, serait de faire 
rentrer les Tornatellines et Elasmatines dans les divisions, 
acceplées sans conteste, avec lesquelles elles ont le plus de 
rapport : Achatines, Glandines et Achatinelles. Ce serait 
simplifier d'autant la nomenclature, en attendant qu’une 
étude complète de l’organisation des animaux fasse con- 
naître s’ils doivent former plusieurs genres distincts. 

S. PETIT, 
23 


— 338 — 


Description d’une espèce nouvelle, du genre Ga- 
latea (A), par le professeur G. Dunxer, à Mar- 
bourg. 


GALATEA BERNARDIL. (PI. 12, fig. 3.) 


G. Testa oblonga, subtrigona, crassiuscula, plès minüsve 
inequilaterali et deformi ; striis plicisque concentricis rugosa, 
passèm subnodosa, violacea vel albo cœruleoque variegata ; epi- 
dermide nigricante obducta ; area planiuscula, umbonibus 
decorticatis et erosis, parüm prominentibus. 


Largeur, 100 mill. 
Longueur, 65 — 
Épaisseur, 38 — 


Hab. Cap Lopez. (M. Bernardi. ) 


Coquille oblongue, subtrigone, assez peu épaisse, plus 
ou moins inéquilatérale, peu renflée, sillonnée concen- 
triquement au sommet; çà et là noueuse, bosselée ou on- 
dulée. La couleur est d’un blanc taché de violet ou d’un 
violet pâle, sous un épiderme noirâtre. Bord dorsal un 
peu incliné des deux côtés, presque rectiligne ; il est ar- 
qué en avant, sinueux en arrière; et, des deux côtés, 
marqué d’un sillon. Extrémité antérieure arrondie ; pos- 
térieure allongée et obliquement tronquée. La surface est 
vresque plane des deux côtés, bordée de deux plis faible- 
ment indiqués et s'étendant jusqu’à la troncature de l’ex- 
trémité postérieure. Les crochets des individus adultes 


(1) Nous adoptons le vocable Galatea de préférence à Galathea, à l'exem- 
ple de Philippi. Ic., vol, 3, p. 1495. 


— 339 — 


sont toujours décortiqués plus ou moins, et d’une cou- 
leur violette ou bleuâtre passant au noir. Épiderme épais, 
noir ou noirâtre, assez luisant, enduit d’encroûtements 
d’une vase ferrugineuse. Ligament court, gros et élevé. 

La structure de la charnière diffère de celle des autres 
Galatées connues jusqu’à ce jour, par la forme et la dis- 
position des dents qui sont peu prononcées. La dent prin- 
cipale de la valve droite est fort oblique et sillonnée à la 
partie inférieure; elle correspond à une fossette de la 
valve opposée, qui est sillonnée de la même manière. 

À l'intérieur, la couleur est mate, alternativement 
nuancée de blanc et de violet, tendant vers le pourpre, 
mais nullement rayonnée, comme on le constate dans les 
autres espèces. Les impressions musculaires et palléales 
sont disposées normalement. 

Cette belle espèce, que je dédie à M. le chevalier Ber- 
nardi, se distingue de ses congénères par trois caractères 
principaux : 1° son irrégularité et, pour ainsi dire, sa dif- 
formité ; 2° sa superficie rugueuse, plissée et tuberculeuse, 
à cause de l’espèce de rigole descendant à l’extrémité in- 
férieure de la valve ; 3° la petitesse des dents presque dé- 
primées. D. 


Liste des espèces du genre Galatea, 
par P. FiscHer. 


Le genre (Galatea est un des mieux définis sous tous les 
rapports ; soit que l’on considère la structure de l’animal 


— 310 — 

et de la coquille, soit que l’on se place au point de vue 
géographique. Il représente, en effet, dans l'Afrique cen- 
trale, la famille des Conques fluviatiles, et ne franchit 
pas des limites que l’on peut très-bien lui assigner sur les 
cartes. Tandis qu’au nord de l'Afrique, on recueille des 
Sphærium, Pisidium, Cyrena, ces genres semblent 
s’effacer à mesure que l’on approche de la zone torride, 
pour faire place à des animaux plus grands et à des co- 
quilles d’une physionomie spéciale. 

On n’a longtemps connu que deux espèces de Galatées, 
l’ane provenant de la Guinée, l'autre de l'Égypte ; nous 
ne savons si la localité assignée à cette dernière est exacte, 
nous en doutons même; quoi qu’il en soit, on peut cons- 
tater ce fait intéressant, que la plupart des Galatées con- 
nues habitent la Guinée. Elles vivent là en quantités in- 
nombrables, et l’épaisseur de leur enveloppe calcaire est 
peut-être la cause de leur résistance à l’action destructive 
des agents qui les entourent. 

Depuis une quinzaine d’années, le nombre des espèces 
s’est accru sensiblement, et on doit ce résultat aux tra- 
vaux de MM. Philippi, Duval et Dunker. Toutes ces es- 
pèces nouvelles sont-elles également légitimes ; nous ne 
l’examinerons pas ici, car notre collègue, M. Bernardi, 
se réserve plus tard un contrôle rigoureux, en publiant 
la monographie complète du genre. Nous croyons, ce- 
pendant, qu’il y aura lieu d’opérer quelques réductions. 
Dans ce travail, nous ne donnons qu’une simple liste 
d’espèces, suivie de diagnoses latines. 

En étudiant les diverses espèces du genre, on voit qu’il 
existe trois formes bien tranchées, d’où les autres sem- 
blent dériver : 1° coquille triangulaire à crochets renflés, 
à valves très-épaisses. Type... G. radiata; 2 coquille 


— 3h1 — 
transverse, à crochets moins renflés, à valves moins 
épaisses. Type... G. (æta; 3° coquille trigone, mince, 
Type... G. tenuicula. 

Le G. concamerata pouvait constituer un quatrième 
groupe, caractérisé par la présence d’un prolongement 
septiforme se portant en avant; mais nous n'avons pas 
vu cette curieuse espèce, qui existe seulement dans la col- 
lection de M. Duval, et nous ne savons pas à quoi nous 
en tenir sur un caractère aussi inattendu. 


1° GALATEA TENUICULA. 


G. tenuicula. Phil. Zeitsc., p. 191. (1848). — Phil, 
Abbil., t. 3, p. 124. PI. 1, fig. 3. (1851). 


Testa elonfato-trigona, subæquilatera, satis tenui, læu, 
alba, radio uno alterove angusto violaceo picta; sub epider- 
mide olivacea; extremitatibus subæqualibus; apicibus pro- 
minentibus, tumidis; margine dorsali utroque convexiusculo ; 
pagina interna violaceo suffusa, 


Hab. ? 


20 GALATEA RUPBICUNDA. 


G. rubicunda. Phil. Zeitsc., p. 190. (1848). — Phil, 
Abbil., p. 193, pl. 4, fig, 1. (1851). 


Testa oblonga, subæquilatera, subtrigona, solida, lævi, ru- 
bra sub epidermide fusco-lutea, apicibus minimè prominenti- 
bus ; margine dorsali utroque ferè rectilineo, declivi ; extremi- 
tate antica rotundata; postica subrostrata; pagina interna 
rubente. 


Hab. Guinée, près Loanda, dans une petite rivière, 


— 342 — 


Cette espèce a été rapportée pour la première fois par le 
commandant Lelieur. 


3° (GALATEA LÆTA. 


G. læta. Phil. Zeitsc., p. 190. (1848). — Phil. Abbil., 
p. 193, pl. 1, fig. 2. (1851). 


Testa ovato-trigona, subæquilatera, subrugosa, opaca, alba, 
cœruleo-radiata sub epidermide olivacea; margine dorsali 
utroque rectilineo, ventrali parm arcuato; extremitate antica 
rotundata, posticè subrostrata ; regione areæ plana ; dente car- 
dinali in valva dextra unico; pagina interna alba, violaceo 
radiata. 


Hab. avec l’espèce précédente. 
h° GALATEA BERNARDIL. 


&. Bernardii Dunk. Journ. conchyl., t. V, 4° numéro. 
p. 338 (1857). 


Testa oblonga, subtrigona, crassiuscula, plûs minüsve 
inequilaterali et deformi ; striis plicisque concentricis rugosa, 
passim subnodosa ; violacea vel albo cœruleoque variegata ; 
epidermide nigricante obducta; area planiuscula ; umbonibus 
decorticatis et erosis, parüm prominentibus. 


Hab. Cap Lopez. (Guinée). 
9° GALATEA /ÆGYPTIACA. 


Venus Ægyptiaca Chem. vol. XI, p. 231, fig. 1985- 
1986. Gal. Chemnitzüi. Phil. p. 123. (185) 


— 3h3 — 

Testa ovali, crassa, solida, rudi, epidermide obscurè badia 
superinduta ; natibus detritis et decorticatis ; cardinis denti- 
bus validissimis ; callo laterali in utroque latere valdè lato; 
margine integro ; cavitate ex roseo, albido, carneo et violaceo 
nitidè mixto infecta. 


Hab:.…. sx 


6° GALATEA CONCAMERATA. 


G. concamerata. Duval. Rev. zool., p. 211. (1840). 


Testa crassa, ovato trigona, convexa, transversa, inequila- 
tera, subrostrata, irrequlariter sulcata; epidermide nigro- 
virescente induta; intüs alba, immaculata. Lamella septi- 
formi infrà dentes cardinales obliquè decurrentes, concame- 
rationem simulante. 


Hab. Afrique. 
7° GALATEA BENGOENSIS. 


G. Bengoensis. Dunk. Zeitsce., p. 183. (1848). — Phil. 
Abbild., p. 123. (4851). — Dunk. Ind. Guin., p. 51, 
pl. 9, fig. 28-30. (1853). 


Testa trigona, inequilatera, ponderosa, concentricè striata 
et rugosa ; epidermide olivaceo vestila, internè lactea, radis 
vividè violaceis picta ; umbonibus crassis, parüm prominenti- 
bus, decorticatis et erosis ; ligamento brevè crasso, promi- 
nente; cardine ferè ut in Galatea radiata. 

Hab. Fleuve Bengo, près Loanda : Guinée. (Tams). 


8° GALATEA RADIATA. 


Venus reclusa, Ghem.—V. Hermaphrodita, Gmel.— 


— 34h — 


V. paradoxa, Born. —V. subviridis, Gmel.— V. flumi- 
nea, Bolt. — G. radiata, Lamark. 


Testa trigona, subtransversa, tumida, crassissima, læœvi- 
gata, sub epidermide virida alba; radis violaceis orna- 
tissima, intùs alba, aliquando violaceo maculata ; cardine 
crassissimo, dentibus medianis majoribus. 


Var. « non radiata. 


Var. g. intüs purpureo maculata. 


Hab. Guinée. Très-commune. Lamarck croyait qu’elle 
provenait de Ceylan. 


NOMEN EXCLUDENDUM. 


Galatea versicolor. Morelet, fide H. et Adams. Gener. 
of rer. Moll. Bivalv. (1855-56). 


Après avoir vainement cherché dans les ouvrages et les 
recueils de Gonchyliologie, la description du Gal. versico- 
lor, nous nous sommes adressé à M. Morelet. Cet hono- 
rable auteur n’a jamais décrit de Galatées; mais ayant 
recu les Gal. læta et rubicunda, il les désigna, dans sa 
collection, sous le nom commun de versicolor, et les dis- 
tribua avec cette appellation, dans plusieurs cabinets. 
MM. Adams, auront probablement reproduit dans leur 
liste de Galatées un nom qui existait sur les étiquettes de 
la collection Guming, sans rechercher s’il devait ou non 
être accepté. - 


PE 


— 345 — 


Description de Coquilles nouvelles provenant des 
îles Canaries. 


4. HELIX HIERROENSIS. — (PI. 13, fig. 1.) 


T. imperforata, subglobosa, striata, minutè granulata, 
subtus luteo-virens, suprà fasciis quatuor disutè castaneis 
adumbrata ; anfractus 5 convexiusculi,"ultimus anticè descen- 
dens; apertura latè lunaris; peristoma reflexzum, crassius- 
culum, albidum, margine columellari calloso. 


Diam. majer 21 mil. 
— minor 17 
Altitudo 13 


Les zones larges et foncées dont cette coquille est or- 
née, dominent du côté de la spire, qui prend une teinte 
brune uniforme. Elle provient, comme son nom l’in- 
dique, de l’île de Fer (Hierro), où elle a été recueillie sur 
des roches basaltiques par M. de La Perraudière, qui a 
bien voulu nous la communiquer. 


2. H. PERRAUDIEREL — (PI. 15, fig. 2.) 


T. imperforata, globoso depressa, requlariter et minute 
malleata, flavidula, versüs apicem nigricans ; anfractus 5 
parüm converti, penultimus angulatus, ultimus descendens ; 
apertura subangulato-lunaris ; peristoma reflexum, crassum, 
extüs intusque albo-marginatum, margine columellari cal- 
loso, ad basim subexcavato. 


— 316 — 


Diam. major 16 mill. 
— minor 41 
Altitudo 9 


Habite l’île de Fer. 
3. H. GUAMARTEMES. — (PI. 13, fig. 3.) 


T. imperforata, subglobosa, reticulato-malleata, colore 
pervariabilis, flavescens vel brunnea, fasciis plerumque ni- 
gricantibus quinque subinterruptis ornata; anfractus 4 1/2 
convexiusculi, ultimus anticè deflexus ; apertura ovato-luna- 


ris; peristoma reflexum, submarginatum, nitidum, carneum, 
crassum. 


Diam. major 20 mill. 
— minor 16 
Altitude 12 


Cette coquille, dont nous avons recueilli une ving- 
taine de spécimens dans un ravin de la Grande-Canarie, 
connu sous le nom de Barranco de la Virgen, peut être 
considérée comme intermédiaire entre les Helices Sar- 
costoma et Consobrina. 

Elle se distingue de la première par sa taille plus pe- 
üte , la dilatation moindre de son péristome, la variété 
de ses couleurs , et le caractère particulier de sa surface. 

Plus globuleuse et moins épaisse que la seconde, ellé 
en diffère surtout par la forme arrondie et parfaitement 
régulière de son ouverture, dont les bords ne s'étalent 
point horizontalement, et dont la capacité est plus grande. 
La coloration d’ailleurs est différente. 


h. Burimus GRUEREANUS. — (PI. 13, fig. A.) 


T. rimata, ovato-acuta, fusco-cornea, subpellucida, 


— 347 — 
tenuis, leviter striatula ; anfractus 6 1/2 convexiusculi, ul- 
timo spir4 paulù brevior ; apertura ovato-subangularis ; pe- 
ristoma simplex, acutum, margine columellari breviter re- 
flexiusculo. 
Diam. major 5 mill. 
Longit. 9 4/2 


Cette petite coquille, habituellement recouverte d’un 
enduit terreux, comme le B. obscurus, habite l’île de Fer, 
où on la trouve dans les mêmes conditions que le B. ba- 
diosus à Ténérifle. 


5. Burimus ANAGA. — (PI. 13, fig. 5.) 


T. rimata, oblongo-subfusiformis, ad basim prœæcipuë gra- 
nulato-striata, fusco-cornea, apice obtusa; anfractus 6 con- 
vexi, ultimus 1/3 longitudinis pauld superans ; apertura 
ovato-angulata : peristoma acutum , expansum, albo-labia- 
tum, mar ginibus callo subtuberculoso junctis. 


Diam. major 7 mill. 
Longit. 18 


Ce Bulime paraît constituer une espèce intermédiaire 
entre l’Helvolus et le Badiosus. I a la forme allongée et 
l'ouverture anguleuse du premier; mais il en diffère par 
sa couleur foncée, ses stries stranguleuses et la convexité 
des tours de spire, dont il compte d’ailleurs un de moins. 

Il se distingue principalement du Badiosus par les 
deux premiers caractères que nous venons de mention- 
ner ; le plan de l’ouverture est, en outre, plus horizontal, 
et la perforation ombilicale se réduit à une simple dépres- 
sion linéaire. 

Nous avons recueilli une vingtaine de spécimens de 


— 318 — 


cette coquille, sur les rochers de la pointe d’Anaga, au 
nord de Ténériffe, 


6. Burimus TARNIERANUS, — (PI. 13, fig. 6.) 


T. perforata, ovato-oblonga, granulato-striata, corneo-lu- 
tescens, ad basim rariüs obscurè fasciata; spira elongato-co- 
nica, apice obtusiuscula; anfractus 8 convexr, ultimus 1/3 
longitudinis æœquans ; apertura semi-ovalis ; peristoma expan- 
stusculum, lividum, margine columellari fornicatim dilatato. 

Diam. major. 6 1/2 mill. 
Longit. 16 + 


Voisine du B. Tabidus Shuttl. , cette coquille en dif- 
fère par sa forme, par sa couleur et par les rugosités 
plus prononcées de sa surface. La perforation ombilicale 
est en outre plus large, l’ouverture moindre, le péristome 
moins dilaté ; enfin, elle compte un tour de plus. 

Le B. Tarnieranus habite Ténériffe ; nous l’avons re- 
cueilli au nord de lîle, dans la chaîne de montagnes ap- 
pelée la Cumbre, parmi les mousses qui bordent /as vuel- 
tas de Taganana. 


7. Pupa MORELETIANA.— (PI. 15, fig. 7.) 


T. profunde rimata, ovata, brevis, corneo-albida, nitidius- 
cula, levis; spira conica, apice attenuata; anfractus 6 con- 
veæiusculi, ultimus basi subcompressus; apertura obrotunda, 
denticulis 3-4 palatibus et lamellà subbifidà in pariete juxta 
insertionem labri sita, coarctata ; peristoma reflexiusculum, 
crassiusculum, marginibus callo junctis. 


Diam. major 2 miil. 
Longit. l 
Habite l’île de Ténériffe. ARTHUR GRASSET. 


Dijon, 10 janvier 1857, 


— 349 — 


Appendice à la Gonchyliologie de l'Algérie, 
Par M. A. Morezer (1). 


+ 


1. CycLostromA jerrugineum. Lam. 


Il paraît que cette espèce vit quelque part aux environs 
d'Oran, car nous l’avons trouvée avec d’autres coquilles 
provenant de cette localité. Les specimens avaient été 
recueillis dans le voisinage du fort Santa-Cruz, c’est-à- 
dire sur un point élevé où les eaux n’avaient pu les ap- 
porter, 


9, Buzimus Cirtanus. Nobis. 


T. arcuatim rimata, oblongo subfusiformis, apice obtusius- 
cula, irregulariter et vix striatula, tenella, cornea, albo 
variegala, anfractibus 6 parüm convexis, ultimus longitudine 
paulù minor ; apertura ovalis, intùs nitida, alba ; peristoma 
sublabiatum, breviter expansum, margine collumellari sub- 
dilatato. 


Long. 43 mill. 

Diam. mai. D — 
Il est étonnant que cette coquille ait été confondue, 
jusqu'ici avec le Bul. Jeannoti. Terv., dont elle diffère 


(4) Nous avons recu un peu tard la note de M. Morelet, c’est ce qui 
nous empêche de la donner en entier. La description des figures de trois 
espèces nouvelles de Mollusques d'Algérie : Helix Berlieri, Bulimus To- 
dillus, Glandina gracilenta, se trouveront dans le prochain numéro. 

PF: 


— 350 — 
par la forme et par la couleur, sans parler de l'intervalle 
qui sépare leurs stations respectives. 

Le B. Jeannoti est une coquille d’un brun corné, 
demi-transparente, qui n’est ornée qu’accidentellement 
de quelques flammules blanchâtres; dans l’espèce que 
nous décrivons; au contraire, l'élément opaque et cré- 
tacé qui concour! à la formation du têt, s'accroît avec le 
développement de la coquille et finit par devenir domi- 
nant. Moins ventrue d’ailleurs et plus allongée que sa 
congénère, elle compte un tour de plus à la spire. 

Le Bul. Cirtanus n’a été rencontré jusqu'ici que sur 
les roches calcaires du grand ravin de Constantine. Nous 
ne sommes pas le seul qui ayons remarqué la confusion 
dont cette petite coquille a été l’objet : les caractères 
spécifiques que nous venons de signaler n’avaient point 
échappé à M. Bourguignat, naturaliste versé dans la Con- 
chyliologie algérienne, ni à M. le docteur Raymond qui 
les avait reconnus depuis longtemps. M. 


(La suite au prochain numéro.) 


Description de deux espèces nouvelles du genre 


Anostoma. f'ischer. Par MM. Fiscuer et HupPé. 


AnosromA DESHAYESIANUM. Fischer. (PI. 12, fig. 1-2.) 


A. Testa orbiculato-globosa, leviter striata, vix nitida, epi- 
dermide cornea induta, anfractibus 5 convexis; spira obtusa, 


— 351 — 


sulura vix impressa, non marginala, sublus fascia nigres- 
centi ornala ; anfractu ultimo globoso, non carinato , fascia 
superna, submedia, concentrica, fulva, bipartito; suprà vix 
maculato ; subtùs punctis sparsis concentrice ordinatis, macu- 
lato. Apertura semi-lunari, parum obliqua, margine colu- 
mellari arcuato, convexo; dentibus 3 quorum À validiore, 
submedio, munito; peristomate albo, reflexo, dentibus 6 æqui- 
distantibus, æqualibus, albis, et ad basim vislaceo circum- 
datis, munito. 


Diam. ma]. _ 83 mill. 
— min. 2h — 
Alt, 18 — 


« Goquille globuleuse, orbiculaire, légèrement striée 
« dans le sens de l’accroissement, à peine luisante, re- 
« couverte d’un épiderme corné; cinq tours de spire con- 
« vexes ; spire obtuse, suture à peine enfoncée, non bor- 
« dée par une élévation du têt, mais accompagnée en 
« dessous d’une fascie d’un brun noirâtre assez étroite. 
« Le dernier tour est globuleux, non caréné, divisé en 
« deux parties par une fascie concentrique noirâtre ; la 
«partie supérieure du dernier tour n’offre qu’un très- 
« petit nombre de taches près le péristome ; en dessous, 
«au contraire, on voit de nombreuses taches brunes 
« disposées concentriquement à l'axe de la coquille. 
« Ouverture semi-lunaire, un peu oblique, bord colu- 
« mellaire portant trois dents inégales; la médiane plus 
« developpée; péristome blanc réfléchi, chargé de six 
« dents blanches placées à égale distance et de mêmes 
« dimensions, entourées à leur base de taches violettes. » 


Hab. Brésil. (Collection Deshayes.) 


Obs. Cette magnifique espèce nous a été communiquée 


— 352 — 

par M. Deshayes, à qui nous nous empressons de la dé- 
dier. Ses caractères la séparent nettement de toutes ses 
congénères. Les trois espèces actuellement connues se 
divisent en deux groupes : 1° celles qui portent à l’angle 
du bord droit avec la columelle, un petit canal: An. glo- 
bulosum et An. carinatum ; 2 celle qui en est privée : 
An. depressum. Notre espèce, privée d’un petit canal, ne 
peut appartenir qu’à la deuxième section. Elle diffère de 
l'An. depressum par une foule de caractères dont les 
plus marquants sont sa forme globuleuse, l'absence de 
carène, la disposition des dents, etc. En supposant que la 
présence du canal ne fût pas un signe constant, elle serait 
séparé de l'An. globulosum par sa taille considérable, sa 
coloration, sa forme, etc., de l'An. carinatum, par lab- 
sence de sa carène, etc. | 

À la même époque où nous étudiions cette quatrième 
espèce, nous apprîmes que M. Hupé allait en publier une 
cinquième dans le Voyage au Brésil de M. de Castelneau, 
M. Hupé a eu l’obligeance de nous en faire parvenir ia 
diagnose que nous insérons ici, en remerciant l’auteur de 
sa bienveillante communication. 


ANOSTOMA VERREAUXIANUM Aupé. 


A. Testa suborbiculari-depressa, transversa, luteo-rubra, 
inferne guttulis fuscis adspersa ; spira compressa, depressius- 
cula, anfractibus quinque planulatis, exilissime striatis, 
ultimo superne carinato, inferne subrotundato ; apertura sur- 
sum reversa, lunari; peristomate incrassato, expanso, exlus 
reflexo, lamellis binis affixis, penultimo tribus in pariete la- 
biali ; peristomate rubro, dentibus albidis. 


Diam. ma]. 30 mill. 


— 393 — 
Min. 23 mill. 
Alt. 15 — 

« Coquille orbiculaire, un peu transverse, déprimée, à 
« spire légèrement convexe, obtuse, formée de cinq tours 
« pleins et très-finement striés ; le dernier, caréné dans sa 
«première partie, s’arrondit peu à peu dans la dernière 
« en se dirigeant vers la spire, au niveau de laquelle vient 
« affleurer l’ouverture. Celle-ci est largement versante, 
« de forme presque circulaire ; son péristome est très- 
« épais, dilaté et réfléchi extérieurement. Il se joint à 
« l'avant-dernier tour, où il est complété par un dépôt 
« calleux peu épais recouvrant cette partie. Le bord su- 
« périeur de cette ouverture porte deux éminences lamel- 
« liformes inégales ; le nord opposé en porte trois plus 
« petites et plus mousses. 

« Les premiers tours sont d’un jaune rosé, à peu près 
« unicolores, à l'exception de la suture, qui est liserée 
« d’une ligne étroite brune, devenue plus visible sur le 
« dernier tour. Celui-ci est, en outre, parsemé de petites 
« taches en forme de gouttelettes, quelquefois confondues 
« et produisant des linéoles. 

« L'ouverture est d’un rouge brun carnéolé très-vif ; 
« les denticulations sont blanchâtres. » 

Cette espèce a la plus grande affinité avec l'Anostoma 
ringens ; on peut dire qu’elle en a tout à fait l’aspect géné- 
ral et ensemble des caractères : cependant un examen plus 
approfondi nous montre que sa forme est plus aplatie, 
plus transverse, et surtout que les dents de l’ouverture 
sont moins nombreuses, puisqu'elle n’en a que cinq, deux 
en haut et trois en bas, tandis que l’espèce citée compa- 
tivement en a sept ou huit, dont trois en haut et quatre 
ou cinq en bas. 


24 


— 354 — 


Habite les bords du fleuve des Amazones. 


Elle nous a été communiquée par M. Édouard Ver- 
reaux, à qui nous nous faisons un plaisir de la dédier, 
comme un faible témoignage de notre reconnaissance 


pour la libéralité qu’il a toujours mis à nous faire de 
semblables communications. 


En résumé, le genre Anostoma, dont on a séparé, à 
juste titre, les Boysia, est parfaitement caractérisé sous 
le rapport de la conformation de la coquille et de la dis- 
tribution géographique. Toutes les espèces proviennent 
du Brésil et peuvent être ainsi classées : 


« Sp. canaliculatæ. 


4° An. globulosum.... Lamk. 
ringens ? Linné. 
2% AN. carinatum. Pfeiffer. 
B Sp. non canaliculatæ. 


3° AN. Deshayesianum. Fischer. 

h° An. Verreauxianum. Aupé. 

o° AN. depressum. Lamarck, 
ringens, auctor. 


Nous terminerons cette note en donnant un renseigne- 
ment qui peut être très-utile aux conchyliologistes, et qui 
nous à été communiqué par notre savant collaborateur 
M. Morellet. C’est le nom de la localité où l’An. depres- 
sum se rencontre en grande quantité : Ciara ou Ceara, 
petit port entre Fernambouc et Maranhan, province de 
Maranhan (Brésil). 

P: F. 


Description d'espèces nouvelles, par P. Fiscner. 


Burimus LaErmiNIERI. — (PI. 12, fig. 6-7.) 


B. testa oblonga, tenuis, fragilis, nitida, cornea, longitu- 
dinaliter striata, punctis albis, numerosis, maculata ; anfrac- 
tibus 5 1/2 convexiusculis; apice obtuso, sutura leviter im- 
pressa, anfractu ultimo reliquum tesitæ superante, anticé 
altenuato; apertura elongata, ovoïdea; columella brevi, te- 
nui, rosea, non callosa ; peristomate arcuato, tenui, simplici, 
vix reflexo. 

Long. 2h mill 
Larg. 42 
Long. ouv. 12 


Coquille oblongue , mince, fragile, luisante, cornée, 
striée longitudinalement et marquée de points blanchâtres 
rapprochés ; 5 tours 1/2 assez convexes, sommet obtus, 
suture légèrement marquée, dernier tour de spire dépas- 
sant en longueur les autres réunis, atténué en avant; 
ouverture allongée, ovoïde, columelle courte, mince, 
teintée de rose, non calleuse ; péristome arqué, mince, 
simple, à peine réfléchi. 

Hab. La Guadeloupe, montagnes du Petit-Bourg, à 
plus de 800 mètres au-dessus du niveau de la mer. Trou- 
vée par le docteur Lherminier, à qui nous le dédions. 
Rare. 


Obs. Espèce voisine des Bul. limnoides, chrysalis, et 
de plusieurs autres espèces, mais s’en distinguant facile- 


— 356 — 


ment par sa coloration d’un fauve-clair, ses taches , sa 
minceur, etc. 


EMARGINULA RoLLANDII. — (PI. 12, fig. 10.) 


E. testa solida, rotundata, complanata, intus viridi-alba, 
apice aculo, submedio, vix recurvo; costis radiantibus, nu- 
merosis majoribus et minoribus intermediis, munita ; striis 
transversis et irregularibus decussata: fissura curta, recta. 


Long. 8 mill. 4/2 
Larg. 6 


Long. fiss. I 41/2 


Coquille solide, arrondie, aplatie, intérieurement d’un 
blanc-verdâtre ou d’un vert très-vif, sommet aigu, sub- 
médian, n’étant presque pas recourbé. La tête porte des 
côtes rayonnantes assez fortes, alternant avec de plus 
étroites, et décussées par des stries concentriques et ir- 
régulières; fissure courte, droite. 

Hab. Guadeloupe. (MM. Schramm, Beau.) 


Obs. Cette petite espèce, que nous dédions à M. Rol- 
land du Roquan, se distingue nettement de ses congé- 
pères par son aplatissement, la position médiane du som- 
met, et le défaut d’incurvation de celui-ci. Sa forme n’a 
de rapports qu'avec celle des Subémarginules des mers 
des Antilles, dont elle est séparée par sa fissure semblable 
à celle des vraies Emarginules. Elle forme parfaitement le 
passage entre les deux sections. Nous en avons vu plu- 
sieurs exemplaires remarquables par leur beauté, et dont 
les dimensions dépassent de beaucoup celles que nous 
assignons ici, dans la collection de la Guadeloupe don- 


née par M. Schramm, au ministère de la marine. 
F. 


— 391 — 


Descriptions d'espèces nouvelles, par MM. Fiscaxr 
et BERNARDI. 


CoLuMBELLA LAFRESNAYI. — (PI, 12, fig. 4-5.) 


C. Testa elongata, fulvo-cornea, acuminata, solida, nitida, 
dongitudinaliter valide costata, transversim vix Striata; an- 
fractibus 9-10 sensim accrescentibus subplanulatis ; sutura 
iinearti, non impressa; apice obtusiusculo, albo, nitido ; an- 
fractu ultimo ventricoso, anticè attenuato, apertura elongata, 
lanceolata ; columella concava, callo albo, nitido induta; pe- 
ristomate simplici, intus roseo, plicis æqualibus plurimis mu- 
nito : sinu versus dorsum vix ascendente. 


Long. 18 mill. 
Larg. 7 
Long. ou. 8 


« Coquille allongée, d’un fauve-pâle, carnéolée, acu- 
«minée, solide, brillante, fortement costellée en long, 
« à peine striée en travers, 9-10 tours de spire s’accrois- 
« sant rapidement, à peu près planes; suture linéaire; 
« sommet un peu obtus; dernier. tour ventru, atténué en 
« avant; ouverture allongée, lancéolée; columelle con- 
«cave, recouverte d’une callosité blanchâtre, brillante ; 
« péristome simple, rose intérieurement, chargé de nom- 
« breux plis, sinus remontant légèrement vers le dos. » 


Hab. Marie-Galante. 


Obs. Cette charmante espèce nous a été communiquée. 
par le commandant Beau. 


— 358 — 


Paos BEaur. — (PI. 42, fig. 8-9.) 


Testa elongato-conica, solida, nitida, acuminata, costis 
radiantibus remotiusculis, obtusis et liris transversis propè 
suturam eminentioribus ornata ; pallidè cerea; radiis trans- 
versis fulvis, obsoletè tincta ; varicibus remotis, vividè rufo 
maculatis ; anfractibus 9-40, convexis, sensim accrescentibus ; 
apice aeuto; -sutura impressa ; apertura elongala; columella 
ad basim, uniplicata, alba, incrassata ; peristomate extus va- 
ricoso, intus simplici, incrassato, sulcato, anticè sinuoso ; sinu 
mediocri. 


Long. 39 mill. 
Larg. 1 
Long. ouv. 19 


« Coquille allongée , conique, acuminée , solide, bril- 
« lante, portant des côtes arrondies assez distantes, et des 
« Stries transversales plus marquées près de la suture. 
« La couleur générale est d’un fauve pâle, avec des 
« bandes transversales brunâtres assez elaires, se chan- 
« geant en taches brunâtres lorsqu'elles arrivent aux va- 
«rices; 9 à 10 tours de spire convexes, s’accroissant 
« lentement; sommet aigu; suture assez profonde; ou- 
« verture allongée ; columelle chargée d’un seul pli à la 
« base, blanche, calleuse ; péristome variqueux en de- 
« hors, simple en dedans et sillonné transversalement, 
« Sinueux près du canal ; canal médiocre. » 


Hab. Marie-Galante. Trouvé sur les nasses des pê- 
cheurs. 


Obs. Gette belle et rare espèce nous a été communi- 
quée avec la précédente par le commandant Beau. Ses 
caractères spécifiques sont si tranchés, qu’on ne peut 
la confondre avec aucune de ses congénères.  F.'et B. 


— 1359 — 


Description de Goquilles fossiles des terrains ter- 
tiaires de la Russie, par M. G. Mayer. (Suite.) 


45. CARDIUM CORDATUM Mayer. 


G. Testa rotundato-subquadrangulari, alta, cordiformi, 
inœæquilatera, tenui, fragili, multicostata, anticè brevi, rotun- 
data; posticè subcarinata, depressa, subtruncata; costis 30-36 
obsoletis, curvis, planulatis, lævibus ; interstitiis anqusthiori- 
bus ; umbonibus obliquirs, fumidis, altis, recurvis ; lunula ma- 
gna cordiformi ; cardine normali. 


Long. 40 mil. 
Latit. 41 — 


« Coquille arrondie ou presque carrée, aussi longue 
« que large, cordiforme, très-inéquilatérale, mince et 
« fragile. Côté antérieur très-court, arrondi; postérieur 
« un peu prolongé, obtusément caréné, légèrement dé- 
« primé ettronqué. Côtes nombreuses, serrées, planes et 
« peu élevées, lisses ou à peu près; interstices très- 
« étroits. Crochets très-forts, obliques, recourbésvers le 
« côté antérieur ; lunule grande, cordiforme. Charnière 
« normale. » 

Dubois a découvert cette jolie petite Buccarde dans 
les couches Lelvétiennes de Tainan (au-dessous de la mine 
de fer), et du cap Blanc {Ak-Bouroun), près de Kertch 
et de Gori, près de Tiffiis. Il en a rapporté dix-sept 
exemplaires, dont les sept qui proviennent de Gori se 
distinguent par leur taille relativement grande et leur 


— 360 — 


forme un peu moins globuleuse. Je ne connais rien de 
semblable dans genre Cardium, 


16. CARDIUM LATISULCATUM Munster, 1834-40, Goldf., 
Petref,, 2, p., 223, pl. 445, fig. 9.— C. Fittoni d’Orb., 
De Vern., Murch. et de Keyserl., Voyage, etc. 2, 
p. 499, pl. 43, fig. 38-39. 


C. Testa ovato-oblonga, transversa, ventricosa, inæquilateras 
solidula, paucicostata, anticè brevi, rotundata, posticè pro- 
tracta, oblique subtruncata, sæpe hiantula ; costis radiantibus 
6-14, subæqualibus ; interstilis concavis, lœvibus ; umbonibus 
tumidis, altis, recurvis ; cardine unidentato, dentibus latera- 
libus in valva dextra magnis. 


Longit. 23 mil. 
Latit. 30 — 


M. Hœærnes devant décrire cette espèce dans son bel 
ouvrage sur les fossiles des environs de Vienne, je me 
contente de signaler ici les individus que Dubois de Mont- 
péreux a rencontrés dans le midi de la Russie et d’énu- 
mérer les variétés auxquelles ils se rapportent. 

Des douze exemplaires que j’ai sous les yeux, l’un, pro- 
venant de Kertch même, et deux autres, provenant de 
Gori, appartiennent à la variété figurée par Goldfuss, loc. 
cit. fig. a, c'est-à-dire qu’ils n’ont que cinq à six côtes 
majeures. Les côtes sont naturellement très-distantes. Le 
côté postérieur de la coquille est occupé par trois à quatre 
très-petites côtes. 

Deux exemplaires trouvés à Solonaja, sur le Dniéper, 
appartiennent au type ordinaire de Vienne, en tant qu’ils 
ont huit côtes principales arrondies et légèrement squam-- 


— 361 — 


muleuses, dont les antérieures sont assez rapprochées les 
unes des autres. 

Un de nos individus de Hauskirchen près de Vienne, 
ayant les côtes plus élevées et aiguës que d’ordinaire et 
garnies d'aspérités imbriquées distantes, forme le passage 
au C. Fütioni, qui ne se distingue de notre espèce par 
aucun caractère important. 

Un individu, trouvé à Szuskowce, en Volhynie, se dis- 
üngue par ses dix côtes principales, sensiblement moins 
fortes que d'ordinaire et presque également distantes les 
unes des autres. 

Les empreintes comprimées de deux grands exemplai- 
res et de plusieurs ieunes individus, trouvés « dans la 
couche d’argiie grise sous la mine de fer de Taman » 
offrent les indices d’environ quatorze côtes majeures dis- 
tuibuées de la manière caractéristique chez l’espèce, 
c'est-à-dire plus distantes, puis se perdant tout à coup 
sur le côté postérieur. 

Très-répandu aux environs de Vienne, et, à ce qu’il 
paraît, dans le midi de la Russie ; non rare, non plus, dans 
la Mollasse marine subalpine de Rothsée près de Lucerne. 
le C. latisulcatum est du nombre des espèces caractéris- 
tiques de l’étage helvétien. 


17. CARDIUM SPINICOSTA Mayer. 


C. Testa ovato-subquadrangulari, transversa, tumidiuscula, 
valde inœquilatera, tenui, fragili, paucicostata, anticè bre- 
vissima, rotundata, posticè elongata, subcarinata, compressa, 
oblique subtruncata ; costis 8-44 irregularibus, inæqualibus, 
tenuissimis, spiniformibus, spinulosis, ad latus posticum 
evanescentibus ; interstitiis planis, lœvibus; umbonibus tumi- 


— 362 — 
diusculis, recurvis ; lunula lata, cordiformi ; cardine uniden- 
tato, dentibus lateralibus parvis. 
Longit. 46 mill. 
Latit. 22 — 


« Coquille de forme trapéziale, tout à fait transverse, 
« plus ou moins prolongée, sensiblement gonflée, mince 
« et fragile. Côté antérieur très-court, arrondi, posté- 
« rieur prolongé, comprimé et tronqué obliquement. 
« Bords cardinal et paléal parallèles. Côtes irrégulières et 
« inégales, peu nombreuses, très-minces, formées par 
« des séries de petites aspérités qui sont à peine réunies 
« entre elles et disparaissent d'ordinaire vers le bord pa- 
« léal ; les côtes sont remplacées sur le côté postérieur 
« par quelques stries plus ou moins nettement pronon- 
« cées. Les interstices sont ordinairement larges, planes et 
« lisses. Crochets très-excentriques, assez forts, obliques 
« et recourbés. Lunule large, cordiforme. Charnière nor- 
« male, peu développée. » 

Cette petite Buccarde, très-distincte et sans analogues 
dans le genre, provient de l’hclvétien d’Ak-Bouroun près 
de Kertch, d’où j'en connais onze exemplaires. 


18. CARDIUM SUBCYLINDRICUM Mayer. 


C. Testa ovato-oblonga, transversa, inflata, subcylindrica, 
inœquilatera, solida, multicostata, anticè rotundata, posticè 
longiore, subcarinata, depressa, truncata, hiantula, lœvi ; 
costis radiantibus, 28, latiusculis, depressis, planis, lævibus; 
interstitiis angustis, planis; umbonibus tumidis, recurvis; 
lamina ligamenti prælonga; cardine edentulo ; impressionibus 
mnusculorum magnis. 

Lougit. 35 mill. 
Latit. Gpaiies 


— 363 — 


« Coquille ovale-oblongue, transverse, médiocrement 
« gonflée, subcylindrique, sensiblement inéquilatérale et 
« assez solide. Côté antérieur plus court, arrondi ; posté- 
«rieur limité par une carène à peine sensible, dépourvu 
« de côtes, légèrement déprimé, tronqué obliquement et 
« un peu bâillant. Côtes nombreuses, rayonnantes, très- 
« superficielles, assez larges et lisses; interstices très- 
« étroits. Crochets forts, recourbés sur une lame li- 
gamentaire longue et forte. Charnière à peu près nulle. 


« Impressions musculaires assez grandes et nettement 


LS 


« dessinées, » 

Voisin tout au plus du C. multistriatum, le C. subcy- 
lindricum s’en distingue par sa forme et par le nombre 
moindre et la plus grande largeur de ses côtes. Il pro- 
vient de l'argile ferrugineuse d’Ampélaki. Un seul exem- 
plaire. . 


49. CARDIUM RADIANS Mayer. 


C. Testa ovato-oblonga, transversa, compressa, inæquila- 
tera, multicostata, antice breviore,rotundata, posticè protracta, 
paululum depressa, subcarinata, rotundato-acuminata ; costis 
radiantibus circiter 24, complanatis, latiusculis, subæquali- 
bus, postcis latioribus; interstitiis anqgustis ; umbonibus mi- 
nutis, aculis; lamina cardinali subrecta, crassa ; cardine 
normal. 

Longit. 46 mill. 
Latit. 26 — 


« Coquille ovale-oblongue , transverse , comprimée, 
« sensiblement inéquilatérale. Côté antérieur plus court, 
« large, arrondi ; postérieur déprimé, un peu pointu. Côtes 
«nombreuses, rayonnantes, aplaties. assez larges, sur- 


— 364 — 


« tout sur le côté postérieur, lisses ou à peu près; inter- 
« valles étroits. Crochets petits et pointus. Lame cardi- 
« nale forte, peu arquée. Charnière typique. » 

S'il existe une espèce voisine de celle-ci, ce doit être 
le C. Hommairei d'Orb., le C. Verneuilianum d’Orb. 
du Voyage de Hommaire de Hell. }: la description de 
cette dernière espèce convient presque en tout point à la 
mienne. Mais comme les différences que j’ai remarquées 
entre les deux types persistent sur les dix exemplaires que 
J'ai sous les yeux, je crois qu'elles suffisent pour les dis- 
tinguer au moins comme race. Le C. Hommarrei diffère 
du .C, radians parce qu’il n’a que dix-huit côtes, et qu’à 
l’opposé de celui-ci, son côté postérieur est plus court que 
antérieur. 

Du reste, les deux espèces ont la même patrie : elles 
proviennent des couches helvétiennes des bords du Dnié- 
per, près de Solonaja. 


20. CARDIUM CARDITOIDES Mayer. 


C. Testa ovato-rotundata, paululum inflata, vix obliqua, 
valdé inæquilatera, solidula, anticè brevi, rotundata, posticé 
elongata, subcarinata, depressa, oblique subtruncata; costis, 
24 curvis, æqualibus, angustis, convexo-depressis, lævigatis ; 
interstiliis vix angustioribus ; umbonibus tumidiusculis, altis, 
recurvis ; cardine unidentato, dentibus lateralibus crassius- 
culs. 

Longit. 47 mill. 
Latit. 20 — 

« Coquille ovale-arrondie, un peu gonflée, tant soit 
« peu oblique, très-inéquilatérale et assez solide. Côté 
«antérieur très-court, large et arrondi, postérieur allongé, 


— 365 — 

« obtusément caréné, déprimé et tronqué obliquement. 
« Côtes arquées assez nombreuses, égales et régulières, 
« étroites, convexes ou un peu aplaties, légèrement dé- 
«coupées par les stries d’accroissement; interstices 
« étroits sur le côté antérieur, aussi larges que les côtes 
« sur le dos dela coquille. Crochets assez forts, très-proé- 
« minents, obliques et recourbés sur une lunule ovale- 
« lancéolée et très-profonde. Corselet grand, ovale-lan- 
« céolé, Charnière normale ; dent cardinale forte ; lame 
« ligamentaire très-petite. » 

Comme l’indique son nom, cette Buccarde ressemble à 
une Cardite ; par exemple, à certaines variétés du C. an- 
tiquata, où du C. pinnula. Du reste, elle appartient au 
groupe du Cardium edule et ne se distingue du C. rusti- 
cum que par sa forme excentrique et ses côtes nombreu- 
ses, étroites et serrées. Dubois en a trouvé deux exem- 
plaires dans les couches helvétiennes d’Ak-Bouroun, 
près de Kertch. 


(La fin au prochain numéro.) 


Notice sur une nouvelle espèce du Genre Chama, 
par M. E. BAYLE. 


Les dépôts crétacés du sud-ouest de la France et du 
bassin provençal renferment plusieurs espèces du genre 
Chama, dont les formes singulières ont, pendant long- 


— 366 — 
temps, faitméconnaître les véritables caractères. Ces espè- 
ces curieuses ont été considérées par plusieurs naturalis- 
tes, et entre autres par MM. Matheron et d’Orbigny, 
comme des types de genre nouveaux, auxquels les noms 
de Monopleura, Caprotina et Requienia ont tour à tour 
été imposés. 

Les recherches qne j'ai entreprises sur la famille des 
Rudistes, m’ayant conduit à soumettre les types de ces 
genres à un nouvelexamen, je n’ai pas tardé à reconnaître 
qu’on doit les faire disparaître des méthodes. La plupart 
des espèces qui y ont été réunies, sont de véritables 
Cames, et les autres de vraies Caprines. 

L’espèce dont la description fait principalement l’ob- 
jet de cette notice, et que je propose d’appeler Chama 
spondyloides, eût été mise par M. Matheron dans son 
genre Monopleura, et M. d’Orbigny en eût fait une Ca- 
protina. 

Cette coquille est très-inéquivalve. L’une des valves, 
beaucoup plus grande que Pautre, offre la forme d’un 
cône dont l’axe aurait éprouvé une torsion sur lui-même, 
sans cependant être aussi contourné que le sont les cro- 
chets des valves des Dicérates. 

La seconde valve est beaucoup moins développée, son 
crochet, à peine contourné sur lui-même, ne dépasse pas 
le bord cardinal. 

La petite valve est ornée de côtes plates très-régulières, 
séparées les unes des autres par des sillons moins larges 
qu’elles. Presque toutes sont, en outre, profondément 
divisées par ua petit sillon longitudinal, placé tantôt au 
milieu, tantôt sur le bord de chaque côte; toutes les 
côtes partent de lextrémité du crochet, et vont, en 
rayonnant, atteindre le contour de la valve, 


— 367 — 

Trois côtes élevées, à bord irrégulièrement contourné, 
complètent l’ornementation de la petite valve; ces trois 
côtes, analogues aux lames épineuses que l’on observe 
chez un grand nombre de Games, occupent cependant 
une position inverse dans cette espèce; elles vont du 
sommet de la valve en rejoindre le contour, tandis que 
les lames foliacées de presque toutes les espèces de ce 
genre, sont concentriques au bord des valves. 

Une ornementation analogue s’observe sur la seconde 
valve ; il faut cependant remarquer que les petites côtes 
y sont plus irrégulières et beaucoup moins marquées que 
sur l’autre. Elle porte aussi des lames foliacées très- 
saillantes, correspondant à celles de la petite valve. 

La charnière de cette coquille est copiée trait pour 
trait sur celle des Cames ; mais elle subit, dans la forme 
et la dimension de son ligament, dans la courbure, dans 
la grandeur de ses dents, une modification en rapport avec 
l'allongement de l’une des valves. Elle se compose, chez 
la plus grande des deux, d’une dent saillante, qui est 
recue dans une fossette oblique, à bords relevés, de la 
petite valve. Il y a deux muscles, dont les empreintes sont 
faiblement marquées. 

Par l’inégalité de ses valves, la disposition des côtes 
dont elles sont ornées, disposition inverse de celle que 
l’on remarque chez presque toutes les Cames, la Chama 
spondyloides se distingue très-facilement des autres espè- 
ces du même genre. 

Cette espèce se rencontre dans la craie blanche de 
Royan (Charente-Inférieure), elle y accompagne Îles 
Radiolites fissicostatus. D'OrBiGny, crateriformis Des 
-Mouz. (Sp.), Spharulites Hæninghausi. Des Mour., Ala- 
(us, D'ORBIGNY (S.) 


— 368 — 

On peut considérer la Chama spondyloides comme le 
tvpe d’un petit groupe d'espèces du genre Came, dont le 
caractère serait d’avoir une valve beaucoup plus grande 
que l’autre, et en cône légèrement contourné ; dans ce 
groupe viendraient naturellement se placer quelques es- 
pèces qui caractérisent l’étage néocomien supérieur, sa- 
voir : 


CHAMA TRILOBATA. D’Orb. (Sp.) 


Syn. Caprina trilobata. D'Orbigny. Revue zoologique, 
page 169 (1839). 


Monopleura birostrata. Matheron. Catalogue, p. 107; 
pl. II ; fig. 9, 10 (1842). 
Monopleura urgonensis. Matheron. Ibid. p. 107; 
pl. III ; fig. 11, 12, 13 (1842). 
Caprotina trilobata. D'Orbigny. Paléont. fran. ; 
Ter. crétac; tome IV ; p. 240; 
pl. 582 (1547). 
De l'étage néocomien supérieur d’'Orgon et d’Apt (Vau- 
cluse), et des Martigues (Bouches-du-Rhône). 


CHAMA IMBRICATA. Math. (Sp.) 


Syn. Monopleura imbricata. Matheron. Catalogue. page 
AATs pl IVS"08" 2. (822 
Caprotina imbricata. D'Orbigny. Paléont. franc. 
Ter. crétac. Tome IV ; p. 239; 
pl. 581; fig. 1, 2, 3 (1847). 


Etage néocomien supérieur d’Orgon (Vaucluse). 


— 309 — 
CHAMA SULCATA. Math. (Sp). 


Syn. Monopleura sulcata. Matheron. Catalogue ; p. 109 ; 
pl. IT; fig. 14, 19. (1842). 
Caprotina sulcata. D'Orbiguy. Paléont. franc. Ter. 
Crétac. Tome IV; page 238; 
pl. 579; fig. 4, 5, 6. (1847). 
Caractéristique de l’étage néocomien supérieur. Orgon 
(Vaucluse). 


CHAMA GryPHoïDes. Matheron (Sp). 


Syn. Requienia gryphoides. Matheron. Catalogue ; p. 104 ; 
pl. Il; fig. 6, 7. (1842). 
Requieua gryphoides. D'Orbigny. Paléont. fran, 
Ter. Crétac. Tome IV ; p. 251; 
pl. 579; fig. 4, 2, 3. (1842). 
Se trouve dans l’étage néocomien supérieur, à Orgon 
et à Apt (Vaucluse). 


Explication de la Planche XIV. 


PI. XIV. — Fig. 4. Individu de grandeur naturelle, 
dont la petite valve, ainsi que la région cardinale de l’au- 
tre, sont enlevées et laissent voir le moule intérieur. 

M. Moule de la cavité de la petite valve. 

A, B. Impressions musculaires. 

b, c, d. Place des dents cardinales des deux valves. 

P. Moule de ia cavité de la grande valve. 

25 


— 370 — 

Fig. 2. Autre exemplaire de grandeur naturelle, dont 
on a tronqué le sommet à cause de la dimension de la 
planche, montrant la surface externe de la petite valve. 

Fig. 3. Le même, vu de côté, pour montrer la saillie 
des côtes foliacées. 

Ces coquilles font partie de la collection de l'Ecole des 


Mines. 
E. Baye. 


Note sur le Radiolites angulosus. D’Orbigny. 
par E. BAYLE. 


L'espèce de Radiolite dont la description fait l’objet 
spécial de cette Notice, n’est pas nouvelle pourles zoolo- 
gistes ; elle a déjà été décrite et figurée (1) par le savant 
naturaliste qui a élevé un si beau monument à la paléon- 
tologie francaise. M. d’Orbigny, néanmoins, par une mé- 
prise assez difficile à comprendre, a cru voir dans cette 
Radiolite, quatre espèces distinctes, qu’il a distribuées 
dans ses deux genres Radiolites et Biradiolites, sous les 
noms de : 

Radiolites angulosa.  D’Orb. 

Ladiolites irregularis. D’'Orb. 

Piradiolites quadrala. D'Orb. 

Biradiolites angulosa. D’Orb. 


(4) D'Orbigny; Paléont. française; terrains crétacés; Tomes IV ; p. 220, . 
291, 232 ut 233; planches 552 et 574. (1847). 


— 371 — 


L'étude d’un très-grand nombre d’individus, m'a con- 
duit à réunir ces quatre types en une seule et même es 
pèce, qui devra désormais être désignée sous le nom de 
Radiolites angulosus. Mais, avant d’en faire connaître les 
caractères, il me semble utile d’exposer, en peu de mots, 
l’état actuel de nos connaissances sur les Pudistes. 

Depuis le premier et curieux Mémoire publié en 1781, 
par Picot de Lapeirouse (1), un grand nombre de ratura- 
listes se sont occupés de l’étude des Rudistes. C’est ainsi 
que Cuvier, Lamarck, de Blainville, Delamétherie, De- 
france, Férussac, Goldfuss, NM, Deshayes, Charles 
Des Moulins, Rolland du Roquan, Bronn, Matheron, 
d'Orbigny, Rœmer, Sæœmann et Woodivard, ont enrichi 
la science de tant d’observations intéressantes, soit dans 
des traités généraux, soit dans des écrits spéciaux. Malgré 
tous ces travaux, l’histoire naturelle des Rudistes est res- 
tée fort obscure jusqu’à ces derniers temps. Plusieurs 
causes ont contribué à retarder les progrès de la science 
dans l'étude de cette famille de Mollusques, et la princi- 
pale est assurément la difficulté qu’on éprouve à rencon- 
trer des Rudistes dont on puisse étudier facilement les 
caractères internes. Souvent la cavité intérieure de ces 
coquilles est remplie par une gangue très-dure, qu’on ne 
peut enlever sans briser les nombreuses lames et apophy- 
ses dont ces valves sont pourvues; dans d’autres cas, les 
couches de dépôt vitreux qui constituent la partie interne 
du têt, ont été détruites en tout ou en partie, et il de- 
vient bien plus difficile encore de retrouver les caractères 
sur des exemplaires aussi peu complets. 


(4) Description de plusieurs nouvelles espèces d'Orthocéralites et d'Os- 
tracites, par Picot de Lapeirouse (1781). 


|— 72 — 

Il n’est donc pas étonnant que les naturalistes aient 
soutenu des opinions si opposées sur la classification de 
ces animaux, et aient été conduits aussi souvent à com 
mettre de graves erreurs dans la détermination des 
espèces. 

Les Rudistes ont été placés d’abord parmi les Géphalo- 
podes. Envisagés ensuite comme devant constituer une 
classe intermédiaire entre celle des Lamellibranches et 
les Tuniciers , ces animaux ont enfin été introduits, dans 
ces derniers temps, dans Ja classe des Brachiopodes, par 
MM. Goldfuss, D'Orbigny et Pictet ; tandis que M. Des- 
hayes, imitant exemple de Lamarck, ainsique MM. Quens- 
tedt, Woodward et Sæmann, en font des Lameliibranches. 

Les recherches (1) que d’heureuses circonstances 
m'ont permis de faire sur ces Mollusques, ne me permet- 
tent plus d’hésiter à placer les Rudistes daris la classe des 
Lamellibranches ; je crois même qu’ils doivent constituer 
une tribu dans la famille des Camacées, groupe spécial, 
dont l’un des caractères différentiels serait absence du 
ligament ; ce sont donc des Camacées sans ligament ; je 
conserve néanmoins le nom de Zudistes à cette tribu, 
afin de la désigner par une expression simple, dont le 
nom ne soit pas nouveau pour les naturalistes. 

Les Rudistes sont des Mollusques lamellibranches, 
possédant une coquille bivalve. Le têt de l’une et l'autre 
valve est formé de deux systèmes de lames sécrétées par 
des portions distinctes du manteau. Le premier système, 
celui des lames externes, est produit par le bord du man- 
teau ; ces lames sont remarquables par la cellulosité de 


{1) Bayle. Observations sur les Hippurites. Bull. deïla Soc. géol. de 
France. 2 série. Tome XII, page 772 (1855). 


— 373 — , 

leur tissu, dans les F'adiolites et les Sphérulites, et ac- 
quièrent, dans quelques espèces de ces deux genres, un 
développement véritablement extraordinaire. Le second 
système, celui des lames formées par le dépôt vitreux, est 
sécrété par la surface même du manteau; il revêt l’inté- 
rieur des valves, et fournit tout l'appareil cardinal et 
musculaire, Au sommet des valves, les lames internes ne 
se superposent pas; elles laissent en arrière d’elles des 
vides très-irréguliers, en sorte que la cavité habitée par 
l'animal, est souvent très-petite, si on la compare à la 
grandeur de sa coquilie ; cette structure des lames inter- 
nes, qui avait fait prendre les Æippurites pour des co- 
quilles polythalames, est entièrement analogue à celle que 
Pou retrouve chez beaucoup &Aluitres, et surtout chez les 
Etheries, 

La charnière des Rudistes est extrêmement remarquable; 
elle se compose, suivant les genres, de deux, ou de trois 
longues deuts cardinales appartenant à la valve supérieure ; 
l’autre valve ne présente que des fossettes destinées à re- 
cevoir ces dents. La position relative des dents cardinales 
et des fossettes qui les logent, fournit des caractères 
d’une constance remarquable pour Pétablissement des 
genres dans cette famille. Les dents cardina!es sont pla- 
cées dans l’intérieur de la valve supérieure, à une distance 
notable de son bord cardinal, et leur direction est telle, 
qu’il est impossible d'admettre que le mouvement des 
deux valves puisse s’opérer de la même manière qu’il se 
produit dans tous les Lamellibranches, qui ont une 
charnière placée sur le bord cardiral et un ligament. 
Chez les Rudistes, la charnière est construite sur un plan 
entièrement nouveau; elle a été modifiée pour permettre 
à l’animal d'ouvrir les valves de sa coquille sans le se- 


— 37h — 

cours d’un ligament, par la simple action de ses muscles; 
aussi la valve supérieure n’oscillait pas autour d’un point 
fixe de son contour; elle se soulevait dans le sens de l’axe 
de la valve inférieure, et les longues dents, pouvant faci- 
lement glisser dans leurs alvéoles, facilitaient singulière- 
ment ce mouvement ; rien n’empêchait alors l’animal de 
développer le bord des lobes de son manteau sur tout le 
contour des coquilles. 

Deux muscles adducteurs ont laissé leurs empreintes 
sur la surface des valves. Les impressions sont superf- 
cielles dans la valve inférieure, mais dans la supérieure, 
elles sont constamment placées à l’extrémité de deux 
apophyses presque aussi saillantes que les dents cardi- 
nales, disposition dont le but est évidemment de rappro- 
cher les deux surfaces d'attache d’un même muscle, en 
augmentant ainsi la puissance de son action. 

La position des empreintes musculaires varie suivant 
les genres. 

En arrière de la charnière, on observe, dans certains 
Rudistes, une carène formée par deux lames juxta-posées 
de dépôt vitreux, qui règne depuis le bord cardinal jus- 
qu’au sommet de chaque valve, et dont la saillie, dans lin- 
térieur de la coquille, varie suivant les espèces. Gette ca- 
rène, que j'ai proposé d'appeler arête cardinale, manque 
complétement dans d’autres espèces de Rudistes, et son 
absence est en rapport avec des modifications constantes 
dans l’appareil cardinal. Il est facile de voir que Parête 
cardinale correspond à un repli particulier qu’offrent les 
deux lobes du manteau dans les Rudistes dont la coquille 
présente cette arête ; tandis que ceux dont la coquille en 
est dépourvue, ont les lobes du manteau disposés d’une 
manière tout autre. Gette différence dans la structure des 


— 315 — 
lobes du manteau, fournit un caractère précieux poar la 
séparation des deux genres Sphærulites et Radiolites. 
Le groupe des Rudistes peut être divisé en quatre genres 
très-naturcls, loujours faciles à distinguer; ce sont les 
genres : 


Radiolites. Lam. 

Sphærulites. Lam. 

Hippurites, Lam. 

Caprina. D'Orbigny. 

Les caractères qui permettent de reconnaître ces genres 
sont les suivants : 


Genre Radiolites. Lam. 


Absence d’arête cardinale. Charnière formée de deux 
dents cardinaies soudées à la valve supérieure par un 
pédicule commun et très-distantes l’une de l’autre à leur 
extrémité, cannelées sur leur face postérieure. Alvéoles 
appliquées de chaque côté sur les parois de la valve infé- 
ricure et largement ouvertes en avant; la cavité antérieure 
pour l’animal, communiquant librement, entre les deux 
fossettes, avec la cavité répondant au bord cardinal. 

Deux muscles adducteurs, dont les impressions sont 
situées en avant, aux deux extrémités de la charnière. 

Lames externes du têt à structure celluleuse. 


Genre Sphærulites. Lam. 


Une arête cardinale (1). 


(1) M. Alcide d’'Orbigny a cru devoir réunir en un seul genre, auquel 
il assigne le nom de Radiolites, toutes les espèces &ée Rudistes , dont les 


— 376 — 


Charnière formée de deux dents cardinales, soudées à 
la valve supérieure par un pédicule commun et beaucoup 
plus rapprochées à leur extrémité que celles des Radio- 
lites. Alvéoles se réunissant l’une à l’autre au milieu de 
la coquille et en avant de l’arête cardinale; d’où il résulte 
que, de chaque côté de cette crête, en arrière des fos- 
settes, sont deux cavités complétement isolées de la 


*“ 


grande loge antérieure destinée à l’arimal; ce sont ces 
cavités, dont le moule détermine les cônes accessoires du 
bourrelet des birostres. 

Impressions musculaires placées comme dans les Za- 


diolites. 
Lames externes du têt à structure celluleuse. 


unes sont pour nous des Radiolites et les autres des Sphærulites ; il est 
facile de se rendre compte de cette divergence d'opinions. L'auteur de la 
Paléontologie francaise possédait dans sa collection un exemplaire très- 
bien conservé de son Radiolites agariciformis, montrant une aréte car- 
dinale incontestable ; il a pris cette espèce pour type du genre Radiolite, 
en assignant à ce genre, entre autres caractères, celui d’avoir une créle 
médiane marginale (notre arête cardinale); cela posé, ce naturaliste n’a pas 
cherché à savoir sitoutes les espèces placées parmi ses Radiolites, avaient 
ou re possidaient pas de créle médiane marginale ; il lui eût fallu pour 
cela, consacrer des mois entiers à dégager, à l'aide d'instruments et en y 
mettant beaucoup de soins et de patience, l'intérieur des valves d'au 
moins un individu de chacune de ses espèces; or, un pareil travail est 
trop ingrat : il a préféré ne pas entamer ses exemplaires et se laisser gui- 
der par l'examen des caractères extérieurs; or, il arrive que la créte 
médiane marginale, caractère fondamental des Radiolites par M. d'Orbi- 
gny, manque à un certain nombre de ses espèces ; en sorte que si, par 
hasard, M. d'Orbigny, au lieu de posséder l'intérieur de son Radiol/ites 
agariciformis, qui a nne arête cardinale, n'avait connu que la cavité des 
valves de son Radiolites crateriformis, qui n’en possède pas, il eût carac- 
térisé son genre Radiolite par l'absence d’arête cardinale, en y plaçant 
néanmoins un certain nombre d'espèces qui possèdent cette arête. Une 
méprise de ce genre doit d'autant plus surprendre de la part d’un natu- 
raliste aussi éminent, que M. Alcide d'Orbigny a le soin de nous appren- 
dre que personne, avant lui, n'avait observé, ni étudié un aussi grand 
nombre d'exemplaires de ces curieux Mollusques ; ce qui prouve sans 
doute qu'un seule Radiolile, bien préparée, permet de découvrir sur 


= 377 — 


Genre Iippurites. Lam. 


Une arête cardinale. 

Charnière formée de trois longues dents cardinales, la 
première placée d’un côté de l’arête, etles deux autres por- 
tées par un pédicule commun de l’autre côté de cette crête ; 
elles sont reçues dans trois fossettes de la valve inférieure, 
lune à gauche, les deux autres à droite de l’arête cardi- 
nale. Indépendamment de l’arête cardinale, la valve infé- 
rieure présente deux autres crêtes saillantes, que j’appelle 
les deux piliers ; ils correspondent à deux ouvertures de 
la valve supérieure, qui sont les deux oscules. 

Deux muscles adducteurs ont leurs impressions très- 


x 


rapprochées l’une de l’autre, et situées à gauche de l’a- 


l’histoire naturelle de ces animaux, beaucoup de faits qu’une collection 
nombreuse d'échantillons, dont pas un n’a été débarrassé de la gangue 
quien masque les caractères, ne peut servir à faire connaître. 

Lamarck, avec cette sagacité rrofonde qui earactérise toutes ses obser- 
vations, en établissant les genres Sphærulites et Radiolites, avait, dès 1819, 
ouvert une voie que M. d'Orbigny n’eût pas dù abandonner ; ce grand 
homme ne connaissait que l’intérieur des valves du Sphœærulites foliaceus 
{(Radiolites agariciformis, d’Orb.), qui possède une arête cardinale; con- 
sidérant, avec raison, la présence de cette crête, comme un cara: tère 
fondamental, il a émis l'opinion que les espèces de son genre Radiolite 
(dont il n'avait jamais vu l'intérieur) ne possédaient pas cette arête, et 
l'absence de cette crête devint pour lui le trait carectéristique du genre 
Radiolites. Néanmoins, les espèces qu’il plaça dans son genre Radiolrte, 
eussent été pour lui de véritables Sphœrulites, s'il avait pu en observer 
l'intérieur, car elles ont une crête cardinale; l'erreur commise par La- 
marck est fort excusable, quand on songe au petit nombre de Rudistes 
que les collections possédaient alors. 

Ayant 6té assez heureux pour retrouver des espèces dépourvues d'arête 
cardinale, j'ai dû les séparer des Sphœærulites, et reprendre, pour les y réu- 
nir, le genre Radiolite, en lui donnant une définition fondée sur des ca- 
ractères dont le génie de Lamarck lui avait fait soupçonner l'existence, 
et alors les genres Radiolites et Sphærulites demeurent composés d'espè- 
ces offrant les caractères que l’auteur de ces genres leur avait primiti- 
vement assignés. 


— 3178 — 

rête cardinale, en regard des deux piliers, qui sont tou- 
jours placés à droite de cette crête; si on suppose, bien 
entendu, la valve inférieure placée verticalement et la 
charnière opposée à l’observateur , une apophyse, en fer 
à cheval, beaucoup moins saillante que les dents cardi- 
nales, recoit les impressions musculaires de la valve 
supérieure. 

Les deux valves très-inégales; la supérieure operculi- 
forme, montrant toujours deux oscules; la surface est, 
en outre, criblée de petits trous qui pénètrent dans des 
canaux profonds. Ces canaux partent du sommet de la 
valve, et vont, en se bifurquant, s’unir à son pourtour, sur 
le limbe, en dehors du bourrelet saillant formé par les 
lames de tissu vitreux. | 

Valve inférieure toujours plus ou moins conique, dé- 
pourvue des canaux que porte la supérieure et offrant 
souvent des sillons longitudinaux, plus ou moins mar- 
qués, qui correspondent à l’arête cardinale et aux deux 
piliers. 


Genre Caprina. D'Orbigny père. 


Une arête cardinale. 

Charnière formée de deux dents cardinales très-analo- 
gues dans leur forme et leur position relatives à celles 
des Sphérulites ; elles sont reçues dans des fossettes en- 
tièrement comparables à celles des ZZippurites. 

Deux impressions musculaires placées exactement 
dans la même position que dans les Sphérulites et les 
Radiolites ; les apophyses qui les portent, dans la valve 
inférieure, et notamment celle de l’adducteur antérieur, 


— 379 — 


sont beaucoup moins saillantes que dans les Sphérulites. 

Valve inférieure conique, marquée d’un sillon longitu- 
dinal correspondant à l’arête cardinale; le têt est pres- 
que toujours orné de côtes longitudinales. 

Valve supérieure offrant, dans presque toutes les es- 
pèces, un très-grand développement ; elle est souvent plus 
Qu moins contournée en spirale. Cependant, dans une es- 
pèce, la C. polyconilites, cette valve est entièrement 
plane. La structure de cette valve est'rendue remarquable 
dans certaines espèces, par la présence de canaux qui 
partent du sommet et vont aboutir sur le pourtour du 
limbe, sans nulle part communiquer, ni avec la surface 
externe, ni avec la surface interne de la coquille. 

Le genre Cäprine, par sa charnière, construite sur un 
plan qui réunit, en quelque sorte, les caractères des Sphé- 
rulites ei des Hippurites ; par son système musculaire of- 
frant une tendance marquée à passer à appareil muscu- 
laire des Cames, sert de trait d’union entre les autres 
Rudites et les Cames, bien que la somme de ses caractères 
le rapproche bien plus des Radiolites, des Sphérulites et 
des Hippurites, que des Games proprement dites. 

Passons maintenant à la description de notre espèce : 


RADIOLITES ANGULOSUS. D'Or. — PI. XV. 


Syn. ÆRadiolites angulosa. D’Orbigny. Avnales des 
Sciences nat. Tome XVIT, page 183. 
(1842.) 
Radiolites angulosa. D’Orbigny. Paléont. Franc, 
Terrains Crét. Tome IV; page 220; 
pi. 562, fig. 4, 2, 3, 4. (1847.) 


— 380 — 


Syn. Radiolites irregularis. D’Orbigny. Xbid., p. 221; 
pl. 562; fig, 5, 6, 7. (18A7.) 

Biradiolites quadrata. D'Orbigny. Ibid., p. 232 ; 

pl, 574; fig. 4, 2, 3, 4,5, G. (1847.) 

Biradiolites angulosa. D'Orbigny. 1bid., p. 233; 

pl. 574; fig. 7, 8, 9, 40, 11. (1847.) 

Cette espèce, dont la longueur peut atteindre 5 à 6 
centimètres, présente des formes assez variables, mais 
qu’on ne tarde pas à ramener les unes aux autres dès 
qu’on a saisi ses véritables caractères. 

La valve inférieure est conique, presque toujours qua- 
drangulaire; trois côtes aiguës, souvent très-développées 
(fig. 2, 4, 5), déterminent, par leur saillie, les trois an- 
gles principaux de cette pyramide à quatre pans. Si on 
cherche à se rendre compte de la position des trois côtes, 
par rapport aux muscles et à la charnière, on reconnaît 
aussitôt que, entre elles, règnent deux bandes longitu- 
dinales (R) et (T), légèrement déprimées en leur milieu, 
et que deux sillons plus ou moins profondément creusés, 
séparent nettement des côtes voisines; les bandes ne sont 
pas d’égale largeur ; Pune d’elles (R), toujours plus large 
que la seconde (T), est située sur le bord de la valve dia- 
métralement opposée au bord cardinal (fig. 4 d), tanais 
que la seconde (T) occupe le bord droit (1). La charnière 


(1) M. d'Orbigny avait attaché une très-grande importance à l'existence 
de ces bandes externes de certains Radiolites, ce qui le conduisit à créer, 
pour ces espèces, le genre Biradiolites. M, d'Orbigny, cependant, ne fit 
connaitre les caractères internes d'aucune espèce de son genre nouveau 
il ignorait entièrement quelle était la place des bandes par rapoort à la 
charnière, et, par conséquent, tout ce qu'il fallait savoir pour étab ir un 
genre nouveau, fondé sur des caractères en harmonie avec l'organisation 
de l'animal. Aussi on ne doit pas être surpris de voir M. d'Orbigny faire 
avec le Radiolites angulosus, quatre espèces, dont deux, les Radiolites 


— 381 — 


tient une place qui est constamment la même par rapport 
à ces deux bandes externes ; ainsi, l'impression (e) du 
muscle adducteur postérieur s’observe toujours sur la 
paroi interne correspondant à la bande externe (T), tan- 
dis que l’empreinte (d) de ladducteur antérieur n’arrive 
jamais jusqu’au droit de la bande (R). Il en résulte, pour 
employer un langage en harmonie avec la position du 
Mollusque, que la bande (T) est placée du côté anal, et la 
la bande (R) sur le bord libre ou branchial de la coquille. 
Le bord cardinal est tantôt arrondi, tantôt anguleux. Dans 
le premier cas, il présente, chez quelques individus 
(fig. 5 a), trois ou quatre côtes arrondies, légèrement sail- 
lantes; ces côtes naissent à une distance plus ou moins 
grande du sommet de la valve; mais, dans d’autres indi- 
vidus, les côtes deviennent plus nombreuses (5 ou 7), 
plus saillantes, et l’on a alors la variété dont le côté cardi- 
nal (fig. À a) est orné de grosses côtes inégales, mais dans 
laquelle on retrouve, néanmoins, fort distinctement 
(fig. 1 0), les deux bandes (R) et (T), séparées par les 
trois crêtes saillantes. 

Si l’une des côtes, dont le bord cardinal estorné, de- 
vient plus proéminente que les autres, on passe alors à la 


angulosa et irregularis, sont pour lui de vraies Radiolites, c'est-à dire 
n’ont pas de bandes externes, tandis que les deux autres, les Biradiolites 
angulosa et quadratn, sont de vraies Biradiolites, c'est-à-dire qu'elles 
offrent les deux bandes caractéristiques du genre. Or, si on jette un coup 
dœæil sur les planches de la Paléontologie française, on se convaincra 
que la figure 1 d: la planche 562, destinée à représenter le vrai Radiolites 
angulosa, montre très-distinctement notre bande anale (T), et que la fi- 
gure 5 de la même p anche, celle du Radiolites irreqularis lait voir, peut- 
être plus clairement encore, la même bande anale. Ce sont done deux 
Biradiolites, dont le caractère générique, très-nettement dessiné par l’ar- 
tiste qui a copié les originaux. n’a pas été aperçu par l’auteur. Cette ob- 
servation me semble de nature à donner la mesure du degré de confiance 
que doivent inspirer des travaux faits avec une semblable méthode. 


— 982 — 
variété (fig. 4 a, b) dont la section est quadrangulaire, 
et si cette côte saillante restait encore, celies qui lavoi- 
sinent sur le bord cardinal, viennent à disparaître, on 
passe à une variété (lig. 2), dont la section est compléte- 
ment quadrangulaire. 

On voit donc que les variétés qu’offre cette espèce, 
sont uniquement dues au développement que prennent les 
côtes plus ou moins nombreuses qui peuvent exister sur 
le bord cardinal. 

Le limbe est assezdéveloppé, relativement à la grandeur 
de l’espèce. 

La valve supérieure est operculiforme; son limbe se 
relève cependant pour recouvrir celui de la valve infé- 
rieure ; on y observe deux bandes entièrement semblables, 
quant à leur position et à leur forme, à celles de la valve 
inférieure. 

Toute la surface externe des valves est marquée de la- 
mes très-fines, régulières, concentriques au contour de la 
coquille, et qui en marquent les accroissements. 

Le Mollusque occupait la plus grande partie de sa co- 
quille, autant que j'ai pu en juger par le peu d’espace 
qu’occupent les lames de tissu vitreux au sommet de la 
valve inférieure. 

Cette charmante petite espèce appartient à un groupe 
de Radiolites caractérisées par la présence des deux ban- 
des extérieures, et pour lesquelles M. d’Orbigny a créé, 
sans nulle raison, suivant moi, son genre Biradiolites ; on 
la rencontre fréquemment à Pons (Charente-Inférieure), 
à La Rochebeaucourt (Dordogne), dans une assise de la 
craie tuffeau, où elle accompagne les Aadiolites lombri- 
calis et cornu-pastoris, dont l’association constitue le 
troisième horizon des Rudistes. 


— 983 — 

Les espèces du genre Radioliles, qui ne peuvent plus 
laisser de doutes sur leur détermination, ne sont pas très- 
nombreuses. 

On peut les diviser en trois groupes, dont voici la 
liste (1) : 

Premier groupe : Espèces à piliers intérieurs. 

1° RapioLiTes crateriformis. Des Moul. (Sp.) 


Syn, Sphærulites crateriformis. Des Moulins. Essai sur 
les Sphérul. Pag. 94; pl. 1 et 2 (1826). 
Radiolites craleriformis. D’Orbigny. Paléont. 
franc. Terr. crétac ; tom IV, page. 22; 

pl. 563 (1817.) 


On la rencontre dans la craie supérieure, à Royan 
(Charente-Inférieure), avec les Sphærulites : Hæning- 
hausi, et alatus (cinquième horizon des Rudistes). 


2° RapiozirEes Jouanneti. Des Moul. (Sp.) 


Syn. Sphærulites Jouanneti. Des Moulins. Essai sur les 
Sphéral., p. 99; pl. 3; fig. 1, 2 (1826.) 
Radiolites Jouanneti. D'Orbigny. Paléont. franc. 
Terr. crétac. Tome IV; p. 223 ; pl, 564; 
fig. 1, 2 (18A7.) 
Radiolites Jouanneti, Bayle. Bull. de la Soc. Géol. 
de France. Deuxième série. T. XIII, 
pag. 103; pl. 6 (1855.) 


Elle se trouve dans la craie supérieure à Saint-Mametz, 


(1) Je comprends dans cette liste les espèces dont je suis parvenu à ob- 
tenir des exemplaires montrant les muscles et leur charnière, et chez 
lesquels j’ai pu établir, sans laisser de doute possible, l'ab.ence d'aréte 
cardinale, caractère fondamental du genre: quant à cIles dont je ne 
possède que des fragments, de nouvelles découvertes en faciliteront la dé- 
termination dans l'avenir. 


— 384 — 

et à Neuvic (Dordogne); au Maine-Blanc et aux environs 
de Barbezieux {Charente), associée aux Radiolites Bour- 
nont et ingens, aux Sphæruliles cylindraceus et Tou- 
casi, et à l'Aippuriles radiosus. (Sixième horizon des 
Rudistes.) 

Deuxième groupe : Æspèces pourvues de bandes ex- 
ternes. | 


3° RapioLiTes angens. Des Moul. (Sp.) 


Syn. Sphærulites ingens. Des Moulins. Essai sur les 
Sphéru!., page 122 ; pl. 10; fig. 3, 3 À, 
(1896.) 
Elle se trouve à Saint-Mametz (Dordogne). (Sixième 
horizon des Rudistes). 


4° RapioziTEs canaliculatus. D'Orbigny. (Sp.) 


Syn. Biradiolites canaliculatus. D'Orbigny. Paléont. 
franc. Ter. crétac; tom. IV, p. 230; 

pl. 572. (1847.) 
Biradiolites canaliculatus. Woodiward. Quart. 
journ. Geol. Soc. of London, page 51; 

fig. 19. (1855.) 


Cette espèce se rencontre aux Martigues et au Beausset. 
5° RapioziTEs féssicostatus. D’Orbigny. (Sp.) 


Syn. Biradiolites fissicostata. D'Orbigny. Paléont. franc. 
ler. crétac. Tome IV, p. 234 ; pl. 575; 
be, 1,2; 8 4x (1047.) 
Radiolites royana. D'Orbigny. 1bid., page 228; 
pl. 571 ; fig. 1, 2, 3. (15A7.) 
On rencontre cette espèce à Lavallette et à Birac (Cha- 
rente), à Royan (Charente-Inférieure), associée au Sphæ- 


— 385 — 
rulites Hæninghausi. (Cinquième horizon des Rudistes). 
Elle a été aussi trouvée au Beausset (Var). 


6° Raptozrres angulosus. D’Orbigny. (Voir plus haut 
la synonymie.) 


7° RADIONMTES acuticostatus. D’Orb. 


Syn. Radiolites acuticostata. D'Orbigny. Annales des 
Sciences nat., Tome XVII, page 180. 
(1842.) 
Radiolites horrida. D’'Orbigny. Xbid., page 185. 
(1842.) 
Radiolites acuticostata. D’Orbigny. Paléont. franc. 
Terr. crétac. Tome IV; p. 208; pl. 555. 
(1847.) 


Cette espèce a été rencontrée à Lamérac (Charente), 
associée au Radiolites Jouanneti et à l'Hippurites radio- 
sus, (Sixième horizon des Rudistes.) 


Elle se trouve aussi au Beausset (Var), aux Martigues 
(Bouches-du-Rhône. } 


8 RapiortTes lombricalis. D'Orbigny. 


Syn. Radiolites lombricalis. D'Orbigny. Ann. des Sc. 
nat. Tome XVII; p. 183. (1842.) 
Radiolites lombricalis. D’Orbigny. Paléont. franc. 
Terr. crétac. Tome IV; p.214; pl. 555; 
fig. 4, 5, 6, 7. (18A7.) 


On la rencontre avec le Radiolites cornu-pastoris, à 
Chancelade-aux-Pyles et à Larochebeaucourt (Dordogne), 
et aux environs d'Angoulême. (Troisième horizon des 
Rudistes.) 

26 


— 386 — 


9° RaptoLiTEs cornu-pastoris. Des Moulins. (Sp.) 


Syn. AHippurites cornu-pastoris. Des Moulins. Essai 
sur les Sphérul. Page 141; pl. 10; 

hp: 1,2: (1020.) 
Biradiolites cornu-pastoris. D’Orbigny. Paléont. 
franc. Terr. crétac. Tome IV; page 231; 

pl. 573. (1847.) 


On trouve cette espèce aux Pyles, à Ghancelade . d 
dogne), dans les environs d’Angoulême, et dans les en- 
virons de Saumur. Elle caractérise le troisième horizon 
des Rudistes. 


Troisième groupe : Æspèces dépourvues de piliers in- 
ternes et de bandes externes. 
100 RaniozitTes Bourhoni. Des Moulins. (Sp.) 


Syn, Sphærulites Bournonti. Des Moulins. Essai sur les 
Sphérulites; p. 124. (1826.) 
Sphærulites calceoloides. Des Moulins. 1b., p. 130; 
pl. 9; fig. 1. (1826.) 

Sphærulites calceoloides. Deshayes. Bull. de la Soc. 
géologique de France. Deuxième série. 
Tome VIII; page 127; pl. 1; fig. 4, 2, 

| 3, 4, 5, 6. (1850.) 

Radiolites calceoloides. Bronn. Lethæa geognostica. 
Supplément. PI. 32; fig. 1; page 164. 
(1852.) | 

Radiolites Hæninghausi. D’Orb. Paléont. franc. 
Terr. cretac. Tome IV; pl. 265, 566 
(exclus, pl. 567.) (184A7.) 


Cette espèce n’est pas rare à Saint-Mametz (Dordogne), 
dans le sixième horizon des Rudistes. 


sr 
11° RapioziTes excavatus. D'Orbigny. 


Syn. Radiolites excavata. D'Orbigny. Ann. des Sc. 
nat. Tome XVIT; pag. 185. (1852.) 
Radiolites excavata. D’Orbigny. Paléont. franc. 
Terr. crétac. Tom IV; p. 215; pl. 556. 
(1847.) 

Elle se rencontre au Bausset (Var), associée avec les 
Hippurites cornu-vaccinum, dilatatus, bioculatus, les 
Sphærulites mammillaris et angeiodes dans le quatrième 
horizon des Rudistes. 


Explication de la planehe XVW. 
Radiolites angulosus, d'Orb. 


Fig. 4, a, 16. Individu de grandeur naturelle, à grosses 
côtes, (R) bande antérieure, (T) bande anale. 


(ee) 


Fig. 2. Ün autre individu, remarquable par la grandeur 
des lames saillantes, et sa section quadrangulaire. 

Fig. A a, h b. Autre exemplaire de grandeur naturelle, 
dont le moule intérieur est resté engagé dans la valve in- 
férieure, (R) (T) les deux bandes externes. (f) (g) gaînes 
des deux dents cardinales ; (d) gaîne de l’apophyse d’in- 
sertion du muscle adducteur antérieur; (e) gaîne de 
l’apophyse pour ladducteur postérieur. 

Fig. 3. Jeune individu de grandeur naturelle, à bord 
cardinal arrondi. 


Fig. 5, 5 a, 56. Autre individu de grandeur naturelle, 


— 385 — 
dont le bord cardinal (fig. 5 4) ne porte que quatre petites 
côtes arrondies. 
Tous les exemplaires figurés dans cette planche, pro- 
viennent de Pons (Charente-Inférieure), et font partie de 
la collection de l'Ecole Impériale des Mines. 


NOUVELLES SCIENTIFIQUES. 


Deux de nos savants collaborateurs : MM. Morelet et 
H. Drouët, font, dans ce moment, l’exploration scientifi- 
que des îles Acores. Les recherches conchyliologiques 
sont le principal but du voyage, et des résultats impor- 
tants seront atteints incontestablement, au double point 
de vue de la faune terrestre et de la faune marine de ces 
îles. Les auteurs du voyage nous ont promis de don- 
ner un apercu de leurs découvertes, dans le Journal de 
Conchyliologie. 


M. le commandant Beau, si connu de nos lecteurs par 
ses recherches à la Guadeloupe et Marie-Galante, va ex- 
plorer lîle de la Martinique avec autant de zèle et de 
soin. Nous rendrons compte des travaux de cet infatigable 
naturaliste, 


— 389 — 


BIBLIOGRAPHIE. 


Beitrage zur Malakologie, 


Par A, Scaminr. — 1857, 3 planches. 


M. Adolphe Schmidt est honorablement connu dans 
la science, par ses recherches intéressantes sur plusieurs 
points de l’anatomie des mollusques terrestres et fluvia- 
tiles. Ces recherches témoignent non-seulement d’une 
grande habileté, mais encore d’un esprit de comparaison 
et de généralisation qui, appliqué à des sujets en appa- 
rence minime, conduit à des résultats importants. C’est 
ainsi que M. Schmidt a étudié sur un grand nom- 
bre d’espèces, les modifications dans le dard des pulmo- 
nés terrestres androgynes. Il a également passé en revue 
les différences qui existent dans lappareil lingual des 
mêmes animaux. En 1855 il a publié un Mémoire remar- 
quable sur les organes de la génération, où se trouvent 
figurés ceux de presque tous les genres de cette série. 
L'ouvrage dont nous annonçons aujourd’hui la publica- 
tion, paraît être le premier article d’une suite de Mé- 
moires qui seront livrés plus tard à l’appréciation des 
Malacologistes. Les sujets sont variés, et sont traités au 
fur et à mesure qu’ils se présentent à l’observation de 
l’auteur. 

Nous trouvons d’abord, sous le titre de Verzeichniss 
der Binnenmolusken norddeutschlands, un catalogue 
très-bien fait des Mollusques terrestres et fluviatiles du 


— 390 — 


nord de l'Allemagne (comprenant la Prusse). Le nombre 
des espèces est assez considérable, puisqu'il est porté à 
194; parmi les formes remarquables que nous croyons 
devoir signaler, citons : Vitrina dubia Schm., Zonites 
margaritaceus Schm. ; Æelix solaria Menke; Helix ru- 
biginosa ZLiegler ; Pupa Hassiaca Pfeiffer ; Pupa Ascanien- 
sis Schm. ; Succinea arenaria Bouchard ; Limneus silesia- 
cus Scholtz; Planorbis Rossmassleri Auerswald; Pla- 
norbis cupæcola Gallenstein ; Pisidium supinum Schm. ; 
Cyclas steinii Schm. ; Cyclas solida Normand, etc. 

Ce travail complète nos connaissances sur la faune du 
nord de l'Allemagne; faune si différente de celle du sud, 
qui est loin d’avoir été étudiée avec autant de soin. 

M. Schmidt ajoute à son énumération la description 
d’une espèce nouvelle : Hydrobia Scholtzi, trouvée à 
Breslau. De plus, il crée un genre pour lAchatina acicula, 
qu’il nomme Sira acicula. Nous pensons que M. Schmidt 
ne connaissait pas la monographie des Cæcilanella de 
M. Bourguignat, lorsqu'il a créé un nom qui fait double 
emploi dans la nomenclature. 

La seconde notice a pour titre : Ueber des Gehororgan 
der Mollusken ; elle renferme des détails très-curieux. Les 
organes de l’audition ont été découverts en 1838, par un 
des anciens collaborateurs du Journal de Conchyliologie, 
M. Souleyet, Signalés d'abord chez quelques Gastéropo- 
des, des Mémoires nombreux les ont fait retrouver dans 
toute la série, à la suite des recherches de MM. Laurent, 
Krohn, Koælliker, Wagner, Milne Edwards, de Quatre- 
fages, etc. En examinant des embryons de Limnée, M. Pou- 
chet les reconnut et en donna une description exacte ; 
MM. Sars et Nordmann ont constaté leur présence sur les 
embryons de genres différents. En 1843, M. de Siebold 


— 391 — 

donnait la description des capsules auditives des Cyclas. 
Les dissections du système nerveux des Acéphalés, ont 
montré que leur présence n’était pas aussi constante que 
chez les Gastéropodes ; cependant bon nombre de genres : 
Anodonta, Unio, Cardium, T'ellina, Mya, Teredo, 
Mactra, etc., en sont pourvus. Chez les uns ils existent 
dans l’embryon, chez d’autres on les y chercherait vaine- 
ment. 

La structure et le nombre des Otolithes, avaient dé- 
montré de grandes différences, et il était à souhaiter qu’un 
travail d'ensemble fût entrepris sur un sujet aussi digne 
d'attention. C'est ce que M: Schmidt à fait, quoiqu'il 
manquât de matériaux nombreux ; mais il a étudié les 
transformations des Otolithes, leurs anomalies de struc- 
tures, et est arrivé à voir combien ces petits corps va- 
riaient dans les mêmes espèces. 

Le troisième Mémoire est, pour ainsi dire, un pere 
ment à l’ouvrage publié récemment par M. Schmidt sur. 
le genre Clausulia ; il a pour titre : Ueber die Baleen und 
Baleaurtigen Clausihien, etc. Nous n’en rendrons pas 
compte ici, parce que c’est un travail de nomenclature. 


PF. 


Shells of Thibet, par M. Woopwanrp. 


Les derniers numéros des Proceedings de Londres, 
p. 185, renferment quelques lignes relatives à la géogra - 
phie malacologique du Thibet et de Cachemyr, sous le 
ütre de: Land and freshiwvater shells of Kashmir, and 
Thibet, collected by Thomson. La détermination des es- 

èces a été faite par M. Woodward. 


— 392 — 


Ces contrées sont, par leur faune, intermédiaires entre 
la population conchyliologique du versant de la mer des 
Indes, et celle qui caractérise presque toute l’Europe, en 
s’étendantdans la Sibérie et le centre du continent asiatique. 


Nous trouvons parmi les espèces européennes : 


Helix pulchella. 
Fe costalta, 
Helicella nitida. 
Zua lubrica. 
Succinea Pfeifferi. 
Limnea stagnalis. 
— peregra. 
— auricularia. 
— truncatula. 
Valvata piscinalis. 


Pisidium ? 


Les espèces asiatiques sont représentées par les formes 


suivantes. 
Bulimus candelaris. 
_ segregatus. 
Pupa Huittoniana. 
Limnea luteola. 
de acuminala. 
Planorbis coromandelicus. 
— nanus. 
Paludina bengalensis. 
Cyrena fluminalis. 


Cette liste est plus instructive que toute espèce de 
commentaire, et nous laissons nos lecteurs tirer les con- 
clusions qui leur paraîtront justes, sur la présence de ces 
espèces dans des contrées aussi peu explorées.  P.F. 


— 393 — 


Coquilles fossiles nouvelles des terrains d’eau douce 
du sud-ouest de la France, par J.-B. NouLer. 
Paris, 1857, 24 pages. 


Nous avons déjà rendu compte du savant Mémoire de 
notre honorable collaborateur, M. Noulet, sur les fossiles 
des terrains d’eau douce du sud-ouest de la France. Les 
nouvelles et fructueuses recherches de l’auteur, lui ont 
permis d’ajouter un supplément à son ouvrage, et la no- 
tice dont nous rendons compte, ne renferme pas moins 
de douze espèces décrites pour la première fois. 

Suivant le plan qu’il a déjà adopté, l’auteur les classe 
dans deux grandes divisions, 1° espèces propres au ter- 
rain éocène supérieur; 2° espèces propres au terrain 
miocène. Dans la première catégorie, nous trouvons : 


Helix Personnati  Noulet. 
Limnea  Boreliana — 
Bythinia Brugueriensis — 
Valvata  egregia — 
Nerita Lautricencis — 
Unio Rouxi — 
Sphærium Castrense — 
Dans la seconde : 
Helix Frontonensis Noulet, 
— Moyssiacensis  — 
— œstluariorum — 


Limnea  Armaniacensis — 
Planorbis conterraneus — 
Nous ne saurions trop féliciter M. Noulet de ces re- 


cherches, qui font connaître un bassin dont les richesses 
semblent inépuisables, et nous attendons avec impatience 


— 394 — 


le grand ouvrage qui nous permettra de voir figurées des 
coquilles malheureusement trop peu répandues dans les 
collections. L. Laron. 


Aménités malacologiques, par M. BourGUIGNAT, 
t. 11, 1857. 


L'ouvrage de M. Bourguignat, dont nous avons déjà 
parlé dans le deuxième numéro du Journal de Conchylio- 
logie, se continue rapidement, et la plus grande partie du 
deuxième volume est déjà composée. Les trois premiers 
numéros, accompagnés de onze planches, contiennent : 


1° Description du genre Zospeum, nouvelle coupe créée 
pour ces espèces si curieuses qui vivent dans les cavernes 
de la Carniole, privées de la lumière, probablement aveu- 
gles, et classées dans les Pupa et les Carychium par 
ceux qui les ont signalées : Rossmassler, Frauenfeld, 
Freyer, etc. M. Bourguignat donne les diagnoses des treize 
espèces qui composent son nouveau genre Zospeum. 

20 Monographie du genre Carychium, où le nombre 
des espèces connues est porté à dix-huit. Le genre ne se 
compose plus que de petites coquilles dont le Car. mini- 
mum serait le type. Nous y trouvons quatre espèces vi- 
vantes en France, dont trois nouvelles. 

Carychium ftridentatum Bourg. 
— striolatum — 
— Rayianum — 


3 Études sur le groupe de l’Helix Codringtoni. Gette 


— 395 — 


magnifique espèce, qui se trouve assez communément en 
Grèce, présente plusieurs formes voisines qui ont été con- 
fondues avec elle, et qui doivent constituer des espèces, 
M. Bourguignat, après en avoir étudié la série, décrit les 
Helix parnassia, eucineta, eupæcilia, euchromia. 


h° Descriptions de plusieurs espèces de l'Orient dans les 
genres Helix, Zonites, Bulimus, — d’une espèce vivante 
française Pomatias Rayianum, trouvée dans le départe- 
ment de l’Aube,—d’une Cæcilianelle française C. aglena ; 
— d’un Ancyle du Mexique — et de plusieurs Acéphalés:. 
de l’Orient, parmi lesquels nous citerons comme remar- 
quables : Anodonta Vescoïana trouvée en Auatolie, et 
Unio Churchillianus, du groupe des Alasmodontes et pro- 
venant de la même localité. 

Nous reparlerons de louvrage de M. Bourguignat 
quand il sera entièrement terminé, en jetant un coup 
d'œil d'ensemble sur les travaux de ce conchyliologiste. 

Les planches qui accompagnent ce Mémoire, sont par- 
faitement lithographiées. 

À. DE LIESVILLE. 


Mémoire sur les Mollusques perforants, 
par M. F. Carrrrauo. 


Ouvrage couronné par la Société hollandaise des sciences à 
Harlem, in-4°, trois planches. 1856. 


M. Cailliaud nous a adressé ce Mémoire, qui a obtenu le 
prix au concours ouvert par la Société de Harlem, sur la 
question si vivement controversée des Mollusques perfo- 


— 396 — 

rants. Après les expériences faites par l’auteur, et dont 
nous avons rendu compte page 195 de ce recueil, les dif- 
ficultés semblaient résolues, au moins pour les Pholades ; 
M. Cailliaud à poussé plus loin ses investigations, qui s’é- 
tendent sur les doctrines professées jusqu’à ce jour au 
sujet des Mollusques perforants, sur la critique des diver- 
ses hypothèses émises, enfin sur les expériences propres 
à jeter de la lumière dans ce chaos. C’est dire que le Mé- 
moire renferme une partie historique et une partie expé- 
rimentale, 


$ 1. 


En parcourant la première partie, on voit combien sont 
anciennes les doctrines qui ont pu être présentées de nos 
jours comme nouvelles; en effet, dès 1681, Buonanni 
décrivait la perforation mécanique des roches et com- 
battait l'opinion d’Aldrovande qui, en 1570, admettait la 
génération spontanée des Mollusques au sein des pierres, 
qui se durcissaient ensuite. 

Buonanni avait vu sans doute des Pholades à l’œuvre, 
car il représente la Pholade adhérant au rocher comme 
une sangsue, se tournant avec force dans son trou et rà- 
clant la pierre par les côtés rugueux et hérissés de la co- 
quille. Le Hollandais Leendert Bomme, en 1773, arriva 
aux mêmes résultats par l’observation directe; et ces ré- 
sultats sont ceux mêmes que M. Cailliaud, établit ici après 
les avoir réunis pour en constituer un corps de doctrine. 

Nous ne reviendrons pas sur les preuves que lau- 
teur donne de la perforation mécanique par les Pholades; 
nos lecteurs les connaissent déjà. La question de la perfo- 
ration par les Tarets est beaucoup moins élucidée, et 
ici bien des opinions ont été avancées. 


— 397 — 


Nous avons, nous-même, étudié les Tarets dans un en- 
droit où ils abondent et nous regardons la question à peu 
près comme insoluble. Les trous formés par les Tarets 
atteignent, en peu de temps, un développement si consi- 
dérable, qu’il faut admettre, dans l’acte de la perforation, 
une énergie autrement grande que celle des Pholades. De 
plus, aucun bois n’est à l'abri des attaques de ces Mollus- 
ques redoutables, pas même l’acajou massif, pas même 
l’ébène et le bois de teck ou de fer. Enfin, les Tarets peu- 
vent entamer ou dissoudre les substances calcaires, 
puisqu'ils. détruisent les cloisons temporaires qui clôturent 
leur tube à son extrémité antérieure. 

Adanson avait admis une action mécanique. En exami- 
nant la coquille d’un Taret, il trouvait à l'oreillette et à la 
zone antérieure des stries très-fines et des pointes dispo- 
sées comme les dents d’une lime; de plus, la coquille du 
Taret est siliceuse ; il n’en fallait pas davantage pour 
adopter une perforation mécanique; mais Adanson ne 
connaissait pas toutes les espèces de Tarets, car une es- 
pèce qui perfore des corps très-durs (noix de cocos), le 
Teredo nucivora, a une coquille tout à fait étroite, à 
stries à peine marquées et ne peut, par conséquent, con- 
courir à une action énergique. De plus, les Tarets sont 
privés de pied qui puisse leur servir de point d'appui 
pour effectuer la rotation de leur partie antérieure ; leur 
corps, très-mou, très-allongé, n’est pourvu de muscles 
assez puissants que vers les siphons ; il faut donc admet- 
tre la perforation au moyen de mouvements continuels 
d’adduction et d'abduction des valves. 

La plupart des naturalistes ont compris combien l’hy- 
pothèse d’une perforation mécanique des Tarets devenait 
difficile à soutenir. Adanson, lui-même, y renonce en 


— 398 — 

partie, et rapporte les travaux des Tarets à un mouvement 
naturel occasionné par l’entrée et la sortie de Peau. 
Thomson ajouta une opinion assez conciliante, si, dans 
une science d'observation comme la zoologie, on pouvait 
admettre des mezzo Lermine ; selon cet auteur, la trompe 
des Tarets dissout en partie le bois ; les valves se char- 
gent du reste. Malheureusement les Acéphalés sont privés 
de trompe ; ils n’ont pas même de salive qu’ils puissent 
étendre au dehors, et leur bouche est disposée plutôt 
pour recevoir les liquides que pour rendre des secré- 
tions. 

Garner reproduisit les idées d’Adanson, mais sous une 
autre forme. Adanson pensait aux courants établis dans 
le siphon branchial. Garner mit en avant les courants 
produits par les cils vibratiles. Ces courants existent, en 
effet, et sont même nécessaires à la vie des Mollusques 
perforants, car ils amènent les aliments à la bouche, re- 
nouvellent l’eau des branchies et peuvent conduire les 
œufs dans certains endroits à leur sortie des orifices gé- 
nitaux; mais que peuvent-ils faire, dirigés contre du 
bois plus ou moins dur? 

D’après M. Hancock, le manteau des Tarets renferme- 
rait, à sa partie antérieure, des parties siliceuses qui lui 
donneraient l’usage de papier verré. Gette théorie nous pa- 
raît insoutenable, car le manteau de tous les Mollusques 
renferme des particules siliceuses ou calcaires. Leur 
nombre est considérable chez les Tuniciers ; dans diverses 
parties des Felix, Limax, Paludina, des Nudibranches, 
ces corps ne sont pas moins évidents. Si, dans les Tarets, 
ils existent près des bords de la coquille, ils ont été for- 
més par les follicules secréteurs de celle-ci. 

M. Deshayes avance que les Tarets possèdent, à l’extré- 


— 399 — 
mité antérieure du corps, une glande cachée entre les 
valves et qui communiquerait avec la bouche de l’animal. 
Son produit servirait à dissoudre le bois. 

M. Cailliaud résout la question en creusant dans un 
morceau d’acajou, avec les valves de Taret et après cinq 
heures et demie, un trou de onze millimètres de profon- 
deur, sur dix-huit de circonférence. Ge résultat ne rous 
paraîtra concluant que lorsque des observations suivies 
feront voir le Taret à l’œuvre. 


S 2. 


Nous abordons maintenant la question de la perfora- 
tion chimique, et ici les objections ne manquent pas 
contre l’acide des Mollusques perforants. Aussi répéterons- 
nous encore ce que nous disions, en 4855, à propos des 
perforations faites par le Pholas candida. « Get acide de- 
vrait être insoluble dans l’eau, sans action sur l’animal et 
sa coquille calcaire, mais efficace sur la roche calcaire ; 
propre à dissoudre bois, sable, gneiss, calcaire, argile, etc. 
A-t-on recueilli cet acide? Non; il n'existe donc pas 
scientifiquement, (1) » 

M. Cailliaud a pris des Mollusques perforants, lesa pla- 
cés, bien essuvés, sur du papier de tournesol bleu et a 
obtenu une coloration rouge. Il les a ensuite exposés sur 
des plaques de marbre; elles ont été légèrement corre- 
dées. « L’acide du gastrochêne prend à la gorge avec un 
« goût âcre de concombre insupportable. » La présence 
de l'acide, une fois établie chez certains perforants, M. Gail- 
liaud le retrouve chez les Pholades, les Tarets, puis chez 


(4) Fischer, Mélanges conchyliologiques, p: 23. 


— 100 — 

tous les Acéphalés, enfin chez les Gastéropodes. C’est au 
moyen de cet acide qu’il explique les érosions des co- 
quilles fluviatiles, la résorption des anciens tours de spire, 
celle d’une partie de la coquilie chez les Cypræa, etc. ; 
mais cet acide est-il localisé? M. Cailliaud le voit partout, 
suintant du manteau, du pied, des viscères ; nous avouons 
que la présence d’un acide commun à tous les Mollusques 
est un fait plutôt contraire que favorable à la perforation 
chimique des Lithodomes, Saxicaves, etc. Un savant, 
dont nous déplorons la perte récente, a expliqué ainsi 
la formation des trous par les Hélices, et son opi- 
nion aura peut-être plus de succès: les Hélices n’ont- 
ils pas de l’acide urique dans le liquide de la glande præ- 
cordiale ? 

M. Cailliaud nous fait espérer de connaître la compo- 
sition intime de l'acide : un chimiste distingué, M. Mo- 
ride, est parvenu à l’isoler et en fait un acide organique 
particulier. 

Le Mémoire deM. Cailliaud se termine par les applica- 
tions de ses théories aux perforations des divers genres 
de Mollusques perforants. Il met en doute l’action perfo- 
rante du T'apes pullastra, et croit que cette espèce s’in- 
troduit dans les trous d’autres Moliusques. Nous ne 
sommes pas, sur ce point, du même avis que l'honorable 
auteur ; car, depuis plus deux ans, nous avons signalé la 
propriété singulière dont jouit ce Mollusque d’habiter à 
l'état libre et à l’état perforant. Dans ce dernier cas, sa 
coquille est plus irrégulière et porte les lamelles très-pro- 
noncées. C’est après en avoir vu des centaines que nous 
avons porté cette conclusion. Mais nous partageons lopi- 
nion de M. Cailliaud au sujet du genre Fragilia (Petri- 
cola ochloreuca, etc.) que nous n'avons jamais vu perforer. 


— 01 — 

Le Mémoire est terminé par le récit des expériences 
faites par M. Cailliaud sur les Pholades. 

Dans sa conclusion, l’auteur annonce que la présence 
des crochets internes de la coquille (Pholas, Teredo, etc. ,) 
est le caractère des Mollusques qui perforent mécanique- 
ment; ces crochets sont les moteurs de l’opération, en 
servant de point d'appui à animal. 

Depuis, M. Gailliaud a étudié la perforation mécanique 
chez les oursins ; mais cela ne rentre pas dans notre cadre, 
etnous ne pouvons en parler. 

Espérons que l’auteur, infatigable, ajoutera encore de 
nouveaux matériaux à une œuvre qu’ila entreprise depuis 
si longtemps et à laquelle il travaille sans relâche. 


P. FiIscHERr. 


Monographie du genre T'estacelle, 
-par MM. Gassies et FiscHERr. 


Extrait des actes de la Société linnéenne de Bordeaux, 


Grand in-8 avec 2 planches. Paris, J.-B. Baillière. 


Cet ouvrage sera prochainement analysé. 


27 


— 02 — 


LISTE 


des personnes qui ont coopéré à la rédaction du Journal. 


Baudon. Liesville (de). 
Bayle. Mayer. 
Deshayes. Morelet. 
Drouët. Moricand. 
Dunker. Noulet. 
Gassies. Petit de la Saussaye. 
Grasset. Récluz. 
Hupé. Shuttleworth, 
Lafon. 

LISTE 


des Abonnés au JOURNAL DE CONCHYLIOLOGIE. 


S. M. Don Pépro V, roi de Portugal. 


Aiguillon (Comte). . . . . Toulon. 


Autanasio,(Dr.).. 44 Naples. 
Hallor.. (Dr) 2%, à Montargis. 
Barbet {E,). iii » Bordeaux. 


Barthélémy-Lapommeray.. Marseille. 
Baudon (D:.). . . .... . . Moury. 
DAV Eau tete > ét el à Paris. 
Beau (Commandant). . . . Martinique. 


Bechezrre.. . :. … :41:6#0r 
Benoît. (Luigi.) bg 
Benson... . . : dt 
Da. 05). … à 

Béverlé. .. …, 
Boivin: … tue 


Bouchard -Chantereaux. . 
Bourguignat (R.) . . . .. 
Bôutifloms,  . 3 2410 
Bôntigny. «51401 Mnobio: 
Boyer:(Dr.). . … 4161449 
BGheins (4.3... AR 
CHAQUE LE hsneiss ETUDE 
Gillaud (F.) -... 0408 
Caillets.... . ... 10h06 
Gazalis... . 1305-10 
Cazenavette (B.) . . 713% 
Cessac (de). . . . 

Chaudordy.. . she 
Chenu (D:.). .! oise 
Chesneau (A: 
Coudert (B:y : railloqginot 
Coulon (L.}, : 10413408 
Crossen(fl.). . . .: ché 
Crouzet. ; : : + 419885 
Cuming (po -anperel, 
Debeaux (0.). +: «aise 
Délessert. . :, . .:20lix0R 
Déshayes 4.190,24 + ersef 
Deslonchamps (E.) . . .. 
Des Moulins (Ch.) . . .. 


eo! e'ier rer” r 


Nantes. 
Messine. 
Londres. 
Angers. 
Paris. 
Paris. 
Marseille, 
Boulogne. 
Paris. 
Marseille. 
Lourdes. 
Marseille. 
Genève. 
Bordeaux. 
Nantes, 
Guadeloupe. 
Montpellier. 
Bordeaux. 
Mouchetard, 
Agen, 
Paris. 
Angers. 
Bordeaux. 
Pontarlier. 
Paris. 
Toulon, 
Londres, 
Alger, 
Paris. 
Paris. 
Caen, 
Bordeaux. 


Doumet (E.). , . «tr@nk 
Drouët (H.). . 
Dumalait 2410704 srbare. 
Dunker (D°.) 
Dutemple.  . .. . "ant 
Dual)... 
Elizalde (J. de). . . . 

Faïsse. . . . , . (4n%0/40! 
Foget (DL): 5000 Ca 
Gallet (M°) . . . .abfisesoh 
Gassies (J.-B.) 
Goulard, . . lisent 
Grasset (A.) 
Gratiolet ([.). . ..»#nahuot 


Grellois (D'.). . . .sstant 
Gaieou, :/.:. 4 sé TE 
Haines. | 

Haraiile. 4 ‘02. sbrotroi 
Hennoque. … . atotimcé 
Heukelom (Van). .... 
Koch, (G: de).'.". 45m 
Kosmann. . . . . .M%24. 
Kunholtz (A) . 28n2b40. 
Lacaze (père). . :9ae ‘ 
Lafresnaye (de) . . . 4. 
Latidäuer.! |... … . .nof#o: 
Lecoq{E.) ):. . -mheu, 
Le: Mesle. :,; ut} 
Liénard:u.,4".). . + an 
Liesville (de). . . + ,piané 
Lischke, (E.}:12 00100 


Loriol (de)... 


Marbourg. 
Pierry. 
Rennes. 
Cadix. 
Arles. 
Martigues. 
Paris. 
Bordeaux. 
Rochefort. 
Dijon. 
Paris. 

Metz. 
Toulon. 
New-York. 
Paris. 

Metz. 
Amsterdam. 
Brunswick. 
Paris. 
Montpellier. 
Monferran. 
Falaise. 
Cassel. 


Clermont-Ferrand. 


Nantes. 
Maurice. 
Paris. 
Elferfeld. 
Paris. 


Lorois, . . . . . Morel Nantes. 
Luback (Mar*!. baron de). Brunswick. 
Mage 1500 TIR Cannes. 
Martin (A)... . . ausabtof Marseille, 
Martin (H).. . . . . 50m) Martigues. 
Mathéron (de), . seau! Toulon. 
Blayer (Gh.}, : . ; . 108 Zurich. 
Michelet (L.).. ...... Marseille. 
Minnigerode (de).. . . .. Brunswick, 
Moitessier. . . . 21090194 Montpellier. 
Moquin-Tandon (D:.). . . Paris. 
Morch. . 2 00 Copenhague, 
Morelet (A.). : . . . . m0 Dijon. 
Moricand (J.)... . . ..107%% Genève. 
Morisse. “. : « Mme Havre. 
Mousson. : . .. .°. mio Zurich. 
Newcomb. .. ... . . . New-York. 
Noulet (JB icgipts Toulouse. 
Orbigny (A. d'), JUISR08eR Paris. 
Paz. un ol 0e Madrid. 
Penthinat (D)... . ma Port-Vendres. 
Petit de la Saussaye (S.). . Paris. 
Perez-Arcas (L.). #24, Madrid, 
Pfeiffer (D° E.)4440)07x Cassel. 
Pau 6 RASE Céfalu. 
RRTON PE es ae cles Marseille. 
Prune (Pemple)./. 4. . La Haye. 
DOTE TT dater Tours. 
Raymond (De 82% 7 0710 Paris. 
Réclur (Ain). 5 40" Paris. 
RECU (JEURE AR. à 5 Paris. 


Réthan-Macaré (Baronne.). Utrecht. 


— 106 — 


Rey. 0,44. « : « alé Marseille, 
Rolland du Roquan (0.) . Garcassonne. 
Robillard (de). . . , . . . Maurice. 


Rousse (J.). . . .slliaouwt Bordeaux. 
Ryckholt (de). . souoiigh Gand. 
Saint-Simon (de)... . .. Toulouse, 
Sauley (E de)... … daient Metz. 
Sclratin.. . . . sliseuelé Guadeloupe, 
Shuttleworth (R.). . . . . Berne. 
Souverbie (D'). ss4laus1eb Bordeaux. 
DE CR.) à 2 : . aie Saint-Thomas. 
Taslé.. « . . ougudtiaud} Vannes. 
Terver . . . . . . . ouC Lyon. 
Thiollière (V:) +. . sui Lyon. 
Thorrent.. . . . : «ste Perpignan, 
Tiberi (Dr). . - . domnn Messine. 
Tissot. . + :. oo Nantes. 
Trenquelléon (de). . . . . Port-Sainte-Marie. 
Van den Heuvel. . .... Isselstijn. 
Vanvinceq (M)... bixbel Rouen. 
Vautier, . . 2915m9V-310% Paris. 
Verreaux (E.). : : . 4ind: Pas 

Vignou.. . 0 . 5 BBA Toulon, 


Voorhoëves . 4 : : Jdboc'h Rotterdam. 


— à07 — 


TABLE DES MATIÈRES. 


TOME V. 


Introduction, par M. P, Fischer. . . . . . IV 
Monographie des Daudebardia, par M. P. Fiscuer. 13 
Observations sur quelques-unes des coquilles dé- 

crites dans les quatre premiers volumes du Jour- 

nal de Conchyliologie, par M. PEriT DE LA 

SAUSSAN ses Po end ue CONNETOLAI LAS ETMÉAD 
Histoire du genre Watice, par M. Récruz. . . . A3 
Du genre Xrynickia, par M. P. FiscHer. . . +. 65 
Note sur l'ÉMIGRATION DES MocLusques, par M. PE- 

TT DEL MAUSSAYBE UMR MIUAUT AUSTIN 8 HENAG 
De l'influence des îles sur les espèces, par M. P. 

Fiscolson nb einen eaunion due ARTS, HA 
Description d'espèces nouv., par M. DEsnayes. 78-184 

— de coquilles nouvelles par M. BerNarpi. . 82-291 

— de coq. nouv., par M. Fiscuer. 84-167-273-355 

— de coq. nouv., par M. PETIT DE LA Saus- 

SAYEsuuran AA 6e AE eU IE D ONE 7SEE 
Sur le-Spermatophore du Fat acutus, par 

M. PadiscHenauuaslt. “sonutol. acenat 400 
Observations sur deux AA par M. Drourr. 123 
Liste monographique des espèces du genre Tarct, 

par MLD ISCHER 4 sm no s'rusg 1h 489 APOS 0 
Rectilication de quelques synonymes dans le genre 

Pisidium, par M. Gassis, . ,. . . . . 440 


— 108 — 
Pages. 
Note sur le Vétrina maravignæ, par M. P. Fiscner, 448 
Deuxième supplément au Catalogue des coquilles 
trouvées à la Fi IE par M. PETIT DE LA 
SAUSSAYE, 1 OL FN 
Mollusques ierrestres et re à ajouter aux 
Catalogues français, par M. P. Fischer. . . . 4158 
Description d’un Pleurotomaire vivant, par MM. Fi1s- 
CHER.@t BERNARDI. . . . LE 304, 11gilaphosen 
Desc. de nouvelles espèces, par M. SHUTILEWORTH. 168 
— de nouvelles espèces, par M. Moricann. . , 175 
— d’une nouvelle espèce, par M. Gassies. . ,. 181 
De l’espèce, par M. DeEsnayes. . . Ds), OR 7 
Observations anatomiques sur. des Mollat peu 
connus, par M. P. FiscHer, . +. 226-321 
Notice sur le genre X ie: par M. PETIT DE LA 


SAUSSAGE, LM 50 ,2 s JU Le 286 
Extrait, de. l'ouvrage intitulé : Musa D'emidoff, 
par M. Fischer DE WALDHEIM . . . . . 254 


Essai critique sur quelques espèces du genre Cy- 

clostoma, par M. SHUTILEWORTH. . . . . 261 
Note sur l’animal des Cumingia, par M. Desnayes. 278 
Addition à la Note sur le genre Viquesnela, par 

M. PeuFisomeno fire 164 . 25, ),.7800 
Description d'espèces nouvelles, par MAL. Sen 

et BERNARDL .. à MIOIMOHI04208-388 
Des genres Tornatellina et ÆElasmatina, par 

M. PETIT DE LA SAUSSAYE. . 5710889 
Description d’une espèce nouvelle, par M. Dunxker. 358 
Liste des esp. du genre Galatea, par M. P. Fiscuer. 339 
Description de coquilles nouvelles, par M. GRasser. 345 
Appendice à la. Conchyliologie de l'Algérie, par 


NO 
Pages. 
M. MôRELPr;" 7.597 . 949 
Description d’espèces igaibiees par MN. r. Fis- 
ViQuER €b HUPREORN CR ET ae UD 


Paléontologie. 


Description de coquilles fossiles nouvelles, par 

M BADDON 7. CORRE | PSN Er SAT 0 
Descr. de coquilles fossiles des terrains tertiaires 

du midi de la Russie, par M. Mayer. . 96-301-359 
Note sur les ÆHelixz Cocquii et Tournalü, par 


M. NOUS 9 MS NRC EU er, À HAS 
Note sur un nouveau genre de UE rt 

par M. DESHAYES. . . ur” 209 
Note sur une nouvelle se du genre D 

Dar "M DAYLE. 7.7 Ua Me) 7 PRO 


Note sur le Aadiolites ul par M. BayLe. . 370 
Bibliographie. 


Observations sur les animaux de quelques genres de 
Mollusques acéphalés, par M. Desnayes. . . 414 
Quelques observations sur la famille des Rudistes, 
par M. DESsHAYES. | 4 5 en TDR 
Mémoire sur les coquilles fossiles de terrains d’eau 
douce du sud-ouest de la France, par M. Nourer. 1415 
Notizie intorno al genere Melania, par M. Vicra. . 116 
Remarques critiques sur le genre Bulimus, par 


M. Moquix-TANDON. . . . ma ets AO 
Histoire des Mollusques terrestres et ‘fluviatiles de 
France, par M. Moquin-TanDon. . . . . . 117 


Catalogue des Moilusques vivant aux environs d’A- 
lençcon, Par MUDE LIESVILEES SOUN 0. 1 @NETS 


— 410 — 


Description des coquilles univalves terrestres et 
d’eau douce envoyées d'Algérie à la Société 
linnéenne de Bordeaux, par M. Gassies, , 

Description d’Ancyles nouveaux de la collection de 
M. Cuming, par M. BOURGUIGNAT. . . . . 

Catalogue des coquilles terrestres de us par 
UMOMSON: M PAU res Ut ue : 

The shells of Linnœus deter a from his manus- 
cripts and collection, by S. HANLEY. . . . . 

Procédé employé par les Pholades dans leur perfo- 
ATOS pATURL OBILHAUS NN. Lire 


Pages. 


119 
120 
189 
190 


193 


Aménités malacologiques, par M. BourGuIGnaT, 195-394 


Monographia Auriculaceorum viventium, auctore, 


He PravrER, A A EE 
Miscellanées 02 par M. DE Salntr- 
ST 0L POSTER L PR TN ME An 


The Conchological AR by HANLEY. . 
On the absorption of parts of the internal structure 
of their shells, by the animal of Stoastoma, Luci- 
della, Trochatella, etc., by BLAND. . . . 
Indicis generum Malacozoorum primordia, auctore 
DRÉMANNSEN. 1/1 OR M RUE : 1 
Notitiæ malacologicæ, par M. Snvrrcewonta, 7 
Beitrage zur Malakologie, par M. Scamir. 
Shells of Tibet, par M. Woopwarp. . . . . 
Coquilles fossilesnouvelles des terrains d’eau douce 
du sud-ouest de la France, par M. NouULET. . . 
Méin, sur les Mollusques perf., par M. CaïLLauD. 


203 


309 
312 


915 


317 
919 
389 
291 


393 
399 


— 11 — 


TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE, 


ACHATINA octona, Chemn. 


ÂCMÆA 


ANATOMUS (G). 
AnostTomA Deshayesianum, lischer. . 


lamellata, Potiez. . . 
Hamillei, Fischer. . . 


. 


Verreauxianum, Hupé. 


BLAUXNERIA (G). 
Bucanun floridanum, Petit. . 


Buzimus Fairmaireanus, Petit, 


> 


similaris, Moricand, . 
Magenii, Gasstes. . . 
gruereanus, Grasset, . 
anaga = Ve 
Tarnieranus , —;i\\s 
Cirtanus, Morelet. 
Lherminieri, Jischer. 


CARDITA gracilis, Shutileworth. . 


Conradi cat 


GarDIUM Egmontianum. — 


CHITON 


candisatus _— , 
asper ER EN A 
Blauneri — 
Schrammii — 


CHORISTODON (G). TIR 
CoLumeezLaA Haneti, Petit. isumiaatt aubi 


Lafresnayi, l'ischer et Bernard. . 


— M2 — 
Pages. 
Conus Villepinii, Fischer et Bernardi. . . . . 292 
CUMINGIA Ge 4e Lure vi NO MAG MAITAT. 278 
—  BTANUISs + DESMATESe à 4 à 400 0 Ce 


Cycrostroma Apiæ, Récluz. . . . AA us de: 
— granadense, Séléwoeh RL 
— martinicense, ), OU ARS ERIGET 
—— distinctum, Sowerby. . . . . . 267 
== floccosum, Shuttleworth. . . . . 268 
— Schrammii 2. : 400) EPS 


-—— Beaujanum; Petits tr 000 ANQNEAS 
— solutum, Rem teiuneuie  RED 
— orbella, Lamarck. .. .. 40) 00e 
— Coudertii, Fischer et Bernardi, . . 299 
— ferrugineum, Lamarck. ,. . . . 3h9 
CYLINDROBULLA Beauii, Fischer. . . . . . . 275 


Daupepanota (G). ..... ., . 4934002 ANGES MAS 
— rufa, Draparnaud.: 1059100018 ee 23 
— brevipes, ‘— “+. . . SE 28 


— Langii, Pfeifter: . CUOSISUMEE on 25 
— elata, Mahlfeldti "io Ep 26 
— longipes, — . LP Cm 26 
_ Saulcyi, Bourguigniti FAQETS LENS 
L= SICULA, Fischer: : 2 IRON O7 
-— Gaillardotit, Bourguignat. . . . 27 
— maravignæ, Pirajno. . . . . . 148 
ELASMATINA (G). . . - s FT 20 
EMarGinuLA Rollandii, Fischer. . . . . . 356 
ErnEertA Stefanensis, Moricand.. . . . . . 178 
FascioLariA Fischeriana, Petit, . . , , . + 88 
Ficus pellucidus, Deshayes.  . . . . . . + 484 
FibsuRELLA {Gt 29 ASS CENEMRE, 7 239 


— 13 — 


F USUS Hartvigii, Shuttleworth. 
Goma tG)) SORTE 


Bernardii, Dunker. 
tenuicula, Philippi. 
rubicunda, — 

lœta, — : 
Ægyptiaca, Chégiés 
concamerata, Duval. 
Bengoensis, Dunker. 
radiata, Lamarck. . 
versicolor, Morelet. 


Baudonii, Petit. . 
micropleuros, Pagel. . 
Boyerii, Fischer et Bernardi. 
Hierroensis, Grasset. . 
Perraudierei, — . 
guamartemes., — . 


IPHIGENIA media, PAR 
KRYNICKIA (G). . 


melanocephala, Kaleniczenko. . . 


minulta, — , 
maculata, — . 
Eichwaldii, _—.. 
Dymezeviczii, — , 


megaspida, Blainville. 


LaTIA Petitiana, Fischer. 
— Gassiesiana, — 
LoiGer Souverbii,  — 

— pellucidus, Adams. 


Cumingi, _ 
Philippii, Krohn. 


. 998-312 


Pages. 
171 
3939 


341 
3/1 
3/2 
312 
313 
343 
345 
544 
42 
159 
297 
9/5 
345 
346 
174 
65 
68 
69 
69 
69 
69 
63 
SA 
167 
273 
274 
274 
274 


— ik — 


MARGINELLA Vauticri, Bernardi. … , 
_ Loroisii. — Ne 
MELANIA verruculum, Alorelet. 
—  Theminckiana, Petit. , . 
— glans, V. D. Busch. . 
—  Kochii, Bernardi. 
—  Ventricosa, Moricand. . 
— Macapa, — 
MELONGENA Belknapi, Petit. 
—  Dispinosa, Philippi. . 


MurinEA Portoricensis, Skuttleworth. 


Murex Tectum-sinense, Deshayes. 

— laceratus, — 

— Cailleti, Petit. . 

M... «“Hanell, = 1% 00m, 

— Beaui, Fischer et Bernard. 
NATICA (G). 

— Haneti, Reécluz. 

—  Caillaudii, — 

—  Cuzona, — . 

— elegans, : en da Loue nié 

—  Senegalensis, — 

—  Candidissima, — 

—  pallium, — 

— Taslei, — 
PaLuDiINA raufescens, Kuster. 
ParTurA Recluziana, Petit. 
Percicuca depressa, Fischer. . 
PATRICOLE PO 7 7 0e Vo 
Puos Beauii, Fischer et Bernardi. . 
PisibiuM amnicum, J'enyns. 


Pages: 
h0 
291 
36 
LL 
L2 
83 
175 
176 
38 
39 
174 
78 
79 
87 
90 
295 
L3 
32 
39 
33 
33 
B7/ 
36 

= F4 
h1 
158 
32 
154 
321 
358 
143 


— A5 — 

Pages. 

—  casertanum., Bof. EYE) BIG TONNES 

—  Gassiesianum Dupuy, . . . . + . ‘146 

—  Bonafouxianum, Cessac. . . RE. NF 
PLEUROTOMARIA Quoyana, Fischer et Bornardi 7 466 
Pupa Moreletiana, Grasset. ja, 088 
Pupina Moulinsiana, Fischer et Bernar di | ALAN DD 
ScaLARIA pernobilis, Fischer et Bernardi. . . . 293 
SUISSUREMLA, «(Gares + OMAN A CORONSABNS 2GRRN7 
STENOGYRA (G).. . . JE) AT 
SUBEMARGINOLA + (GYAMNONL 49 MONDE HUPOU se 225 
TApes .caledonica, Bernard. AUBIN LIEU L'HATITO ME 
TÉLuINA speciosa,. Deshayes.. . : . : .: 4(1)) FAUNAOMEST 


éhEpo gigantea, Home 1094 ,6e0uER + + 4932 
—  truncata, Quatre messe :0iPTASA + me 483 
—  elongata, CSA EE 2 5 


Se HONG RUN CR CAMES 4/2 ft) CARS 
— Senegalensis, Blainville. à 4 . . 48h 
— denticulata «Greg, umeohmnggpe + 250 
—. nana, Turion. «10h Jan +256 
=, malleolus 14 aol chalueshs 2487 
=  divaricata, l'ischer. ook mobuvs . << 137 
— norvagica,, Soemglérmuloumnenluaiun!t 198 
— cavanGmelin. MS .ciacoimige 4189 
— pedicellata, Quatrefages. . . + « . 139 
—,,, palmulata,.Lamarck, sat censihss 254 
— Stutchburyi, Blainville. . + . . . . 255 
—  carinata. mama ,cralofes.2 12896 
— minima, HQE sisi. 2256 
—.Philippli,. Gray: 0e à  ,piooke 88287 
— bipennata,. Turion. . — ..caiodurm . 2297 
ToRNATELLINA (G). .. .. .. ul «obiolysu241-829 


— MG — 


Tricorropis Orbignyanum, Petit. . 
TrirTon Loroisii, . 

—  Cantrainei, — 
TRUNCATELLA dubiosa, Adams. 
Turso Cailleti, Fischer et Bernardi. 
VIQUESNELIA (G).. À 

— Dussumieri, Fischer. 

ViTRINA maravignæ, Pirajno. 
VozuTa Cleryana, Petit. 


—  Beauii, Fischer et FA 
Vorutaarpa Deshayesiana, Fischer. . 


XENoOPHORA (G). . 
Un — caribæa, Petit. 
— caperata, Phihippi. 


Paléontologie. 


CarpivM multistriatum, Rousseau. 
— squamulosum, Deshayes. 
— Duboisi, Mayer. . 

—  edentulum, Deshayes. 
—  cordatum Mayer. . 

— Jlatisulcatum, Munster. . 
— spinicosta, Mayer. 

— subcylindricum, Mayer. 
— radians, Mayer. 

— carditoïdes, Mayer. 

CHaMa trilobata, D'Orbigny. . 

—  imbricata, Mathéron. . 
—  sulcata, —— 

—  gryphoïdes, — 

—  spondyloïdes, Bayle. 


. 283-290 


L2 
232 
294 


21129 
. 148 
182 
296 

85 

213 
248 
219 


. 105 
106 
301 
302 
399 
360 
361 
362 

. 363 

. 364 

. 368 

.— 309 
369 
369 
365 


— AT — 


DREISSENA decipiens, Mayer. uen . . . . . 4108 
HErIx Jasonis, Dubois. 62, US el UF 
—  ToutMINMONTErS M) Vel UE VEN, 4, 887 
PPOUCUIL, DTOTL MEN 0, ER UN re Te PRO 
MAGTRA Podolica, PACA RL er 42 ST 208 


— _ ponderosa, — AE eo Mar AU CIS 
Paltpina Dubois sdfauyer. TUTO 96 
—sumiMernenili, Leger. NO 
PLANORSIS Hebértianus, PBaudon. : .. 2,7"; "92 
—  lenticularis, — EPA PTE au RS 93 

—  cingulatus, _ PONS UT SE LE 
PLegeocoma Dubois Mager: ss , 5e 2108400 
PLEUROTOMArIA Duboisi, — RE LOMME D sceesr TROT 


RaoroziTes angulosus, D’Orbigny. . . . . . 379 
— "”" Cratertormis Des Moulins. , 7 «1, 583 


—  Jouanneti, — re D ES 
—... ingens, — ne : 0e #88 
rusidanalionlatié MO rbIgny. : 06 . …. val 
—  fissicostatus, = 08 ,-—, 0881 
— acut'costalus, — RP ne 55 
== lombricalis, — DNS US 
—  cornu-pastoris, Des Moulins. . : . . 586 
— Bournonii, — De 4 » BÜPO 
=: excavatus, D’Orbigny. . . € :—.:0887 


SCALARIA mMarginistoma, Baudon. ". . 4 .".1""91 

es, .  DEShA VESSIE Lu 7 TON 
THRBITELLA, trochilormis, Mayer... . . 4.17.14402 
Triphoais bitubulatus: Bardopass uk nine. 95 
ViQuESNELIA lenticularis, Deshayes. . . . .. . 289 


ee es ot 


1 
FA 
CZ 


— MAS — 


ERRATA (1). 


Pages. Lignes. 
— 93, au lieu de Saulcy, lisez 


28, 
32, 
36, 


(1) 11 
dessus. 


— 14, 
—  16—21—24, 
— 20, supp. 


— 


—— 


Colombella, — 
Morellet, — 


le point après le mot 


au 


lieu de connais- 
sions, lisez 
Sageman, #5 
laceratum, — 
fig. 5, HT 
fig. 6, ES 
VU — 
Marociana,  — 
Anadonte, — 
synonymies, — 
inventée, — 
Phakeltopleura,- 
Soubervie,  — 
Haent, - 
Subemarginula,- 
7. Fissurella, —6. 
pl:-9, “1 
pl: 9, A 
pl. 10, Ta 
pl. 10, SE 
pl. 10, Æ 
pl. 10, # 
pl. 19, er 
Courdertii, 
pl.10. — 
Caudidissima, — 


Saulcyi 
Columbella. 
Morelet. 

: Melongena. 


connaissons. 
Sagemon. 
laceratus. 
fig. 4. 
fig. 5. 
l'E: 
Maroccana. 
Anodonte. 
synonymes. 
intervertie. 
Phakellopleura. 
Souverbie. 
Hanet. 
Fissurella. 
Subemarginula. 
p|. 10. 


Coudertii,pl. 9. 
Candidissima. 


importe d’annoter dans le texte les rectifications indiquées ci- 


— h19 — 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


Planche EE. 
Anatomie du DaupeBarpiA Saulcyi. ( Voy. p. 29 et 30.) 
Planche EX. 
Fig. 1-2. Murex Cailleti, Petit. 
— 3-4. FascrocarrA Fischeriana, =: 
— a.  OPERCULE du F'asciolaria, — 


— 5-6. Buccinum Floridanum, — 
— 7-6. Murex Haneti, — 


Pianelie EEE. 


Fig. 1-2, Murex tectum sinense, Deshayes. 

— 3-4, Murex laceratus, 2 

— 5,  TELLINA speciosa, —— 

— 6.  MEranra Kochii, Bernardi. 
= 47: Tapes caledonica, — 

— 8-9. VoruTaarpa Deshayesiana, l'ischer. 
— 10, LarTiA Petitiana, — 

— 11,  LaTrA neritoïdes, Gray. 


Planche EV. 


Fig. 1. PranorBis Hebertianus. ÆBaudon. 
—. 2, —  lenticularis, — 


— 120 — 


3.  PLANORBIS cingulatus, 
H.  SCGALARIA marginistoma, 
5. ‘Trirnoris bitubulatus, 
G. Dreissena decipiens, 

7.  PreurorTomaA Duboisi, 

8. Herzix Jasonis, 

9.  ScaLARIA Deshayesi, 


Piamehe VY. 


Baudon. 


ss 


Mayer. 


Dubois. 
Mayer. 


1-2-3.  PLEUROTOMARIA Quoyana, Fischer et 


Bernardi. 


1 4. Le têt grossi pour montrer la struc- 
ture de la fascie de la fissure. 


Planehe VE. 


1-2.  Ficus pellucidus, Deshayes. 

9-h.  VoLutTA Cleryana, Petit. 

D. Burimus Magenii, Gassies. 

6. MELANIA ventricosa, Moricand. 

7. MELANIA macapa, — 

8. Buzimus similaris, — 

9. CHitTON Schrammi, Shuttleworth. 

Planehe WE. 

1-2.  LaTiaA Gassiesiana, Fischer. 
h-5.  Herix Cocquii, Brongniart. 
6. SPERMATOPHORE du Bulimus acutus. 
7-9.  TEREDO divaricata, Eischer. 


= 


Fig. 40. ErHerra Stefanensis, Moricand. 
— 10-11. Hezix Tournalii, Noulet. 
— 14-17, ViIQUESNELIA lenticularis, Deshayes. 
"11e — Dussumieri, Fischer. 


Pianehe VHEE. 


Fig. 41.  Murex Beauii, Æaischer et Bernardr. 
— 2-3, ScaLarIA pernobilis, — 

—  A-5. CuminGrA grandis, Deshayes. 

— 6-7. MarGiINELLA Loroisii, Bernardi. 

— 8-9. CYLINDRORULELA Beauii, Fischer. 


Planche EX (1). 


Fig. 1-2. VorurTa Beauii, Fischer et Bernardi. 
—  3-k. CycrosTomA Coudertii, — 
— D. Opercule du Cyclostoma 
Coudertit, — 
— 6-7. Purixa Moulinsiana, == 
— 8-9. Herix Boyerii, — 
— 10-11, Turso Cailleti, — 
— 12. Conus Villepinii, — 


Planche X. 


Fig. 1-2. XENoPHoRA caribæa. Petit. 
—  3-A. — caperata, Philippr. 
— D. Opercule du X. caperala. 


(1) Le dessinateur ayant changé par erreur l’ordre des planches, 
toxte porte : pl. 9 pour pl. 10, et réciproquement. 


_ 


e 


Planehe HE. 


1-4. Animal de Subemarginula. 


k. Tête d’un individu monstrueux. 
5. Plaque linguale de Fissurella. 
6 Plaque linguale de Subemarginula. 


7-8. Animal du LOBIGER SOUvVERBI, Fischer. 
9-10. Coquille du même. 


Planche XEI. 


1-2.  AxosromaA Deshayesianum, Fischer. 


de GALATEA Bernardii, Dunker. 
h-5.  CorumBeLzLa Lafresnayi, Fischer et 
Bernardi. 


6-7. Burmus Lherminieri, Fischer, 
8-9, Phos Beauii, Fischer et Bernardi. 
10. Emarginula Rollandii, Fischer. 


Planche NXHXEE. 


4.  Heuix Hierroensis, Grasset. 
2 — Perraudierei, _ 
3. — Guamartemes, — 
h.  Buzimus Gruereanus, — 
D  _— anaga, — 
6.  _‘— Tarnieranus, — 
7: Pura Moreletiana, — 


— 1923 — 


Planche XIV. 


Fig. 1-3.  CHama spondyloïdes, Bayle, 
(Voy. p. 369.) 


Planche XV. 


Fig. 1-5. RapiouiTes angulosus, d'Orbigny. 
(Voy. p. 387.) 


AVIS . 


Une erreur s’est glissée dans la date de la présente 
livraison. 


1e page, au lieu de Avric 1856, lèsez : Avriz 1857. 


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Imprimerie de L. Tinrerrn et C°, rue Neuÿe-des-Bons-Enfants, 3. 


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